Pages

vendredi 10 janvier 2020

Mauvais traitements, vol et harcèlement : le fardeau des « femmes-mulets » au Maroc

Mauvais traitements, vol et harcèlement : le fardeau des « femmes-mulets » au Maroc

Un rapport parlementaire pointe les « mafias de la contrebande » qui exploitent les porteuses de marchandises entre le royaume et l’enclave espagnole de Ceuta.
Le Monde avec AFP Publié le 08 janvier 2020


Des porteuses de marchandises à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta, en septembre 2017.
Des porteuses de marchandises à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta, en septembre 2017. FADEL SENNA / AFP
Un rapport parlementaire présenté mardi 7 janvier à Rabat s’alarme des conditions de travail « éprouvantes » des « porteuses de marchandises » entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. « Exploitées par des mafias de la contrebande », ces femmes, dont le nombre est estimé à 3 500 et qui transportent des marchandises en grande majorité légales, sont victimes de « mauvais traitements, de harcèlement et de vol », souligne ce rapport parlementaire, le premier sur ce sujet.


Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au poste-frontière de Ceuta, le calvaire des « femmes-mulets »
Des milliers de porteurs marocains, hommes comme femmes, traversent au quotidien la frontière entre le Maroc et l’Espagne, rémunérés par des commerçants marocains pour transporter des marchandises espagnoles destinées à être revendues au Maroc, comme des vêtements ou des produits alimentaires.
En 2017, au moins quatre porteuses sont mortes, piétinées dans des bousculades ayant eu lieu à un poste-frontière situé entre la ville marocaine de Fnideq et Ceuta, qui jouit d’un statut de port franc.

Quotas et chariots

Sous la pression des ONG, les autorités marocaines et espagnoles avaient promis d’agir. Un quota quotidien d’entrées et un système d’alternance entre les hommes et les femmes avaient notamment été instaurés. Et depuis avril 2018, les « hamalates » (porteuses), surnommées « femmes-mulets », transportent leurs marchandises dans des chariots plutôt que sur leur dos fourbu.
Mais elles doivent souvent attendre de longues heures avant d’accéder à une zone commerciale à l’entrée de l’enclave, regrette le rapport parlementaire, qui pointe du doigt les « mafias de la contrebande qui les exploitent ». Le rapport préconise de mettre en place des alternatives, comme une « zone industrielle » dans le nord du Maroc, pour permettre la reconversion professionnelle des « porteuses ».
Lire aussi Entre le Maroc et Ceuta, le fardeau allégé des « femmes-mulets »
Sur un autre front, les produits alimentaires acheminés vers le royaume depuis Ceuta ne font l’objet d’« aucun contrôle sanitaire », ce qui « constitue une menace pour la santé » des consommateurs, accuse le rapport.
Des médias locaux ont récemment fait état de la fermeture du poste-frontière réservé aux porteurs et porteuses. Il n’a pas été possible de confirmer cette information de source officielle.
Contribuer

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire