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Télégrammes

Les étudiants en médecine dentaire de Casablanca sont en grève et expriment leur colère face à des conditions de formation déplorables. Leur mobilisation continue jusqu’à l’obtention de réponses concrètes à leurs revendications. Les détails

samedi 5 avril 2025

Maroc : empêché de quitter le territoire, l'historien Maâti Monjib entame une nouvelle grève de la faim

Le Figaro avec AFP, 3/4/2025


L’historien et militant des droits de l’homme marocain Maati Monjib, en grève de la faim depuis 19 jours, à sa sortie de la prison d’El Arjate près de la capitale Rabat, le 23 mars 2021. - / AFP

L'historien et défenseur des droits humains franco-marocain Maâti Monjib a annoncé jeudi avoir entamé une nouvelle grève de la faim pour protester contre son interdiction de quitter le Maroc. «J'entame une grève de la faim après avoir été illégalement empêché de voyager. J'étais invité par l'Université de la Sorbonne pour donner une conférence sur “Le printemps des peuples en Tunisie 2011-2021”», a écrit Maâti Monjib sur sa page Facebook. L'interdiction de quitter le territoire a été émise par un juge d'instruction dans le cadre d'une enquête pour «blanchiment de capitaux» à son encontre, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

L'intellectuel de 63 ans est suspecté de malversations dans la gestion d'un centre qu'il avait créé pour promouvoir le journalisme d'investigation. Des accusations qu'il rejette. Cette instruction judiciaire, lancée en 2019, avait valu à l'historien trois mois de détention préventive avant qu'il ne soit mis en liberté provisoire le 23 mars 2021, après 20 jours de grève de la faim. «Je rappelle au public qu'il m'est interdit de voyager depuis 2020 et que ma voiture, ma maison et mon compte bancaire sont bloqués depuis plus de quatre ans», a écrit Maâti Monjib dans sa publication.

Il avait déjà observé une grève de la faim en octobre 2022 après avoir été interdit de quitter le territoire marocain. Fin juillet 2024, le défenseur des droits humains avait été gracié après avoir été condamné en première instance, début 2021, à un an de prison ferme dans une autre affaire pour «fraude» et «atteinte à la sécurité de l'État» au terme d'un procès ouvert en 2015. Maâti Monjib a également affirmé sur Facebook que sa suspension de son poste universitaire, datant de 2023, n'a toujours pas été levée «malgré (ses) demandes répétées».

vendredi 4 avril 2025

Maroc : qui est Abdelkader Belliraj, le personnage trouble gracié par Mohammed VI ?

Condamné à la perpétuité en 2009 pour avoir dirigé un réseau terroriste, Abdelkader Belliraj a bénéficié d’une grâce royale à l’occasion de l’Aïd el-Fitr. Une libération qui relance les interrogations autour de cet ancien braqueur, accusé de six assassinats en Belgique et longtemps soupçonné d’avoir navigué entre milieux islamistes et services de renseignement.

Le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj (au centre) arrive au tribunal de Salé, près de Rabat, le 16 octobre 2008, soit huit mois après le démantèlement du réseau terroriste qu’il était soupçonné de coordonner. © EPA/KARIM SELMAOUI/MaxPPP

Le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj (au centre) arrive au tribunal de Salé, près de Rabat, le 16 octobre 2008, soit huit mois après le démantèlement du réseau terroriste qu’il était soupçonné de coordonner. © EPA/KARIM SELMAOUI/MaxPPP

Nina Kozlowski, Jeune Afrique, 2/4/2025

Condamné à la perpétuité en 2009 pour avoir été à la tête d’un réseau terroriste, Abdelkader Belliraj a bénéficié d’une grâce royale à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan, ce 31 mars. Ce Belgo-Marocain de 68 ans, qui aura finalement passé dix-sept ans en prison, a été amnistié au même titre que 1 533 condamnés, en détention (1 203) ou en liberté.

Belliraj fait partie d’un groupe de 31 détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme ou de terrorisme. Selon un communiqué du ministère de la Justice, ces derniers – dont l’identité n’a pas été dévoilée – ont été graciés après avoir « revu leurs orientations idéologiques et rejeté l’extrémisme ».

Pour rappel, depuis 2015, le Maroc s’est lancé dans une stratégie de déradicalisation institutionnelle, à travers le programme Moussalaha (Réconciliation), piloté par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), en partenariat avec le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et le ministère des Habous. Depuis, plusieurs vagues de grâces royales ont concerné des profils islamistes ou salafistes condamnés pour terrorisme, à condition qu’ils expriment publiquement leur rejet de l’extrémisme. Parmi les « salafistes repentis » les plus connus, graciés en 2016 : Mohamed Fizazi et Abdelwahab Rafiki (Abou Hafs), qui a depuis rejoint le ministère de la Justice.

Si la grâce d’Abdelkader Belliraj retient particulièrement l’attention des médias et de l’opinion publique, c’est que son dossier reste l’un des plus opaques et controversés du contentieux sécuritaire entre le Maroc et la Belgique. Arrêté en janvier 2008 à Marrakech, le Belgo-Marocain avait été condamné l’année suivante à la réclusion à perpétuité. La peine avait ensuite été confirmée en appel. À l’époque, les autorités marocaines l’accusent d’avoir dirigé un réseau terroriste et d’avoir introduit clandestinement des armes dans le royaume, en lien avec un trafic international. Belliraj est également accusé d’avoir commis six assassinats politiques perpétrés en Belgique à la fin des années 1980. Parmi les victimes : l’imam Abdullah al-Ahdal, directeur du Centre islamique et culturel de Bruxelles, son assistant Salem El Bahri, ainsi que Joseph Wybran, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique.

Belliraj aurait avoué ses « crimes » lors de ses interrogatoires par les services marocains, et déclaré avoir tué pour le compte de Sabri al-Banna, alias Abou Nidal, fondateur du Fatah-Conseil révolutionnaire (mouvement extrémiste palestinien). Mais au cours de son procès, l’accusé a toujours nié en bloc, affirmant que ses aveux auraient été extorqués sous la torture, dans les locaux de la prison secrète de Témara. « Les services marocains ont tout inventé […] Je n’ai pas introduit d’armes à feu au Maroc et nie toute tentative d’actions de ma part visant le renversement du régime », avait-il notamment écrit dans une lettre ouverte publiée sur le site du quotidien belge Le Soir.

De l’extrême gauche à l’internationale islamiste ?

Né à Nador, Abdelkader Belliraj rejoint Bruxelles à l’âge de 14 ans pour y retrouver son père. Dans les années 1980, il milite un temps à l’extrême gauche, avant de graviter dans les cercles pro-iraniens de l’islam politique. Surnommé « El Palesto » par les enquêteurs belges, il se montre actif dans la mouvance chiite et pro-palestinienne. En parallèle, il se forge une réputation dans les milieux interlopes : Belliraj a été condamné pour plusieurs braquages à main armée en Belgique au début des années 2000, une activité qu’il justifiera plus tard comme relevant de la « résistance révolutionnaire », avant de requalifier ces faits comme « des erreurs de jeunesse ». Repéré dès 1986 par la Sûreté de l’État belge, il est surveillé à plusieurs reprises jusqu’à la fin des années 1990.

Lors de son audition au Maroc, Abdelkader Belliraj reconnaîtra avoir été approché par un certain « Patrick », agent belge à qui il aurait promis son aide « en cas de menace contre la sécurité de l’État », tout en précisant que cette collaboration « ne s’est pas faite pour de l’argent ». Une version contredite par plusieurs sources officieuses, pour qui Belliraj aurait fourni des renseignements utiles dans le cadre de dossiers terroristes sensibles, notamment au Royaume-Uni. Mais aucune preuve n’a jamais confirmé son recrutement comme informateur. Et inversement, aucune preuve irréfutable n’est venue établir qu’il était bien le cerveau opérationnel d’un réseau jihadiste international.

En 2008, son arrestation provoque une onde de choc. En Belgique, sa « disparition » inquiète la communauté marocaine locale. À Bruxelles, la Sûreté découvre l’affaire dans la presse, et le patron du renseignement belge demande à la Direction générale des études et de la documentation (DGED) marocaine le rappel de ses agents. L’affaire dégénère : accusations d’ingérence, enquête sur les activités de la DGED en Belgique, auditions en rafale, crise ouverte entre services. Les 34 coaccusés de Belliraj sont jugés au Maroc, 14 personnes sont également visées par des mandats d’arrêt. Le procès de Salé se conclut par des peines lourdes, dont la perpétuité pour Abdelkader Belliraj. Mais le doute reste entier : affaire terroriste réelle, ou victime collatérale d’une guerre des services de renseignement opposant deux États ?

En 2015, le volet belge du dossier se referme sur un non-lieu. Dix ans plus tard, Abdelkader Belliraj est finalement gracié au Maroc. Un retour dans l’ombre, alors même que son nom reste associé à une nébuleuse complexe. En 2008, il avait été arrêté dans la ville ocre alors qu’il sortait d’un hôtel appartenant à son frère, Salah Belliraj, lui-même brièvement placé en détention avant d’être gracié un an plus tard. Depuis, Salah, à la tête d’un important patrimoine immobilier au Maroc, est apparu dans une affaire de tentative de spoliation, comme l’a récemment documenté Jeune Afrique. Des zones grises supplémentaires autour d’un dossier qui en compte déjà beaucoup.

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أغــرب محاكمة في تاريخ القضاء المغربي

jeudi 3 avril 2025

GIDEON LEVY : Il y a 30 ans, le massacre de Qana a ébranlé Israël ; aujourd’hui, ce ne serait qu’une goutte d’eau de plus dans l’océan

Gideon Levy, Haaretz, 3/4/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

NdT : la traduction en anglais par Haaretz de l’article original en hébreu confond Qana au Liban et Kfar Kana/Kafr Qana en territoire israélien. Nous avons rectifié cette erreur.

Quelle naïveté et quelle sensibilité ! Le 18 avril 1996 - il y a 29 ans - une batterie d’artillerie israélienne a fourni un tir de couverture pour sortir le commando Maglan, dirigé par le major Naftali Bennett, d’une embuscade dans le village de Qana, au sud du Liban. Quatre obus frappent un camp de réfugiés des Nations unies, tuant 106 civils, dont de nombreux enfants.

Qana, par Moustafa Haidar, 1996

Le porte-parole des Forces de défense israéliennes a tenté de mentir et de brouiller les pistes, comme d’habitude ; le Premier ministre Shimon Peres a déclaré que nous étions “très désolés” mais que nous “ne nous excusons pas”, et le monde s’est déchaîné. Quelques jours plus tard, Israël a été contraint de mettre fin à l’opération “Raisins de la colère”, une autre des opérations militaires insensées entreprises au Liban au cours de ces années-là. Un mois plus tard, Benjamin Netanyahou était élu pour la première fois au poste de premier ministre, en partie grâce à Qana. Comme nous étions naïfs à l’époque, et sensibles.

Chadia Bitar proteste contre la visite de Shimon Peres en 2003 à Dearborn, Michigan, pour recevoir le prix John P. Wallach Peacemaker Award. Les deux jeunes fils de Chadia Bitar (Hadi, 8 ans, et Abdul-Mohsen, 9 ans) faisaient partie des 106 civils tués par les bombes israéliennes à Qana, au Liban, en avril 1996. Photo Rebecca Cook Reuters/Newscom

Qana est devenu le modèle du cauchemar israélien dans chaque guerre : un incident au cours duquel des dizaines de civils sont tués, forçant Israël à mettre fin à la guerre : tout sauf cela. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, Israël peut massacrer à sa guise, sans craindre un nouveau Qana. 

Au cours des deux dernières semaines Israël a commis un “Qana” presque tous les jours dans la bande de Gaza, et personne ne demande que ça  s’arrête. Le cauchemar de Qana s’est évaporé. Il n’est plus nécessaire de veiller à ne pas tuer des dizaines de civils innocents. Tout le monde s’en moque. Le porte-parole de Tsahal n’a plus besoin de mentir, le premier ministre n’a plus besoin de s’excuser. Le monde et la conscience d’Israël ont fondu.

Si l’horrible bain de sang de dimanche, dans la phase actuelle de la guerre de Gaza, n’arrête pas Israël, si le l’assassinat d’une équipe médicale à Rafah ne l’arrête pas, qu’est-ce qui pourrait l’arrêter ? Rien. Israël peut commettre autant de massacres qu’il le souhaite. Et apparemment, il en voudrait beaucoup.

Dans la première frappe de la nouvelle guerre à Gaza, Israël a tué 436 civils, dont 183 enfants et 94 femmes. Qana, quatre fois plus, et encore plus. 

Qana 2, par Moustafa Haidar, 1996

L’article choquant paru dans le Haaretz de vendredi de Nir Hasson et Hanin Majadli, a montré les visages et rapporté les histoires. Elles ont fait froid dans le dos. Cette semaine, les détails d’un autre massacre horrible, peut-être le plus barbare de tous jusqu’à présent, ont été publiés : le massacre d’équipes d’intervention d’urgence dans le quartier Tel al-Sultan de Rafah. Quinze corps, dont un avec les jambes ligotées et un autre transpercé de 20 balles, ont été retrouvés enterrés dans le sable, les uns sur les autres, avec leurs ambulances et leurs camions de pompiers.

Selon des témoins oculaires, au moins quelques-uns d’entre eux ont été exécutés. Tous étaient des secouristes qui tentaient d’atteindre des personnes blessées lors de frappes aériennes israéliennes. En temps normal, le rapport de Hasson, Jack Khoury et Liza Rozovsky(Haaretz, mardi), aurait suffi à faire cesser la guerre. Qana fait pâle figure en comparaison avec ce niveau de barbarie. Dans le premier cas, on pourrait croire qu’Israël a tué par inadvertance des dizaines d’innocents ; à Tel al-Sultan, il était clair qu’il y avait une intention malveillante et criminelle de le faire.

Ce qui s’est passé à Tel al-Sultan est un massacre de My Lai israélien. Mais alors que My Lai a marqué un changement radical dans l’opinion publique usaméricaine contre la guerre du Viêt Nam, Tel al-Sultan n’a pas intéressé la plupart des médias israéliens. L’USAmérique de l’époque, militariste et soumise à un lavage de cerveau, était en émoi ; l’Israël d’aujourd’hui a fermé les yeux sur Tel al-Sultan. 

Non seulement ces massacres n’ont pas provoqué de changement dans l’opinion publique ni entraîné l’arrêt de la guerre, mais ils semblent encourager d’autres massacres. Mardi, l’armée israélienne a bombardé une clinique de l’UNRWA dans le camp de Jabalya, tuant 19 personnes, dont des enfants. C’est le genre de massacre que l’on laisse se reproduire. Qui aurait pu imaginer que nous pourrions un jour nous remémorer avec tendresse l’époque de Qana, de l’opération “Raisins de la colère” ou du gouvernement Peres ? Et pourtant, nous en sommes là.


mercredi 2 avril 2025

Le collectif parisien “Nous vivrons” recourt à l’usage de faux pour exiger que l’antisionisme soit criminalisé au nom de la lutte contre l’antisémitisme
L’histoire d’une lettre de Martin Luther King Jr. forgée de toutes pièces

Le 21 mars 2025 à 11 h., le quotidien Le Monde publie la tribune suivante

Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme !

À l’initiative du collectif Nous vivrons, un collectif de plus de 200 personnalités, parmi lesquelles Elisabeth Badinder, Aurore Bergé et François Hollande, souligne, dans une tribune au « Monde », la montée d’un antisionisme qui cache un antisémitisme actif.

« Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes ! », c’est ce que l’on entend depuis des mois dans toutes les manifestations dites « propalestiniennes ». L’antisionisme est à la mode. Le déroulé est simple : le sionisme est un colonialisme qu’il faut éliminer. Cette simplification de l’histoire ne dit rien de l’histoire du peuple juif, d’une émancipation qui arrive trop tard, des pogroms qui tuent, d’une Shoah qui extermine. Inscrire le sionisme sur le terrain décolonial est un biais historique permettant de se considérer du « bon côté de l’histoire ». Cela parle de tout, sauf du projet sioniste visant à l’autodétermination et à l’émancipation du peuple juif.

Partant de cette lecture, tout y passe : l’anti-impérialisme, l’antifascisme, l’anticapitalisme. Et, surtout, beaucoup de complotisme, mais sans jamais se revendiquer de l’antisémitisme. Comme le disait, dans les années 1970, le philosophe Vladimir Jankélévitch [1903-1985], « l’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission – et même le droit, et même le devoir – d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort ». Nous en sommes là.

Depuis le 8 octobre 2023, nous assistons à un relativisme des massacres du 7 octobre 2023 et à une condamnation du sionisme. En résumé, si les juifs n’étaient pas là, tout cela ne serait pas arrivé. C’est ainsi que le « sale sioniste » a remplacé le « sale juif ». On ne s’attaque plus au peuple « déicide » mais au peuple « génocidaire ».

On ne reproche plus aux juifs de vouloir contrôler le monde mais aux sionistes de vouloir contrôler les terres. Ces terres qui font la taille de la Bretagne et qui rassemblent plus de la moitié des juifs du monde dans le seul Etat juif de la planète. « Si vous le voulez, ce ne sera plus un rêve », disait Theodor Herzl [1860-1904], père du sionisme moderne, à la fin du XIXe siècle. Le sionisme, c’est un idéal d’émancipation, un ancrage durable, un barrage à la haine, un rempart à l’extermination. Le sionisme, c’est ce qui devait permettre aux juifs de décider de l’avenir de leurs enfants.

Selon une étude de l’IFOP publiée le 3 mars, le sionisme vaut à ces enfants juifs que 37 % de leurs camarades d’école « refusent de nouer certaines relations amicales ou sentimentales avec eux en raison de leur soutien à Israël ». La mécanique est rodée. Les juifs sont des sionistes, les sionistes sont des fascistes, les fascistes sont des génocidaires.

Tout juif soutenant le sionisme devient coupable, tout juif attaché à Israël est condamné. L’antisionisme essentialise. L’antisionisme déshumanise. L’antisionisme assigne les juifs de la diaspora à prendre position sur la politique du gouvernement israélien. A quel titre ? Sachant, par ailleurs, que seuls les juifs antisionistes auraient le droit au soutien des nouveaux antiracistes. Les autres sont non seulement responsables des violences dont ils font l’objet, mais ils en sont comptables. Parce qu’ils sont du « mauvais côté de l’histoire ».

L’antisionisme est du révisionnisme. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote la résolution 181 visant à la création d’un Etat juif. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion [1886-1973] proclame l’indépendance de l’Etat d’Israël. Quatre-vingts ans après, du parvis de Columbia à celui de Sciences Po, des réseaux sociaux à l’Assemblée nationale, la légitimité de l’Etat d’Israël est non seulement remise en cause mais de nouveaux plans de partage sont suggérés. Sans consulter les concernés. On parle d’un foyer binational dans le meilleur des cas. Plus souvent d’une Palestine « from the river to the sea » (« de la rivière à la mer »), rayant le foyer juif de la carte. Pourquoi une cause en effacerait-elle une autre ? Nous sommes pour la coexistence de deux Etats démocratiques. Ni antisionisme ni suprémacisme, nous reconnaissons les mêmes droits à tous les peuples.

Le 7-Octobre a bouleversé nos certitudes. Il a changé la vie des Français juifs : 57 % des actes racistes touchent 0,6 % de la population française. On ne doit plus pouvoir être antisémite impunément. Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, un tiers des actes antisémites recensés en 2024 étaient motivés par la cause palestinienne. Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, c’est à la République de protéger les juifs en intégrant dans sa loi l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme. Il ne s’agit pas ici de museler la critique légitime de la politique d’un gouvernement israélien auquel le sionisme survivra, mais de condamner l’antisionisme qui frappe, l’antisionisme qui viole, l’antisionisme qui discrimine, l’antisionisme qui humilie.

C’est, comme l’écrivait Martin Luther King [1929-1968] dans sa lettre à un ami antisioniste, en 1967, cet « antisionisme qui est de la discrimination envers les juifs parce qu’ils sont juifs. En un mot, c’est de l’antisémitisme » qui ne doit plus être toléré et qui doit être puni par la loi. Avant que les antisémites ne fassent la loi, parce que la République ne leur appartient pas.

Premiers signataires : Sarah Aizenman, présidente du collectif Nous vivrons ; Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France ; Gabriel Attal, ancien premier ministre ; Elisabeth Badinter, philosophe ; Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations ; Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre ; Michaël Delafosse, maire (Parti socialiste) de Montpellier ; Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice ; Jérôme Guedj, député (PS) ; Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe ; Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris ; François Hollande, ancien président de la République ; David Lisnard, maire (Les Républicains) de Cannes ; Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT ; Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi ; Laurence Rossignol, sénatrice (PS) ; Anne Sinclair, journaliste ; Mario Stasi, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme ; Manuel Valls, ministre d’Etat, ministre des outre-mer ; Caroline Yadan, députée (Renaissance). 

Retrouvez ici la liste complète des signataires.

Le 25 mars à 11 h 40, Le Monde ajoute ceci au bas du texte :

Nous sommes donc allés sur le site des initiateurs du texte pour vérifier s’ils avaient eux aussi supprimé le passage en rouge ci-dessus. Le 1er avril, il y figurait toujours et continuera sans doute à y figurer pendant longtemps. Ce « détail » appelle quelques commentaires. Les voici.

La citation attribuée à Martin Luther King Jr., selon laquelle l’antisionisme ne serait qu’antisémitisme, est une pure invention vieille de 26 ans, qui ressurgit régulièrement un peu partout. Plusieurs recherches poussées ont établi de manière indiscutable qu’il s’agit d’un faux pur et simple : King n’a jamais écrit de « Lettre à un ami antisioniste » et n’a même jamais évoqué sous quelque forme que ce soit le sionisme et/ou l’antisionisme. Nous avions publié des textes démontrant cette supercherie il y a 21 ans sur un site ouèbe aujourd’hui disparu. Devant la réapparition de cette Arlésienne sioniste, il nous semble nécessaire de republier ces textes, corrigés et actualisés par nos soins.

« Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ! » (slogan zapatiste repris par la jeunesse de Kabylie en 2001 et de Sidi Bouzid en Tunisie en 2010)

Ayman El Hakim, Collectif Qui vivra verra, 2/4/2025

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lundi 31 mars 2025

El Ayoun : Nouveau refoulement d'observateurs espagnols




بــــــــــــــــــلاغ
 منع الوفد الدولي يمثل انتهاكا صارخا للقانون الدولي واتفاقيات حقوق الإنسان

تواصلا لنهجها القائم على حظر الوصول إلى المناطق المحتلة من الصحراء الغربية وعزلها عن أي رقابة دولية، قامت السلطات المغربية المحتلة صباح اليوم السبت 29 مارس 2025 بمنع بعثة حقوقية وإعلامية دولية من مغادرة طائرتها عند وصولها إلى مطار العيون المحتل، قادمة من مطار لاس بالماس في جزر الكناري الإسبانية."

. ضمت البعثة الدولية كلاً من:

  • خيسوس مايسترو (Jesús Maestro) وروزا فرنانديز (Rosa Fernández) من جمعية "أم دريكا" (Um Draiga) في منطقة أراغون الإسبانية، التابعة لتحالف CEAS-Sáhara ).
  • الصحفية غارا سانتانا سواريز (Gara Santana Suárez) المراسلة لصحيفة "كنارياس الآن"/ElDiario.es.

وكان الوفد يزور المنطقة في إطار مهمة رسمية لتقصي الحقائق ورصد أوضاع حقوق الإنسان في الأراضي المحتلة من الصحراء الغربية.

وقد خَطَّطَ الوفد لسلسلة من اللقاءات الميدانية شملت أسر المعتقلين السياسيين وضحايا الاعتقال التعسفي الصحراويين، بالإضافة إلى آلية التنسيق التي تضم جميع جمعيات المجتمع المدني الصحراوي في الأراضي المحتلة

أتي هذا المنع تتويجاً لسياسة العزل المنهجية التي تنتهجها سلطات الاحتلال، في إطار الحصار الشامل المفروض على الصحراء الغربية منذ عام 2014، والذي حال دون وصول بعثات الأمم المتحدة والمنظمات الحقوقية الدولية، بما في ذلك مفوضي المفوضية السامية لحقوق الإنسان، إلى الأراضي المحتلة.

يكشف هذا الإجراء عن تناقض صارخ بين الخطاب الرسمي المغربي حول الديمقراطية وحقوق الإنسان، وبين الممارسات القمعية الفعلية التي يتعرض لها الشعب الصحراوي. كما يبرز هذا القرار مخاوف الاحتلال المغربي من كشف انتهاكاته أمام المجتمع الدولي، بهذا القرار، تُختزل أصوات الصحراويين إلى صمتٍ قسري، وتُدفن معاناتهم تحت ركام من التعتيم الإعلامي والعزلة الدولية المدروسة.

تُعرب رابطة حماية السجناء الصحراويين في السجون المغربية عن بالغ قلقها إزاء هذه الممارسات التي تتنكّر لأبسط مبادئ القانون الدولي، وتستخفّ بمساعي الأمم المتحدة وجهودها. وتُشدّد الرابطة على أن منع الوفد الدولي يمثّل خرقا سافرا للالتزامات الدولية، ويعرقل أي تقييم موضوعي لواقع حقوق الإنسان في الصحراء المحتلة.

وعليه، فإن الرابطة تحثّ المجتمع الدولي على التحرك العاجل لوضع حدّ لهذه الانتهاكات و تطالب الدول الأعضاء في الأمم المتحدة بالضغط الفعّال لإنهاء الحصار المفروض على الإقليم كما تدعو المنظمات الدولية ووسائل الإعلام العالمية إلى تكثيف جهودها لكشف الحقائق والتضامن مع نضال الشعب الصحراوي العادل. 

رابطة حماية السجناء الصحراويين بالسجون المغربية

العيون المحتلة / الصحراء الغربية

السبت 29 مارس 2025     


COMMUNIQUÉ
L'interdiction de la délégation internationale constitue une violation flagrante du droit international et des conventions relatives aux droits humains

Poursuivant sa politique de restriction d'accès aux territoires occupés du Sahara Occidental et de leur isolement vis-à-vis de tout contrôle international, les autorités marocaines d'occupation ont empêché, ce samedi 29 mars 2025, une mission internationale de défenseurs des droits humains et de journalistes de quitter leur avion à leur arrivée à l'aéroport d'El Ayoun occupée, en provenance de l'aéroport de Las Palmas dans les îles Canaries espagnoles.

La mission internationale était composée de :
• Jesús Maestro et Rosa Fernández de l'association "Um Draiga" en Aragon (Espagne), affiliée à la coalition CEAS-Sahara.
• La journaliste Gara Santana Suárez, correspondante du journal Canarias Ahora/ElDiario.es.

