Pages

samedi 25 novembre 2017

Que dévoile l’enquête du Desk et de RSF sur les médias marocains ?

 

 Par

Depuis l’érosion du monopole d’Etat sur les médias, l’ouverture du secteur audiovisuel aux opérateurs privés en 2005 et avec la montée en puissance des médias en ligne, le marché médiatique marocain a gagné en taille et en complexité. Alors que l’Etat reste très présent dans le secteur, la famille royale et les visages principaux de l’économie marocaine y jouent également un rôle prépondérant.
 
Une enquête réalisée par Le Desk et l’organisation internationale Reporters sans frontières (RSF), révèle qui sont les acteurs majeurs du secteur, mais également leurs liens d’intérêt. Les conclusions de ce travail, intitulé Media Ownership Monitor Maroc (Radioscopie des propriétaires des médias au Maroc), ainsi que la première base de données sur les médias au Maroc, sont accessibles au public sur http://maroc.mom-rsf.org/fr/–  un site Internet trilingue (français, arabe et anglais), qui a été lancé à Casablanca le 17 novembre.

D’après les résultats du MOM, 9 des 36 entreprises médiatiques affiliées aux médias les plus influents du pays sont directement ou indirectement liés à l’Etat, le gouvernement ou la famille royale. Quatre d’entre elles – SOREAD, SNRT, EcoMedias et Horizon Press – font partie des entreprises médiatiques les plus importantes du pays en termes de revenus, soulignant une influence potentielle de propriétaires affiliés politiquement dans le secteur. La famille royale est un des acteurs incontournable de l’industrie médiatique : sa holding Société Nationale d’Investissement (SNI) apparaît dans le tour de table de quatre entreprises. Trois d’entre elles figurent parmi les cinq entreprises les plus importantes du secteur médiatique (SOREAD, EcoMedias et Radio Méditerranée Internationale).

L’une des principales questions soulevées par les résultats du MOM est l’insistance de figures du monde économique et financier à investir dans des journaux qui ne font pas de profit. Ainsi, cinq des neuf publications francophones étudiées par le MOM (Aujourd’hui Le Maroc, La Vie Eco, Les Inspirations Eco, La Nouvelle Tribune et l’Economiste) comptent dans leur tour de table les hommes d’affaires parmi les plus fortunés du pays. Deux d’entre eux, Aziz Akhannouch et Moulay Hafid Elalamy, sont également des ministres en exercice.


Pour la première fois au Maroc, le paysage médiatique marocain et ses imbrications avec les centres de pouvoir sont détaillés. Le Media Ownership Monitor’ (MOM) en montre les visages et les connexions, ainsi que le poids de la publicité – aux circuits toujours opaques –  dans le financement de certains médias. Elle met également en lumière certains manquements dans le système de mesures d’audience.

La télévision sous emprise de l’Etat en majorité  la propriété des médias en ligne la plus fragmentée
« Cette étude confirme que diversité et pluralisme ne sont pas synonymes », a déclaré Ali Amar, le directeur de publication du Desk, qui a supervisé la recherche. « Pour la première fois, une cartographie globale de l’écosystème des médias marocains qui comptent est établie. Elle confirme la tendance inquiétante à la constitution d’un cartel d’intérêts communs au carrefour du politique et du monde des affaires, préjudiciable au pluralisme et donc à l’indépendance de la presse. »

L’enquête du MOM, qui a demandé trois mois de recherche, s’est focalisée sur 46 médias et les 36 entreprises qui les détiennent. Elle révèle qu’il existe un type de propriétaire pour chaque support (télévision, radio, presse écrite et presse numérique). Ainsi, l’Etat est-il le propriétaire principal du secteur de la télévision, aux côtés de la famille royale et de l’un des hommes d’affaires les plus fortunés. Si le secteur de la radio est dominé par l’Etat, il est plus éclaté en termes de propriété, composé de plusieurs plus petites entreprises qui ont émergé ces dix dernières années. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire