Condamnés à de lourdes peines en juillet 2017, les prisonniers
de Gdeim Izik viennent d'être soudainement transférés dans différentes
prisons, un transfert assorti de mesures punitives qui apparaît comme
une énième représaille pour les réduire au silence.
Sit in des familles des prisonniers de Gdeim Izik devant la Direction centrale des prisons à Rabat, le 03/10/17 ©Hassana Abba
Le 03 / 10 / 2017
En guise d’énièmes représailles, les autorités marocaines
viennent de disperser les 19 sahraouis emprisonnés dans le cadre du
procès dit de Gdeim Izik au sein de plusieurs prisons. Deux mois après
leur nouvelle condamnation à de lourdes peines à l’issue d’un procès
inéquitable, leur transfert assorti de privations apparaît comme une
nouvelle manœuvre du Maroc pour empêcher les accusés de dénoncer les
violations graves du droit international humanitaire commises à leur
encontre.
Le verdict sans surprise est tombé le 19 juillet dernier à l’encontre
des défenseurs des droits de l’homme et militants sahraouis emprisonnés
depuis bientôt sept ans pour leur implication présumée dans la mort de
onze agents de sécurité marocains lors du démantèlement du camp de
protestation sahraoui de Gdeim Izik en 2010 : lourdes peines
d’emprisonnement prononcées à l’issue d’un procès inéquitable marqué
notamment par la prise en compte d’aveux obtenus sous la torture. Seuls
deux des 21 accusés alors détenus ont vu leur peine réduite et ont ainsi
été libérés.
Traumatisés physiquement et psychologiquement par les tortures subies
après leur arrestation et par leur détention arbitraire, les
prisonniers détenus ensemble depuis sept ans réussissaient jusqu’à
présent à tenir en se soutenant les uns les autres. C’est pourquoi, non
contentes de les avoir condamnés, les autorités marocaines essayent
aujourd’hui de les affaiblir en les séparant et de les empêcher ce
faisant de se concerter sur la suite à donner à leur condamnation.
Leur transfert opéré soudainement dans la nuit du 15 au 16 septembre
s’est en outre accompagné de mesures punitives : confiscation de livres
et de vêtements, détention dans des quartiers pour criminels de droit
commun marocains, privation de soins médicaux, de lits, de couvertures,
etc.
Au moins huit d’entre eux sont entrés en grève de la faim pour
protester contre les violations du droit international humanitaire dont
ils sont victimes.
En tant que ressortissants du Sahara occidental occupé illégalement
par le Maroc depuis 1975, les prisonniers de Gdeim Izik sont des
personnes protégées par la quatrième Convention de Genève. Leur torture,
leur condamnation inéquitable et leur détention sur le territoire du
Maroc, puissance occupante, sont autant de violations graves du droit
international humanitaire pouvant être constitutives de crimes de
guerre.
Contexte
Le Sahara occidental, un territoire occupé
Le Sahara occidental est considéré par les Nations Unies comme un
territoire non autonome, occupé par le Maroc depuis 1975. Cette
occupation est illégale, le Maroc n’étant pas reconnu par les Nations
Unies comme la puissance administrante. Le droit international
humanitaire s’applique à ce territoire et fixe des règles impératives
pour la puissance occupante, parmi lesquelles l’interdiction de la
torture, l’obligation de respecter les droits de la défense et de
détenir et juger les Sahraouis dans le territoire occupé.
Jusqu’à présent et en violation des nombreuses résolutions de
l’Assemblée Générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies, le
Royaume du Maroc refuse de reconnaître au Sahara occidental le statut de
territoire non autonome. Au contraire, il a illégalement annexé le
territoire, le considérant comme une province marocaine.
La négation de l’occupation à tout prix
Le Maroc rejette l’application du droit international humanitaire sur
ce territoire, bien qu’il soit partie aux Conventions de Genève. Toute
référence à l’occupation marocaine expose son auteur à des poursuites
judiciaires et à des mesures de rétorsion pouvant aller jusqu’à la
torture.
Lors du dernier procès des accusés de Gdeim Izik devant la Cour
d’appel de Rabat de janvier à juillet 2017, les avocats français des
accusés ont tenté de contester la compétence de la Cour sur le fondement
du droit international humanitaire. Leur plaidoirie a été interrompue
au bout de quelques minutes. Ils ont finalement été destitués d’office
par la Cour le 16 mai et les deux avocates françaises présentes dans la
salle d’audience ce jour-là en ont été expulsées dans la violence.
Source de l’Appel urgent : Victimes
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