jeudi 13 décembre 2018

j'ai juste honte, poème de Samira Kinani


vendredi 14 septembre 2018

j'ai juste honte

on ne voit plus que du gris..
aucun sens..
aucune envie..
on survit..
tant de rêves brisés
pas parce qu'ils étaient impossibles...
au contraire..
des rêves si simples
d'une vie ou chacun pourrait avoir sa part de bonheur..
puis survint le printemps arabe
. c'est ainsi qu'on l'a nommé..
des millions de personnes
dans une zone de la terre
riche de ses matières premières..
étouffée par des dictatures..
décident de crier baraka..
une allégresse sans précèdent m'émergea
enfin
on pourrait vivre debout..
on sortait toutes et tous ensemble..
femmes. .hommes..
laïques..islamistes..
avec un seul mot d'ordre
la dignité..
ce ne fut pas au gout de nos dictatures
ni de leurs seigneurs en Europe et Amérique..
tous les moyens furent bons
pour briser cet élan vers la liberté..
répression ..variant
selon les régions et selon la puissance de cet élan
de la tuerie froide et déterminée
à une répression plus nuancée..
nos "frères" du golfe ouvrirent les caisses..
la propagande contre ce souffle atteint des proportions inimaginables..
c'est la stabilité ou le chaos..
la répression sanguinaire en Syrie et ailleurs
a renforcé le rang des extrémistes..
normal
l'extrémisme conduit à l'extrémisme..
la beauté de ces marches fut masquée par des scènes d'horreur..
faut tuer cet embryon avant qu'il ne prenne forme
fut le mot d'ordre ..
oui tout ça est compréhensible et logique de la part de ceux qui pour défendre leurs intérêts sont prêts aux boucheries les plus atroces..
mais la propagande fasciste et réactionnaire a aussi touché nos rangs..
et le combat a change de camp
parmi nous
on défendait les bouchers de leurs peuples
parmi nous naquirent des islamophobes pire de ceux de la droite européenne
parmi nous émergèrent des énergumènes qui rabaissent tout ce qui vient des leurs..de leur peuple..
et c'est ça qui me tue..
comment peut-on prétendre défendre la dignité et applaudir le massacre d'autres individus juste parce qu'ils sont différents de nous..
ça m'a brisée
ça m'a fait reculer
ça m'a fait douter
pas de mes rêves
mais de mes compagnons de toujours
ceux que j'ai aime
ceux qui furent une boussole pour moi..
et je me sens  vide
et je me sens hébétée

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