La délégation se rendait dans la région pour une mission officielle d'enquête et de surveillance de la situation des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental.

La délégation a prévu une série de réunions sur le terrain qui incluaient les familles des prisonniers politiques sahraouis et des victimes de détention arbitraire, en plus du mécanisme de coordination qui comprend toutes les associations de la société civile sahraouie dans les territoires occupés.

Cette interdiction est l’aboutissement de la politique d’isolement systématique menée par les autorités occupantes, dans le cadre du blocus global imposé au Sahara occidental depuis 2014. Ce blocus a empêché les missions de l’ONU et les organisations internationales de défense des droits de l’homme, y compris les représentants du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, d’accéder aux territoires occupés.

Cette action révèle une contradiction flagrante entre la rhétorique officielle du Maroc sur la démocratie et les droits de l’homme et les pratiques répressives réelles auxquelles le peuple sahraoui est soumis. Cette décision met également en évidence les craintes de l’occupation marocaine de révéler ses violations à la communauté internationale. Avec cette décision, les voix des Sahraouis sont réduites au silence forcé, et leurs souffrances sont enterrées sous un black-out médiatique et un isolement international délibéré.

La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines exprime sa profonde préoccupation face à ces pratiques qui méconnaissent les principes les plus élémentaires du droit international et ignore les efforts et des démarches des Nations Unies. La Ligue souligne que l’empêchement de la délégation internationale représente une violation flagrante des obligations internationales et entrave toute évaluation objective de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental occupé.

En conséquence, la Ligue exhorte la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à ces violations et appelle les États membres de l’ONU à exercer une pression efficace pour mettre fin au blocus imposé au territoire. Elle appelle également les organisations internationales et les médias mondiaux à intensifier leurs efforts pour découvrir les faits et exprimer leur solidarité avec la juste lutte du peuple sahraoui.

Ligue de Protection des Prisonniers Sahraouis dans les Prisons Marocaines
El Ayoun occupée / Sahara Occidental
Samedi 29 mars 2025

 

COMUNICADO
La prohibición de la delegación internacional constituye una violación flagrante del derecho internacional y de los convenios relativos a los derechos humanos

Continuando con su política de restricción de acceso a los territorios ocupados del Sáhara Occidental y de su aislamiento respecto a cualquier control internacional, las autoridades marroquíes de ocupación impidieron este sábado 29 de marzo de 2025 que una misión internacional de defensores de derechos humanos y periodistas abandonaran su avión a su llegada al aeropuerto de El Aaiún ocupado, procedente del aeropuerto de Las Palmas en las Islas Canarias españolas.

La misión internacional estaba compuesta por:
• Jesús Maestro y Rosa Fernández de la asociación "Um Draiga" en Aragón (España), afiliada a la coalición CEAS-Sáhara.
• La periodista Gara Santana Suárez, corresponsal del periódico Canarias Ahora/ElDiario.es.

La delegación se dirigía a la región para una misión oficial de investigación y seguimiento de la situación de los derechos humanos en los territorios ocupados del Sáhara Occidental.

La delegación planeó una serie de reuniones sobre el terreno que incluyeron a las familias de presos políticos saharauis y víctimas de detenciones arbitrarias, además del mecanismo de coordinación que incluye a todas las asociaciones de la sociedad civil saharaui en los territorios ocupados.

Esta prohibición es la culminación de la política de aislamiento sistemático aplicada por las autoridades ocupantes, en el marco del bloqueo general impuesto al Sáhara Occidental desde 2014. Este bloqueo ha impedido a las misiones de las Naciones Unidas y a las organizaciones internacionales de derechos humanos, incluidos los representantes de la Oficina del Alto Comisionado para los Derechos Humanos, acceder a los territorios ocupados.

Esta acción revela una flagrante contradicción entre la retórica oficial de Marruecos sobre la democracia y los derechos humanos y las prácticas represivas reales a las que está sometido el pueblo saharaui. Esta decisión también pone de relieve los temores de la ocupación marroquí de revelar sus violaciones a la comunidad internacional. Con esta decisión, las voces de los saharauis quedan silenciadas por la fuerza y su sufrimiento queda sepultado bajo un apagón mediático y un aislamiento internacional deliberado.

La Liga para la Protección de los Presos Saharauis en Cárceles Marroquíes expresa su profunda preocupación por estas prácticas que desconocen los principios más básicos del derecho internacional e ignoran los esfuerzos y las medidas adoptadas por las Naciones Unidas. La Liga subraya que la obstrucción de la delegación internacional representa una flagrante violación de las obligaciones internacionales y obstaculiza cualquier evaluación objetiva de la situación de los derechos humanos en el Sáhara Occidental ocupado.

Por consiguiente, la Liga insta a la comunidad internacional a adoptar medidas urgentes para poner fin a estas violaciones y pide a los Estados miembros de la ONU que ejerzan una presión efectiva para poner fin al bloqueo impuesto al territorio. También hace un llamamiento a las organizaciones internacionales y a los medios de comunicación mundiales para que intensifiquen sus esfuerzos para esclarecer los hechos y expresar su solidaridad con la justa lucha del pueblo saharaui.

