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jeudi 13 décembre 2018

Témoignage : cela ne se passe ni au Maroc, ni au Sahara Occidental, mais à Paris, en France .

Emmanuel Sumera

Témoignage concernant une scène inimaginable que j'ai vécu samedi, aux alentours de 22h, République, Paris.
Après une journée de manifestation, dans l'ensemble, '' calme '' par rapport à ce qui avait pu être annoncé nous nous dirigeons dans le métro. Il est 21h, nous prenions la direction de l'arrêt République.
Dans ce métro un jeune de 17 ans s'approche de nous et très poliment nous pose des questions sur le mouvement des Gilets Jaunes, le pourquoi, etc...
La discussion se prolonge tout le trajet, j’apprends que ce jeune habite aussi à République et qu'il rentre après une journée pendant laquelle il n'a pas manifesté. Il nous indique la sortie du métro et nous sortons avec lui.
Tout de suite nous apercevons un groupe d'une trentaine de casseurs tous habillés en noir et bien distincts, en train de piller un Go sport.
A ce moment là, 8 voitures de la Brigade Anti Criminalité arrivent devant le go sport. Bien sûr les casseurs fuient juste à temps sous les yeux des forces de l'ordre. ( cela se passe à une centaine de mètres et personne de lambda ne s'y mêle)
C'est à ce moment là que tout a commencé...
Une quarantaine '' d'hommes'' de la BAC est sorti des voitures. 5 secondes après, sans aucune sommation ils chargent une première fois la place sur laquelle les parisiens ( de tout âge, riche sur eux, d'autres moins, etc ... ) se promenaient et/ou discutaient avec les quelques gilets jaunes qu'il restait dont mes amis et moi.


Des grenades lacrymogènes et flash ball volent partout, les gens crient et courent dans tous les sens, étant à côté des marches du métro je réussis à m'y réfugier avec les agents de sûreté de la Ratp ( eux aussi gazés ... ).
Le bruit s'étouffe, je remonte les marches et découvre des gens au sol dont le jeune qui était avec moi... le visage en sang, arcade ouverte, regard dans le vide mais conscient... une amie et moi le prenons en charge, j'apprends par des témoins qu'ils ont frappés tout ce qui était sur leur passage. Le petit a prit un coup de matraque dans l'arcade et un coup de botte derrière la tête... Les gens s'approchent, je crie, j'appelle aux caméras, aux preuves, je craque les larmes coulent... Je suis choqué, ce jeune n'était même pas un manifestant. Pompiers appelés il a été transporté aux urgences.
Suite à cela les gens soignent les blessés, discutent, se réconfortent... Et la ... ( j'ai encore du mal à parler de cette scène sans pleurer, je vous jure que la suite vient du cœur et de mes yeux)
Une deuxième charge, inexpliquée, pas de combat depuis longtemps, aucun caillassage ni même chansons populaires et pourtant...
Je vous le dis j'ai eu la chance de pouvoir échapper à cette rafle punitive d'une extrême violence et de la voir de mes propres yeux. J'ai vu 40 animaux courir sur les gens matraques en avant, j'ai vu des papys avec qui nous parlions juste avant prendre des coups de matraque dans la jambe et la tête. J'ai vu des gens sortir du restaurant et se prendre des coups de matraques. J'ai vu des adolescents, des femmes en sang... J'ai entendu '' on embarque tout ce qui a un sac dans le dos ''
Je suis resté choqué, assis sur un trottoir, 30 min, je voyais mes amis, la rafle était finie, je n'arrive pas à me lever,la peur me paralyse. J'analyse pourquoi je devrais avoir peur? Je n'ai pas lancé un seul caillou, rien brûlé, n'ai commis aucune violence, ne suis pas sur un lieu interdit... Pourtant je n'y arrive pas, j'ai clairement un ennemi qui rôde, cela dépasse la loi et les droits...
Je finis par rejoindre mes amis, il en manque deux, aussi pacifistes que moi, aujourd'hui l'un vient de sortir de cellule et l'autre nous n'avons plus aucune nouvelle depuis 8h hier. 

Oui la France possède une petite armée de SS, qui a évolué et qui paraît plus civilisée mais croyez-moi, les capitalistes ont créés des monstres, les charges des crs que vous avez pu voir sont ridicules à côté de celle de cette BAC aussi appelée Police fantôme car très mobile mais aussi parce que nous n'avons bizarrement jamais d'images.
Voilà je sais que le grand public adore les images mais je n'en ai pas, je vous confie donc mon témoignage car les images sont dans ma tête et y resteront des années.

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