Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala
C’est une première historique en Espagne : les ouvrières agricoles marocaines embauchées dans le cadre du dispositif de migration circulaire viennent de constituer leur propre structure syndicale. Une initiative rendue publique le samedi 4 mai 2025, en plein écho des revendications sociales du 1er mai, et portée par le collectifJornaleras de Huelva en Luchaet le syndicat andalou SOA (Sindicato Obrero Andaluz). Elle marque un tournant dans l’histoire de la contractualisation entre le Maroc et l’Espagne en matière de travail saisonnier.
La création de cette section syndicale, première du genre initiée directement par des travailleuses migrantes marocaines sur le sol espagnol, s’inscrit dans un processus de lutte pour la reconnaissance et la protection de leurs droits. Ces femmes, venues majoritairement des zones rurales du Maroc, sont engagées dans les campagnes de récolte de fraises, myrtilles ou framboises à Huelva, dans le cadre de contrats de courte durée encadrés par l’Ordre Gecco – un dispositif binational reposant sur un retour obligatoire au pays après chaque saison.
Leur profil est bien connu : peu ou pas instruites, sans maîtrise de l’espagnol, attachées à leur famille restée au Maroc. Autant de facteurs qui, pendant des années, ont contribué à les maintenir dans une forme d’invisibilité sociale et juridique, accentuée par des conditions de vie précaires et un accès quasi inexistant aux recours en cas d’abus.
Mais la donne semble changer. Cette structuration syndicale a été accompagnée de l’annonce d’une première procédure de réclamation pour licenciement abusif, lancée depuis le Maroc par une ouvrière sous contrat saisonnier. Une action qui pourrait faire jurisprudence dans un système où les marges de contestation ont longtemps été neutralisées par la précarité et la peur.
Après des années de dénonciations de conditions de logement indignes, de salaires impayés et de violations contractuelles, cette prise de parole collective rompt le silence. Elle ouvre la voie à une nouvelle ère d’organisation, d’autonomie et de solidarité pour ces femmes longtemps considérées comme des travailleuses jetables.
Il est parfois difficile de croire ce que l’on lit : Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, appelle la communauté internationale à « jouer son rôle dans la protection des minorités en Syrie, en particulier la communauté druze, contre le régime et ses gangs terroristes, et à ne pas fermer les yeux sur les graves incidents qui s’y déroulent ».
Un religieux druze, à gauche, qui est passé de la Syrie à Israël plus tôt dans la journée, est accueilli par un soldat israélien dans le sanctuaire du Prophète Shuaib [tombe de Jethro, le beau-père de Moïse], à Hittin, dans le nord d’Israël, vendredi. Photo Leo Correa/AP
Israël s’est depuis longtemps forgé une réputation de chutzpah [culot], mais il semble qu’il se soit surpassé cette fois-ci. Le ministre des Affaires étrangères appelle le monde à intervenir pour aider une minorité opprimée par un gouvernement dans un autre pays, alors que d’autres dirigeants politiques agissent déjà dans ce domaine.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a donné des instructions, Eyal Zamir, des Forces de défense israéliennes, a ordonné à l’armée de frapper des cibles précises et le ministre de la Défense Israel Katz a déjà menacé qu’Israël répondrait “durement” ; les Forces de défense israéliennes ont déjà bombardé. Une véritable armée du salut pour défendre les Druzes opprimés.
Le ministre israélien des Affaires étrangères n’a aucun droit moral d’ouvrir la bouche et de prononcer ne serait-ce qu’un mot sur l’oppression d’une nation ou d’une minorité, et certainement pas d’appeler le monde à prendre leur défense. Israël, qui ferme les yeux sur l’Ukraine après avoir fait la même chose pendant la guerre civile en Syrie, n’a pas non plus le droit d’appeler le monde à ouvrir les yeux sur les événements en Syrie.
Des membres de la communauté druze israélienne se tiennent près de la frontière, en attendant que des bus transportant des religieux druzes syriens traversent la Syrie vers la ville de Majdal Shams, sur les hauteurs du Golan occupées par Israël, vendredi. Photo : Maya Alleruzzo/AP
Le manque de conscience de soi des dirigeants israéliens bat tous les records. Lorsque Gideon Sa’ar parle d’un régime oppressif et de bandes de terroristes, il devrait avant tout parler de son propre pays. Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde où un régime oppressif et des voyous terroristes prospèrent comme en Israël, tourmentant les membres d’une autre nation. Et comment Israël réagit-il aux appels lancés au monde pour qu’il prenne la défense de la nation opprimée qui y vit ? Par des hurlements et des cris à l’antisémitisme.
Et comment Israël réagirait-il à une intervention militaire d’un autre État ou d’un autre acteur venant en aide aux opprimés ? C’est exactement ce que les pays arabes ont dit dans le passé, et ce que le Hezbollah et les Houthis disent aujourd’hui : ils interviennent contre Israël pour protéger les Palestiniens.
De même que les Druzes locaux exigent aujourd’hui qu’Israël vienne en aide à leurs frères syriens, les populations des pays arabes exigent que leurs gouvernements interviennent en faveur de leurs frères soumis à l’occupation israélienne.
Et qu’en est-il des frères de sang des Arabes israéliens [Il veut dire : Palestiniens de 48, NdT], qui ont été massacrés à Gaza, en Syrie et au Liban ? Israël a-t-il jamais envisagé de leur venir en aide ?
Un homme tient un bébé sauvé des décombres, qui a survécu à une frappe aérienne des forces loyales au président syrien Bachar el-Assad à Alep en 2014.Photo Hosam Katan/Reuters
Au Liban, Israël a dressé les phalangistes contre les Palestiniens. Lorsque le peintre palestinien Abed Abadi, vivant à Haïfa, a tenté d’exfiltrer sa sœur, née dans ce pays, du camp de réfugiés assiégé de Yarmouk, en Syrie, en 2014, Israël a refusé. Mais pour “sauver les Druzes”, Israël est prêt à bombarder.
Imaginez que la France bombarde les colonies israéliennes dans les territoires occupés parce qu’elle les considère comme des « bases terroristes », d’où sortent des terroristes pour nuire aux Palestiniens. Quel tollé cela provoquerait ici !
Cette demande est empreinte de cynisme. Après tout, Israël ne se soucie pas vraiment du sort des Druzes en Syrie, tout comme il ne se souciait pas vraiment des victimes de l’ancien régime syrien. Après l’adoption de la loi sur l’État-nation, il est évident que le gouvernement ne se soucie même pas des droits de la population druze d’Israël.
Des Druzes manifestent contre la loi sur l’État-nation en 2019.Photo Tomer Appelbaum
Se mobiliser pour la défense des Druzes de Syrie n’est rien de plus qu’une ruse cynique, un autre prétexte pour attaquer la Syrie dans sa faiblesse, peut-être aussi un clin d’œil aux électeurs druzes du Likoud. Au lieu de donner une chance au nouveau régime, Israël fait du bellicisme. C’est le seul langage qu’il a employé ces dernières années : frapper, bombarder, bombarder, tuer, démolir, autant que possible et en tous lieux.
Si Israël souhaite promouvoir la justice où que ce soit, qu’il commence chez lui, où d’horribles méfaits et crimes contre l’humanité sont de plus en plus souvent perpétrés.