 

Liga para la Protección de los Presos Saharauis en las Cárceles Marroquíes
El Aaiún ocupado / Sáhara Occidental
Sábado 29 de marzo de 2025

dimanche 30 mars 2025

Claude Mangin lance une marche internationale pour dénoncer la détention des Sahraouis au Maroc

 

Malgré les tentatives de perturbation, l’initiative vise à alerter sur les prisonniers politiques et les violations des droits humains

Équipe MediaParis, 28/03/2025

 

La « Marche pour la liberté », organisée par Claude Mangin, épouse du militant sahraoui Naâma Asfari, a suscité un soutien croissant de la part de l’opinion publique internationale. Cependant, cette initiative humanitaire, qui dénonce les conditions de détention de dizaines de prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines, fait face à des campagnes de discrédit et des tentatives de perturbation.

 

Selon des sources proches des organisateurs, des groupes soutenus par les autorités marocaines prévoient une contre-manifestation devant la mairie d’Ivry, une ville connue pour son engagement en faveur des droits humains au Sahara Occidental. Parallèlement, des informations trompeuses circulent en ligne pour ternir l’image de la municipalité et des défenseurs de la cause sahraouie.

 

Claude Mangin, dont le mari purge une peine de 30 ans dans une prison marocaine après un procès qualifié d’inique par Amnesty International, entend ainsi révéler « ce que le Maroc cache depuis des décennies ». Des rapports onusiens et d’ONG confirment que Naâma Asfari, comme de nombreux autres Sahraouis, a été victime d’une arrestation arbitraire et de tortures, sans bénéficier d’un procès équitable.

Claude & Naâma
 

Dans un entretien exclusif avec Équipe Média, un membre du comité d’organisation a déclaré : « L’occupation marocaine veut nous réduire au silence, mais chaque étape de cette marche est une victoire contre l’oubli. Le monde doit entendre la vérité. » Il a ajouté : « Face à ces manœuvres, seule la pression internationale peut sauver les détenus et forcer le Maroc à respecter le droit international. »

 

La marche, qui débutera dimanche depuis Ivry-sur-Seine, traversera plusieurs villes françaises et espagnoles avant d’arriver au Maroc en mai. Elle vise à interpeller les gouvernements et l’ONU sur le sort des prisonniers sahraouis.

 

Claude Mangin inicia una marcha internacional para denunciar la detención de saharauis en Marruecos

 

A pesar de los intentos de perturbación, la iniciativa pretende poner de relieve a los presos políticos y las violaciones de derechos humanos

  

La "Marcha por la Libertad", organizada por Claude Mangin, esposa del activista saharaui Naâma Asfari, ha ganado un creciente apoyo entre la opinión pública internacional. Sin embargo, esta iniciativa humanitaria, que denuncia las condiciones de detención de decenas de presos políticos saharauis en cárceles marroquíes, se enfrenta a campañas de difamación e intentos de perturbación.

 

Según fuentes cercanas a los organizadores, grupos respaldados por las autoridades marroquíes planean realizar una contramanifestación frente al Ayuntamiento de Ivry, un municipio conocido por su defensa de los derechos humanos en el Sáhara Occidental. Simultáneamente, se está difundiendo por internet información engañosa para empañar la imagen tanto del Ayuntamiento como de los defensores de la causa saharaui.

 

Claude Mangin, cuyo esposo cumple una condena de 30 años en una prisión marroquí tras lo que Amnistía Internacional describe como un "juicio injusto", busca exponer "lo que Marruecos ha estado ocultando durante décadas". Informes de la ONU y de ONG confirman que Naâma Asfari, al igual que muchos otros saharauis, sufrió arresto arbitrario y tortura sin recibir un juicio justo.

 

En una entrevista exclusiva con Equipe Media, un miembro del comité organizador declaró: "La ocupación marroquí quiere silenciarnos, pero cada paso de esta marcha es una victoria contra el olvido. El mundo debe escuchar la verdad". Añadió: "Contra estas maniobras, solo la presión internacional puede salvar a los detenidos y obligar a Marruecos a respetar el derecho internacional".

 

La marcha comenzará este domingo desde Ivry-sur-Seine, pasando por varias ciudades francesas y españolas antes de llegar a Marruecos en mayo. Su objetivo es alertar a los gobiernos y a la ONU sobre el sino de los presos saharauis.


Claude Mangin Launches International March to Denounce Detention of Sahrawis in Morocco

Despite Disruption Attempts, Initiative Aims to Highlight Political Prisoners and Human Rights Violations

 

The "March for Freedom," organized by Claude Mangin, wife of Sahrawi activist Naâma Asfari, has garnered increasing support from international public opinion. However, this humanitarian initiative - which denounces the detention conditions of dozens of Sahrawi political prisoners in Moroccan jails - faces smear campaigns and disruption attempts.

 

According to sources close to the organizers, groups backed by Moroccan authorities plan to hold a counter-demonstration in front of Ivry City Hall, a municipality known for its advocacy of human rights in Western Sahara. Simultaneously, misleading information is circulating online to tarnish the image of both the local government and Sahrawi rights defenders.

 

Claude Mangin, whose husband is serving a 30-year sentence in a Moroccan prison after what Amnesty International describes as an "unfair trial," seeks to expose "what Morocco has been hiding for decades." UN reports and NGO findings confirm that Naâma Asfari, like many other Sahrawis, suffered arbitrary arrest and torture without receiving a fair trial.

 

In an exclusive interview with Equipe Media, an organizing committee member stated: "The Moroccan occupation wants to silence us, but every step of this march is a victory against oblivion. The world must hear the truth." He added: "Against these maneuvers, only international pressure can save the detainees and force Morocco to respect international law."

