Source : lesinfos.ma
24/11/2017 17:05
Dans le monde, plus de 40 millions de personnes sont réduites en esclavage. Dont 10 millions d’enfants. Au Maroc, les ONG estiment à 80.000 le nombre de petites filles en situation de travail forcé.
Récemment, un reportage de la chaîne américaine CNN a révélé
l’existence d’un marché aux esclaves près de Tripoli, en Libye. Des
images insoutenables qui n’ont pas manqué de faire réagir les
représentants de la communauté internationale dont le Secrétaire général
de l’ONU, Antonio Guterres. « Je suis horrifié par ces reportages et séquences-vidéos montrant des migrants africains vendus comme esclaves en Libye », a martelé le secrétaire général des Nations unies.
Cette récente révélation n’est pas un cas isolé
L’Article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 est on ne peut plus clair : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes ».
Par ailleurs, l’esclavage, dans sa forme classique, est officiellement
aboli dans tous les pays du monde depuis plus de 30 ans. Seulement
voilà. Le visage de l’esclavage a changé pour donner naissance à des
formes contemporaines, souvent socialement acceptées. Le travail forcé,
l’exploitation sexuelle, le mariage forcé et le travail des enfants en
font partie.
Une étude publiée le 19 septembre 2017
menée conjointement par l’Organisation mondiale du travail (OIT),
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le groupe de
défense des droits de l’Homme Walk Free Foundation, révèle que
dans le monde, plus de 40 millions de personnes, dont un quart
d’enfants, sont réduites en esclavage. Ces nouvelles estimations
montrent aussi que les femmes et les filles sont affectées de façon
disproportionnée par l’esclavage moderne et représentent 71% du total.
Cette recherche conjointe dévoile par ailleurs que parmi les 40 millions
de victimes de l’esclavage moderne, environ 25 millions étaient des
victimes de travail forcé et 15 millions de mariages forcés.
Le travail forcé des enfants : le cas des « petites bonnes » au Maroc
Quand peut-on parler d’esclavage ? La réponse se trouve dans la Convention 182 de l’Organisation internationale du travail : «L'esclavage existe
lorsqu'une personne appartient à une autre personne et est mise au
travail par elle sans avoir aucune influence sur ce qui lui arrive. Les
esclaves sont détenus contre leur volonté depuis le temps de leur
capture, achat ou naissance et ne sont pas autorisés à partir ni ne
peuvent refuser de travailler. » C’est par exemple le cas de la
petite fille de dix ans placée contre sa volonté dans une villa à Rabat
pour y exécuter des travaux ménagers pénibles et souvent dangereux.
Au Maroc, 193.000 enfants de 7 à 17 ans exercent un travail dangereux. C’est ce qu’a révélé un rapport du Haut-Commissariat au plan (HCP) en 2016. 42.000 d’entre eux sont des filles. Selon une étude conduite en 2010 par le Collectif de l’éradication du travail des « petites bonnes », entre 60.000 et 80.000 filles de moins de 15 ans seraient en situation d’exploitation dans des maisons à travers le Royaume.
Que dit la loi marocaine à propos des jeunes travailleuses
domestiques ? En juillet 2016, une loi a été votée. Elle donnait pour la
première fois un cadre juridique aux travailleuses domestiques. Un an
plus tard, en août 2017, le gouvernement a adopté deux décrets relatifs
aux conditions de travail des employées de maison âgées de 16 à 18 ans.
Qu’en est-il de celles qui ont moins de 16 ans ? La loi ne prévoit rien
pour elles ! Autrement dit, aux yeux de la loi marocaine, elles
n’existent pas. Pourtant, si. Et elles sont esclaves.
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