Même l’appel d’Israël au monde pour qu’il envoie du matériel de lutte contre les incendies afin d’aider à surmonter les feux de forêt près de Jérusalem la semaine dernière, alors qu’il empêche la nourriture et l’aide humanitaire d’entrer à Gaza depuis plus de deux mois, est une demande impudente qui aurait dû être rejetée. Un pays qui affame deux millions de personnes n’a pas droit à l’aide de la communauté internationale, même lorsque des incendies menacent ses communautés.
Hittin, 5 février 1949 : un groupe de Druzes brandit un drapeau avec l’étoile à 5 branches représentant les 5 principes cosmiques (haad, plur. houdoud) de leurs croyances, généralement confondue par les ignorants avec l’étoile de David à six branches adoptée par les sionistes. En arabe, le nom de Sultan Pacha El Atrache (1891-1982), leader de la révolte antifrançaise syrienne de 1925-1927 et héros des mouvements de libération arabes
Syrie - La communauté druze est prise en étau entre les violences sectaires internes et les manœuvres géopolitiques externes. Netanyahou, qui se proclame « protecteur » des Druzes, bombarde à quelques encablures du palais présidentiel syrien.
Michele Giorgio est un journaliste italien, correspondant au Machrek du quotidien il manifesto et directeur de la revue en ligne Pagine Esteri. Auteurs de 3 livres. X
Maître dans l’art d’adapter les événements à une version politique commode, Benjamin Netanyahou s’est à nouveau déguisé en « protecteur des Druzes » après avoir ordonné à l’armée de l’air israélienne de frapper à une courte distance du palais du président syrien autoproclamé et chef du groupe alqaïdiste HTA, Ahmad Charaa. « C’est un message clair au régime syrien. Nous ne permettrons pas aux troupes syriennes de se déplacer au sud de Damas ou de constituer une menace pour la communauté druze », a déclaré le premier ministre israélien. Il se référait aux violences qui, au début de la semaine et jusqu’à jeudi, ont vu des miliciens sunnites liés au gouvernement prendre d’assaut Jaramana, Sahnaya et d’autres centres à majorité druze, après la diffusion d’un clip audio offensif contre le prophète Mohamed dans le sud de la Syrie.
Des miliciens du nouveau régime en faction à Sahnaya. Photo AP
La réaction de Damas au bombardement israélien a été lente. « Il s’agit d’une escalade dangereuse », a déclaré le nouveau régime syrien qui a remplacé celui de Bachar el-Assad. L’UE est intervenue et a exigé qu’Israël respecte la souveraineté syrienne et les termes de l’accord de désengagement de 1974 sur le Golan syrien. Bruxelles n’a pas compris, ou feint de ne pas comprendre, que Netanyahou n’a pas l’intention de renoncer à une occasion en or de prendre le contrôle de facto du sud de la Syrie.
Les Druzes israéliens (150 000), dont beaucoup servent dans les forces armées, l’aident à masquer des intérêts stratégiques par un prétendu engagement humanitaire. Ces derniers jours, des centaines de Druzes - réservistes de l’armée, activistes et simples citoyens - ont bloqué des routes dans le nord d’Israël, exigeant une intervention en faveur de leurs « frères menacés en Syrie ». Netanyahou a donc ordonné le bombardement à quelques mètres du palais de Charaa. Il a ensuite téléphoné au cheikh Muwafaq Tarif, chef spirituel des Druzes israéliens, qui, selon son bureau, « apprécierait l’action dissuasive contre Damas ».
Le principal allié de Netanyahou est l’instabilité syrienne, marquée par les vagues de « purification » menées par les milices djihadistes du HTS et de ses alliés contre les prétendus restes du régime Assad et contre les « apostats » : en mars les Alaouites, aujourd’hui les Druzes. « Nous sommes massacrés et le silence de la communauté internationale nous condamne deux fois », a protesté le cheikh Hikmat al-Hijri, autorité spirituelle de la communauté druze syrienne, en référence aux attaques subies ces derniers jours de la part des forces djihadistes près de Damas. Pour convaincre l’Occident de lever les sanctions contre son pays - décrétées après 2011 pour viser Bachar el-Assad - Ahmad Charaa a adopté un profil modéré et s’est à plusieurs reprises porté garant d’une Syrie « inclusive et respectueuse des minorités ». Mais si déradicalisation il y a eu, elle ne s’est produite qu’au sommet. Car à la base du nouveau régime, une pléthore de formations salafistes - qui incluent des combattants étrangers - ne partagent pas la ligne modérée et font pression pour que les musulmans « apostats » et les sectes hétérodoxes comprennent qui tient désormais le manche en Syrie.
Après les Alaouites de la côte, les plus extrémistes voudraient mettre en œuvre une « normalisation armée » également dans les régions du sud, qui sont restées en marge du nouveau pouvoir. Soueïda, la principale ville druze, a maintenu une autonomie de fait après 2011, résistant à la fois au pouvoir d’Assad et à la pénétration salafiste. Aujourd’hui, cette fragile indépendance est assiégée. Elle doit également se prémunir contre les manœuvres israéliennes. Al-Hijri continue de rejeter toute ingérence extérieure, réaffirmant « l’appartenance des Druzes à la patrie syrienne unie » et dénonçant les tentatives d’instrumentalisation par des acteurs étrangers. Lors d’une réunion entre les dirigeants druzes, les anciens et les groupes armés à Soueïda, la communauté a accepté d’être « une partie inséparable de la patrie syrienne unifiée ». « Nous rejetons la division, la séparation ou le désengagement », a ajouté un porte-parole. Certaines ONG syriennes, comme le Réseau syrien pour les droits humains, avertissent que « l’ingérence israélienne contribue à la polarisation sectaire et entrave toute tentative de médiation » entre Damas, les Druzes et d’autres minorités.
« La communauté druze se trouve prise au piège entre la violence sectaire interne et les manœuvres géopolitiques externes », explique au manifesto Giovanna Cavallo, militante des droits des Druzes syriens qui s’est récemment rendue à Soueïda avec une délégation italienne. « La question qui se pose aujourd’hui est inquiétante : le gouvernement syrien est-il tout simplement incapable de faire face à la vague de violence ou s’agit-il plutôt d’une ambiguïté délibérée, d’un calcul politique qui évite la confrontation avec les franges les plus radicales, aujourd’hui de plus en plus présentes dans les appareils du pouvoir ? » Dans ce contexte, ajoute-t-elle, « une action extérieure comme celle d’Israël apparaît encore plus dangereuse », car elle accentue « les divisions au sein même de la communauté druze, entre la majorité qui appelle à un accord avec le gouvernement central et une minorité qui voudrait choisir le moindre mal (Israël, ndlr) ». « Nous ne voulons ni de Damas ni de Tel-Aviv« , déclare pour sa part une femme d’al-Qurayya, « nous voulons vivre libres, sans que d’autres décident de notre sort par les armes ».
La semaine dernière, Michaël Delafosse
se déplaçait au Maroc pour négocier des accords économiques et culturels
avec des villes dont Dakhla, située sur le territoire du Sahara
Occidental et sous domination marocaine. Dans la lignée de Macron, le
maire de Montpellier défend les intérêts impérialistes français au
détriment de l’autodétermination du peuple sahraoui.
C’est dans ce contexte que Michaël Delafosse, le maire de
Montpellier, s’est rendu à son tour au Maroc, accompagné d’une
délégation d’élus, durant cinq jours. Dans un tweet posté sur X le 26
avril, on
le voit poser, sur le territoire sahraoui, aux côtés de deux de ses
élus et de son conseiller spécial, brandissant le drapeau marocain en
soutien à la domination de l’État chérifien sur le peuple sahraoui.
Dans sa publication, il fait référence à « la Marche Verte », une
opération militaire orchestrée en novembre 1975 par le roi Hassan II du
Maroc pour reprendre le Sahara Occidental, alors encore sous domination
coloniale espagnole. Reçu par deux ministres marocains des Affaires
Etrangères et des Investissements, Michaël Delafosse s’est notamment
attaché à soutenir l’important projet porté sur place par une filiale
locale de MGh Energy, installée à Pérols, une commune appartenant à la
métropole de Montpellier, et spécialisée dans les e-carburants. Le
projet Janassim, porté par la société française via sa filiale marocaine
MGh Energy Maroc, vise à établir une usine de production de carburants
synthétiques renouvelables dans la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab,
située au Sahara Occidental. Convoitée par l’impérialisme français, la
région de Dakhla est considérée comme l’une des plus favorables au monde
pour l’installation de parcs d’énergies éoliens et solaires et fait
l’objet de nombreux projets de développement liés aux énergies
renouvelables. Comme Emmanuel Macron le faisait en octobre dernier,
Delafosse s’attache à défendre les intérêts de l’impérialisme français
en négociant avec l’État marocain et en foulant du pied, dans le même
temps, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Une lutte
indépendantiste violemment réprimée par les autorités marocaines, comme en témoigne le sort des prisonniers politiques tels que Mohamed Haddi, qui subit torture, isolement négligence médicale
Le soutien de l’élu socialiste à la colonisation marocaine du Sahara
Occidental n’est pas étonnant lorsque l’on connaît la participation
active de Delafosse à la répression du mouvement Palestine et son
soutien indéfectible à l’état sioniste israélien : Connu pour son
soutien infaillible à Israël, il
a porté plainte à de multiples reprises contre le collectif BDS-UP et
ses militants, dernièrement pour une banderole qui dénonçait la
complicité de la mairie de la politique génocidaire d’Israël. Il
soutient activement la célébration de la « Journée de Jérusalem » qui
commémore l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et déclarait
récemment : « Il est mensonger de parler d’apartheid israélien. Tant
que je serai maire, je serai aux côtés de Tibériade [ville israélienne
jumelée avec Montpellier] et d’Israël ». Ainsi, derrière son vernis
progressiste, comme en témoigne la politique de la mairie autour de la
marche des Fiertés, locale, véritable illustration de ce qu’est le pinkwashing,
se cache une gouvernance réactionnaire, véritable relais des
politiques répressives envers le mouvement de soutien au peuple
palestinien mais plus généralement contre les quartiers populaires et
les populations racisées et précaires.
Ce voyage d’affaires de Delafosse visant à défendre les intérêts
impérialistes de la France donne à voir, une nouvelle fois, la
Macron-compatibilité du Parti socialiste. Face aux politiques
impérialistes et à la violente répression dont font l’objet les
militants qui les dénoncent, comme en témoignent les menaces de
dissolution à l’encontre d’Urgence Palestine et de la Jeune Garde, nous
devons faire front pour dénoncer l’impérialisme français et réitérer
notre solidarité à tous les peuples luttant pour leur autodétermination,
dont la population sahraouie.
À quinze ans, j’ai rejoint le
Hamas, j’ai jeté des pierres, j’ai cousu des drapeaux palestiniens et j’ai
passé sept mois en prison. Voici ce qui a changé mon point de vue sur les
Israéliens et qui me motive à construire des ponts au-dessus des rivières de
sang.
Ahmed Helou, Palestinien d’Ariha/Jéricho,
est un militant de l’organisation Combattants
pour la paix, qui vient d’organiser le 29 avril la cérémonie annuelle de la
20ème Journée commémorative conjointe israélo-palestinienne, en
partenariat avec le Cercle des parents-Forum des familles (palestiniennes et
israéliennes atteintes par la violence).
Des Palestiniens inspectent le
site d’une frappe israélienne sur une maison, à Khan Younès, dans le sud de la
bande de Gaza.
J’écris ces mots dans la douleur
la plus profonde qu’un être humain puisse endurer. Au cours de l’année écoulée,
j’ai perdu 160 membres de ma famille élargie - hommes, femmes et enfants. Tous
étaient des civils. Tous étaient désarmés. Ils ont été tués lors de frappes
aériennes et de fusillades pendant la guerre à Gaza. En quelques minutes, des
générations entières de la famille Helou ont été anéanties : tantes, oncles,
cousins, nièces et neveux, tous tués dans leur maison.
Mon chagrin est sans fond.
Parfois, j’ai du mal à respirer. Mais même depuis cet endroit - l’endroit où
tout semble perdu - je choisis de me lever et de dire : nous ne devons pas
abandonner. Nous ne devons pas nous abandonner à la haine, à la perte, à la
vengeance. Aujourd’hui plus que jamais, j’appelle les deux peuples, israélien
et palestinien, à choisir une autre voie. Un chemin non pas de sang, mais de
vie. Non pas celui de la vengeance, mais celui de l’espoir.
Je suis un Palestinien de
Jéricho. Bien que je sois né à Jéricho, mes racines sont profondément ancrées à
Gaza et à Beersheba . Mes grands-parents sont nés à Gaza et se sont installés à
Beersheba au début du XXe
siècle pour développer leur entreprise. Mes parents sont également nés et ont
grandi à Beersheba . Pendant la guerre de 1948, ils ont tenté de retourner à
Gaza, mais se sont réfugiés à Jéricho, espérant que sa proximité avec la
frontière jordanienne leur permettrait de s’échapper si la situation s’aggravait.
En 1967, ils ont dû fuir à nouveau, cette fois en Jordanie, où ils ont été
témoins de plus de violence et de plus de morts.
J’ai grandi en entendant ces
histoires de peur, de fuite, de personnes tuées sous leurs yeux. J’étais rempli
de colère. Je voulais me venger. À l’âge de dix ans, pendant la guerre d’Israël
au Liban en 1982, je traînais des pneus dans la rue pour les manifestations. Je
pensais que je devais me battre. À quinze ans, j’ai rejoint le mouvement local
du Hamas. J’ai lancé des pierres. J’ai cousu des drapeaux palestiniens, ce qui
était illégal à l’époque, sachant que cela pouvait me conduire en prison. Et c’est
ce qui s’est passé. En 1992, j’ai été condamné à sept mois de prison militaire
israélienne en tant que détenu politique.
Mais la prison a aussi apporté
quelque chose d’autre : une rencontre inattendue avec des personnes qui avaient
des visions différentes de l’avenir. Pendant ma peine, le processus de paix d’Oslo
a commencé. Lorsque mes parents m’ont rendu visite, ils m’ont parlé d’un nouvel
accord de paix avec Israël, de deux États et du fait qu’il était désormais
légal d’arborer le drapeau palestinien. Cela a fait germer une petite graine de
quelque chose que je ne m’étais pas permis d’envisager : une possibilité.
