AFFAIRE HAJAR RAISSOUNI ; ENCORE UNE AFFAIRE QUI PUE
Par Abdelhak Serhane ( extraits)
« Ce n’est pas parce que le chant de l’oiseau nous déplaît qu’on le tue pour autant. » Proverbe africain
« La censure,
c’est le rasoir gigantesque rasant au niveau du médiocre toute tête qui
dépasse ! La censure, c’est la camisole de force imposée au vital. »
Claude Gauvreau
J’ai compris la dérive autoritaire du
makhzen dès 2003 avec le procès ubuesque du journaliste Ali Lmrabet
condamné à 4 ans d’emprisonnement, 10 ans d’interdiction d’exercer et
fermeture de son journal Demain pour une sombre et risible histoire de «
ammariya » dans un montage photos où l’on voit Driss Basri, ex-premier
flic du royaume, porté en marié par les membres du gouvernement
Youssoufi.
Après une longue grève de la faim, sa santé était entrée dans
une phase critique et il risquait d’y laisser la vie. J’ai cru de mon
devoir d’alerter le roi sur cette situation dramatique et je terminais,
dans ces termes, ma lettre ouverte au roi publiée dans Le Journal: « A
l’heure où je vous adresse cette lettre, il est peut-être déjà trop tard
pour la santé du journaliste. Mais un geste de votre part pour
préserver sa vie et, à travers elle, protéger la liberté, permettra au
pays de renouer avec l’espoir du début de votre règne. L’homme éclairé
est celui qui fait preuve de sagesse quand les autres ont perdu toute
mesure. Le brave, celui qui comprend et sait pardonner car Dieu lui-même
n’est-il pas clément et miséricordieux ? »
La suite ne mérite aucun
commentaire. A partir de ce moment, le feuilleton des
pressions sur les journalistes n’en finit plus d’apporter son lot de
ridicule à chaque épisode : intimidation, pressions, arrestations,
procès, condamnations à des sommes exorbitantes dans une mise en scène
confondante, des scénarios similaires et déprimants, écrits par de
piètres auteurs, des dialogues dérisoires, des comparses d’un autre âge.
C’est la projection permanente d’un numéro de cirque sur la scène d’un
théâtre social devenu amorphe, sans intérêt pour la cause publique,
uniquement obnubilé par sa survie, l’esprit verrouillé par la peur et la
lâcheté. Après Lmrabet, nous en avons mené, des combats à ras des
pâquerettes, comme pour le procès du groupe musical casablancais accusé
de satanisme par des juges débiles. Le tour des journalistes
indépendants est vite arrivé. Le premier fut Boubker Jamaï et Le
Journal, condamné à disparaître à cause de sa ligne éditoriale qui
refusait de prêter allégeance au Pouvoir. D’autres vont suivre ;
Anouzla, puis le summum de la dérivation d’une justice aveugle est
atteint avec le procès d’El Mahdaoui et après lui Bouachrine.
Nous
savons que l’objectif de ces procès est de détourner l’opinion publique
des vrais problèmes, l’engluer dans des débats stériles. Sacrifiant les
partis politiques, les syndicats, les élus, la presse, la Justice, le
makhzen a fait le vide dans le pays. Les forces vives ne parlent plus et
quand elles parlent, elles ne sont pas écoutées. Le reste de la
populace occupe ses jours à blablater, à manifester pour des causes
futiles, réussissant ce tour de force, on ne discute plus de essentiel ;
la redistribution équitable des richesses du pays, la fuite des
capitaux, l’or et les minerais, qu’on oublie la corruption,
l’enseignement public de nos enfants, la santé, l’État de droit, la
dignité, la justice sociale… ce que le mouvement du 20 Février
revendiquait avec un peuple dans la rue, lâché par les forces politiques
et abandonné indignement par le PJD qui est monté sur le dos des
Marocains, sur leur ignorance, leur pauvreté, leur foi en un parti sans
foi ni loi. Puis, le temps des règlements de comptes est arrivé. L’État a
renforcé et modernisé son arsenal sécuritaire, la bastonnade n’a jamais
aussi bien fonctionné que depuis l’avènement du PJD avec Hassad comme
ministre de l’intérieur. Les prisons se sont remplies de coupables mais
surtout d’innocents, ceux qui ouvrent leur gueule pour réclamer une part
de soleil sous le ciel de leur pays. Les libertés n’ont cessé d’être
réduites, les mêmes libertés pourtant protégées par la Constitution dont
l’article 25 précise que « sont garanties les libertés de pensée,
d’opinion et d’expression sous toutes ses formes. Sont garanties les
libertés de création, de publication et d’exposition en matière
littéraire et artistique et de recherche scientifique et technique. » Où en est-on de cette belle déclaration ? Aucun effet sur le terrain de la
réalité quotidienne. Liberté de création, de publication en matière
littéraire !!! Mon roman L’Homme qui marche sur les fesses est censuré,
publié au temps de Benkirane en tant que chef de gouvernement est
censuré. Voici sous quelle genre de liberté on crée, on publie, on
pense, on s’exprime et le système écoute et respecte ses créateurs, ses
penseurs, ses chercheurs… Mehdi Medjra est décédé dans l’indifférence
des autorités, ostracisé pendant les dernières années de sa vie. Et je
ne parle pas de Bziz interdit depuis l’époque de Driss Basri, et… et…
Le cas Hajar Raissouni est un cas qui
restera dans les annales de l’Histoire de notre pays comme la dérive
autoritaire la plus improbable. Encore une affaire qui pue et qui
humilie tout un peuple devant les grands et les petits, ceux qui valent
quelque chose et ceux qui ne valent rien, et comme dit Paul Valéry, «
l’esprit politique finit toujours par être contraint de falsifier ».
Cette affaire biscornue nous ramène à cette réalité amère ; nous autres
citoyens, nous vivons tous en liberté provisoire à cause d’un système
qui a perdu le sens des réalités. Nos dirigeants sont-ils des gérants
d’entreprise, des agents d’un pays ennemi ou des extraterrestres qui ne
partagent rien avec nous et dont on ne sait pas, nous autres serviteurs,
ni la logique de leur politique envers nous, encore moins la logique de
leurs accusations contre nous, leurs jugements, leur mépris pour nous.
Hajar arrêtée avec légèreté et précipitation, dans la rue, en compagnie
de son fiancé. Son crime ? Être sortie d’un cabinet gynécologique.
Avortement clandestin ! crient les autorités. Sacrilège renchérissent
les petits soldats à la solde du makhzen et les boutiquiers des
mosquées. Toute une cabale contre le corps d’une femme, contre son
intimité, contre sa personne, contre son identité de femme, contre son
sexe ! C’est l’inquisition dans sa forme la plus abjecte, la mise à mort
de la liberté d’être des femmes, de toutes les femmes, de leur
possibilité de décider ce qui est bien pour elles et ce qui ne l’est
pas. Nous n’avons encore jamais vu ça. Le corps de chaque femme, de
chaque enfant, de chaque individu est sacré, souverain, affranchi,
autonome, puisque Dieu lui-même l’a créé ainsi. Alors que la
Constitution de 2011 nous chante une berceuse sur les libertés
inviolables dont l’article 22 fanfaronne qu’« il ne peut être porté
atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque
circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou
publique. Nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce
soit, des traitements cruels, inhumains, dégradants ou portants atteinte
à la dignité. La pratique de la torture, sous toutes ses formes et par
quiconque, est un crime puni par la loi. » La réalité c’est que le
système ne respecte plus la liberté ni l’intimité ni la vie ni le corps
des citoyens, ni plus rien. Hajar a été brutalisée par la police,
contrainte comme une criminelle recherchée de longue date, obligée de
retourner dans le cabinet médical pour un réexamen de ses parties
génitales, et deux fois pas une, une fois dans la même clinique et la
seconde à l’hôpital Avicenne. Deux expertises rejettent l’existence des
traces d’une quelconque fausse couche. Malgré l’avis des médecins
spécialistes, les flics, plus connaisseurs et mieux instruits que les
gynécologues, concluent à un avortement. Et les autorités disent c’est
une coïncidence, nous menons une campagne de lutte contre les
avortements clandestins ! Il y a environ 200.000 avortements par an au
Maroc. Un nombre considérable de jeunes femmes est décédé sur la table
d’opération de certains médecins sans que des poursuites judiciaires
soient entamées contre les auteurs de ces crimes. Mais on criminalise
les victimes. Et la coïncidence fait qu’une seule femme soit concernée
par cette campagne. Et il a fallu que ça tombe sur Hajar Raissouni. Et
elle est concernée à plus d’un titre ; elle est, par hasard, journaliste
à Akhbar Al Yaoum. Et comme par hasard, elle est journaliste
indépendante qui soutient le peuple dans ses revendications légitimes,
en particulier le hirak du Rif. Le hasard ne s’arrête pas là, son oncle
est l’islamiste qu’il est, l’un des idéologues les plus influents du MUR
(je ne partage nullement ses thèses ni ses analyses), Et le hasard fait
mal les choses pour Hajar puisque son autre oncle est le rédacteur en
chef d’Akhbar Al Yaoum. Et le bouquet du hasard c’est qu’à travers cette
femme, on punit l’idéologie que défend Ahmed Raïssouni, rétrograde et
conservateur à mon goût … Mais Hajar, ses écrits, ses idées, ses prises
de position n’ont rien à voir dans ces histoires. La Constitution, en
principe, protège son métier de journaliste comme elle protège
l’intégrité de la personne.
