Sahara Occidental : un territoire à décoloniser
Le
Sahara Occidental est rarement l’invité de nos médias français
populaires, et ne doit une certaine attention qu’à quelques personnes
vigilantes. Et pourtant la situation est embourbée depuis des décennies
sur fond de concessions sur le droit international.
Le Sahara occidental
Le pays quasi désertique de 266 000 km2 est situé sur la côte
nord-ouest de l’Afrique, bordé par 1000 km de côtes à l’ouest,
limitrophe du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie. Ses frontières
sont internationalement reconnues et légales. Elles sont celles héritées
du colonialisme. Dès 1963, le pays est inscrit sur la liste onusienne
des territoires à décoloniser, il l’est toujours. Représenté par son
Front de libération, le Polisario (Front pour la libération de Saguia el
Hamra, et Rio de Oro), le peuple sahraoui est reconnu par l’ONU, qui
tente de résoudre une situation embourbée, depuis des décennies, dans
les bas-fonds de concessions sur le droit international. Sa langue
nationale est le hassanya.
En 1884, la conférence de Berlin répartit l’Afrique entre puissances
coloniales et le Sahara Occidental devient espagnol. La présence
espagnole, essentiellement concentrée sur quelques points de la côte, et
en mer, laisse libre cours à la vie traditionnelle nomade des
Sahraouis, et aux échanges commerciaux qui transitent à travers le
désert. L’opposition à l’occupant est constante, régulièrement réprimée.
Dans les années 1970, poussée par la résistance sahraouie et le
mouvement international de décolonisation de l’Afrique, l’Espagne
prépare un référendum d’autodétermination, proposant le choix de
l’indépendance ou du rattachement à l’Espagne.
Refonte du mouvement de résistance à l’occupant, le front Polisario est créé en 1973.
Interrogée, la Cour Internationale de Justice confirme en 1975 à
l’Assemblée générale de l’ONU qu’il n’y a pas lieu de modifier
l’application de sa déclaration 1514 (1960) quant au principe
d’autodétermination du Sahara Occidental, par l’expression libre et
authentique du peuple originaire.
Alors que les listes électorales étaient prêtes, l’Espagne signe en
1975 un accord avec la Mauritanie et le Maroc pour le partage du Sahara
Occidental et des bénéfices qui lui resteraient néanmoins après son
retrait, concernant la pêche et l’exploitation des phosphates notamment.
L’accord est illégal, et ne masque pas la réalité de l’invasion
militaire et génocidaire qui l’accompagne. D’une résistance au
colonisateur espagnol, les Sahraouis passent à la guerre contre leurs
deux voisins du nord et sud-est.
L’Algérie, sans revendication sur le territoire, voit affluer
massivement les familles sahraouies, des bergers, fuyant la guerre, les
bombardements au napalm et au phosphore blanc.
C’est donc en exil, dans le désert salin du plateau de Tindouf
(Algérie) que les Sahraouis proclament leur république, le 27 février
1976, au lendemain de l’annonce par l’Espagne de son retrait de la
colonie.
La Mauritanie, en difficulté face aux troupes sahraouies et
fragilisée dans son entité, se retire du conflit et reconnaît la
République Sahraouie en 1979. La guerre continue entre les Sahraouis et
le Maroc, ce dernier tentant d’annexer alors tout le territoire. En
1979, l’Assemblée générale de l‘ONU déplore « l’aggravation de la
situation découlant de la persistance de l'occupation du Sahara
occidental par le Maroc et de l'extension de cette occupation au
territoire récemment évacué par la Mauritanie ».
Le Maroc persiste malgré la désapprobation internationale et, pour
protéger son pillage de la partie utile du Sahara Occidental des
incursions des guerriers du Polisario, – inférieurs en nombre mais
supérieurs militairement grâce à leur parfaite connaissance du terrain
et leur grande mobilité –, construit progressivement un mur de défense.
En 1982, le premier mur cerne une zone comprenant les villes d’El Aaiun,
Smara, Boujdour, ainsi que les mines de phosphate de Boucraa.
L’exploitation de ces dernières avait dû être suspendue entre 1980 et
1982 du fait des attaques sahraouies.
Le mur militarisé est terminé en 1987, il mesure 2700 km de long et
coupe le pays en deux, il est généralement représenté par une ligne
rouge sur les cartes. Il est bordé de larges zones de mines terrestres.
La guerre continue jusqu’au cessez-le-feu signé sous l’égide de l’ONU en
1991, à la condition que le référendum d’autodétermination soit
organisé. Pendant la guerre, le peuple sahraoui survit dans les
campements de réfugiés et organise sa république dans des conditions
extrêmes ou subit de plein fouet la guerre coloniale et les méthodes du
régime marocain qui torture, assassine ou fait disparaître tous les
opposants sahraouis et leurs familles.
