Les atteintes aux libertés fondamentales se poursuivent
tous azimuths au Maroc. Aussi bien contre les militants du Rif que
contre les activistes des Droits fondamentaux. Le chaos judiciaire qui y
règne en apparence recouvre une répression peut-être sans précédent
contre le droit à l'information. Dans le silence de notre propre
gouvernement.
Ce mercredi 11 octobre se tenait en même temps, à
Casablanca l'ouverture du procès de 22 inculpés du mouvement
contestataire du Rif (Hirak du Rif) et à Rabat la poursuite de celui
engagé contre les 7 activistes du journalisme citoyen autour de Maati
Monjib.
Dans un cas comme dans l'autre l'audience a été reportée. Au 17
octobre à Casablanca; au 27 décembre à Rabat. Pour ce dernier c'est le
10° report consécutif. Tout se passe comme si le tribunal de première
instance ne se résignait pas à juger les inculpés. Cinq d'entre eux sont
accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat et risquent cinq ans de
prison; deux d'avoir reçu des financements étrangers pour leur
association (l'Association Marocaine pour le Journalisme
d'investigation). Tous sont engagés dans la construction d'un
journalisme citoyen et dans la promotion de nouveaux droits numériques.
Ils font l'objet de provocations et d'intimidations constantes
(redressement fiscal, écoutes, accusations diffamatoires dans la presse
du Régime...). Mais jamais n'arrive le jour du traitement judiciaire de
leurs accusations. Tout se passe comme si le dossier était vide et que
le renvoi perpétuel était un moyen supplémentaire de pression morale sur
les personnes poursuivies, d'intimidation sur tous les autres.
Peut-être aussi que la présence d'observateurs étrangers (dont cette fois, l'auteur de ces lignes) gênait le pouvoir. Ce dernier attend beaucoup que son "étranger" à lui (la France et l'Union Européenne en particulier) fasse silence sur ses attentats permanents contre les Droits de l'Homme en échange de l'aide qu'il leur apporterait contre le terrorisme. Mais cette dernière est-elle efficace ? La pénétration toujours plus forte de religieux fondamentalistes dans des cercles aussi importants que le Conseil Supérieur des Oulémas ou le commandement militaire est devenu une menace pour le Royaume lui-même. Leur chantage est constant: aussi bien contre la reconnaissance de nouveaux droits (de la femme mais aussi de la liberté de conscience) et contre l'exercice de la liberté d'expression (le droit d'association ou les droits de la défense). Ils résistent en fait contre les promesses démocratiques dont était porteur le Mouvement du 20 Février (version marocaine du Printemps arabe). C'est la première fois que les avocats qui défendent les 300 militants du Hirak du Rif font l'objet de poursuites. C'est la première fois que sept journalistes qui ont couvert ces évènements sont jetés en prison. Cela n'était jamais arrivé sous Hassan II. Il y a bien un acharnement spécifique contre le droit du citoyen marocain à l'information. Le Maroc est à la 133° place (sur 179) du classement mondial de la liberté de la presse dressé en 2017 par Reporters Sans Frontières. Mais un acteur essentiel occupe le terrain de cette bataille: l'opinion publique internationale. Elle peut et doit exercer les pressions sur ses gouvernements pour qu'aucune connivence ne porte pas atteinte à l'universalité des droits que défendent ces militants de l'honneur et du respect. Cette connivence est devenue coutumière entre la France et le Maroc. Cela passe dans l'immédiat par une récusation du scandaleux protocole modifiant la convention judiciaire franco-marocaine adopté le 23 juin 2015 par l'Assemblée Nationale (suivant un argumentaire honteux d'Elisabeth Guigou). Contre cet "ancien monde", le nouveau président de la République agira-t-il ?
https://blogs.mediapart.fr/paul-allies/blog/161017/maroc-toujours-moins-de-libertesoins-de-libertesPeut-être aussi que la présence d'observateurs étrangers (dont cette fois, l'auteur de ces lignes) gênait le pouvoir. Ce dernier attend beaucoup que son "étranger" à lui (la France et l'Union Européenne en particulier) fasse silence sur ses attentats permanents contre les Droits de l'Homme en échange de l'aide qu'il leur apporterait contre le terrorisme. Mais cette dernière est-elle efficace ? La pénétration toujours plus forte de religieux fondamentalistes dans des cercles aussi importants que le Conseil Supérieur des Oulémas ou le commandement militaire est devenu une menace pour le Royaume lui-même. Leur chantage est constant: aussi bien contre la reconnaissance de nouveaux droits (de la femme mais aussi de la liberté de conscience) et contre l'exercice de la liberté d'expression (le droit d'association ou les droits de la défense). Ils résistent en fait contre les promesses démocratiques dont était porteur le Mouvement du 20 Février (version marocaine du Printemps arabe). C'est la première fois que les avocats qui défendent les 300 militants du Hirak du Rif font l'objet de poursuites. C'est la première fois que sept journalistes qui ont couvert ces évènements sont jetés en prison. Cela n'était jamais arrivé sous Hassan II. Il y a bien un acharnement spécifique contre le droit du citoyen marocain à l'information. Le Maroc est à la 133° place (sur 179) du classement mondial de la liberté de la presse dressé en 2017 par Reporters Sans Frontières. Mais un acteur essentiel occupe le terrain de cette bataille: l'opinion publique internationale. Elle peut et doit exercer les pressions sur ses gouvernements pour qu'aucune connivence ne porte pas atteinte à l'universalité des droits que défendent ces militants de l'honneur et du respect. Cette connivence est devenue coutumière entre la France et le Maroc. Cela passe dans l'immédiat par une récusation du scandaleux protocole modifiant la convention judiciaire franco-marocaine adopté le 23 juin 2015 par l'Assemblée Nationale (suivant un argumentaire honteux d'Elisabeth Guigou). Contre cet "ancien monde", le nouveau président de la République agira-t-il ?
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