Le mouvement nigérian pour
la libération du Sahara occidental (NMLWS) a annoncé, à Abuja, qu’il
allait désormais adopter une stratégie offensive pour soutenir
l’autodétermination du peuple sahraoui. L’Organisation a fait savoir
qu’elle lancerait une campagne pour empêcher les entreprises nigérianes
d’acheter les phosphates, les engrais et les ressources halieutiques du
Sahara occidental.
L’ancien ministre des Affaires
étrangères du Nigeria, Ibrahim Gambari, qui préside le mouvement, a
déclaré qu’il travaillait actuellement avec une coalition pour
enclencher une action internationale qui mettrait fin à l’occupation
militaire du Sahara occidental par le Maroc, a rapporté jeudi la presse
nigériane.
Le mouvement NMLWS compte 17
organisations de la société civile et plusieurs dirigeants des plus
importantes organisations syndicales au Nigeria comme le Nigeria Labour
Congress (NLC), Trade Union Congress of Nigeria (TUC), et Academic Staff
Union of Universities (ASSU).
Dipo Fashina, l’ancien président de
l’ASSU qui a lu le communiqué de NMLWS lors d’une conférence de presse
tenue à Abuja a affirmé que le peuple sahraoui est déterminé à déployer
les moyens légaux pour mettre fin au régime de l’Apartheid au Sahara
occidental.
Dans son communiqué, le mouvement
nigérian pour la libération du Sahara occidental a demandé à l’Union
africaine de prendre des mesures concrètes en vue de protéger ses
membres, l’exhortant à établir un échéancier au Maroc pour se retirer
des territoires occupés. Selon la presse nigériane les Sahraouis ont
fait appel aux services juridiques du célèbre avocat nigérian et
spécialiste des droits de l’homme, Femi Falana et à l’avocat du Front
Polisario, Gilles Devers, pour poursuivre la prochaine phase de la lutte
pour l’autodétermination, a-t-il ajouté.
Toujours selon les mêmes sources, Falana
a conseillé au gouvernement nigérian de s’abstenir de conclure des
accords avec le Maroc qui aggraveraient le pillage des ressources
naturelles du Sahara occidental.
L’avocat a également mis en garde les
entreprises nigérianes, soupçonnées de commercialiser des produits
provenant des territoires occupés sahraouis, de renoncer à cette
commercialisation pour éviter les poursuites judiciaires entrainant le
paiement de la réparation des préjudices subis par les sahraouis.
Le pillage des ressources sahraouies par
le Maroc se poursuit sans le consentement du peuple sahraoui qui est le
propriétaire légitime du territoire. Selon les dernières estimations
fournies par l’observatoire Western Sahara Ressources Watch, rien qu’en
2018 le Maroc a pillé et exporté près de deux millions de tonnes de
phosphate pour un montant de 163, 8 milliards de dollars. Aussi, une
part croissante des programmes d’énergies renouvelables, dont se vante
le Maroc, ne sont pas implantés au Maroc mais au Sahara occidental,
territoire qu’il occupe illégalement et brutalement.
Les syndicats nigérians à la pointe de la solidarité avec les Sahraouis
Au côté du mouvement nigérian pour
l’indépendance du Sahara occidental, des ONG et des syndicats nigérians
ont appelé les entreprises de leur pays à boycotter le phosphate
marocain utilisé pour produire des engrais, estimant que cette ressource
est « volée » au Sahara occidental.
Les principaux syndicats du commerce
(Trade Union Congress), du travail (Nigerian Labour Union), des milieux
universitaires (Academic Staff Union of Universities) ainsi que dix-sept
organisations de la société civile ont lancé cet appel lors d’une
conférence de presse à Abuja. Ils menacent les entreprises nigérianes
qui continueraient d’acheter du phosphate au Maroc de lancer des
mouvements de grève et de les poursuivre en justice.
«Nous soutenons le développement du
Nigeria mais pas avec des ressources volées (…). Notre pays a besoin
d’engrais, mais pas de ceux fabriqués avec le sang de nos frères et
sœurs du Sahara occidental», a déclaré un des responsables du mouvement
syndical, Dipo Fasina.
Le Maroc, comme a son habitude, tente de
jouer la division en Afrique et veut s’attirer les bonnes grâces du
Nigeria qui s’oppose à l’adhesion de Rabat à la Communauté économique
des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Un accord pour la construction
d’une plateforme de production d’engrais au Nigeria, alimentée par du
phosphate marocain, avait été conclu avec le groupe Dangote pour un
investissement de 2,5 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), avec
une capacité annuelle initiale d’un million de tonnes à l’horizon 2018.
Le groupe marocain OCP a réalisé en 2018
un chiffre d’affaires de 55,9 milliards de dirhams, 5,23 milliards
d’euros) en hausse de 15 % par rapport à 2017, et un résultat net de 510
millions d’euros. L’opposition des sociétés civiles à la spoliation des
ressources naturelles sahraouies se généralise non seulement en Afrique
mais aussi en Europe et à travers le Monde notamment en
Nouvelle-Zélande et en Australie.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 22 sept 2019
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