Depuis 1991, le référendum n’a toujours pas eu lieu, malgré les
rappels annuels des instances internationales qui réaffirment le droit
du peuple originaire du Sahara occidental à se prononcer sur l’avenir de
sa terre et de ses ressources, et la présence de la Minurso (mission
des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental). Les
conditions changent peu pour le peuple sahraoui.
Pour fausser le référendum et acter la « marocanité », le Maroc a
subventionné des milliers de colons marocains pour qu’ils s‘installent
dans le territoire occupé, interdit par l’article 49 de la IVe
convention de Genève. Selon certaines sources, il y a aujourd’hui plus
de cinq Marocains pour un Sahraoui en territoire occupé.
Les grandes manifestations pacifiques dans ces territoires occupés en
1999, 2005, 2010, les manifestations hebdomadaires, toutes durement
réprimées par les forces d’occupation marocaines montrent la résistance
et la constance des Sahraouis dans la revendication du respect de leurs
droits, et de l’autodétermination.
La France s’illustre tristement dans ce conflit ensablé par le
soutien systématique et ambigu au colonisateur marocain, malgré
l’affirmation de son attachement au droit international et au règlement
pacifique du problème.
Une colonie, occupée militairement
Pour les Sahraouis, 2015 marque 40 ans de vie sous occupation, 40 ans
de vie dans les campements de réfugiés. C’est aussi l’anniversaire des
24 ans du choix de la lutte pacifique pour faire respecter le droit à
l’indépendance.
La question rituelle accompagnant le très long salut sahraoui est :
« qu’y a-t-il de nouveau ? » Hors les formules de politesse, les
Sahraouis disent « rien » : rien de nouveau tant que ce n’est pas
l’indépendance.
Le pays est en effet un territoire non autonome, une colonie, occupée
militairement sur les trois-quarts de sa surface par le Maroc qui y a
envoyé de nombreux colons.
Pour l’ONU, le Maroc n’est pas administrateur du territoire en droit.
De fait, il administre par la force la partie du territoire qu’il
occupe.
L’Espagne semblait avoir totalement oublié ses responsabilités mais
le 21 novembre 2014, la Haute Cour nationale espagnole a rappelé que
l'Espagne « reste la puissance administrante du Sahara Occidental » et
doit, selon la Charte des Nations unies, achever la décolonisation du
territoire. Comment va-t-elle s’y prendre, sachant que derrière les
principes, elle est une actrice illégale du pillage des ressources
naturelles du SO ?
L’exploitation des ressources conditionnée à l’accord du Polisario
Un juge espagnol, spécialiste de la question, accuse le Maroc de
génocide. Il représente des Sahraouis pour des faits ayant eu lieu dans
la période précédant le retrait officiel de l’Espagne, soit fin 1975
début 1976. Les Sahraouis sont encore alors des « Espagnols ». Pendant
cette période, nombreux attestent avoir été pourchassés, bombardés.
L’intention manifeste des forces marocaines était, selon les témoins, de
les supprimer. En 2013, alors que l’instruction était en cours, la
découverte, dans les territoires occupés, d’une fosse commune contenant
huit corps vient corroborer cette affirmation. Identifiés, ce sont les
corps de bergers sahraouis disparus 40 ans auparavant. Les familles
avaient entendu de la part du Maroc une série de mensonges au fil des
ans.
En prévision de la plainte pour génocide, le 9 avril 2015, le juge
d’instruction Pablo Ruz au tribunal suprême de Madrid émet des mandats
d’arrêt contre sept fonctionnaires marocains de haut rang quatre autres
impliqués.
En juin 2015, en se référant à l’article 96 du protocole additionnel
I, le Front Polisario adhère aux conventions de Genève et à leurs
protocoles additionnels. Cela est possible parce que l’autre partie en
conflit, le Maroc, y a elle-même adhéré en 2011. En tant qu'autorité
représentant le peuple sahraoui, le Polisario obtient ainsi les mêmes
droits et obligations que le Maroc. En conséquence, le droit
international humanitaire s’applique au Sahara Occidental et les
entreprises doivent le respecter. L’exploitation des ressources
naturelles du territoire est donc conditionnée à l’aval du Polisario.
En novembre 2012, le Front a présenté son recours contre l'accord
agricole Union européenne-Maroc, dont le champ d’application n’exclut
pas explicitement le Sahara Occidental.
L'action est dirigée vers le Conseil de l'Union européenne en tant
que signataire de l'accord, et dans une deuxième phase également contre
la Commission européenne qui a choisi d'intervenir dans la procédure. La
Cour de Justice européenne a évalué l’accord sur cette question le 16
juin 2015 et n’a encore rien publié. En juin 2014, un autre recours est
présenté par le Polisario pour l’annulation de l'accord de pêche
UE-Maroc (publié au JO de l’UE le 16 juin 2014).
