La semaine dernière, Michaël Delafosse se déplaçait au Maroc pour négocier des accords économiques et culturels avec des villes dont Dakhla, située sur le territoire du Sahara Occidental et sous domination marocaine. Dans la lignée de Macron, le maire de Montpellier défend les intérêts impérialistes français au détriment de l’autodétermination du peuple sahraoui.
Lia Wa, Révolution Permanente, 2/5/2025
En octobre dernier, Emmanuel Macron, accompagné de pas moins de neuf ministres et d’au moins quarante grands patrons, s’est adonné, en visite d’État de trois jours au Maroc, à renforcer les intérêts de l’impérialisme français dans l’État chérifien. A cette occasion, quarante accords de coopération dans divers domaines avaient été signés, d’une valeur de 10 milliards d’euros, bénéficiant à des entreprises telles que Veolia, Engie, TotalEnergies, Alstom ou encore Safran. En échange de ces arrangements, l’État français a rejoint les États-Unis et l’Espagne dans la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, au détriment de la population sahraoui qui réclame son indépendance depuis des décennies.
C’est dans ce contexte que Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, s’est rendu à son tour au Maroc, accompagné d’une délégation d’élus, durant cinq jours. Dans un tweet posté sur X le 26 avril, on le voit poser, sur le territoire sahraoui, aux côtés de deux de ses élus et de son conseiller spécial, brandissant le drapeau marocain en soutien à la domination de l’État chérifien sur le peuple sahraoui. Dans sa publication, il fait référence à « la Marche Verte », une opération militaire orchestrée en novembre 1975 par le roi Hassan II du Maroc pour reprendre le Sahara Occidental, alors encore sous domination coloniale espagnole. Reçu par deux ministres marocains des Affaires Etrangères et des Investissements, Michaël Delafosse s’est notamment attaché à soutenir l’important projet porté sur place par une filiale locale de MGh Energy, installée à Pérols, une commune appartenant à la métropole de Montpellier, et spécialisée dans les e-carburants. Le projet Janassim, porté par la société française via sa filiale marocaine MGh Energy Maroc, vise à établir une usine de production de carburants synthétiques renouvelables dans la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab, située au Sahara Occidental. Convoitée par l’impérialisme français, la région de Dakhla est considérée comme l’une des plus favorables au monde pour l’installation de parcs d’énergies éoliens et solaires et fait l’objet de nombreux projets de développement liés aux énergies renouvelables. Comme Emmanuel Macron le faisait en octobre dernier, Delafosse s’attache à défendre les intérêts de l’impérialisme français en négociant avec l’État marocain et en foulant du pied, dans le même temps, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Une lutte indépendantiste violemment réprimée par les autorités marocaines, comme en témoigne le sort des prisonniers politiques tels que Mohamed Haddi, qui subit torture, isolement négligence médicale
Le soutien de l’élu socialiste à la colonisation marocaine du Sahara Occidental n’est pas étonnant lorsque l’on connaît la participation active de Delafosse à la répression du mouvement Palestine et son soutien indéfectible à l’état sioniste israélien : Connu pour son soutien infaillible à Israël, il a porté plainte à de multiples reprises contre le collectif BDS-UP et ses militants, dernièrement pour une banderole qui dénonçait la complicité de la mairie de la politique génocidaire d’Israël. Il soutient activement la célébration de la « Journée de Jérusalem » qui commémore l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et déclarait récemment : « Il est mensonger de parler d’apartheid israélien. Tant que je serai maire, je serai aux côtés de Tibériade [ville israélienne jumelée avec Montpellier] et d’Israël ». Ainsi, derrière son vernis progressiste, comme en témoigne la politique de la mairie autour de la marche des Fiertés, locale, véritable illustration de ce qu’est le pinkwashing, se cache une gouvernance réactionnaire, véritable relais des politiques répressives envers le mouvement de soutien au peuple palestinien mais plus généralement contre les quartiers populaires et les populations racisées et précaires.
Ce voyage d’affaires de Delafosse visant à défendre les intérêts impérialistes de la France donne à voir, une nouvelle fois, la Macron-compatibilité du Parti socialiste. Face aux politiques impérialistes et à la violente répression dont font l’objet les militants qui les dénoncent, comme en témoignent les menaces de dissolution à l’encontre d’Urgence Palestine et de la Jeune Garde, nous devons faire front pour dénoncer l’impérialisme français et réitérer notre solidarité à tous les peuples luttant pour leur autodétermination, dont la population sahraouie.
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