On voit comment la liberté, la vérité,
la justice, le droit… sont traités dans ce pays. Dès que quelqu’un ouvre
son bec, ne serait-ce que pour respirer, on lui colle une sale affaire
et on le fout au trou. (Les prétextes sont prêts, la police est
qualifiée pour faire signer les procès verbaux à n’importe qui, les
témoins sont nombreux, les juges attendent un coup de téléphone pour
exécuter les ordres et prononcer les sentences !) Une véritable question
se pose à notre Constitution et à nos lois. Où en est-on des belles
déclarations sur la justice et le respect des droits de l’homme dans
notre pays. Ne sont-ils que des embellissements de façade sans effet
notoire sur la vie des populations dans le quotidien ?
Quelle étourderie et quel camouflet pour
le système qui se ridiculise chaque semaine avec une boule puante.
Chaque semaine une nouvelle affaire qui fait du Maroc la risée du monde.
Pourtant, ce même système débourse des millions d’Euros et autres
devises chaque année aux mercenaires de la plume et des moyens de
communication pour briquer sa façade et occulter l’envers du décors. Une
affaire comme celle de Hajar renvoie du pays une mauvaise image, le
range parmi les États les moins respectueux des droits et des libertés.
L’ornement extérieur s’écaille à chaque scandale et le pays reçoit des
coups de fouet de partout. Au moment où le monde est mobilisé et dénonce
les violences faites aux femmes les télévisions étrangères ont eu du blé
à moudre avec le cas Hajar. Le pays s’en est trouvé, une fois de plus,
malmené, critiqué à tort et à raison, amoindri et son image amochée, de
la Chine aux Etats Unis, des pays arabes frères à l’Europe (les médias
indépendants français ont été les plus virulents), tous ont repris en
boucle cette sale affaire. Je me demande si les opérateurs de ce fiasco
sont satisfaits que l’affaire soit débattue sur les plateaux de
télévisions de nombreux pays et sont satisfaits de la réputation qu’ils
véhiculent sur notre système de gouvernance. Le monde n’est pas aveugle
et le Maroc n’avait pas besoin d’une énième mauvaise blague, d’un énième
scénario qui pue le coup monté (un coup tordu !), d’un énième procès
stupide, d’une énième trique offerte aux adversaires (et même aux amis
!) pour nous châtier.
Le corps d’une femme ne regarde qu’elle.
Le corps d’une femme (comme celui d’un homme d’ailleurs) n’appartient
qu’à elle et à elle seule. Il n’est pas la propriété privée du mari, de
la famille ou de la communauté. Il n’appartient pas à l’État, au système
qui gouverne, à la police, aux juges, aux moqadems ou autres. Il ne
concerne en rien les faux marchands de paradis et autres donneurs de
leçons de morale, dispensateurs de vertus archaïques et des fatwas
triviaux. Le cas Hajar n’est pas un cas anodin, c’est notre cas à tous.
