Translate Traduire Traducir ترجمة


Télégrammes

« Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

lundi 7 avril 2025

7 avril 1956 : l’Espagne renonce à son protectorat au Maroc

Sabrina El Faizlebrief, 3/4/2025

7 avril 1956… Dans l’année 1956, le Maroc a connu des changements en profondeur. A partir de là, il changera d’image, de place dans les stratégies internationales, et sera pris en compte dans le tour de table de la mondialisation. Le 7 avril 1956. L’histoire retiendra cette date comme celle où l’Espagne franquiste, après des décennies de présence et de contrôle sur le territoire marocain, accepta enfin de lever le voile de son protectorat. Si l’indépendance du pays avait été officiellement proclamée un mois plus tôt par la France, restait encore à Madrid de reconnaître l’évidence : le Maroc voulait et allait redevenir pleinement souverain.

Mais l’affaire n’était pas encore bouclée. L’Espagne, qui administrait le nord du pays et le Sahara dans le cadre du protectorat instauré en 1912, se montrait réticente à abandonner ses positions. Franco, à la tête de l’Espagne franquiste, savait que la vague décolonisatrice qui secouait le monde finirait par l’atteindre. C’était une évidence. Pourtant, il temporisait, espérant peut-être un sursis ou un arrangement profitable.
Le 7 avril 1956, l’Espagne accepta donc de reconnaître l’indépendance du Maroc et de restituer la majorité des territoires sous son contrôle. La zone nord du pays, comprenant notamment Tétouan, Larache et Chefchaouen, repassait sous l’autorité marocaine.


La Calle Canalejas à Larache, devenue Avenue Hassan II

Mais tout n’était pas encore terminé. Si l’Espagne venait de céder une grande partie de son contrôle, elle conservait encore des positions stratégiques pour elle. Le Sahara, ainsi que les enclaves de Sebta et Mélilia, restaient sous administration espagnole. Il faudrait attendre 1958 pour que le Maroc récupère Tarfaya, et bien plus longtemps encore pour poser la question du Sahara !
L’ombre du protectorat s’estompe peu à peu dans la mémoire collective, mais les traces de cette époque sont encore visibles. De Tétouan, ancienne capitale du Maroc espagnol, aux rues de Larache où flottent encore des souvenirs architecturaux ibériques, le passé colonial espagnol est toujours inscrit dans la pierre et dans les esprits.


La « Mosquée espagnole » de Chefchaouen - qui ressemble plutôt à une église -, construite par les occupants militaires espagnols après 1920, vaguement inspirée de la Tour dorée almohade de Séville. Aucun habitant n’y a jamais prié et elle a été surnommée Mosquée Bouzafar (le moustachu, référence à l’officier espagnol qui en dirigea les travaux) ou encore Sidi Oualou (rien du tout). Restaurée avec l’aide de l’Espagne, elle n’est aujourd’hui visitée que par des touristes. ¡Arriba España !

Quelle longue épopée que celle de la colonisation ! Il pourrait y avoir autant d’histoires que de conteurs. Mais ne remontons pas à l’aube de 1912. Contentons-nous de faire un petit retour en arrière, jusqu’en 1950. Le Maroc du début des années 50 était une terre bouillonnante. Les luttes nationalistes ne cessaient de croître de gauche à droite, les revendications d’indépendance gagnaient en ampleur et la figure de feu le roi Mohammed V, roi en exil puis de retour triomphal en 1955, cristallisait l’espoir de tout un peuple.

La France, face à une pression internationale et locale, avait fini par céder. Le 2 mars 1956, Paris signait un accord historique : le protectorat français prenait fin.

Une négociation de longue haleine

C’est dans ce contexte que les discussions entre Rabat et Madrid eurent lieu à plusieurs reprises. Feu le roi Mohammed V et ses négociateurs, dont son fils héritier, feu le roi Hassan II, avancèrent leurs pions avec fermeté. L’argumentaire marocain était imparable : l’unité du territoire était une nécessité historique et nationale. L’Espagne, affaiblie sur la scène internationale et soucieuse de maintenir de bonnes relations avec ses voisins, finit par se résoudre à jeter l’éponge.

L’annonce fit l’effet d’un coup de tonnerre. Dans les rues des grandes villes marocaines, des scènes de liesse éclatèrent. Feu le roi Mohammed V, figure tutélaire du nationalisme marocain, devint plus que jamais le Père de la Nation. Pour lui, comme pour tout un peuple, cette victoire avait un goût particulier : celui d’un combat mené avec patience, intelligence et une volonté inébranlable de rendre aux Marocains leur terre.

L’indépendance formellement acquise, il restait à bâtir une nation moderne. Le Maroc, après plus de 40 ans sous le joug colonial, devait inventer son propre avenir. L’administration, jusqu’alors entre les mains des Français et des Espagnols, devait être entièrement marocanisée.

C’était aussi un défi économique. Pendant la période coloniale, les richesses du pays avaient été largement exploitées au profit des puissances européennes. Il fallait désormais redistribuer les cartes, moderniser l’agriculture, développer l’industrie et assurer une stabilité sociale. Feu le roi Mohammed V, bientôt relayé par feu le roi Hassan II, s’attela à cette tâche titanesque.

Pour ceux qui ont vécu cette période, l’accord avec l’Espagne prouvait la véritable fin de l’époque coloniale et le début du Maroc tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire