EXCLUSIF. Après quatre mois de silence, le jeune homme frappé et gravement blessé par l'introduction d'une matraque dans l'anus revient sur les faits.
Pour
la première fois depuis près de quatre mois, Théo, 22 ans, a décidé de
s’exprimer. Frappé et gravement blessé après l’introduction d’une
matraque dans l’anus lors d’une intervention policière à
Aulnay-sous-Bois en février, Théo revient sur les faits, sa vie aujourd’hui, et ce qu’il attend désormais de la justice française.
Trois des quatre policiers ont été mis en examen pour violence, un
autre pour viol. "Je veux aujourd’hui qu'ils soient condamnés pour les
actes barbares qu’ils m’ont fait subir", demande Théo.
Viol présumé de Théo par un policier : les deux versions qui s'affrontent
Quatre
mois ont passé depuis que vous avez été agressé par les forces de
l’ordre à Aulnay-sous-Bois, le 2 février 2017. Comment vous portez-vous
aujourd’hui ?
Je ne me plains pas, je pense à d’autres
gens qui subissent pire souffrances que les miennes. Je suis très
entouré par ma famille. Mais ma vie a changé. Chaque jour, une
infirmière vient me faire des soins, vérifier l’évolution de ma
cicatrice. J’ai eu une déchirure anale de dix centimètres et une
perforation importante du colon, qui m’obligent à porter une poche,
peut-être à vie, et qui me fait mal. La dernière fois que j’ai passé une
nuit normale, c’était à l’hôpital, le 2 février. Depuis quatre mois, je
ne dors plus que par tranche de vingt à trente minutes. Je ne peux plus
faire grand-chose. Le foot était la passion de ma vie. J’ai tenté d’en
refaire, mais ma blessure me tirait trop et m’a fait souffrir au bout de
quelques minutes à peine. J’ai essayé de remonter sur mon vélo, mais
j’ai eu trop mal.
Non, je suis comme dans une bulle, parce que les miens sont là. Ou comme sur un parking, en attente. Je n’ai pas le mental. Je regarde la télé, j’écoute de la musique. Je ne peux formuler aucun projet. Encore moins reprendre mes activités sportives, comme le foot, qui m’avaient conduit en Belgique, où je jouais pour le club Hammoir. Il m’arrive de retourner sur les lieux où les policiers s’en sont pris à moi, des flashs de ce que j’ai vécu me remontent. Quand je croise des représentants des forces de l’ordre, je n’ai pas peur, mais ce n’est plus comme avant, je ressens comme une petite décharge qui me saisit brièvement. Depuis le 2 février, c’est la vie de toute ma famille qui a été bouleversée aussi, harcelée par les journalistes et les inconnus qui venaient frapper chez nous.
Pouvez-vous nous raconter ce qui a déclenché selon vous les violences que vous avez subies le 2 février dernier de la part de quatre policiers?
Il était 16h54 quand je suis sorti de chez moi. Je suis précis parce que je ne voulais pas rater ma série "Monk" qui commençait six minutes plus tard. Mais ça me laissait juste le temps de rendre service à ma sœur, qui voulait que j’apporte à son amie une paire de chaussures achetées pour elle. En chemin, je passe par le "Cap", comme on appelle cette place dans le quartier de la Rose des vents à Aulnay-sous-Bois. Je vois des connaissances, auxquelles je fais un signe pour dire bonjour; finalement, je m’approche pour leur serrer la main. Quand je vais pour repartir, la police arrive. Quatre hommes à pieds, surgis de derrière, sur les côtés. Et un autre devant moi, matraque en main, j’avais mes écouteurs sur les oreilles, je les ai enlevés quand les agents nous ont dits de nous mettre contre le mur derrière nous, pour un contrôle d’identité. A côté de moi, un jeune a été accusé d’avoir dit « pu », pour prévenir que des policiers débarquent. Un agent lui a mis une claque. J’ai tiré le petit vers moi, en disant aux policiers que ça ne sert à rien de le frapper, que ça va envenimer les choses. Là, l’un d’eux s’est approché de moi, en me demandant ce que j’allais faire, moi, sur un ton provocateur et nerveux. Je n’ai pas eu le temps de répondre. Il m’a porté un coup au niveau de l’œil droit. Un de ses collègues s’est alors approché pour gazer tout le monde contre le mur, et les disperser.
Lire l'article : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170616.OBS0865/theo-raconte-je-me-voyais-mourir-sur-le-sol-attache-au-banc.html
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