L’ASVDH, (Association sahraouie des victimes de violations graves des
droits de l’homme commises par l’État marocain) a reçu le 24 août 2015
son « reçu final d'enregistrement » par le Maroc. L'association a été
créée en 2005, il a donc fallu 10 ans de demandes et procédures
juridiques multiples pour que le Maroc applique son propre droit.
Paradoxalement, l’association est connue et reconnue dans le monde
entier comme organisation de référence, et ce depuis peu après sa
création.
Ressources naturelles : le pillage continue sans que les Sahraouis soient jamais consultés
Rappel du droit international sur cette question précise. Hans
Corell, alors secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et
conseiller juridique, a émis en 2002 à la demande du président du
Conseil de sécurité un avis sur les activités pétrolières au SO. Si des
activités économiques, conclut-il, « devaient être entreprises au mépris
des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles
contreviendraient aux principes de droit international applicables aux
activités touchant aux ressources minérales des territoires non
autonomes ». H. Corell a depuis lors régulièrement précisé et élargi la
portée de son texte à l’ensemble des ressources naturelles du SO. Il
faut donc qu’il y ait consultation et accord du peuple pour toute
activité concernant les ressources naturelles, et il faut aussi, et
c’est indissociable, que ce soit à son bénéfice.
Or le pillage par des compagnies étrangères et au bénéfice du Maroc se poursuit sans que les Sahraouis soient jamais consultés.
Ainsi, l’Américain Kosmos Energy a commencé à forer en mer, au large
de Boujdour en décembre 2014. La plateforme pétrolière d’exploitation
coûte 600 000 dollars par jour. La première découverte en mars est non
significative. L’entreprise a ensuite déplacé la plateforme et continué à
forer.
La compagnie San Leon (Irlande-Grande-Bretagne) veut creuser la
terre, à quelques kilomètres d’El Aaiun avec l’entreprise française
Entrepose Drilling, du groupe Vinci. Les vives protestations des
habitants, du front Polisario auprès de l’ONU et d’organisations de la
société civile sont restées sans réponse et sans effet.
L'autorisation de reconnaissance sur le bloc Anzarane Offshore, au
Sud, sur plus de 100 000 km2, attribué à Total par le Maroc a été
prorogée jusqu'en décembre 2015.
Les compagnies franco-marocaines, Idyl et Azura, produisent des
fruits et légumes dans la région de Dakhla. Ces produits entrent en
Europe sous couvert de l’accord européen, de façon déloyale et illégale.
La Confédération paysanne a saisi le tribunal de commerce de Tarascon à
l’encontre de la compagnie Idyl. La procédure est en cours.
Alors que l’eau est un problème crucial dans ce pays quasi
désertique, sa gestion à usage domestique en territoire occupé est
particulièrement hasardeuse et corrompue. Une information de l’Équipe
Média, un groupe de journalistes sahraouis des territoires occupés en
donne les détails[1]
.
Discriminations quotidiennes et problèmes sociaux
En territoire occupé, ce sont des discriminations quotidiennes et
violentes contre les Sahraouis s’ils affirment leur identité et
revendiquent le respect du droit international. Dans les rues, dans les
commissariats, dans les prisons…
Ce sont aussi des expulsions, quasi systématiques ces dernières
années, de toutes les délégations étrangères, qui connaissent le droit
international, et cherchent à s’informer auprès des Sahraouis.
Dans les campements de réfugiés, ce sont des fréquentes alertes
sanitaires des ONG internationales. Malnutrition aigüe (7,6 % des femmes
et des enfants), anémie (60 % des femmes, 25 à 30 % des enfants en
déficit de croissance). C’est aussi avec l’usure du temps, l’impatience
croissante des jeunes, attirés par la reprise des armes, et par la
contrebande. Ces dernières années est apparue une petite délinquance qui
marque les esprits mais aussi indique la gravité de la situation
sociale.
Les Sahraouis aux Jeux africains
Le coup d’éclat de la participation de l’équipe nationale sahraouie
de football à la coupe du monde non FIFA (N.F.-Board) au Kurdistan en
2012 n’a pas été renouvelé faute de compétition de ce niveau. Néanmoins
cette année, dans le même cadre, l’équipe de la FA sahraouie a rencontré
fin juillet, à Lille, l’équipe de la FA Espéranto, à l’occasion du 100e
congrès d’espéranto.
Le score final a été de 4/0 en faveur des Sahraouis. L’arbitre a
décidé d’arrêter le match à la mi-temps après que les deux équipes
eurent constaté que leurs vestiaires avaient été dévalisés et beaucoup
de leurs affaires de valeur et papiers volés.
