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dimanche 22 septembre 2019

Mouvement d’Imider concernant la fin du plus long sit-in dans l’histoire du Maroc

Mouvement sur la voie de 96-Imider


Gloire aux martyrs de notre cause juste, notamment le martyr des protestations de 1996 Lahcen Ourehma « Ousbdan » et tous les martyrs des causes justes et légitimes dans le monde entier. 

Liberté et innocence pour tous les prisonniers politiques du mouvement d’Imider qui ont payé cher le prix de leur militantisme et de leur soutien aux protestations de la communauté entre 2011 et 2019 auparavant en 1986 et 1996 ; liberté et gloire aux détenus d‘opinion et à tous les prisonniers politiques dans le monde. 
Un salut de résistance et de résilience aux militants et militantes du mouvement d’Imider qui ont beau sacrifié durant une décennie de protestations pacifiques, marqué par le plus long camp d’occupation de l’histoire contemporaine du Maroc.
Le mouvement sur la voie 96 a vu le jour le 1er Aout 2011. C’est un mouvement social protestataire qui a émergé de la population d’Imider (au Sud Est du Haut Atlas), dans la province de Tinghir au Maroc, et dont le nom est inspiré des protestations pacifiques de la même communauté en 1996, qui a été brutalement dispersé par les forces de l’ordre. Le mouvement encadre, à travers ses comités d’organisation, les protestations des habitants depuis 2011 pour défendre leurs droits légitimes. Notre mouvement manifeste la continuité des protestations d’Imider, à travers ses étapes historiques, à partir de 1996, quand les habitants sont entrés dans une occupation des lieux qui a duré de plus de 45 jours pour les mêmes raisons que le mouvement mène sa lutte aujourd’hui. Cette occupation a été brutalement dispersée par les forces de l’ordre au profit de la société minière qui continue l’exploitation de l’eau dans de nouvelles zones, d’une manière illégale depuis 2004, malgré le refus et l’indignation des habitants. 
 