Après ma libération, je me suis
attaché à reconstruire ma communauté. J’ai aidé à lancer un groupe de jeunes à
Jéricho. Nous avons fait du bénévolat dans des écoles, des hôpitaux et des
maisons de retraite. J’ai suivi un cours de secouriste et je suis devenu
ambulancier bénévole pour le Croissant-Rouge palestinien.
De la fumée s’élève de Gaza après
une frappe aérienne, vue du côté israélien de la frontière. Photo Amir
Cohen / Reuters
Lors des affrontements à
Jérusalem-Est en 1996, j’ai apporté une aide médicale aux Palestiniens blessés.
Un jour, j’ai couru pour aider un homme inconscient et j’ai découvert qu’il s’agissait
de mon ami Firas. Alors que je le portais vers l’ambulance, un soldat israélien
m’a tiré dans le dos. Je me suis effondré. Sur le chemin de l’hôpital, j’ai
entendu le médecin dire à l’infirmier d’arrêter de réanimer l’autre blessé dans
l’ambulance, mon ami. Il était mort.
De retour à Jéricho, j’ai demandé
des nouvelles de Firas. Mon frère m’a emmené au cimetière. Il y avait quatre
tombes : celle de Firas, un étudiant en droit de 21 ans, celle d’un garçon de
17 ans et celle d’un policier palestinien. J’ai demandé ce qu’il en était de la
quatrième tombe. « Celle-ci était pour toi », m’a dit mon frère. « Nous
pensions que tu allais mourir ». J’ai survécu, mais la balle est toujours
logée près de ma colonne vertébrale.
Des années plus tard, en 2004, un
ami m’a invité à un atelier avec des Israéliens. J’étais furieux. « Comment
pouvez-vous me demander de rencontrer l’ennemi ? » ai-je crié. « Avec
ceux qui ont tué mon peuple, volé ma terre, fait de moi un réfugié, m’ont
emprisonné ? » J’y suis allé, mais j’ai juré de ne pas parler. Le premier
jour, je suis resté silencieux. Le deuxième, j’ai commencé à parler. Le
troisième, j’ai partagé un café avec eux. Au quatrième, je leur demandais avec
incrédulité : « Êtes-vous vraiment juifs ? Es-tu vraiment israélien ? »
Jusqu’alors, je n’avais rencontré des Juifs qu’en tant que soldats. Je n’avais
jamais parlé à des civils et je n’avais jamais abordé la question des droits,
de l’avenir ou de la paix.
J’ai continué à participer à des
ateliers, puis je me suis rendu en Allemagne pour participer à un séminaire
avec des Israéliens et des Palestiniens. En 2006, j’ai été invité à rencontrer
les Combattants pour la paix à Jéricho. Je n’étais pas prêt. Mais j’ai continué
à apprendre, à demander, à rencontrer. En 2013, on m’a demandé de prendre la
parole lors de la cérémonie commune de la Journée commémorative. J’ai accepté.
Depuis lors, je suis un membre engagé dans la résistance non violente et la
protestation pacifique contre l’occupation.
Des Palestiniens déplacés par l’offensive
aérienne et terrestre israélienne sur la bande de Gaza marchent dans un camp de
tentes improvisé dans la ville de Gaza. Photo Jehad
Alshrafi, AP
À l’âge de trente ans, j’ai
épousé Hiba, qui est également originaire de Gaza. Pendant de nombreuses
années, nous n’avons pas pu rendre visite à sa famille. Pendant plus de huit
ans, avant le début de la guerre, nos quatre enfants n’ont pas obtenu de permis
pour rendre visite à leurs grands-parents à Gaza. Depuis le 7 octobre, nous
avons perdu plus de 160 membres de notre famille à Gaza. Mais je sais que la
coopération internationale et la non-violence sont les seuls moyens de mettre
fin à l’occupation et de parvenir à la paix.
Grâce à tout ce que j’ai vécu, je
sais que les extrémistes des deux camps veulent que nous haïssions, que nous
ayons peur, que nous perdions espoir. Ils veulent nous faire croire qu’il n’y a
pas d’alternative à la guerre, qu’un peuple ne peut survivre qu’en détruisant l’autre.
Je refuse d’accepter cela. Je refuse de laisser ce récit l’emporter.
En Israël, j’entends
souvent dire : « Il n’y a pas de partenaire pour la paix ». Mais ce
n’est pas vrai. Nous sommes ici : les Palestiniens qui croient en l’égalité, la
coexistence et la justice pour les deux peuples. Nous sommes peu nombreux, mais
nous sommes déterminés. Déterminés à vivre, pas à mourir. À construire, et non
à détruire. Même après avoir tout perdu.
J’ai choisi de consacrer ma vie à
la paix et à la lutte non violente contre l’injustice, l’occupation et l’extrémisme,
les nôtres comme les vôtres. C’est la seule voie qui reste : un avenir commun,
fondé sur la reconnaissance mutuelle et la conviction que la paix est encore
possible.
J’ai perdu mes proches, mais pas
mon espoir. La paix n’est pas un slogan. C’est la seule façon de vivre.
Chaque 1er mai, les rues marocaines résonnent au rythme des slogans syndicaux et des revendications sociales. Mais derrière ce jour chômé et payé se cache une histoire vieille de plus d’un siècle, marquée par des luttes, des sacrifices et des conquêtes sociales. Retour sur l’origine et l’évolution d’une journée pas comme les autres.
Ce jeudi 1er mai, comme chaque année, les travailleurs marocains
célèbrent la Journée internationale du travail. Une tradition mondiale
ancrée dans la mémoire ouvrière, symbole de luttes pour la dignité et la
justice sociale. Pourtant, peu se souviennent de l’origine de cette
journée qui, au fil du temps, est devenue un repère dans le calendrier
militant. Pour la comprendre, il faut remonter à la fin du XIXe siècle,
de l’autre côté de l’Atlantique, au cœur des luttes ouvrières
américaines.
Chicago 1886 : la grève qui a tout déclenché Du sang versé à la reconnaissance internationale Le 1er mai au Maroc : une fête née dans la résistance
Un héritage toujours vivant
L’histoire
du 1er mai commence aux États-Unis. En 1886, les syndicats américains
appellent à une grève nationale pour revendiquer la limitation du temps
de travail à huit heures par jour. Le 1er mai, près de 350.000
travailleurs cessent le travail, paralysant plusieurs villes
industrielles, dont Chicago, épicentre de la contestation.
Pendant
trois jours, les manifestations s’enchaînent. Le 3 mai, à McCormick, la
tension monte d’un cran, la police charge les manifestants, appuyée par
l’armée. Le bilan est lourd, six morts, des dizaines de blessés. Le
lendemain, une bombe explose lors d’un rassemblement, causant la mort de
quinze policiers. La répression est féroce, mais la cause ouvrière sort
renforcée. Cette mobilisation marque un tournant dans l’histoire
syndicale mondiale.
Trois
ans plus tard, en 1889, l’Internationale socialiste réunie à Paris
décide de faire du 1er mai une journée de mobilisation internationale
pour la réduction du temps de travail. Le symbole est fort. La date
devient celle de la solidarité ouvrière, autour d’un slogan simple et
percutant : « 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisir. »
La
célébration du 1er mai s’étend rapidement à travers le monde. Mais elle
n’est pas toujours pacifique. En 1891, à Fourmies, dans le nord de la
France, la manifestation tourne au drame, la police tire sur la foule,
faisant dix morts. Malgré ces violences, le mouvement ouvrier continue
de faire du 1er mai un moment de lutte et de rassemblement.