Il s’agit de notre liberté en tant que personne. Nous avons des mères,
des épouses, des filles, des sœurs, des cousines… et nous avons notre
corps propre que les autorités se permettent d’arrêter, de séquestrer,
de torturer, de jeter en prison pour n’importe quel prétexte pour nous
punir de nos rêves et de nos pensées. Nous punir pour ce que nous
voulons être ; des citoyens affranchis, fiers, estimés. Vous êtes en
désaccord avec un flic, il jette sa casquette à terre après vous avoir
bien rossé, crie à l’agression d’un agent d’autorité pendant l’exercice
de ses fonctions, on vous charge dans un panier à salade et vous passez
devant un juge qui vous condamne séance tenante, bien entendu, vous
passez d’abord par la case commissariat où des brutes frustrés se
défoulent sur vous.
La presse de caniveau, les télévisons à
la solde du makhzen, les réseaux sociaux mobilisés comme des mouches à
viande pour l’injure et le dénigrement de quiconque dit une parole de
vérité, ont médiatisé à volonté l’image de Hajar pour la salir aux yeux
de l’opinion publique. Il ne faut pas oublier les autres, sans doute
considérés comme des dommages collatéraux ; le chirurgien obstétricien
(décoré d’un Wissam !), l’anesthésiste, l’infirmière, la secrétaire et
le fiancé. Ça fait beaucoup de monde pour un saignement ou un avortement
et c’est cher payé pour une femme de se faire soigner chez un
gynécologue dont le métier est devenu risqué… Tout cet acharnement se
déroule dans un silence avilissant, coupable du ministre dit des droits
de l’homme et des libertés publiques, du Syndicat national de la presse
et du Conseil national des Journalistes. Et je me demande, quelle est
l’utilité de ces trois instances si elles sont dans l’incapacité de
défendre le droit contre l’arbitraire.
La citoyenneté est le sentiment de
l’individu d’appartenir à une terre, une nation, un territoire, une
communauté, une identité. C’est un contrat d’allégeance entre le sujet
et le terroir auquel il appartient dans un partage équitable de droits
et d’obligations. J’attends du pays qui m’a vu naître qu’il m’offre
sécurité, liberté, justice, respect, éducation, soins, un toit, du
travail pour que je vive dans la dignité, autrement ce n’est plus mon
pays. Et le pays qui ne respecte pas les valeurs de ma citoyenneté n’est
pas un pays viable et je ne veux pas lui appartenir. Un pays qui ne
considère pas ses femmes, les traite comme des êtres inférieurs ne peut
pas progresser. Une nation qui dédaigne sa jeunesse et la jette dans les
bras du désespoir ne peut jamais décoller. Un État qui ne respecte les
termes de sa Constitution, n’honore pas ses obligations envers ses
citoyens, foule aux pieds les droits de l’homme, utilise ses juges selon
son humeur n’est pas un État démocratique. Un État frileux devant un
article de journal ou une parole de vérité n’est pas un État stable et,
condamné à toutes les dérives, il risque de connaître des troubles et
d’autres manifestations en réaction à la répression. Comment l’individu
peut-il se sentir citoyen à part entière dans un pays où il a peur de
parler, où les mouchards le guettent partout, même dans son téléphone,
où un mot de travers, un coup de colère peut l’envoyer en taule ? Quel
citoyen prépare-t-on pour un État qui le juge coupable avant même qu’il
ait commis la moindre infraction ? Quel citoyen obtient un système qui
lâche sur lui ses forces de l’ordre pour lui fracasser le crâne dès
qu’il exprime pacifiquement son malaise ?
Aucun pays ne se développe avec des
autoroutes, des marinas, des trains à grande vitesse, des festivals, des
tours, des lampadaires à longueur d’avenues fleuries, des palmiers
partout, du gazon, des malls, des immeubles, des hôtels de luxe… si sa
population est à la casse. C’est utile, c’’est sûr mais nous avons
d’autres priorités. Et il y a urgence à régler ces priorités. L’école et
la santé publiques, la justice, le travail pour ces bataillons de
jeunes qui ont le regard tournés du côté de la Méditerranée, la fuite
des cerveaux et des capitaux, le détournement de l’argent public, la
corruption endémique… Un pays se construit avec ses Hommes d’abord, ce
sont eux qui font, qui créent, qui inventent et prennent soin de leur
pays. Un peuple réprimé, frustré, malheureux, emprisonné finit toujours
par faire des dégâts. Feu Bourguiba avait demandé à Kadhafi pourquoi il
investissait tant de moyens dans l’achat d’armement au lieu de le
dépenser dans l’éducation des Libyens. Le berger de Tripoli lui a
répondu : « J’ai peur d’éduquer mon peuple et qu’il se révolte contre
moi ! » On a vu d’où on l’a sorti le dernier jour de sa vie et comment
il a fini.
