Narjis Rerhaye (A Rabat)9/5/2018
Des établissements de protection sociale dont plus de la moitié
vivent avec moins de 6 dirhams par jour, ont une capacité d’accueil
insuffisante et de grandes difficultés financières. Au Maroc, les
institutions de protection sociale qui accueillent personnes en
situation de précarité et/ou de handicap, enfants abandonnés, hommes
et femmes âgés ont le plus grand mal à remplir leur mission. C’est ce
que révèle un rapport de la cour des comptes que préside l’ancien
premier ministre Driss Jettou, rendu public mardi 8 mai.
Le constat des juges de la transparence est accablant. Presque un
tiers de ces institutions de protection sociale (23%) « exercent leurs
activités avec des flux effectifs des bénéficiaires qui dépassent leurs
capacités d’accueil" avec des dépassements allant de 6 à 800% indique le
rapport de la cour des comptes. Les 246 établissements de protection
sociale passés à la loupe par les juges de Jettou ont une capacité
d’accueil de moins de 30 000 personnes alors que les listes d’attente
n’en finissent pas de s’allonger. 36% de ces institutions sont censées
prendre en charge les enfants abandonnés ou en situation difficile. 24%
accueillent les personnes handicapées alors que 14% doivent assurer la
prise en charge des personnes âgées et 9% les femmes en situation
difficile.
Une moisson d’informations accablantes recueillies par les
auditeurs de la cour des comptes et qui devraient sérieusement donner à
réfléchir aux décideurs marocains . L’on apprend par exemple que les
dépenses annuelles de nutrition par bénéficiaire ne dépassent pas 2000
dirhams par an, soit moins de 6 dirhams par jour. Un chiffre qui
concerne 60% des institutions sociales et qui arrive à 8000 dirhams par
an, soit 21,9 dirhams par jour pour seulement 3% environ d’entre elles.
Autre information fournie par le rapport de cette institution
constitutionnelle, 27% des établissements de protection sociale ont bien
du mal à mener à bien leur mission éducative et 13% ont tout
simplement des difficultés à remplir leur mission.
Le rapport des magistrats pointe un doigt accusateur sur ces "54%
des établissements qui ne respectent pas les conditions exigées de
sécurité, notamment en raison du manque des moyens d’extinction de feux
et de l’absence des issues de secours". Les pensionnaires en situation
de handicap de 45% des établissements visités par les juges de la cour
des comptes "n'offrent pas les accessibilités et les moyens requis à
même de faciliter leurs déplacements". Quant au chauffage, il n’est plus
qu’une utopie inaccessible dans 30% de ces établissements. Il faut
enfin savoir que 23% des établissements fonctionnent sans directeur
alors 17% des directeurs en exercice ne remplissent pas les conditions
légales comme par exemple le diplôme exigé.
Ces institutions sociales qui relèvent du ministère de la famille
et du développement social vivent principalement des donations des
particuliers qui constituent 50% de leur source de financement sachant
que les subventions publiques représentent 37%.
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