La Cour d’appel de Marrakech a
rendu son verdict ce mardi 4 mars 2025, alourdissant considérablement la peine
prononcée à l’encontre de Saïd Ait Mehdi, président de la Coordination des
victimes du séisme d’Al Haouz. Initialement condamné à trois mois de prison
ferme, il écope désormais d’un an de réclusion, après une réévaluation de son
dossier par la justice marocaine.
Un jugement plus sévère en appel
Le verdict de la Cour d’appel de
Marrakech ne s’est pas limité à alourdir la peine de Saïd Ait Mehdi. Elle a
également annulé les acquittements de trois autres accusés, qui étaient
jusqu’ici poursuivis en liberté. Après réexamen de leur dossier, ils ont finalement
été condamnés à quatre mois de prison ferme chacun.
Cette décision marque un tournant
dans cette affaire qui suscite une vive attention depuis l’arrestation de Saïd
Ait Mehdi. Ce dernier s’est distingué par son rôle actif dans les mobilisations
citoyennes qui ont suivi le séisme dévastateur d’Al Haouz, survenu en septembre
2023.
Un militant qui dénonçait les dysfonctionnements
Depuis la catastrophe, Ait Mehdi
n’a cessé de dénoncer des « dysfonctionnements majeurs » dans la
gestion des aides et de la reconstruction. Son militantisme l’a rapidement
placé dans le viseur des autorités, qui ont reçu plusieurs plaintes à son
encontre. Il a été arrêté puis jugé pour plusieurs chefs d’accusation,
notamment :
- Diffusion et partage de fausses informations
- Diffamation
- Outrage à des fonctionnaires publics
- Incitation à commettre des crimes ou délits
via des moyens électroniques
Le 13 janvier dernier, le
tribunal de première instance de Marrakech l’avait condamné à trois mois de
prison ferme, assortis d’une amende de 500 dirhams et du versement de 10 000
dirhams au plaignant. Une peine que la Cour d’appel a donc considérablement
renforcée en la portant à un an de réclusion.
Un procès qui fait débat
L’affaire Saïd Ait Mehdi suscite
de nombreuses réactions au sein de la société civile marocaine. Pour certains
observateurs, son arrestation et sa condamnation sont perçues comme une
tentative de museler les voix critiques, notamment celles qui dénoncent les
lenteurs et les insuffisances de l’État dans la gestion de l’après-séisme.
D’autres estiment au contraire
que les accusations retenues contre lui sont justifiées, considérant que la
diffusion d’informations erronées peut semer le trouble et la confusion au sein
de la population.
Dans un pays où les réseaux
sociaux sont devenus un espace d’expression puissant, cette affaire pose une
question centrale sur les limites de la liberté d’expression et les risques
encourus par ceux qui dénoncent publiquement des dysfonctionnements.
Quelle suite pour Saïd Ait Mehdi ?
Condamné à une peine plus lourde
qu’en première instance, Saïd Ait Mehdi pourrait encore former un pourvoi en
cassation afin d’espérer un nouveau réexamen de son affaire. En attendant,
cette affaire continue de faire couler beaucoup d’encre, notamment au sein des
cercles militants et des associations de défense des droits humains, qui voient
en lui une figure de la contestation sociale post-séisme.
Si cette condamnation vise à
envoyer un signal fort aux contestataires, elle ne risque pas pour autant
d’éteindre les débats sur la gestion de l’aide aux sinistrés, un sujet qui
continue de diviser l’opinion publique marocaine.
Source: actumaroc, 4/3/2025
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