par
Aboubakr Jamai, Le Monde diplomatique, juillet 2017
La
persistance de la contestation populaire dans le nord-est du Maroc et
ses revendications de mieux-être social mettent en relief l’échec des
programmes de développement économique et des projets d’infrastructure
pilotés par la monarchie. Malgré la répression, l’ampleur des
manifestations pose la question d’une nouvelle réforme constitutionnelle
sur des bases plus ambitieuses qu’en 2011.
Manifestation à Al-Hoceïma, 2017. Photo Louis Witter / hanslucas.com
Depuis plusieurs mois, la région
du Rif (nord-est du Maroc) connaît une importante contestation
populaire. Le mouvement a démarré dans la ville d’Al-Hoceïma après la
mort, le 28 octobre 2016, de Mouhcine Fikri, un marchand de poisson
broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer une
grande quantité d’espadon que la police venait de lui confisquer pour
cause de pêche illégale. Depuis, les manifestations se répètent en
dépit d’une forte répression et de peines de prison ferme requises
contre les principaux contestataires. L’opiniâtreté du mouvement et le
niveau de mobilisation remettent en question la stratégie adoptée par
la monarchie depuis le « printemps arabe »
de 2011. En réponse aux revendications du Mouvement du 20 février
(date de la manifestation au cours de laquelle cinq jeunes étaient
morts à Al-Hoceïma), le roi Mohammed VI avait fait adopter une révision
constitutionnelle pour accorder plus de pouvoir au premier ministre,
poste auquel il nomma un islamiste du Parti de la justice et du
développement (PJD) à l’issue des élections, le 25 novembre 2011. Mais
aujourd’hui le chômage des jeunes et l’incapacité des institutions à
canaliser les revendications de populations mieux informées et mieux
organisées qu’il y a cinq ans débordent du Rif ; la contestation pourrait se propager au reste du pays.
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