Salma Refass, chargée de recherche pour le projet
MoM Maroc, et Ali Amar, directeur de la publication du Desk lors de la
présentation des résultats de l’étude Media Ownership Monitor Maroc à
Casablanca, le 17 novembre. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK
Par La rédaction, 20/11/2017
Depuis l’érosion du monopole d’Etat sur les médias,
l’ouverture du secteur audiovisuel aux opérateurs privés en 2005 et avec
la montée en puissance des médias en ligne, le marché médiatique
marocain a gagné en taille et en complexité. Alors que l’Etat reste très
présent dans le secteur, la famille royale et les visages principaux de
l’économie marocaine y jouent également un rôle prépondérant.
Une enquête réalisée par Le Desk et l’organisation
internationale Reporters sans frontières (RSF), révèle qui sont les
acteurs majeurs du secteur, mais également leurs liens d’intérêt. Les
conclusions de ce travail, intitulé Media Ownership Monitor Maroc (Radioscopie des propriétaires des médias au Maroc), ainsi que la première base de données sur les médias au Maroc, sont accessibles au public sur http://maroc.mom-rsf.org/fr/– un site Internet trilingue (français, arabe et anglais), qui a été lancé à Casablanca le 17 novembre.
D’après les résultats du MOM, 9 des 36 entreprises médiatiques
affiliées aux médias les plus influents du pays sont directement ou
indirectement liés à l’Etat, le gouvernement ou la famille royale.
Quatre d’entre elles – SOREAD, SNRT, EcoMedias et Horizon Press – font
partie des entreprises médiatiques les plus importantes du pays en
termes de revenus, soulignant une influence potentielle de propriétaires
affiliés politiquement dans le secteur. La famille royale est un des
acteurs incontournable de l’industrie médiatique : sa holding Société
Nationale d’Investissement (SNI) apparaît dans le tour de table de
quatre entreprises. Trois d’entre elles figurent parmi les cinq
entreprises les plus importantes du secteur médiatique (SOREAD,
EcoMedias et Radio Méditerranée Internationale).
L’une des principales questions soulevées par les résultats du MOM
est l’insistance de figures du monde économique et financier à investir
dans des journaux qui ne font pas de profit. Ainsi, cinq des neuf
publications francophones étudiées par le MOM (Aujourd’hui Le Maroc, La Vie Eco, Les Inspirations Eco, La Nouvelle Tribune et l’Economiste)
comptent dans leur tour de table les hommes d’affaires parmi les plus
fortunés du pays. Deux d’entre eux, Aziz Akhannouch et Moulay Hafid
Elalamy, sont également des ministres en exercice.
Pour la première fois au Maroc, le paysage médiatique marocain et ses imbrications avec les centres de pouvoir sont détaillés.
Le Media Ownership Monitor’ (MOM) en montre les visages et les
connexions, ainsi que le poids de la publicité – aux circuits toujours
opaques – dans le financement de certains médias. Elle met également en
lumière certains manquements dans le système de mesures d’audience.
La télévision sous emprise de l’Etat en majorité la propriété des médias en ligne la plus fragmentée
« Cette étude confirme que diversité et pluralisme ne sont pas synonymes », a déclaré Ali Amar, le directeur de publication du Desk, qui a supervisé la recherche. « Pour
la première fois, une cartographie globale de l’écosystème des médias
marocains qui comptent est établie. Elle confirme la tendance
inquiétante à la constitution d’un cartel d’intérêts communs au
carrefour du politique et du monde des affaires, préjudiciable au
pluralisme et donc à l’indépendance de la presse. »
L’enquête du MOM, qui a demandé trois mois de recherche, s’est
focalisée sur 46 médias et les 36 entreprises qui les détiennent. Elle
révèle qu’il existe un type de propriétaire pour chaque support
(télévision, radio, presse écrite et presse numérique). Ainsi, l’Etat
est-il le propriétaire principal du secteur de la télévision, aux côtés
de la famille royale et de l’un des hommes d’affaires les plus fortunés.
Si le secteur de la radio est dominé par l’Etat, il est plus éclaté en
termes de propriété, composé de plusieurs plus petites entreprises qui
ont émergé ces dix dernières années.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire