Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala. Rejoignez-nous! Nous écrire: solidmarO5[at]gmail.com
L’affaire émeut et interpelle. La journaliste Hajar Raissouni est
jugée, selon l’accusation, pour avoir consommé des rapports sexuels hors
mariage et avorté le fruit de ces rapports. Voici ce que l’on sait.
Qui est Hajar Raissouni? Hajar Raissouni, 28 ans, travaille comme journaliste pour le compte
du quotidien Akhbar Al Yaoum. Ce journal, parmi les plus réputés au
Maroc, est connu pour un autre dossier judiciaire controversé: celui de
son ancien directeur, Taoufik Bouachrine, condamné en novembre 2018 à 12 ans de réclusion pour viol et traite d’êtres humains. Hajar Raissouni est, en outre, la nièce d’Ahmed Raissouni. Cette
figure du Mouvement unicité et réforme (MUR), bras idéologique du PJD,
est également le président de l’Union mondiale des oulémas musulmans.
Où a-t-elle été arrêtée et quand? Elle a été arrêtée samedi 31 août 2019, à Rabat. L’interpellation a
eu lieu à 11h35, à la porte de l’immeuble où se situe la clinique, dans
le quartier de l’Agdal (source Me Saâd Sahli, avocat de la prévenue).
Qui d’autre a été arrêté? Quatre autres personnes ont été interpellées: le fiancé de Hajar, qui
l’accompagnait au moment de l’interpellation, le médecin gynécologue
(suspecté d’avoir effectué l’avortement), son adjoint et sa secrétaire.
Qui est le plaignant? Il n’y a pas de plaignant. Les prévenus ont été interpellés "en
flagrant délit". Selon Me Sahli, "il est dit dans le PV que
l’interpellation a eu lieu sur la base d’informations parvenues" au service de police, sans plus de détails.
Où sont les prévenus? Une garde à vue de 48H a été consommée à compter de l’arrestation.
Lundi, les prévenus ont comparu devant le procureur du Roi près le
tribunal de première instance de Rabat qui a ordonné leur renvoi devant
le juge. Ils sont actuellement placés en détention préventive à la
prison locale El Arjat 1 (Salé).
Où en est la procédure? Où se tient-elle? Le procès a été entamé le jour même et juste après leur présentation
devant le parquet. Il se déroule au tribunal de première instance de
Rabat. Les cinq prévenus ont comparu pour une première audience tenue le
2 septembre 2019. La prochaine audience aura lieu lundi 9 septembre.
Quels sont les chefs d’accusations? La journaliste est poursuivie pour relation sexuelle hors mariage et
consentement à se faire avorter par autrui. Son fiancé est jugé pour
relation sexuelle hors mariage et complicité d’avortement. Le
gynécologue doit répondre aux accusations d’avortement et exercice
habituel de cette pratique. Les deux prévenus restants sont poursuivis
pour complicité d’avortement.
Qui risque quoi ? Hajar risque jusqu’à 2 ans de prison ferme (article 454 du code
pénal). Les faits reprochés à son fiancé peuvent lui valoir jusqu’à cinq
ans d’emprisonnement (art 449). Le médecin, lui, peut écoper d’une
peine atteignant 10 ans de réclusion (art 450) et l’interdiction
temporaire ou définitive d’exercer sa profession.
Ce que dit l’avocat de la défense " Y a-t-il eu avortement? Non. La police a diligenté une expertise
médicale, réalisée à l’hôpital Ibn Sina. Ce rapport ne prouve aucunement
le fait d’avortement", souligne Me Sahli. Dans ses déclarations à la
police, rapportées par la défense, le médecin soutient être intervenu
pour stopper une hémorragie aigüe constatée sur Hajar. "Pour sa part, le
fiancé n’était pas au courant de l’hospitalisation de Hajar. Cette
dernière ne l’a prévenu qu’une fois en clinique", selon Me Sahli. Quant au rapport sexuel hors mariage, la défense fait état de l’existence d’un mariage coutumier (ôorfi, Fatiha, etc.).
