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mardi 24 août 2021

Afghanistan : quel sort peut-on craindre pour les fillettes et les adolescentes ?

Nadia Vaillant Auféminin, 20 août 2021

Afghanistan : quel sort peut-on craindre pour les fillettes et les adolescentes ?© GettyImages

Alors que le monde assiste, impuissant, à un retour en arrière apocalyptique pour les femmes afghanes, qu’en est-il des fillettes et des adolescentes, nées dans une ère dite progressiste ?

Des dizaines de récits à peine supportables nous parviennent tous les jours. En Afghanistan, après vingt ans d’absence, le mouvement islamiste vient de reprendre la tête du pays, faisant des femmes et des jeunes filles des victimes de premier plan. Pour des centaines de milliers d’entre elles, c’est la fin d’une ère progressiste, dans laquelle elles pouvaient enfin entrevoir un avenir meilleur, étudier, travailler… Toute une génération de jeunes filles nées après le départ des talibans n’a pas connu les restrictions, la violence et l’oppression. Aujourd’hui, c’est un bien sombre destin qui semble se profiler pour elles.

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Dimanche 15 août, la ville de Kaboul, comme un symbole, est tombée aux mains des talibans. Depuis, la peur s’est installée pour les habitants, en particulier les femmes, qui observent déjà des retombées immédiates sur leur quotidien. Durant le règne du mouvement islamique entre 1996 et 2001, une application ultra-rigoriste de la loi islamique était en place. Par conséquent, les femmes n’avaient pas le droit d’aller à l’école, de travailler, subissaient des mariages forcés, devaient porter le voile intégral, ne pouvaient sortir de chez elles sans un chaperon masculin et étaient lapidées ou fouettées sur la place publique en cas d’adultère, par exemple.

La fin de l’accès à l’éducation ?

Mardi, Suhail Shaheen, porte-parole du bureau politique du groupe à Doha, s’est adressé à la chaîne britannique Sky News en affirmant que l’accès à l’éducation serait garanti pour les femmes en Afghanistan. “Elles peuvent recevoir une éducation du primaire à l’université. Nous avons annoncé cette politique lors de conférences internationales, à la conférence de Moscou et ici à la conférence de Doha [sur l’Afghanistan]”, a-t-il expliqué. Selon ses dires, des milliers d’écoles dans les zones contrôlées par les talibans sont toujours ouvertes.

Toutefois, les inquiétudes restent grandes et l'avenir incertain pour toutes les jeunes filles afghanes. Pour rappel, sous le régime des talibans, seules 5000 filles étaient scolarisées à travers tout le pays. Pour une grande partie de celles nées après 2001 et grâce à l’aide de nombreuses ONG, l’accès à l'éducation a pu leur être facilité. Aujourd’hui, la crainte est que ce droit ne leur soit totalement retiré. Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a évoqué "une tragédie inimaginable." "Il est particulièrement horrifiant et déchirant de voir que les droits durement acquis par les filles et les femmes afghanes sont en train de leur être enlevés."

Mariages forcés, menaces et violences

À peine les talibans revenus au pouvoir que, déjà, de nombreuses atrocités ont été recensées. Selon les récits rapportés, les hommes du mouvement islamiste feraient du porte-à-porte pour établir des listes de jeunes filles et de femmes âgées de 12 à 45 ans, dans le but de les marier de force avec des insurgés islamistes.

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Dans un témoignage livré au Guardian et largement relayé, une étudiante afghane raconte le déroulé de sa journée à Kaboul alors qu’elle se rendait en cours. "Les chauffeurs de taxi ne nous laissaient pas monter dans leurs voitures parce qu’ils ne voulaient pas prendre en charge le transport d’une femme", raconte-t-elle. Les remarques prononcées par des hommes dans la rue font elles aussi froid dans le dos. "Allez mettre votre burqa", "Ce sont vos derniers jours dans la rue", "Je vais épouser quatre d’entre vous en un jour".

Face à toutes ces violences, de nombreuses femmes ont choisi de fuir. Depuis le mois de mai, près de 250 000 Afghans ont quitté leur maison, dont 80 % de femmes et d'enfants, selon l'ONU.

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