Cette année, pour la première fois de son histoire, le Sahara
Occidental participera aux Jeux africains, organisés par le conseil du
sport de l’Union africaine, avec une délégation de 40 sportifs. Cette
édition 2015 a lieu à Brazzaville, au Congo, du 4 au 19 septembre. Il
sera représenté en athlétisme, boxe, cyclisme, karaté, taekwondo et
volley-ball. Les sportifs sahraouis engagés dans le pays de leur exil et
dont ils ont pris la nationalité ne peuvent pas y participer pour le
Sahara Occidental, particularité qui prive le pays de grand(e)s
champions et championnes.
Une question clivante pour les progressistes marocains
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la question sahraouie divise
radicalement les progressistes marocains en deux camps, tant le royaume
féodal en a fait la question de sa survie.
Trois partis qui se revendiquent de la gauche ont fondé la Fédération
de la gauche démocratique. Composée du parti socialiste unifié, du
parti de l’avant-garde démocratique et socialiste et du congrès
Ittihadi, elle a décidé de fonder l’union sur trois principes : la
monarchie constitutionnelle, la participation aux élections, la
marocanité du Sahara. Par conséquent, ils excluent de fait un autre
parti de gauche, la Voie Démocratique.
La Voie Démocratique est le seul parti marocain légal à avoir une
ligne claire et constante sur le Sahara Occidental depuis sa création.
Les points forts sont l’autodétermination du peuple sahraoui, la
laïcité, le changement constitutionnel fondé sur la souveraineté
populaire. Puisqu’il s’agissait d’être démocrate, pourquoi faire deux
poids deux mesures sur la question du Sahara Occidental quand le droit
international ne montre pas d’ambiguïté ? Historiquement, il y a eu une
forte émulation idéologique entre les créateurs du Front Polisario et de
la Voie Démocratique, alors mouvement clandestin Ila Al Amame. Les
militants ont alors payé le prix fort pour cette position, 139
condamnations en 1977, en grande majorité des responsables du groupe de
la gauche radicale.
En ce qui concerne la défense des droits de l’homme, l’Amdh
(association marocaine des droits humains) partage le principe de
l’autodétermination des peuples avec la Voie Démocratique. Elle a une
vision cohérente sur les droits humains, et dénonce donc les violations
sur les Marocains et Sahraouis.
L’Asdhom (Association de défense des droits de l’homme au Maroc),
basée à Paris, dénonce les violences qui ont lieu au Sahara Occidental
et mène une campagne de parrainage des prisonniers politiques du Maroc,
qui compte des Sahraouis.
Le journaliste Ali Lmrabet, rédacteur des hebdomadaire et magazine
Demain, de Doumane, du site web satirique Demain Online, après avoir été
condamné et fait 3 ans la prison pour avoir traduit un article espagnol
sur le budget royal, accompagné de caricatures, a, en 2005, été
condamné à 10 ans d’interdiction d’exercer au Maroc, après un voyage
dans les campements de réfugiés sahraouis. Il avait affirmé que les
Sahraouis y étaient « réfugiés » et non « séquestrés », comme l’affirme
la thèse officielle.
Les 10 ans écoulés, il subit actuellement des tracas administratifs à
n’en plus finir, l’empêchant d’exercer son métier, de voyager, d’agir[2].
Parmi les opposants au système monarchique, le mouvement du 20
février, né en 2011 dans la mouvance des révoltes populaires contre les
régimes totalitaires d’Afrique du Nord, n’a pas formulé de position
officielle sur la problématique du Sahara Occidental.
De même, d’autres groupes comme celui de Mustapha Adib – ancien
capitaine de l’armée de l’air et ancien prisonnier politique condamné
pour sa dénonciation de la corruption dans l’armée – (Alliance contre la
dictature au Maroc) concentre son combat sur les biens royaux mal
acquis, notamment le château de Betz en France. La fortune du roi doit
beaucoup aux ressources volées aux Sahraouis. Le groupe n’a pas de
position officielle sur le Sahara Occidental mais dénonce régulièrement
la répression violente des manifestions pacifiques en territoires
occupés.
Actuellement, la position de la Voie Démocratique sur la
participation aux élections est le boycott, tant que le parti ne peut
pas s’exprimer librement et expliquer son programme. Selon le communiqué
de presse du 2 septembre, 83 militants avaient déjà été convoqués ou
arrêtés, violentés, placés et gardés abusivement en garde-à-vue, leurs
tracts et journaux confisqués et supprimés. Les soutiens français et
internationaux dénoncent ces pratiques totalitaires.
APSO (Amis du Peuple du Sahara Occidental), association et
réseau français de solidarité, blog ap-so.blogspot.com Publié dans le
n°30 d'Afriques en lutte.
[1] apsoinfo.blogspot.com
[2] Voir le dossier sur demainonline.com
[3] Liens sur apsoinfo
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