Des histoires de torture, de disparitions douloureuses
ont marqué les auditions publiques organisées par “L’Instance créée pour
l’occasion : Équité et Réconciliation”. Un “nouveau souffle” a été
lancé depuis le 7 janvier 2004.
Après 17 ans de cette dite “expérience exceptionnelle”, devrions-nous
parler de l’échec de l'IER?
Des centaines de victimes marocaines ont pu témoigner sur l’époque de torture et
de disparition forcée menée par Hassan II (1961-1999) grâce au "nouveau
testament" déclaré par son fils et actuel roi du Maroc, Mohamed VI. L’objectif ?
“Tourner la page noire” qui fut le slogan politique officiel du fils.
Des histoires de torture, de disparition douloureuses ont marqué les
auditions publiques organisées par "l’Instance créé pour l’occasion :
Équité et Réconciliation" (IER).
Le Maroc a décidé fin 2003 de dépasser "les années de plomb", une
période dure marquée par la torture sous le règne de Hassan II. C’est
pourquoi, le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (aujourd’hui le
Conseil National des Droits de l’Homme – CNDH), avait organisé des
séances d’audition publiques “où les victimes de ces années sont appelées à témoigner sur leurs souffrances”. Pour les organisateurs des auditions, “il s’agit de ne pas juger, mais de rétablir la vérité pour se réconcilier”.
Aucune sanction à part un dédommagement financier
Hassan II roi du Maroc © @internet
Comme l’a expliqué Driss Benzekri, le président de l’Instance d’Équité et de Réconciliation – IER, à Human Rights Watch, organisation internationale des droits de l’Homme en 2004, l’IER “reste une instance consultative et nulle part dans ses textes de référence,
il n’est fait obligation à l’État d’appliquer ou même de considérer
sérieusement ses recommandations. Le seul domaine où les actions de
l’IER sont contraignantes pour l’État est celui de l’indemnisation des
victimes”.
Le rapport de l’IER,
relatif à la réparation des préjudices, relève que des milliers de
victimes recevront des indemnités et de restitutions et de réparations
supplémentaires. Mohamed Neshnash, le président de l’Organisation
Marocaine des Droit de l’Homme, une institution indépendante, avait
déclaré en 2007 que quelque 60 000 victimes, un chiffre étonnamment
élevé, est ressorti des deux processus engagés par la Commission
d’arbitrage et l’IER.
Selon un rapport de la Fédération Internationale des droits de l’Homme (FIDH) publié en 2015, “cette
instance (IER) avait pour objet d’établir un bilan des violations
graves des droits de l’Homme au Maroc de l’Indépendance à la mort du Roi
Hassan II (1999), de proposer des réparations aux victimes et de
formuler des recommandations en vue de garantir par la mise en œuvre des
réformes institutionnelles la non-répétition des violations graves des
droits de l’Homme”.
Audition publiques : Une vérité partielle ?
Driss El Yazami,
figure de l’IER et président actuel de la CNDH, était l’invité
d’honneur du débat “sagesse et vérité” organisé à Lille le 19 novembre
2017 par CITÉPHILO,
aux côtés de Barbara Cassin, Élisabeth Claverie et Danièle Wozny. EL
Yazami a déclaré que “le rôle de l’IER était de recréer une communauté
politique et d’obtenir les garanties de non-répétition de ces violations
graves des droits humains’’. Pour lui, c’est exactement ‘’le sens de la
réconciliation’’. Le travail de recueil des témoignages des victimes,
selon El Yazami, dévoile une mémoire. ‘’L’IER est un outil de transition
de citoyenneté au début de citoyenneté’’ confirme-t-il.
Une condition imposée était de ne pas nommer personnellement les responsables mais seulement des institutions. “Les témoins ont tous respecté cette condition”, a précisé le président du CCND.
De l’Afrique du Sud au Maroc : des tentatives de réconciliation nationale
Interpellée
par la différence entre la commission “vérité et réconciliation” en
Afrique du sud et la commission “équité et réconciliation” au Maroc, la
philosophe Barbara Cassin, Présidente du Conseil d’Administration du
Collège International de Philosophie, a déclaré, en réponse à El Yazami,
“que dans le cas du Maroc, il est impossible de dévoiler la vérité
jusqu’au bout, puisque les responsables ne sont pas nommés”.
En 2010, l’IER a remis son rapport final incluant des recommandations
centrales en matière de promotion de la démocratie, de l’État de droit
et du respect des droits humains. Selon Amnesty International, autre
organisation internationale de défense des droits de l’Homme, “les
autorités marocaines procèdent à une vague massive d’arrestations,
visant de nombreux activistes, journalistes et blogueurs, dont Hamid El Mahdaoui”.
lire la suite : https://blogs.mediapart.fr/samad-ait-aicha/blog/291217/maroc-l-echec-de-l-equite-et-de-la-reconciliation-retour-des-annees-de-plomb
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