Au
Maroc, la première célébration du 1er mai remonte à 1951. Le pays est
encore sous protectorat français. À Casablanca, des syndicats
clandestins organisent un rassemblement au stade Père Jégo. Il est
rapidement dispersé par les autorités coloniales. À l’époque, les
revendications dépassent le cadre professionnel : les travailleurs
marocains réclament surtout l’indépendance du Royaume.
C’est
en 1955, à l’initiative de l’Union marocaine du travail (UMT), créée
quelques semaines plus tôt, que le 1er mai prend une nouvelle dimension.
Cette première grande manifestation postérieure à la reconnaissance
syndicale affiche trois mots d’ordre : union, indépendance et
démocratie. La fête du Travail devient dès lors un rendez-vous
incontournable de la mobilisation sociale marocaine.
Une journée de lutte, au fil des générations
Depuis,
le 1er mai au Maroc a traversé les décennies, reflétant les
préoccupations des travailleurs à chaque époque. Dans les années
post-indépendance, les revendications portaient sur le droit au travail
et à la protection sociale. Dans les années 1980-1990, le mot d’ordre
s’élargit à la liberté syndicale, à la lutte contre la répression et aux
hausses salariales.
En
2018 encore, les syndicats n’hésitaient pas à hausser le ton face au
gouvernement El Othmani, exigeant des revalorisations salariales
substantielles. Le pouvoir proposait alors une enveloppe de six
milliards de dirhams pour « acheter » la paix sociale. Une offre jugée
insuffisante par les centrales syndicales.
Aujourd’hui,
le 1er mai est toujours un jour chômé et payé au Maroc, mais il est
loin d’être un simple jour de repos. C’est une date à haute portée
symbolique, un moment pour dresser le bilan des avancées sociales et
pointer les retards. Le chômage des jeunes, la précarité de l’emploi, le
pouvoir d’achat ou encore la protection sociale demeurent au cœur des
revendications.
Ce jeudi, les cortèges reprendront leurs droits
dans plusieurs villes du Royaume. Des banderoles seront brandies, des
discours prononcés, et peut-être, des promesses arrachées. Mais au-delà
des slogans, cette journée rappelle qu’aucun droit n’a été obtenu sans
lutte. Le 1er mai n’est pas une fête comme les autres : c’est la mémoire
vivante des combats pour la dignité au travail.
Haytham Manna (Oum El
Mayadhine, Daraa, 1951), médecin et anthropologue, est un militant historique
de la cause des peuples et des droits humains. Directeur de l’Institut
Scandinave pour les Droits de l’Homme/Fondation Haytham Manna à Genève et
président du Mouvement international pour les droits de l’homme et des peuples
(IMHPR), il est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages. Ci-dessous un extrait du
livre « Manifeste contre le fascisme djihadiste », à paraître
prochainement.
Dans leur essai intitulé « L’État-nation
moderne : entre islamisme et laïcité|», Asia
Al-Muhtar et Adnan Harawi nous offrent une synthèse claire et concise du
concept d’État-nation moderne en affirmant :
« Les
systèmes législatifs de l’État-nation moderne se caractérisent par une
indépendance complète à l’égard de toute idéologie, quel que soit son type. Si
l’État laïc vise à séparer la structure politique de l’appareil religieux,
alors l’État-nation moderne est un État indépendant qui ne s’appuie sur aucune
source de législation en dehors de la volonté populaire. En tant qu’entité
neutre à l’égard des religions, des sectes, des idéologies, des individus et
des classes, cet État cherche à éviter d’adopter toute idéologie qui pourrait
affecter son entité et son existence, et en faire un État exclusif qui sert un
groupe spécifique au détriment d’un autre. Ce « service exclusif » que l’État
cherchera à fournir est basé sur des principes qui entrent en conflit avec les
principes d’égalité citoyenne et est réalisé sur la base d’une référence
religieuse, idéologique ou doctrinale spécifique ».
En réalité,l’État-nation
moderne repose sur trois principes fondamentaux : le premier est l’égalité des
citoyens, le deuxième est la primauté du droit et le troisième est la
légitimité du peuple.
Ce n’est pas ici le lieu de parler
de la naissance et de la construction de « l’État-nation moderne », auquel nous
avons consacré un livre et des articles [2], mais il
est nécessaire de rappeler sans cesse que cette naissance est le fruit d’un
long processus historique qui a permis à l’Europe, par exemple, de sortir de
ses guerres sectaires et religieuses, qui ont coûté à la seule Allemagne,
pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), la vie de plus de sept millions
d’habitants. En Méditerranée orientale, l’Empire ottoman n’est sorti de
l’histoire et de la géographie qu’après avoir écrit ses dernières pages avec le
génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens en 1916-1918, et la défaite lors
de la Première Guerre mondiale et la signature par le sultan Mehmet VI du
traité de Sèvres (1920), qui a laissé au califat, à la fin de son existence,
380 000 km² sur les 1 780 000 km² qu’il comptait avant la guerre.
En Égypte, la révolution de 1919
a marqué un tournant important dans la lutte pour la libération nationale du
joug colonial britannique, vainqueur de la Seconde Guerre mondiale. À Damas,
l’indépendance du Royaume arabe syrien a été proclamée le 8 mars 1920 par une
assemblée législative constituante connue sous le nom de « Conférence syrienne
générale », qui a adopté le «Statut fondamental» qui prévoyait une monarchie
constitutionnelle civile, une administration décentralisée, la garantie des
libertés politiques et économiques, les droits des communautés religieuses,
l’égalité entre les citoyens et la tenue d’élections libres au Conseil des
représentants au scrutin secret en deux tours (article 73). Les élections
étaient libres et le gouvernement n’avait pas le droit d’y intervenir ou de s’y
opposer (article 77).
Le colonisateur français ne
pouvait tolérer l’idée de l’indépendance, et ses forces entrèrent en Syrie.
Trois jours après la bataille de Maysaloun, les forces d’occupation occupèrent
Damas, exilèrent le roi Faiçal et dessolèrent le royaume le 28 juillet 2020.
Emad Hajjaj
Après la chute tragique et
grotesque du califat ottoman, personne ne pouvait plus parler de califat ou
d’État islamique selon la logique sultanale héréditaire et médiévale. Dans
plusieurs pays musulmans, des organisations politiques et sociales ont vu le
jour, appelant à la construction d’un État islamique. Si Hassan al-Banna est le
plus célèbre dans le monde arabophone, Abu al-Ala al-Mawdudi occupait le devant
de la scène dans le monde islamique. Abou al-Alaa était un observateur attentif
et un fin connaisseur des caractéristiques de l’époque que vivaient les
musulmans dans la péninsule indienne, mais aussi de la montée des courants
idéologiques totalitaires à l’échelle mondiale, le stalinisme à l’Est, le
nazisme et le fascisme à l’Ouest. On retrouve clairement l’empreinte de ces
courants dans la définition que donne al-Mawdudi de l’État islamique :
- « L’État islamique est un État dirigé par un
parti particulier qui croit en une doctrine particulière. Quiconque accepte
l’islam peut devenir membre du parti qui a été fondé pour diriger cet État, et
ceux qui ne l’acceptent pas ne sont pas autorisés à intervenir dans les
affaires de l’État et peuvent vivre à l’intérieur des frontières de l’État en
tant que dhimmis. »
- « L’État islamique est un État totalitaire qui
régit tous les aspects de la vie. » (Al-Mawdudi écrit cela en anglais, en plus
de l’ourdou et de l’arabe).