Depuis le 1er aout 2011 jusqu’à aujourd’hui, les habitants d’Iimider militent en menant plusieurs formes protestataires pacifiques, en parallèle avec l’occupation ouverte du Mont d’Alebban, à une altitude de 1600m, tout en gardant la vanne d’eau, exploitée par la Société minière depuis 2004, fermée. Limitant ainsi l’exploitation abusive et excessive de notre eau, à partir du 23 Aout 2011 jusqu’aujourd’hui.
Convaincu par l’importance du dialogue pour trouver des solutions à la souffrance exprimée par les protestataires, le mouvement, à travers son assemblée générale (Agraw) du 3 aout 2011, a créé d’une façon démocratique son comité de dialogue avec pour but la communication et la discussion du dossier de revendications des habitants avec les acteurs concernés, particulièrement l’Etat et la société minière. 
Le dossier de revendications, adressé à la Société Minière d’Imider (SMI) et aux autorités locales, traite plusieurs points. Il s’agit notamment de : Réformer les deux secteurs de la santé et de l’enseignement, renforcer les infrastructures, lutter contre le chômage, le droit d ‘accès  aux postes de travail disponibles dans la mine et les ressources que cette dernière accumule, la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution engendrée par les activités de la mine, limitation de l’exploitation abusive des ressources naturelles de la région dont l’eau, les terres, le sable et les minéraux, ouvrir une enquête sur les circonstances des arrestations d’une dizaine de militants du mouvement et les jugements prononcés à leur encontre. 
En plus de l’occupation ouverte et des manifestations pacifiques comme moyen de protestation, les habitants d’Imider ont déposé plusieurs pétitions, signées à l’unanimité par les habitants, auprès des autorités compétentes et qui ont touché plusieurs thématiques, et cela dans des étapes successives. Rajoutant à tout ceci, les efforts déployés par le mouvement, pour faire connaître la réalité d’Imider, sa richesse et l’histoire de sa lutte, au monde.
Les militants de notre mouvement ont subi plusieurs arrestations et d’autres politiques répressives dans le cadre d’une approche sécuritaire sauvage adoptée par les autorités contre les habitants pacifiques. Plus de 30 personnes ont été arrêtées et emprisonnées pour une durée allant de 12 à 60 mois, et ils n’ont été libérés qu’après avoir purgé leurs peines injustes. Le dernier détenu est sorti en décembre 2017.
L’approche sécuritaire des autorités et de MANAGEM ne s’est pas limitée aux arrestations. Faire trainer le dossier d’Imider démontre la non volonté et l‘incapacité des acteurs concernés de faire appel à l’approche juridique/ judiciaire pour résoudre ce problème qui a survécu trois gouvernement successifs, deux conseils communaux locaux. Trois Caïds (agents d’autorité) de la Caïdat de Tinghir, quatre Maires de la province de Tinghir et plusieurs représentants parlementaires. En plus des menaces et poursuites judiciaires à l’encontre des militants ; l’embargo sécuritaire et médiatique sur le mouvement et son camp d’occupation, des tentatives d’imposer des propositions de solution fragmentaires à travers des partis tiers et des accords suspects visant à exploiter d’avantage les eaux souterraines par la société minière. Ainsi qu’essayer d ‘isoler le mouvement de son environnement à travers ce qui a été nommé « le programme de développement du bassin minier 2013-2012 »,ce programme raté qui a été adopté par des réseaux associatifs corrompus (jaunes), connus pour avoir accepté des sommes d’argent suspectes et des intérêts électoraux de leurs responsables, au détriment de la souffrance de la population dans les régions minières. 
Il faut signaler que le comité de dialogue qui représente les protestataires a déjà effectué plusieurs rencontres et réunions avec les représentants de la société minière avec la présence des autorités locales et provinciales durant les années 2011-2012. Mais l’absence de volonté et du sens de responsabilité chez la société et « les hommes de loi » ont empêché d’arriver à un résultat positif et a mis fin aux négociations après l’intervention de l’ex Maire de Tinghir L.Aghjdam, ce qui a compliqué davantage le dossier et fait perdre la confiance entre les deux parties. 
Le 19 novembre 2012, des membres du conseil communal d’Imider qui manquent de légitimité et qui sont des victimes d’extorsion de la part des responsables de Managem et sous la supervision des autorités locales en la personne du Caïd de la Caïdat de Toudgha « Ikmmakhne », et avec la présence de personnes avec des intérêts personnels passant pour des notables de la tribu, ils ont signé une convention dans le but d’imposer les propositions de la société. Une convention qui permet à la Société de continuer d’exploiter les eaux souterraines de la région que les protestataires ont interdit depuis le 23 Aout 2011 en plus des sables, en contrepartie de privilèges sociaux, et qui ne répondent pas du tout aux attentes et besoins des habitants. 
 Cette convention a été imposée selon ses dispositions injustes à l’égard des habitants, et la société a respecté les engagements insuffisants mentionnées dans cette convention malgré le refus absolu des habitants qui a été exprimé à travers la signature d’une pétition collective et la continuité de l’occupation des lieux où se trouve les vannes d’eau pour interdire à la société de continuer l’exploitation.
Au cours de l'année 2015,  les conditions sociales et  sécuritaires  et la participation de l'ancien conseil communal  dans la convention  2012 a constitué une plateforme fertile pour le jeu politique, et le document de la convention n’a pas été remis au nouveau Conseil communal d’Imider, mais quelques dispositions de ladite convention ont malheureusement continué d’être exécutés ( les engagements de la société) durant le nouveau mandat de ce conseil  qui va finir bientôt alors que le dossier d’Imider n’est pas encore résolu. Ainsi, la pression des officines politiques sur le mouvement et ses militants a augmenté. Depuis l’année 2018, des partis avec des agendas politiques ont commencé à s’attaquer aux militants du mouvement en ébranlant leurs sacrifices, les provoquer en menant une campagne de diffamation avec des mensonges et des rumeurs à leur encontre. Et aussi en les menaçant pour détourner la trajectoire du mouvement et son discours et les forcer à accepter l’idée de négocier sur le dossier d’eau soit en acceptant la convention de 2012 qui a renouvelé la celle de 2004 (consiste en l’exploitation des eaux souterraines de la source que les protestataires maintiennent fermée) ou en en acceptant une nouvelle convention qui reprend les dispositions de l’ancienne. 