 

The march will begin this Sunday from Ivry-sur-Seine, passing through several French and Spanish cities before reaching Morocco in May. It aims to alert governments and the UN about the plight of Sahrawi prisoners.

samedi 29 mars 2025

Le hajj au temps des colonies: un pèlerinage d’empire en 1949
Un reportage de Kateb Yacine

Fausto Giudice, Tlaxcala & The Glocal Workshop/L’Atelier Glocal

À l’automne 1949 Kateb Yacine, alors âgé de 20 ans, s’embarque à Alger pour Djeddah sur le paquebot Le Providence des Messageries maritimes pour participer au hajj. De ce pèlerinage organisé et contrôlé par les autorités coloniales françaises et administré par la Banque d’Indochine, il rapporte une série d’articles publiés par le quotidien Alger Républicain en novembre 1949. Dans le dernier article de la série, daté du 22 novembre, intitulé Pas de pèlerinage libre sans séparation du culte et de l’État, il écrit :

« ... La joie du retour en terre natale avait tout effacé. Il n’y avait plus place pour aucun souvenir : nous répondions à l’accueil chaleureux de la population accourue sur les quais dès que le Providence avait été visible au large. Pourtant nous n’avions pas mis pied à terre que déjà on nous interrogeait. Et c’est alors que nous avons compris quel lourd devoir nous incombait : la vérité était si pénible à dire à nos interrogateurs si confiants... Mais nous ne pouvions nous taire sur un tel sujet. En dissimulant les peines endurées, les obstacles et les exploitations, nous n’aurions pas seulement caché la vérité. Nous aurions participé à la tromperie, nous serions entrés, nous, victimes du mensonge, dans le camp des menteurs. Aussi sommes-nous nombre de hadji algériens à avoir décidé de tout révéler, pour aussi difficile que cela le sera, après les contes des Mille et Une Nuits diffusés par les troubadours de M. Naegelen [socialiste, gouverneur général de l’Algérie, nommé en 1948, démissionnaire en 1951]. Non, notre pèlerinage n’a pas été libre, comme nos médersas et nos mosquées ne sont pas libres. Est-ce à dire que nous devons montrer la plaie sans chercher à la guérir, est-ce à dire que nous allons renoncer à notre pèlerinage parce que l’administration le déforme et l’utilise contre nous ? Personne ne peut le croire. Il ne nous reste donc plus qu’une voie pour tenir tête aux falsificateurs : engager la lutte dans l’union pour ne plus permettre de telles usurpations. La liberté du culte en Algérie est la première de nos revendications. Ne pas en comprendre l’importance fondamentale, c’est se résigner à voir toujours notre foi tournée en dérision et la terre sainte livrée aux financiers et aux policiers. Il s’agit de rétablir la décence, de faire reculer le mensonge, de ne plus permettre des mystifications aussi cyniques. C’est notre dignité d’hommes qui en dépend, sans compter les sentiments religieux de toute une population déjà opprimée sur tous les autres plans de la vie. Pour ma part, mon premier souci a été de porter témoignage. Il est de bon augure qu’il se soit trouvé un quotidien en Algérie pour accueillir ce témoignage. Sans reculer devant la haine du gouvernement général pour tout ce qui porte un coup à sa scandaleuse ingérence. Nous pouvons donc considérer un premier pas comme accompli. Il reste maintenant une lutte quotidienne, qui est affaire de toute la population, de toutes les organisations, de tous les honnêtes gens, pour le respect et l’indépendance du culte, pour le pèlerinage libre. Ce dernier doit être et rester l’affaire des [associations] cultuelles musulmanes. »

De la Mauritanie à l’Indonésie, la “gestion du culte musulman” dans les empires coloniaux (français, britannique, italien, néerlandais) et en particulier le contrôle des pèlerinages, a fait l’objet de luttes importantes entre colonisés et prépondérants revendiquant le statut de « puissances musulmanes ». Ironie de l’histoire, la puissance française était loin d’appliquer le principe de base de la laïcité, à savoir la séparation des cultes religieux et de l’État. Dans son reportage, Kateb Yacine donne à voir et à entendre la réalité de ce hajj colonial et comment les pèlerins algériens, marocains, tunisiens, ouest-africains vivaient cette expérience tragi-comique, sous la férule de la Banque d’Indochine et face à la Maison Saoud. Les détails qu’il donne sur les clandestins tunisiens à bord du Providence ne manquent pas de sel.

Luc Chantre, auteur d’une thèse doctorale intitulée Le pèlerinage à La Mecque à l’époque coloniale (v. 1866-1940) : France, Grande-Bretagne,  Italie (Poitiers, 2012), a publié en 2018 un livre issu de cette thèse, intitulé Pèlerinages d’empire. Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque (Éditions de La Sorbonne). Nous en reproduisons le chapitre 12, Le retour contesté des pèlerinages dʼempire, qu’il introduit par ces mots : « Le vide laissé par les puissances coloniales pendant les années de [la deuxième] guerre [mondiale] a créé un précédent que ne manquent pas d’exploiter les opposants à la colonisation. Tandis que les puissances européennes entendent restaurer, dès 1945, les organisations d’avant-guerre, le principe de ces pèlerinages officiels organisés par terre, mer ou air est de plus en plus critiqué chez les pèlerins musulmans – y compris chez les élites musulmanes, pourtant choyées durant l’entre-deux-guerres – qui réclament davantage de liberté, quelles qu’en soient les conséquences ».

À l’occasion de l’Aïd, nous offrons ces documents à nos amis musulmans et décoloniaux, pour alimenter leurs combats et leurs réflexions.