- « Dieu a doté l’homme de ces limites, d’un
système indépendant et d’une constitution universelle qui n’admet aucun
changement ni modification... Si vous le souhaitez, vous pouvez vous y
soustraire et déclarer la guerre comme l’ont fait la Turquie et l’Iran, mais
vous ne pouvez y apporter la moindre modification, car il s’agit d’une
constitution divine éternelle qui ne peut être ni changée ni modifiée ».[3]
Nous voyons dans ces trois points
l’arbre généalogique commun aux Frères musulmans, aux khomeynistes, aux
salafistes djihadistes, aux srouristes (partisans du Cheikh Srour de la région
de Daraa) et au Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération), car les principes
énoncés par Mawdudi s’y retrouvent tous, avec quelques différences d’expression
littéraire ou quelques phrases non contestées. Si la première mouture de la
Confrérie des Frères musulmans en Égypte et le modèle syrien du Dr Mustafa
al-Sibai n’ont pas adhéré à la logique du « parti sacré », ou ce que Khomeini
appelle dans son livre « Le gouvernement islamique » : « la bande sacrée »,
il a fallu attendre Sayyid Qutb pour voir apparaître une identification plus
claire entre ces composantes.
L’essor de la « religion publique
» et la chute des idéologies contemporaines ont eu un impact considérable sur
la montée, l’extrémisme et la radicalisation des mouvements politiques
islamiques. La fabrication de l’ennemi a joué un rôle essentiel dans l’introduction
du takfir
(définition des frontières entre le croyant et le mécréant, entre la société
païenne et la société islamique), la prohibition (regroupant dans une même
catégorie tout ce qui est interdit, prohibé et répréhensible) et la destruction
(considérant le djihad ou la violence sacrée comme le seul moyen d’instaurer le
règne de Dieu sur terre). Comme le dit Yassin al-Haj Saleh : « En Afghanistan,
l’ennemi était l’Union soviétique, puis les USA ; en Irak, ce sont les
Américains et leurs alliés des organisations chiites ; en Syrie, l’ennemi était
essentiellement la révolution »[4].
Au stade du Caire, le 15 juin
2013, le président égyptien Mohamed Morsi était présent en personne pour
annoncer les résultats de la première réunion élargie entre les « savants »
salafistes, les « savants » des Frères musulmans et les dirigeants de l’Union
mondiale des oulémas musulmans, au cours de laquelle il a été décidé, à
l’unanimité, de déclarer le jihad en Syrie. Pour annoncer les résultats de
cette réunion et proclamer sa décision, les participants ont désigné le cheikh
égyptien Mohamed Hassan :
« La
terre pure d’Égypte a accueilli une conférence à laquelle ont participé près de
500 savants, appartenant à plus de 70 organismes, organisations et
associations. Ces savants ont émis une fatwa et ont convenu que le jihad est un
devoir de la vie, de la fortune et des armes, chacun selon ses moyens. Le jihad
pour défendre le sang et l’honneur est désormais un devoir individuel pour le
peuple syrien et un devoir collectif pour les musulmans du monde entier. C’est
ce que nous devons au Seigneur du ciel et de la terre » [5].
Depuis cette date, les
différences entre ce qu’on appelait l’islam modéré ou politique et les thèses
salafistes djihadistes ont disparu, et le processus de « légitimation » de la
présence des combattants étrangers en Syrie dans la plus grande fatwa
collective de l’histoire islamique contemporaine s’est enclenché. Les musulmans
syriens, quelles que soient leurs factions et leurs orientations, ne sont plus
maîtres de leur présent et de leur avenir dans le conflit qui oppose une
dictature corrompue et le plus grand mouvement populaire qui lui fait face.
L’arrivée massive de plus de 120 000 combattants non syriens provenant d’une
soixantaine de pays, avec des facilités financières, matérielles et logistiques
qui ont dépassé ce que nous avons connu dans l’expérience afghane, a constitué
un changement complet dans la nature, la géographie et les objectifs des
conflits armés et des luttes intestines, ainsi que dans la nature de l’État
souhaité pour le changement.
La section de Ben Ahmed de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme (LMCDH) a dénoncé les campagnes malveillantes et l’acharnement systématique ayant visé les habitants de la ville sur certaines plateformes sociales, accusées d’avoir terni l’image de Ben Ahmed et de ses habitants de manière “inacceptable et irresponsable”.
La brigade locale de la police judiciaire de la ville de Ben Ahmed, appuyée par son homologue de la préfecture de Settat, a ouvert une enquête judiciaire sous la supervision du parquet compétent dans la soirée du dimanche 20 avril, afin d’élucider les circonstances entourant la découverte de restes de membres humains dans les toilettes annexes de la grande mosquée de Ben Ahmed. Crédit: Capture d'écran vidéo
Dans un communiqué transmis àHespress, la Ligue a condamné ces campagnes qui renforcent la stigmatisation sociale et portent atteinte aux valeurs fondamentales des droits humains, fondées sur le respect de la dignité et l’égalité.
Une stigmatisation liée à l’affaire du “tueur de Ben Ahmed”, une série de crimes atroces (meurtres prémédités, mutilation de cadavres et vol aggravé, par un individu aujourd’hui incarcéré) que la Ligue suit “avec une profonde inquiétude”, soulignant qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais du reflet d’un contexte alarmant nécessitant un renforcement de la sécurité communautaire et une meilleure prise en charge de la santé mentale.
Tout en condamnant fermement ces actes criminels, la Ligue a exigé l’approfondissement des enquêtes, dans le strict respect de la présomption d’innocence jusqu’au prononcé de jugements définitifs.
Elle a également réitéré son appel aux autorités pour qu’elles accordent davantage d’importance aux politiques publiques de santé mentale et renforcent les mécanismes de prévention et de protection sociale afin de garantir la sécurité et la sérénité collectives.
Enfin, la Ligue a exhorté les médias et les utilisateurs des réseaux sociaux à respecter l’éthique de publication et à éviter les généralisations hâtives qui nuisent à l’image de toute une communauté à cause d’actes isolés.
C'était un lundi, jour de marché. Il y avait beaucoup de monde dans les rues de la petite ville de Guernica, qui comptait sept mille habitants. À 16 h 30, les cloches de l'église ont commencé à sonner, et cinq minutes plus tard, le premier avion est apparu, et a lâché six bombes explosives de 450 kilos, suivies d'un chapelet de grenades.
Quelques minutes plus tard, un deuxième avion est apparu. L'enfer a duré trois heures. En tout, ce sont 42 avions qui ont bombardé et mitraillé la ville, ses habitants et les environs où ils s'étaient réfugiés. Toute la ville a brûlé. L'incendie a duré longtemps. Bilan : 70% des édifices brûlés et un nombre de morts indéterminé, situé entre 800 et 1600. 70 ans plus tard, les historiens ne sont toujours pas d'accord sur le nombre de victimes de ce lundi noir qui fit de Guernica une ville-martyre et une ville-symbole, entrée définitivement dans notre mémoire collective. Les avions appartenaient à la Légion Condor allemande et à l'Aviation légionnaire italienne. Nom de l'opération : Operation Rügen.
