Mauvais traitements, vol et harcèlement : le fardeau des « femmes-mulets » au Maroc
Un rapport parlementaire pointe les « mafias de la contrebande » qui
exploitent les porteuses de marchandises entre le royaume et l’enclave
espagnole de Ceuta.
Un rapport parlementaire présenté mardi 7 janvier à Rabat s’alarme des conditions de travail « éprouvantes » des « porteuses de marchandises » entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. « Exploitées par des mafias de la contrebande »,
ces femmes, dont le nombre est estimé à 3 500 et qui transportent des
marchandises en grande majorité légales, sont victimes de « mauvais traitements, de harcèlement et de vol », souligne ce rapport parlementaire, le premier sur ce sujet.
Des
milliers de porteurs marocains, hommes comme femmes, traversent au
quotidien la frontière entre le Maroc et l’Espagne, rémunérés par des
commerçants marocains pour transporter des marchandises espagnoles
destinées à être revendues au Maroc, comme des vêtements ou des produits
alimentaires.
En 2017,
au moins quatre porteuses sont mortes, piétinées dans des bousculades
ayant eu lieu à un poste-frontière situé entre la ville marocaine de
Fnideq et Ceuta, qui jouit d’un statut de port franc.
Quotas et chariots
Sous
la pression des ONG, les autorités marocaines et espagnoles avaient
promis d’agir. Un quota quotidien d’entrées et un système d’alternance
entre les hommes et les femmes avaient notamment été instaurés. Et
depuis avril 2018, les « hamalates » (porteuses), surnommées « femmes-mulets », transportent leurs marchandises dans des chariots plutôt que sur leur dos fourbu.
Mais
elles doivent souvent attendre de longues heures avant d’accéder à une
zone commerciale à l’entrée de l’enclave, regrette le rapport
parlementaire, qui pointe du doigt les « mafias de la contrebande qui les exploitent ». Le rapport préconise de mettre en place des alternatives, comme une « zone industrielle » dans le nord du Maroc, pour permettre la reconversion professionnelle des « porteuses ».
Sur un autre front, les produits alimentaires acheminés vers le royaume depuis Ceuta ne font l’objet d’« aucun contrôle sanitaire », ce qui « constitue une menace pour la santé » des consommateurs, accuse le rapport.
Des
médias locaux ont récemment fait état de la fermeture du
poste-frontière réservé aux porteurs et porteuses. Il n’a pas été
possible de confirmer cette information de source officielle.
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