Philippe Wojazer / Reuters
Décembre 2015: le projet de François Hollande
d'instaurer la possibilité de déchoir de leur nationalité des citoyens
français convaincus d'actes de terrorisme contre la France soulève –à
juste titre- un tollé parmi tout ce que la France compte
d'intellectuels, de juristes, mais aussi de militants associatifs et
politiques engagés pour les droits de l'Homme. Il fait la "une" pendant
des jours de tous les médias. Il devient le symbole de la trahison des
idéaux de la gauche.
Juin 2017: le projet d'Emmanuel Macron
d'insérer dans le droit commun des pouvoirs donnés à l'administration à
titre extraordinaire, alors qu'elles relèvent constitutionnellement de
la compétence de l'autorité judiciaire (perquisitions, rétentions
administratives et assignations à résidence sans juge) suscite
l'indifférence. Hormis les professions judiciaires et quelques
associations de défense des droits de l'Homme qui parlent quasiment sans
écho, cela n'intéresse personne ou presque...
Passons
sur le fait qu'Emmanuel Macron avait alors vertement critiqué le projet
de déchéance de nationalité au motif notamment que les démocraties ne
doivent pas reculer sur leurs valeurs au nom du terrorisme, sauf à
perdre leur âme. Il avait raison.
Le
problème, c'est qu'il fait aujourd'hui la même chose et même bien pire
en fait: contrairement à la déchéance de nationalité, mesure forte mais
symbolique ne concernant potentiellement que quelques personnes et
encore, les mesures de l'état d'urgence concernent des centaines, voire
des milliers de personnes chaque année. Bien plus, elles écornent un
principe fondamental: pas d'atteinte aux libertés qui ne soit décidé par
un juge –et pas seulement sous son contrôle a posteriori.
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