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mercredi 26 juin 2019

« Et maintenant qu’ils sont là... on fait quoi ? » un livre de Max Duez




Résultat de recherche d'images pour "Max Duez"Il n’a plus beaucoup de cheveux sur le caillou. Sûrement à force de trop se gratter la tête à la recherche de solutions. « Finalement je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de solutions » se lamente Max Duez. Alors l’ancien chirurgien est passé à l’action, en facilitant l’accueil des migrants à Briançon et en narrant ce qu’il sait du sort des exilés.
 
Pendant 40 ans vous avez soigné des patients et maintenant que vous êtes à la retraite, vous continuez. Pourquoi aidez-vous les exilés ?
« Je travaillais encore en 2015 quand a été ouvert à Briançon le Centre d’accueil et d’orientation. À ce moment-là, je n’avais pas le temps de m’occuper des migrants. Mais dès le mois de juillet 2017, j’ai vu des tentes se monter sur le trottoir devant la MJC, j’ai vu des cas de déshydratation, d’hypoglycémie, de gale, de tuberculose. J’ai compris l’urgence sanitaire et quand j’ai arrêté de travailler en 2018 je me suis engagé auprès du refuge solidaire pour donner les premiers soins et ne pas encombrer les urgences du centre hospitalier ».
Pourquoi avoir décidé d’écrire un livre sur l’accueil des réfugiés à Briançon ?
« Il y avait les blessés... mais les trois morts de 2017, ça m’a révolté. J’ai commencé à écrire au fur et à mesure les témoignages de ces gars qui ont traversé le désert, qui ont connu l’esclavage en Libye, les viols, le tabassage, les sévices, la mort en Méditerranée. Une fois arrivés en France ils sont encore en danger, ce n’est pas possible. J’avais envie de dire mon indignation. Je suis médecin et quand les gars me montrent leurs blessures, ça me parle. J’ai envoyé mon manuscrit à une maison d’édition et cette histoire a plu ».

 
Dans ce livre vous défendez aussi l’action du refuge solidaire. C’était une nécessité ?
« Depuis l’ouverture du refuge, il y a eu zéro délit, zéro bagarre, zéro viol, zéro vitrine cassée, zéro vol de nourriture. Le refuge protège les exilés et les Briançonnais. Si on ferme le refuge, il y aura des campements, il y aura de la casse, il y aura des vols parce que les exilés veulent bouffer ».
Vous rejetez donc les accusations d’appel d’air ?
« On n’appelle personne. On sauve, on traite l’urgence. Le fond du problème, il est global et politique. Localement, il n’y a pas de solutions. Ici, on ne réglera rien du tout. On fait juste du secours et on protège la ville et ses habitants en abritant ces migrants ».
Concrètement, que faites-vous au refuge ?
« J’y suis tous les jeudis après-midi pour des premiers secours. J’ai aidé à monter la Permanence d’accès aux soins. D’ailleurs ça ne sert pas qu’aux migrants mais à tous les précaires, y compris des travailleurs saisonniers. Aujourd’hui, nous sommes une quinzaine de médecins à travailler en alternance tous les jours pour assurer cette permanence ».
Vous ne vous essoufflez pas ?
« Depuis l’ouverture du refuge, nous avons accueilli 7500 migrants ! C’est épuisant et forcément le bénévolat s’essouffle ».
 Dans ce livre vous êtes très critique envers les forces de l’ordre et envers la Justice. Est-ce le bon endroit pour régler ses comptes ?
 « L’arrivée des Identitaires d’extrême droite a créé un moment de panique dans notre mouvement. Dans la foulée, il y a eu le procès des “7 de Briançon” et j’ai eu le sentiment que la Justice n’avait pas été rendue. Condamner des bénévoles, ça ne tient pas la route. Je n’ai pas compris cette sanction. J’aurais pu faire partie de ces condamnés alors que je donne du thé et des chaussettes à des mecs qui ont les orteils gelés. Je suis indigné car j’ai le sentiment que le ministère de la Justice a obéi aux ordres du ministère de l’Intérieur. Mais je n’ai jamais dit qu’un flic avait tué un black ; j’ai dit que la militarisation avait tué des blacks. Les maraudeurs, eux, ils ont évité 30 ou 40 morts ».
C’est un livre politique ?
« Non. C’est un roman. Je ne porte aucun jugement sur les positions de l’extrême droite. Ni de l’extrême gauche d’ailleurs. Dans ce livre, je fais un constat du mal-être de la ville qui a le cul entre d e u x ch a i s e s . Le t i t r e d’ailleurs est un constat, peu importe la sensibilité politique ».
Vous n’en faites peut-être pas une question politique, mais l’accueil des exilés va pourtant se retrouver au milieu du débat lors des prochaines élections municipales...
« Je sais. Pourtant ça ne changera rien. Les exilés n’en auront rien à faire que le prochain maire s’appelle Gérard Fromm, Arnaud Murgia, Romain Gryzka ou je ne sais qui d’autre... ils viendront quand même ».
Y.G.quartier Sainte-Caterine, DL

 Max Duez assurera des séances de dédicaces de son livre « Et maintenant qu’ils sont là... on fait quoi ? » (éditions Baudelaire) le 27 juin à 18 h à la librairie Voyage au bout du livre (rue Colaud) ; le 10 juillet à 10 h à la Librairie alpine (rue Centrale), le 12 juillet à 16h à la Librairie de la Gargouille (cité Vauban).

Recueilli par Yoann GAVOILLE BRIANÇON Bénévole au Refuge solidaire, le Dr Duez publie un roman sur l’accueil des exilés, aux éditions Baudelaire Accueil des migrants :et maintenant, on fait quoi ?    « Et maintenant qu’ils sont là... on fait quoi ? » Avec ce titre évocateur, Max Duez se penche sur l’accueil des exilés à Briançon. L’ancien chirurgien orthopédis te du centre hospitalier des Escartons soigne désormais les corps blessés et les cœurs meurtris d’Africains en détresse. Ce n’est pas forcément la retraite qu’il imaginait, mais il la raconte dans ce roman.
 Proche du maire de Briançon Gérard Fromm (divers gauche), Max Duez estime que les prochaines élections municipales ne changeront rien à la crise migratoire et que Briançon restera un point de passage pour les exilés.

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