A Mme. Federica
Mogherini,
Haute Représentante de l’Union Européenne pour
les affaires étrangères et la politique de sécurité
Objet : Sur la situation d'urgence de
persécution, de harcèlement et de torture envers des demandes légitimes du
peuple du Rif, à la suite de la mobilisation populaire massive dans la région du
Rif le 18 mai 2017
Chère Haute Représentante
Mogherini:
Depuis la fin 2016, nous nous rappelons la
mort de Fikri Mohssine, un vendeur de poissons rifain à qui on a confisqué la
marchandise et son unique source de revenus pour sa famille et pour lui. Mais
surtout, nous pensions que pour ce poissonnier, sauver son produit qu’il vendait,
était la même chose que d’éviter sa mort et celle de ses proches, et il a essayé
de tenir à ce qui lui restait dans le camion poubelle, alors que l'ordre d'un
agent de police a finalement terminé par les séparer. Mohssine Fikri a été
écrasé, à côté de sa marchandise.
Ce fait est un assassinat commis par les
autorités du pays. Mais il y avait eu encore plus. Cinq autres jeunes ont été
torturés et tués dans les postes de police depuis 2011, et différents témoins
racontent comment des fonctionnaires de police ont porté les corps sans vie au
siège de la Banque Chaiibi et ils ont provoqué un incendie pour dissimuler ce
crime. Les corps calcinés montraient des signes de torture et de nombreuses
fractures osseuses. Ces cas sont restés sans résolution et l'administration n'a
jamais montré aucun signe de collaboration avec les demandes des familles en
leur facilitant l’accès aux preuves.
Depuis l'assassinat de Mohssine Fikri, le
mouvement populaire de protestation ne cesse d’accroître dans la région du Rif
au nord du Maroc, et il a donné lieu à une concentration de plusieurs dizaines
de milliers de manifestants à Al-Hoceima le 18 mai. Ce mouvement puise ses
racines dans la mobilisation populaire qui a eu lieu dans la région le 20
Février 2011, donnant au Maroc un nouveau souffle de la dynamique des
soulèvements dans la région du Maghreb et du
Moyen-Orient.
La population du Rif :
1) demande le procès des personnes responsables
de ces décès,
2) exige de mettre un terme à la marginalisation
de Rabat,
3) exige des investissements sociaux d'urgence
dans les hôpitaux, les universités, l'emploi et les infrastructures,
4) exige la levée de la militarisation de la
province d’Al Hoceima
5) exige la fin des persécutions et des
harcèlements des jeunes et des petits agriculteurs.
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