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jeudi 22 juin 2017

RIF : lettre envoyée par les eurodéputées et eurodéputés de PODEMOS à la chef de la diplomatie européenne


A  Mme. Federica Mogherini,
Haute Représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

Objet : Sur la situation d'urgence de persécution, de harcèlement et de torture envers des demandes légitimes du peuple du Rif, à la suite de la mobilisation populaire massive dans la région du Rif le 18 mai 2017

 Chère Haute Représentante Mogherini:

Depuis la fin 2016, nous nous rappelons la mort de Fikri Mohssine, un vendeur de poissons rifain à qui on a confisqué la marchandise et son unique source de revenus pour sa famille et pour lui. Mais surtout, nous pensions que pour ce poissonnier, sauver son produit qu’il vendait, était la même chose que d’éviter sa mort et celle de ses proches, et il a essayé de tenir à ce qui lui restait dans le camion poubelle, alors que l'ordre d'un agent de police a finalement terminé par les séparer. Mohssine Fikri a été écrasé, à côté de sa marchandise.

Ce fait est un assassinat commis par les autorités du pays. Mais il y avait eu encore plus. Cinq autres jeunes ont été torturés et tués dans les postes de police depuis 2011, et différents témoins racontent comment des fonctionnaires de police ont porté les corps sans vie au siège de la Banque Chaiibi et ils ont provoqué un incendie pour dissimuler ce crime. Les corps calcinés montraient des signes de torture et de nombreuses fractures osseuses. Ces cas sont restés sans résolution  et l'administration n'a jamais montré aucun signe de collaboration avec les demandes des familles en leur facilitant l’accès aux preuves.

Depuis l'assassinat de Mohssine Fikri, le mouvement populaire de protestation ne cesse d’accroître dans la région du Rif au nord du Maroc, et il a donné lieu à une concentration de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Al-Hoceima le 18 mai. Ce mouvement puise ses racines dans la mobilisation populaire qui a eu lieu dans la région le 20 Février 2011, donnant au Maroc un nouveau souffle de la dynamique des soulèvements dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient.

La population du Rif :
1) demande le procès des personnes responsables de ces décès,
2) exige de mettre un terme à la marginalisation de Rabat,
3) exige des investissements sociaux d'urgence dans les hôpitaux, les universités, l'emploi et les infrastructures,
4) exige la levée de la militarisation de la province d’Al Hoceima
5) exige la fin des persécutions et des harcèlements des jeunes et des petits agriculteurs.

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