Deux hommes ont contribué de manière décisive à faire de Guernica ce symbole : George Steer et Pablo Picasso.
Le premier était un jeune journaliste de 27 ans, né en Afrique du Sud, correspondant de guerre du quotidien londonien The Times et partisan déclaré de la cause républicaine et basque. L'Espagne n'était pas son premier théâtre de guerre. En 1935,il avait été envoyé spécial en Éthiopie, qu'on appelait alors l'Abyssinie, soumise à une féroce agression italienne, ordonnée par Mussolini -le dictateur qui avait les yeux plus gros que le ventre- qui accomplissait là son rêve d'Empire à coups de crimes de guerre. Déjà en Éthiopie, on avait vu des bombardements frapper une population civile désarmée. Déjà en Éthiopie, l'Occident démocratique avait trahi un peuple agressé par le fascisme.
George Steer arriva à Guernica quelques heures après le bombardement et câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre, qui parut le lendemain dans The Times et The New York Times, avant d'être repris par de nombreux journaux dans divers pays. C'est cet article qui a alerté le monde, suscitant des manifestations de protestation dans les rues de Londres et New York et déclenchant une contre-offensive médiatique des franquistes et de leurs alliés, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Dans ces deux pays, les médias se déchaînèrent contre les « hordes bolcheviques », qui, à les en croire, avaient mis elles-mêmes le feu à Guernica avant de la quitter. Leurs mensonges ont été rapidement démentis. Le récit que l'histoire a retenu est celui de George Steer, dont une rue porte le nom à Bilbao, tandis qu'à Gernika même, se dresse un buste de lui, inauguré en avril 2006.
Le second, à 56 ans, est un peintre célèbre, installé en France. Il soutient la cause républicaine face à la rébellion franquiste. Celui que les Renseignements généraux (la police politique française) décriront comme un« un anarchiste considéré comme suspect au point de vue national » et comme « un peintre soi-disant moderne » -raison pour laquelle lui sera refusée la naturalisation française en avril 1940 - se met immédiatement au travail. Le résultat sera une toile monumentale de 8 mètres de long et de 3 m. 50 de haut, en noir et blanc, qui sera exposée au pavillon espagnol de l'Exposition universelle. Comme l'a dit Picasso, « La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi ».
Guernica est une leçon qui reste encore à apprendre. Les auteurs de ce crime de guerre, à commencer par le chef de la Légion Condor, le lieutenant-colonel Wolfram von Richthofen (1895-1945), furent fêtés comme des héros dans l'Allemagne nazie, et ceux d'entre eux qui vivent encore, coulent une paisible retraite, donnant des interviews avec une incroyable décontraction. Le bombardement de la ville sainte des Basques était une expérience grandeur nature, destinée à évaluer les capacités de l'aviation allemande à détruire une ville de manière efficace. Comme l'a dit Hermann Göring au procès de Nuremberg : « La guerre civile espagnole m'a donné l'occasion de tester ma jeune aviation et a été un moyen pour mes hommes d'acquérir de l'expérience. »
Ce crime de guerre ne fut ni le premier ni le dernier du XXème siècle. Les premiers bombardements de populations civiles avec des armes chimiques furent ordonnés par Winston Churchill sur l'Irak en 1915. Après Guernica, il y aura d'autres villes-martyres, comme Coventry, Hambourg, Dresden, Hiroshima, Nagasaki. Après l'Espagne, toute l'Europe. Après l'Europe, l'Asie, de la Palestine à la Corée, au Vietnam et au Cambodge.
Les Guernica d'aujourd'hui s'appellent Gaza, Tal Afar, Falloujah, Samarra, Najaf, mais aussi Grozny ou Kandahar. Les avions qui lâchent leurs bombes meurtrières ne portent plus la croix de fer mais les couleurs de pays « démocratiques ». Les « Rouges ennemis de Dieu » que Franco, Hitler et Mussolini prétendaient combattre pour sauver l'Occident chrétien on été remplacés par les « islamistes » et « l'Axe du Mal », qui, selon Bush, véritable Hitler de notre temps, va de La Havane à Pyongyang en passant par Caracas, Beyrouth, Damas, Khartoum et Téhéran. Et la « communauté internationale », comme elle avait été paralysée devant le martyre de l'Éthiopie puis celui de l'Espagne, est aujourd'hui pire que paralysée devant le martyre de la Palestine, de l'Irak, de l'Afghanistan, elle est complice des centaines de Guernica qui se répètent sous nos yeux fatigués, jour après jour.
Lisez le reportage de George Steer. Il dit, en peu de mots, l'essentiel.-Fausto Giudice, Tlaxcala, 27/4/2017
Une ville détruite par une attaque aérienne
Un témoin oculaire raconte
De notre envoyé spécial, Bilbao, le 27 avril 1937
Guernica, la plus ancienne ville des Basques et le centre de leur tradition culturelle, a été complètement détruite hier après-midi par des raids aériens des insurgés. Le bombardement de cette ville ouverte située loin derrière les lignes a pris exactement trios heures et quart, durant lesquelles une puissante flotte aérienne consistant en trois types d'avions allemands, des bombardiers Junkers et Heinkel et des chasseurs Heinkel, n'a pas cessé de déverser sur la ville des bombes pesant 1000 livres [453 kg.] et moins et, selon les calculs, plus de trois mille projectiles incendiaires de deux livres [907 gr.] chacun. Les chasseurs, pendant ce temps, opéraient des piqués sur la ville et ses alentours pour mitrailler la population civile qui s'était réfugiée dans les champs.
La vieille souche de l'Arbre de Gernika
Tout Guernica s'est rapidement retrouvée en flammes, à l'exception de la Casa de Juntas historique, qui contient les riches archives de la race basque, et où l'ancien Parlement basque siégeait. Le fameux chêne de Guernica, aussi bien la vieille souche desséchée de 600 ans que les nouvelles pousses, a été aussi épargné. C'est là que les rois d'Espagne faisaient le serment de respecter les droits démocratiques (fueros) de Biscaye et en retour recevaient la promesse d'allégeance en tant que suzerains, avec le titre démocratique de Señor et non de Roi de Biscaye. La majestueuse église Santa Maria a été aussi épargnée, à l'exception de son beau chapitre, qui a été frappé par une bombe incendiaire.
À 2 h ce matin, quand j'ai visité la ville, le spectacle était terrifiant. Guernica brûlait d'un bout à l'autre. Les reflets de l'incendie pouvaient être vus sur les nuages de fumée au-dessus des montagnes à 16 km à la ronde. Pendant toute la nuit, des maisons s'écroulèrent au point que les rues étaient encombrées d'importants débris rougeoyants et infranchissables. Beaucoup de survivants civils ont pris le long chemin de Guernica à Bilbao dans d'antiques chars à bœufs basques aux roues solides. Des chars sur lesquels s'empilaient tout ce qui avait pu être sauvé des maisons après la conflagration ont encombré les routes toute la nuit.
D'autres survivants ont été évacués dans des camions du gouvernement, mais beaucoup ont été forcés de rester aux alentours de la ville en feu, couchés sur des matelas ou à la recherché de parents et d'enfants égarés, tandis que des unités de pompiers et de la police motorisée basque, sous la direction personnelle du ministre de l'Intérieur, Señor Monzon, et de sa femme, continuaient les opérations de secours jusqu'à l'aube.
La cloche de l'église sonne l'alerte
Le raid sur Guernica n'a pas de précédent dans l'histoire militaire, aussi bien par la forme de son exécution que par les dimensions des destructions perpétrées, sans parler de l'objectif choisi. Guernica n'était pas un objectif militaire. Une usine de matériel d e guerre à l'extérieur de la ville n'a pas été touchée. Ce fut aussi le cas des deux casernes qui se trouvaient à quelque distance de Guernica. Celles-ci étaient loin derrière les lignes de combat. La ville est loin derrière les lignes. L'objectif du bombardement était apparemment de démoraliser la population civile et de détruire le berceau de la race basque. Tous les éléments militent en faveur de cette interprétation, à commencer par le jour choisi pour ce forfait.
Lundi était le jour traditionnel de marché à Guernica pour toute la région. À 16 h 30, quand le marché était plein et que des paysans continuaient d'y arriver, la cloche de l'église a commencé à sonner l'alerte : des avions approchaient. La population a cherché refuge dans des caves et dans des tranchées-abris qui avaient été creusées suite au bombardement de la population civile de Durango le 31 mars, qui a ouvert l'offensive du Général Mola dans le Nord. On dit que les gens ont montré un grand courage. Un prêtre catholique a pris les choses en main et un ordre parfait a été maintenu.
Cinq minutes plus tard, un bombardier allemand isolé est apparu, faisant des cercles à basse altitude au-dessus de la ville, puis a lâché six bombes lourdes, visant de toute apparence la gare. Les bombes, suivies d'une pluie de grenades, sont tombées sur un ancien institut et sur les maisons et les rues l'entourant. Puis l'avion est reparti. Cinq minutes plus tard, est arrivé un second bombardier, qui a lâché le même nombre de bombes sur le centre de la ville. Environ un quart d'heure plus tard, trois Junker sont arrivés pour continuer le travail de démolition, et dès lors, le bombardement a gagné en intensité et a continué sans répit, ne cessant qu'à l'approche de la nuit à 19 h 45. Toute cette ville, qui comptait 7000 habitants plus 3,000 réfugiés, a été lentement mais sûrement réduite en pièces. Sur un rayon de 8 km, un détail de la technique des attaquants a consisté à bombarder des fermes isolées. Dans la nuit, celles-ci brûlaient comme des chandelles sur les collines. Tous les villages alentour ont été bombardés avec la même intensité que la ville elle-même et à Mugica, un petit hameau à l'entrée de Guernica, la population a été mitraillée pendant quinze minutes.
GUERRIKA, par Juan Kalvellido, 2017
Rythme de mort
Il est pour le moment impossible de dire le nombre de victimes. Dans la presse Bilbao ce matin, on peut lire qu'il est "heureusement faible” mais il est à craindre que cela ne soit une litote destinée à ne pas alarmer le grand nombre de réfugiés à Bilbao. À l'hôpital Josefinas, qui a été l'un des premiers endroits bombardés, tous les 42 miliciens qu'il hébergeait ont été purement et simplement tués. Dans une rue descendant la colline depuis la Casa de Juntas j'ai vu un endroit où l'on m'a dit que 50 personnes, presque toutes des femmes et des enfants, ont été piégées dans un abri antiaérien sous une masse de décombres en flammes. Beaucoup de gens ont été tués dans les champs et en tout, les morts pourraient être plusieurs centaines. Un prêtre âgé nommé Aronategui a été tué par une bombe alors qu'il portait secours à des enfants dans une maison en flammes.
La tactique des bombardiers, qui pourrait intéresser des étudiants en nouvelle science militaire, était la suivante : premièrement, des petits groupes d'avions lancent des bombes lourdes et des grenades à main sur toute la ville, choisissant zone après zone de manière ordonnée. Puis arrivent des chasseurs volant en rase-mottes pour mitrailler les gens qui courent paniqués hors des tranchées-abris, dont certaines avaient été pénétrées par des bombes de 1000 livres, qui font des trous de 25 pieds (7,62 m.). Beaucoup de ces gens ont été tués alors qu'ils couraient. Un grand troupeau de moutons qui avaient été amenés au marché ont aussi été tués. L'objectif de cette manœuvre était apparemment de pousser la population à aller sous terre de nouveau, car aussitôt après pas moins de 12 bombardiers sont apparus en même temps pour lâcher des bombes lourdes et incendiaires sur les ruines. Le rythme de ce bombardement d'une ville ouverte était, donc, logique : d'abord des grenades à main des bombes lourdes pour déclencher la panique puis les mitraillages pour les forcer à se cacher sous terre, et enfin des bombes lourdes et incendiaires pour détruire les maisons et les brûler au-dessus de la tête des victimes.
Les seules contre-mesures que les Basques pouvaient prendre, car ils ne possèdent pas suffisamment d'avions pour faire face à la flotte insurgée, étaient celles fournies par l'héroïsme du clergé basque. Ils bénissaient et priaient pour la foule agenouillée - socialistes, anarchistes, communistes aussi bien que croyants déclarés - dans les tranchées-abris qui s'effondraient.
Quand je suis entré dans Guernica après minuit, les maisons s'effondraient de toutes parts, et il était absolument impossible même pour les pompiers d'entrer dans le centre de la ville. L'hôpital Josefinas et le Couvent Santa Clara étaient des tas de braises rougeoyantes, et les quelques maisons encore debout étaient condamnées. Quand j'ai visité à nouveau Guernica cet après-midi, la plus grande partie de la ville brûlait encore et de nouveaux incendies avaient éclaté. Environ 30 morts étaient allongés dans un hôpital en ruines.
Un appel aux Basques
L'effet du bombardement de Guernica, la ville sainte basque, a été profond et a conduit le Président Aguirre à publier la déclaration suivante dans la presse basque de ce matin : « Les aviateurs allemands au service des rebelles espagnols ont bombardé Guernica, brûlant la ville historique vénérée par les Basques. Ils ont voulu nous blesser dans le plus sensible de nos sentiments patriotiques, donnant clairement à voir ce à quoi Euzkadi peut s'attendre de la part de ceux qui n'hésitent pas à nous détruire dans le sanctuaire même qui nous rappelle les siècles de note liberté et de note démocratie.
Face à cet attentat, nous tous Basques devons réagir avec violence, jurant du fond de notre coeur de défendre les principes de notre peuple avec tout l'entêtement et l'héroïsme requis. Nous ne pouvons cacher la gravité de ce moment, mais l'envahisseur ne pourra jamais emporter la victoire si, élevant nos esprits à des sommets de force et de détermination, nous nous armons pour sa défaite.
L'ennemi a avancé en beaucoup d'endroits pour ensuite être repoussé. Je n'hésite pas à affirmer que la même chose va se passer ici. Puisse l'attentat d'aujourd'hui nous stimuler à le faire de toute urgence. »
Gaza, la vie
-
Abdellatif Laâbi et Yassin Adnan viennent de publier une anthologie de la
poésie gazaouie d’aujourd’hui. 26 voix fortes face au génocide.
Source
HAYTHAM MANNA Siria: la ley de la selva
-
*Haytham Manna , 4-5-2025Original : شريعة الغاب**Traducido por Tlaxcala*
*A continuación, el capítulo 3 del libro de próxima aparición “Manifiesto
cont...