Face à ces comportements grotesques à l’égard des protestataires de la part de ceux qui ont utilisé l’existence du mouvement pour leurs intérêts politiques et économique, et devant la politique de négligence de nos droits de la part de la société MANAGEM ; et l’accusation à l’encontre du mouvement, ses comités et ses militants de mettre des obstacles pour trouver une solution au dossier. Oui nous sommes accusés d’avoir mis des obstacles au règlement de ce dossier. Nous avons décidé pour la première fois de sortir devant l’opinion publique avec une liste de revendication qui fait l’objet de négociation avec les autres parties jointe de la proposition de la convention que nous exigeons qu’elle soit un cadre pour nos revendications. Cela consiste à ce que le seul engagement de notre part est la suspension de toutes les actions protestataires et la participation dans la mise en œuvre de tous les projets de développement réaliste qui vient de nous et revient à nous. Ainsi la responsabilité, en ce qui concerne l’autorisation à la société minière d Imider de reprendre l’exploitation des eaux souterraines de « Tidssa » ( les vannes d’eau que les protestataires ont fermé depuis 2011), reste conditionnée par l’engagement de l’administration de MANAGEM et des autorités à respecter les conditions présentés par le mouvement comme document joint à notre dernière proposition comme forme de solution reçue par : l’administration de MANAGEM, le ministère de l’intérieur, Le ministère de l’Energie et des Mines, le Conseil Provincial, et le Maire de la province de Tinghir depuis la fin du mois de juin de l’année précédente sans que nous recevons une réponse ou une réaction de la part de l’un des acteurs concernés jusqu’aujourd’hui. 
Le mouvement a montré durant cette expérience protestataire unique l’influence positive des mouvements protestataires populaires et leur organisation démocratique sur nos sociétés, sur les débats publics et cela sur un niveau géographique très large. Nous rappelons par exemple la participation du mouvement dans le débat sur la question de la répartition des richesses au Maroc et les dossiers d’exploitation minière et qui a montré la fragilité de l’arsenal juridique colonial dans la protection des ressources naturelles et les droits des peuples indigènes, attachés à leurs coutumes et leurs origines, et dans la gestion de l’environnement et ses ressources d’une manière raisonnable et sage. Rajoutant à cela les formes de résistance auxquelles le mouvement a donné naissance, de la protestation pacifique directe à travers la manifestation et l’occupation jusqu’à la protestation pacifique artistique, la culture, le cinéma à travers l’organisation des festivals du « Printemps de Imider », « Festival d’Imider du film documentaire pour la justice climatique », les années 2016, 2017, 2018, ce qui a donné à la protestation un autre aspect moins couteux et plus résistant à l’esprit des militants. D’un autre coté la documentation cinématographique de la cause, à travers la production par le mouvement du film documentaire « Amussu » en 2018, est témoin de notre lutte et ses acquis et ses militants devant les générations futures qui va porter un jour le flambeau de cette cause tant que notre mémoire collective est remplie de réalisations des hommes et femmes libres ainsi que les violations et les échecs des autorités et la société minière et les officines politiques qui les soutiennent pour garder le statuquo. 
Aujourd’hui, les différents types d’harcèlement se sont intensifiés sur nos militants et militantes, allant jusqu’aux menaces et accusations dangereuses, les campagnes de pression et les tentatives d’exploitation de l’état vulnérable du mouvement d’un côté, à cause du faible soutient et la perte d’espoir dus à l’absence de responsabilité de « l’Etat de droit », afin de détourner la trajectoire du mouvement et son discours et de saboter ses positions à travers des agendas politique, et cela sous les yeux de l’appareil de l’intérieur. Ces positions qui incarnent notre seule force et qui sont la source de vie de notre mouvement. Donc les militants et militantes ont fait le choix de soulever la question que le mouvement n‘assume plus la responsabilité d’encadrer le plus long camp d’occupation dans l’histoire du Maroc présent au lieu de rentrer en discussion avec les officines politiques et les agents de la société MANAGEM et cela dans le silence absolu de l’Etat. Une controverse sur les positions qui se sont enracinées dans l’histoire et qui ont bâti notre mouvement, une controverse sur l’avenir et le destin de notre terre mère. 
Cette controverse se résume directement dans l’étude d’un programme d‘activités diversifiées qui sera le point culminant de notre occupation historique comme nous avons indiqué dans notre communiqué précédent. Cependant les tentatives visant à torpiller des propositions d’orientation générale des militants et militantes et l’intervention d’autres acteurs invisibles pour provoquer l’agitation contre les militants a empêché la réalisation de n’importe quelle activité. 
Nous avons escaladé la montagne l’été de 2011, après avoir pris en flagrant délit la Société Métallurgique d’Imider, en train de voler nos eaux souterraines sans renouveler le contrat expiré en 2009. La Société exploitait plus de 10 fois la consommation de la population d’Imider toute entière, nous avons donc interdit la société de continuer ce crime qui a mis fin à la vie des milliers d’arbre et a conduit à la sècheresse de milliers d’hectares de nos terres agricoles, ainsi que la pollution qui a endommagé notre oasis. La situation juridique de cette exploitation reste suspendue jusqu’à nos jours, aucune réaction ni de la part de nos élus ni de la part des autorités concernées. Notre occupation a pu épargner durant les huit années des milliers de tonnes d’eau pour les habitants et leurs oasis. Néanmoins, le danger existe toujours vu que le problème n’est toujours pas résolu, et la responsabilité de ce dossier restera imputée à celui qui osera répéter cette histoire maudite que ça soit de la part des autorités ou de la mine ou n’importe quel acteur des élus d’Imider, parce que nos eaux sont la garantie de la stabilité et de la paix sociale. N’importe quel acte qui touchera les acquis de toute une décennie de lutte aura de grave conséquences sur l’environnement social et politique dans toute la région sans oublier le crime commis par tous les acteurs qui ne se sont pas mobilisées pour soutenir cette cause. Nos générations futures ont toute légitimité de questionner notre mouvement, ses positions et ses luttes. 

