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jeudi 29 juin 2017

Maroc. Dans le Rif, « Sa Majesté le peuple  » défie le Palais

par Rosa Moussaoui, L'Humanité, 22/6/2017

L’incarcération de dizaines de militants du Hirak, le mouvement populaire qui secoue depuis huit mois cette région frondeuse, ne décourage pas les protestataires. La stratégie de répression et d’isolement du Palais est un échec.
Dans la ville d’Al Hoceïma quadrillée par la police, toute tentative de rassemblement est désormais violemment dispersée et ses instigateurs embarqués. Lundi, c’est une adolescente de 14 ans, Houda Jelloul, qui a été arrêtée et conduite au commissariat central avant d’être relâchée. Elle entendait manifester pour la libération des porte-voix du Hirak, le mouvement social qui embrase la région du Rif depuis huit mois. Parmi ces détenus politiques, son père, Mohamed Jelloul, un syndicaliste incarcéré à la prison d’Oukacha, à Casablanca. Comme ses 47 compagnons, il est accusé de « complot » et d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Pour tenter de décapiter le mouvement de protestation, le pouvoir a fait procéder ces dernières semaines à des centaines d’arrestations.
Sans réussir à éteindre la révolte allumée le 19 octobre 2016 par la mort de Mouhcine Fikri, ce jeune poissonnier broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par les autorités.
La place Mohammed-VI, qu’ils ont rebaptisée place des Martyrs, leur est interdite. Ils ont été chassés des faubourgs par la police. Alors les jeunes d’Al Hoceïma ont trouvé refuge dans les collines, où leurs lanternes s’allument, à la tombée du jour, comme des lucioles. De là-haut, ils chantent, scandent des slogans qui se répondent, comme un écho, d’une butte à l’autre, invectivent, dans l’obscurité, les policiers restés en bas. En jetant en prison les principales figures de la contestation, le pouvoir pensait en finir avec ce mouvement populaire qui défie le Palais. Peine perdue. L’acharnement répressif décuple la colère des Rifains. Au risque de donner aux événements un tour violent. Ces derniers jours, à Al Hoceïma, à Imzouren, lors des affrontements avec la police, de jeunes protestataires répondaient aux tirs de grenades lacrymogènes par ce cri : « Silmya, c’est fini ! » (« Le pacifisme, c’est fini ! »)
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