Émotion, doutes… Il appartient à la Justice de statuer sur la culpabilité -ou pas- des concernés, qui demeurent à ce stade innocents. Cela étant, au sein de l’opinion et de la communauté journalistique,
on remet en question les motifs réels de l’affaire, perçue comme
"intentionnée", surtout eu égard au profil de la journaliste, réputée
proche des milieux islamistes. On y voit aussi un lien avec son soutien affiché pour le Hirak,
mouvement contestataire qui a secoué, courant 2017, la région du Rif. En
tant que journaliste, elle avait récemment signé une série d’interviews
avec Ahmed Zefzafi, père de Nasser, leader du mouvement. Sur les réseaux sociaux, le procédé de l’arrestation est également
mis en doute: L’intéressée a été prise en flagrance "sur la base
d’informations parvenues" à la police. Qui a communiqué ces
informations? Qui a intérêt à les communiquer? Et pourquoi?, se
demandent des internautes. Dans un communiqué
publié ce mercredi 4 septembre, le Syndicat national de la presse
marocaine "condamne la campagne de diffamation malveillante et contraire
à l'éthique menée contre notre consœur par certains médias, qui ont
choisi de ne pas respecter les principes d'éthique professionnelle dans
le traitement de ce dossier", lit-on dans un communiqué publié ce
mercredi 4 septembre. Réuni mardi, le SNPM dit suivre "avec un vif intérêt l’affaire de
l'arrestation de notre consœur la journaliste Hajar Raissouni" et a
mandaté un avocat pour la défendre.
En toile de fond, vie privée et libertés individuelles Derrière Hajar, le débat incessant sur les libertés individuelles et le droit des personnes à disposer de leur corps. Au Maroc, l’avortement est placé parmi les crimes contre l’ordre des
familles et la moralité publique. Il est illégal sauf dans un seul cas:
"Lorsqu’il est nécessaire pour sauvegarder la santé de la mère et qu'il
est ouvertement pratiqué par un médecin ou un chirurgien avec
l'autorisation du conjoint". Un projet de loi modifiant le code pénal, débattu actuellement au parlement, propose d’étendre la possibilité de recours au curetage à trois autres cas:
Un fœtus atteint d’une maladie génétique ou malformation;
Une grossesse causée par un viol ou inceste;
Une femme atteinte d’un trouble mental.
Ce projet est le fruit d’un débat ouvert à l’initiative du Roi
Mohammed VI. Pour l’heure, une dépénalisation pure et simple de
l’avortement n’est pas d’actualité. En 2018, les parquets ont enclenché 73 poursuites pour des affaires
d’avortement, dont 4 cas ayant impliqué le décès de la femme. Aucun
chiffre officiel ne circule quant au nombre d’avortements au Maroc. La
société civile avance 500 et 800 interruptions volontaires de grossesse
par jour. Dans beaucoup de cas, l’avortement est un moyen de dissimuler une
grossesse issue d’un rapport sexuel hors mariage, autre infraction
réprimée par la loi marocaine. Dans les faits, ces rapports n’en
demeurent pas moins courants. Et les autorités interviennent rarement de
leur propre initiative, sauf flagrant délit. Si, là aussi, une dépénalisation ne semble pas envisagée à court
terme, de récents propos du ministre de la Justice, Mohammed Aujjar,
laissaient pourtant entrevoir une exemption de fait et sous conditions:
"Une relation sexuelle consensuelle, sans violence et entre deux
personnes majeures, en quoi cela concerne la société?", avait-il déclaré
lors d’une interview
accordée à nos confrères d’Hespress. "Dans une maison fermée, chacun
peut faire ce qu'il veut", avait-il asséné. Parole de ministre ne vaut
pas loi. Il va sans dire que l'équipe de Médias24 exprime sa solidarité avec sa consoeur Hajar Raissouni.
Dans le cadre de l’amélioration de la qualité de service aux
contribuables, la Direction Générale des Impôts a lancé une application
mobile «Daribati» offrant un certain nombre de fonctionnalités...
Pour la deuxième année consécutive de son programme communautaire «
Let’s Colour », visant à apporter de la couleur dans la vie des gens,
Astral a choisi de venir en aide aux jeunes de l’Orphelinat...
Les vacances sont finies, et il est désormais temps de reprendre le
chemin de chez soi. En effet, pour nombre de Marocains Résidant à
l’Etranger (MRE), les vacances au soleil se terminent au pays...
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contribuables, la Direction Générale des Impôts a lancé une application
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