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samedi 8 mars 2025

8 MARS 2025 : seule la lutte mènera à l'émancipation

ATTAC Maroc, 6/3/2025

A l’instar des femmes dans d’autres pays de la région, les femmes marocaines – en particulier celles qui sont les plus vulnérables à la pauvreté et à l’exploitation – sont confrontées à de nombreuses formes d’oppression et de discrimination. La tragédie des femmes de notre région est aggravée par des décennies de politiques d’austérité néolibérales et par des régimes politiques autoritaires hostiles aux aspirations démocratiques des peuples. La montée d’organisations de la droite réactionnaire dans certains pays menace également de porter atteinte à leurs droits déjà fragiles.

La situation économique et sociale de la majorité des femmes marocaines ne cesse de se détériorer sous le coup des politiques néolibérales menées par l’État au service du capital marocain et étranger. Ainsi, le taux de chômage atteint 19,4% chez les femmes en 2024, contre 11,6% chez les hommes. 4 jeunes femmes sur 10 âgées de 15 à 24 ans ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEET), une réalité qui touche plus d’une jeune femme sur deux en milieu rural. La dépendance économique contribue à l’augmentation de la violence à l’égard des femmes, sous différentes formes : violences sexuelles, économiques, etc.

En parallèle, l’État poursuit des réformes législatives en faveur de l’égalité de genre, cherchant ainsi à s’adapter aux transformations économiques et sociales induites par la mondialisation capitaliste sur la situation des familles en général et des femmes en particulier. Cette stratégie vise avant tout à donner au régime en place une apparence progressiste et à obtenir l’approbation des institutions financières internationales, qui, à leur tour, instrumentalisent l’égalité de genre pour imposer leur modèle de développement néolibéral aux pays du Sud global. C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter la réforme en cours du code de la famille : une volonté d’adapter le cadre juridique aux réalités économiques et sociales en mutation des femmes au Maroc, sans pour autant remettre en cause l’essence du système capitaliste patriarcal, qui exploite une main-d’œuvre féminine à bas salaires et l’expose à diverses formes de violence, particulièrement dans le secteur privé.

Le fossé croissant entre le discours officiel et la réalité de la condition féminine au Maroc se manifeste par une présence massive des femmes dans les luttes sociales et ouvrières.

Dans la fonction publique, elles étaient au premier rang des mouvements de protestation qui ont ébranlé les secteurs de la santé et de l’éducation au niveau national ces deux dernières années, en défense des acquis et des droits des salarié·e·s et d’un service public de qualité pour les citoyen·ne·s.

Dans les grandes régions d’agriculture d’exportation comme le Souss Massa, les ouvrières dans les exploitations agricoles et les stations d’emballage poursuivent leur lutte pour l’augmentation du salaire minimum et l’amélioration des conditions de travail. Cette mobilisation s’est particulièrement intensifiée dans la province de Chtouka Aït Baha, où un mouvement ouvrier, mené principalement par les travailleurs et travailleuses saisonniers, a éclaté en novembre 2024.

Dans l’industrie textile, les femmes luttent contre la dégradation des conditions de travail et l’impunité des employeurs. La mobilisation des ouvrières de l’entreprise Sicom-Sicomek à Meknès en est un exemple emblématique. Celles-ci mènent un sit-in ouvert depuis juillet 2024 pour protester contre le licenciement abusif de 500 travailleurs et travailleuses, dont la majorité sont des femmes ayant de nombreuses années d’ancienneté. Elles dénoncent également le non-paiement des salaires et des cotisations à la sécurité sociale.

En milieu rural, l’accaparement des terres et des ressources s’intensifie et s’étend, transformant les territoires en véritables « zones de sacrifice » sous l’impulsion de l’État ou des capitalistes privés profitant des politiques publiques de promotion de l’investissement. Tandis que les hommes se retrouvent contraints de quitter leurs communautés à la recherche de moyens de subsistance, ce sont bien souvent les femmes qui constituent le dernier rempart contre cette offensive néolibérale visant à accaparer toujours plus de richesses au détriment des populations rurales. Les femmes sont ainsi à la tête des efforts déployés pour préserver les liens communautaires dans des territoires dévastés par l’extractivisme et la financiarisation de la vie quotidienne, comme à Figuig où la population – constituée à plus de 60% de femmes – lutte depuis octobre 2023 contre la privatisation de son eau et pour le maintien d’une gestion collective et démocratique des richesses locales.

La majorité des femmes issues des classes populaires subissent le poids écrasant du microcrédit, auquel elles recourent de plus en plus en raison de la faiblesse des salaires et des revenus, ainsi que de la hausse des prix des biens et services essentiels. Entre 2011 et 2016, les femmes ont été en première ligne des luttes contre les organismes de microcrédit, dénonçant leur rôle dans le pillage de leurs ressources financières. Le microcrédit n’est pas un outil d’émancipation, mais un moyen d’intégrer les femmes dans le système financier afin d’exploiter leurs faibles revenus. Il s’inscrit dans un système d’endettement, perpétué par les institutions financières internationales, qui favorise le transfert des richesses et impose des politiques d’austérité dont le coût est principalement assumé par les femmes.

Face à l’offensive néolibérale dont les femmes sont les premières victimes, l’association Attac Maroc appelle à la construction de dynamiques féministes de masse reliant les luttes contre diverses formes d’oppression et de répression : contre la violence du système patriarcal, y compris celle exercée par l’État et ses institutions, contre les discriminations consacrées par les législations, mais aussi contre la privatisation des services publics, la précarisation du marché du travail, la destruction des communautés rurales et de la souveraineté des populations sur leurs terres et leur eau, ainsi que contre les atteintes aux libertés individuelles, syndicales et politiques.

L’association Attac Maroc soutient les luttes menées par les femmes d’en bas et appelle à tisser des liens entre elles afin de créer des espaces de réflexion collective et de construire des réseaux de solidarité. L’association s’inscrit pleinement dans toutes les initiatives qui accompagnent les luttes ouvrières et les mouvements populaires, où les femmes participent de manière massive.

L’association salue les résistances des femmes à travers le monde et leur combat pour leurs droits et leur souveraineté sur leur destin face à toutes les formes de domination et de contrôle. Elle soutient les mouvements féministes engagés contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme et les rivalités impérialistes qui alimentent les guerres et les conflits armés.

Attac Maroc condamne les violences subies par les femmes à Gaza et en Palestine sous l’occupation coloniale sioniste et appelle à rejoindre les campagnes contre la normalisation et pour le boycott de l’ennemi sioniste. Elle exprime également sa solidarité avec les femmes victimes de la guerre au Soudan et au Liban et dénonce les vastes campagnes de répression et d’arrestation visant les femmes activistes au Maroc, en Tunisie et dans d’autres pays de la région. Enfin, elle soutient les femmes en Irak face aux attaques législatives qui remettent en cause leurs acquis juridiques.

Seule la lutte mènera à l’émancipation.



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