Appel aux responsables : de grâce,
arrêtez de ridiculiser plus ce pays ! Vous ne savez plus quoi faire pour
ternir son image. Le monde vous observe et vous connaît. Il sait quel
type de politique vous menez. Les rapports des Instances internationaux
vont tous dans le même sens ; vous avez réussi volontairement ou à cause
de votre incompétence, votre appétence pour l’argent, votre mépris pour
la chose publique, votre haine pour le peuple, votre prédation
scandaleuse etc. à classer le Maroc au dernier rang de tous les pays en
matière de développement humain, au niveau éducation, santé, égalité,
justice sociale, respect des droits de l’homme. Nous sommes les premiers
parmi les pays les plus corrompus, les plus rétrogrades malgré les
infrastructures modernes, les plus arnaqueurs, les plus intolérants et
les plus malheureux. Alors vous avez carte blanche pour arrêter,
torturer, juger, condamner autant et comme vous voulez mais de grâce,
cessez de vouloir à tout prix nous convaincre par vos preuves qui font
rire de rage et pleurer de dépit, cessez de présenter des témoins qui ne
sont pas crédibles, des journalistes à votre solde pour justifier les
transgressions de vos propres lois. Au lieu de condamner des innocents à
20 ans de prison, je vous suggère de les condamner à perpétuité car 20
ans passeront comme sont passés Derb Moulay Ghallaf, Dar Moqri, Agdez,
Tazmamart etc., d’où des centaines de femmes et d’hommes ne sont jamais
revenus. Ceux que vous condamnez aujourd’hui ont des familles, des amis
et ils sont déjà pleins de ressentiment pour vous à cause de votre
tyrannie qui devient de plus en incontrôlable. Alors condamnez !
Condamnez ! Condamnez ! Bourrez vos prisons d’innocents ! Vous n’avez
besoin ni de preuves ni de témoins ni de justifications. Nous sommes vos
otages, pour le moment, et nous sommes un peuple, tout un peuple en
liberté provisoire. Mais avant de prendre vos décisions contre nous,
repensez à l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme et du Citoyen qui dit :
« Quand le gouvernement viole les droits
du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du
peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Plus de deux siècles nous sépare de la
Révolution française. Pourtant, au Maroc, avec toutes ces affaires
fétides, on se croirait au temps de l’inquisition médiévale avec ses
tribunaux, sa chasse aux sorcières, ses excommunications, ses tortures,
ses emprisonnements etc. Alors, apprenez du passé ce que l’Histoire nous
enseigne ; aucun système violent, aucune loi arbitraire, aucun régime
absolu ne dure infiniment. Le Mouvement du 20 Février n’a pas totalement
disparu, il est disséminé dans toutes les régions du pays puisque les
raisons de son débordement n’ont pas été réglées. Ses revendications
sont restées les mêmes : Houriya, Karama, Adala jtimaiya. Les gens n’ont
pas demandé la lune ! Et ces revendications auxquelles la Constitution
de 2011 semblait porter une réponse, ont été foulées aux pieds,
poignardées par le PJD et lynchées par ceux qui manipulent dans l’ombre
tous les guignols du cirque politique. « Ne confiez pas, avait prévenu
Ibn Khaldoun, la commanderie des armés ni les fonctions de justice ainsi
que celles des affaires publiques aux fils des voyous, des dévoyés et
des salauds car quand ils exercent de hautes charges, ils s’ingénient à
avilir les innocents et les enfants des gens nobles, les confondant de
manière délibérée à cause de leur perpétuel sentiment d’infériorité et
de médiocrité qui les habite et refuse de les quitter. Ce qui entraine,
en fin de compte, à la chute des trônes et la fin des systèmes »
Alors, un avis ; respectez ce peuple ! Respectez ce peuple ! Respectez-le ! Il ne mérite pas tout ça de votre part !
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