Pour la première fois depuis l’arrestation de leur fils, les parents de Nasser Zefzafi ont pu le voir après sa comparution, avec six de ses compagnons, devant le procureur général du roi près la cour d’appel de Casablanca. Retour sur une journée particulière pour les parents du chef du Hirak.
Lundi 5 juin, boulevard de La Résistance, c’est une journée pas comme les autres à la cour d’appel de Casablanca. Nasser Zefzafi, accompagné de six autres détenus du Hirak, comparaissent devant le procureur général du roi, une semaine après leur arrestation.Les agents de police entourent les lieux, les journalistes étouffent la porte d’entrée, le parking regorge de voitures, celles des 300 avocats venus défendre les détenus du Hirak. A 15h15, dans le vacarme des sirènes, trois véhicules de police emmènent les sept accusés depuis le siège de la BNPJ.
L’arrivée des parents
Venus de Rabat, après un passage chez Benkirane dimanche, les Zefzafi arrivent à Casablanca dans la Mercedes 4x4 de Mohamed Ziane, l’un des piliers du comité de défense des détenus du Rif, lui même d’origine rifaine. Le père et la mère de Nasser descendent de la voiture, visages pâles et crispés par l’inquiétude. La fatigue est visible mais le père Ahmed semble déterminé. La mère a beau esquisser quelques sourires, ils ne masquent pas sa peur. Isaac Charia, autre membre du comité de défense, les accompagne aussi. La mère Zefzafi lui tient la main alors qu’ils montent les escaliers qui mènent à la porte d’entrée du tribunal. Les journalistes forment un cercle autour d’eux mais les parents de Nasser refusent toute déclaration. “Epargnez-moi cela s’il vous plaît” demande Ahmed Zezafi.“Vous pouvez poser des questions mais il faut qu’ils soient d’accord, laissez-les faire ce qui les met à l’aise” répond Me Charia à ceux qui insistent.“Non, non!” répond fermement le père qui ajoute en voyant les noms des titres de presse sur les micros: “Certains médias mentent sur nous, je ne dirai rien du tout!”.
Début d’une attente sans fin
Arrive aux sons des sifflets des policiers, la voiture du procureur général du roi, Hassan Matar. L’audience va pouvoir débuter. Me Ziane et Charia se rendent dans son bureau, les parents de Zefzafi eux devront attendre dehors. Ils ne pourront pas rester à l’intérieur du tribunal, malgré la demande des avocats. “Ce sont les instructions” dit un policier. Le couple s’installe donc sur les marches de l’escalier de l’entrée, seul. Lui répond à d’incessants appels téléphoniques. Elle reste assise les bras croisés, à l’ombre. Un jeune couple les rejoint au bout de trois quarts d’heure, la cousine de Nasser et son mari venus de Rabat.“Il s’est très bien défendu”
Près de trois heures plus tard, l’armée des 300 avocats de la défense commence à se disperser, et en première ligne, maîtres Ziane et Charia. Ce dernier se dirige vers les parents de Zefzafi, impatients d’entendre des nouvelles de leurs fils.“Il s’est très bien défendu, on dirait un avocat” raconte-t-il. “Oui je n’en doute pas, mon fils a toujours été comme ça” répond fièrement la mère.Lors de la longue discussion entre eux, en espagnol pour plus de discrétion, la mère a l’air rassurée.
Un policier se dirige alors vers eux et les conduit à l’intérieur: Me Ziane a pu convaincre les agents chargés de la sécurité de laisser les parents voir leur fils. Ahmed et sa femme se précipitent vers la grille à travers laquelle ils peuvent voir leur fils et lui donner un sac de vêtements. La visite ne dure que quelques secondes mais l’émotion est palpable et communicative. Larmes aux yeux, ceux qui refusaient de répondre aux questions des journalistes se sont détendus après avoir vu leur fils: “Hamdoulah, mon fils va bien, son moral est bon” se réjouit la mère. “Mon fils a demandé de ne pas s’inquiéter pour lui” ajoute le père.
“J’aurais aimé que tous les Marocains soient comme Nasser”
Le muezzin appelle à la prière du maghreb. Les parents apprennent qu’après avoir été déféré devant le juge d'instruction, leur fils sera transféré à la prison Oukacha.Les invitations pour le ftour pleuvent: “Vous allez prendre le ftour chez moi et rester avec moi à la maison pendant que vous êtes ici, n’est-ce-pas?” demande Naima El Guellaf, avocate membre de la défense. Puis, la voix d’une autre avocate s’élève: “Non c’est nous qui allons les inviter pour le ftour”. “On va tous au même restaurant alors” répond El Guellaf, fière de partager le repas avec les parents du leader du Hirak du Rif. “Moi j’aurais aimé que tous les Marocains soient comme Nasser Zefzafi” nous confie-t-elle.
Les Zefzafi, les membres de leurs famille et une dizaine d’avocats prendront finalement le ftour dans un restaurant proche de la cour d’appel. Avant de partir, la mère de l’Amghar se jette dans les bras de M. Ziane pour le remercier de “tout ce qu’il a fait”.
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