Al Hoceima, Imzouren, Ajdir, Bni Bouayech,…Partout, où nous nous sommes
rendus dans la province d’Al Hoceima trois constantes : Primo, des chantiers de
travaux publics lancés à la hâte. Deuxio, une omniprésence policière
provocante. Tertio, une atteinte systématique et organisée au droit de
manifestation pacifique.
A Al Hoceima, nous avons observé une présence policière et sécuritaire ,
dont l’objectif affiché est de dissuader toute tentative de protestation. Sur
la Place Mohammed V plus de 40 véhicules des forces de l’ordre stationnent en
permanence en plein centre-ville. Au quartier populaire à Sidi Abed, la police
ne laisse plus les habitants circuler librement dans leur ville. L’accès à ce quartier
est désormais filtré, et se fait sur présentation de la CIN ! A Imzouren, un
imposant blindé anti-émeute et 10 véhicules de police sont stationné en
plein-centre de cette petite localité. D’autres véhicules stationnent près de
la grande mosquée de la ville. La discrétion n’est plus recherchée par les
forces de l’ordre. L’heure est à la démonstration de force.
Chaque soir dans ces localités, les autorités n’hésitent plus à réprimer
avec force toutes les manifestations. Rares sont les sit-in qui échappent à la
répression systématique menée par la police. Les violations des droits humains
ne se limitent plus à l’interdiction de manifester ou aux arrestations, la
police s’est lancée à Imzouren dans une opération expéditive contre des maisons
de plusieurs habitants. Selon les photos que nous avons consultées et les
maisons que nous avons visitées, des policiers, sans mandats d’arrêt, se sont
introduit par la force dans des domiciles, cassant les portes et pillant les
biens des habitants.
Dans ce contexte délétère, l’Etat multiplie les annonces de «projets sociaux
et économiques» et continue de promettre «une réconciliation voulue par le
roi».
Appels au dialogue
Au même moment, une société civile faussement naïve, appelle «au dialogue»
et multiplie les «appels au calme», sans préciser qui devrait se calmer,
mettant ainsi sur le même pied d’égalité l’Etat, son armada de répression, et
les manifestants pacifistes.
Il faut se rendre à l’évidence, et rappeler quelques données nécessaires :
l’Etat poursuit plus de 100 personnes, dont 40 avec des chefs d’accusations
extrêmement lourds, l’Etat poursuit une jeune femme de 25 ans et l’emprisonne,
l’Etat réprime de manière systématique toute action au Rif comme dans le reste
du pays, à part quelques très rares exceptions. Dans ce climat sécuritaire, ce
même Etat via un gouvernement dépassé, répète que la réconciliation est en
marche et les revendications «légitimes» seront satisfaites.
Nous sommes face à deux possibilités, soit l’Etat marocain est schizophrène,
soit il assume parfaitement les méthodes répressives mises en place dans la
province d’Al Hoceima. Les deux hypothèses nous mènent droit au mur, avec tous
les dommages que cela suppose pour le Rif et le reste du Maroc.
Visiter le site de l'auteur: http://www.attacmaroc.org
Salaheddine Lemaizi, 19/6/2017
Secrétaire général de ATTAC Maroc
Société
Publié
Le Rif, le double discours de l'Etat ?
Al Hoceima, Imzouren, Ajdir, Bni Bouayech,…Partout, où nous nous
sommes rendus dans la province d’Al Hoceima trois constantes : Primo,
des chantiers de travaux publics lancés à la hâte. Deuxio, une
omniprésence policière provocante. Tertio, une atteinte systématique et
organisée au droit de manifestation pacifique.
DR
Chaque soir dans ces localités, les autorités n’hésitent plus à réprimer avec force toutes les manifestations. Rares sont les sit-in qui échappent à la répression systématique menée par la police. Les violations des droits humains ne se limitent plus à l’interdiction de manifester ou aux arrestations, la police s’est lancée à Imzouren dans une opération expéditive contre des maisons de plusieurs habitants. Selon les photos que nous avons consultées et les maisons que nous avons visitées, des policiers, sans mandats d’arrêt, se sont introduit par la force dans des domiciles, cassant les portes et pillant les biens des habitants.
Dans ce contexte délétère, l’Etat multiplie les annonces de «projets sociaux et économiques» et continue de promettre «une réconciliation voulue par le roi».
Appels au dialogue
Au même moment, une société civile faussement naïve, appelle «au dialogue» et multiplie les «appels au calme», sans préciser qui devrait se calmer, mettant ainsi sur le même pied d’égalité l’Etat, son armada de répression, et les manifestants pacifistes.
Il faut se rendre à l’évidence, et rappeler quelques données nécessaires : l’Etat poursuit plus de 100 personnes, dont 40 avec des chefs d’accusations extrêmement lourds, l’Etat poursuit une jeune femme de 25 ans et l’emprisonne, l’Etat réprime de manière systématique toute action au Rif comme dans le reste du pays, à part quelques très rares exceptions. Dans ce climat sécuritaire, ce même Etat via un gouvernement dépassé, répète que la réconciliation est en marche et les revendications «légitimes» seront satisfaites.
Nous sommes face à deux possibilités, soit l’Etat marocain est schizophrène, soit il assume parfaitement les méthodes répressives mises en place dans la province d’Al Hoceima. Les deux hypothèses nous mènent droit au mur, avec tous les dommages que cela suppose pour le Rif et le reste du Maroc.
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