Sur ce, nous annonçons à l’opinion publique internationale et nationale ce qui suit : 

Nous levons l’occupation du mont Alleban, le plus long camp d’occupation dans l’histoire contemporaine du Maroc à partir de la date de la publication de ce communiqué.

Notre attachement à :
  • L’innocence des prisonniers politiques d’Imider
  •  
  • Les luttes pacifiques d’Imider et les principes de notre mouvement et ses positions
  •  
  • La légitimité de nos revendications et notre vision 
  •  
  • Notre dossier de revendications et l’illégitimité des conventions de 2004 et 2012 
  •  
  • Notre réponse à toutes les pétitions collectives qui concernent les ressources d’eau et la reddition des comptes 
  •  
  • L’intransigeance de notre dossier de revendications
  •  
Nous dénonçons : 
  • La politique de négligence et l’arrogance à l’égard de nos revendications 
  •  
  • L’approche sécuritaire et répressive à l’encontre du mouvement et ses militants 
  •  
  • La politique de pillage des richesses et d’exploitation abusive des ressources naturelles et la destruction de l’environnement 
  •  
  • Les tentatives de contourner nos revendications et la cooptation politique de notre cause 
  •  
  • Les tentatives de détournement de notre mouvement, son discours de sa trajectoire 
  •  
  • La privation des populations indigènes de vivre des ressources de leurs terres 
  •  

Nous exprimons notre solidarité avec :
  • Les militants de notre mouvement et leurs familles et tous les détenus d’opinion dans leur malheur.
  •  
  • Les mouvements et les mouvances (Hirak) sociales et environnementales 
  •  
  • Les luttes des populations indigènes victimes de violations de leurs terres à travers le monde
  •  
  • Les victimes des activités extractives à travers le monde.
  •  

Nous persévérons de :
  • Continuer de défendre la cause d’Imider par tous les moyens possibles 
  •  
  • Protéger tous les acquis et l’héritage de notre mouvement de lutte. 
  •  


Rédigé au sit-in Alleban–Imider-Tinghi

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