Poète, romancier et alpiniste, Erri de
Luca est aussi une figure de la scène publique italienne, ancien
militant d’extrême gauche, opposant aux grands travaux et aujourd’hui
contempteur de la politique anti-migrants déployée par le gouvernement.
Erri de Luca |
Vous avez critiqué, à plusieurs occasions, la pente prise par la
politique italienne depuis le gouvernement de coalition entre la Ligue
du Nord et le Mouvement Cinq Étoiles. Quel est votre
sentiment aujourd’hui ?
Erri de Luca : Un sentiment nouveau, un sentiment politique que je ne connaissais pas, alors que j’en ai connu de très nombreux, qui est le dégoût. Il se concentre sur le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, mais concerne l’ensemble du gouvernement, issu de l’invention d’une coalition qui n’existait pas avant les élections et qui n’a pu être mise sur pied qu’en trahissant les promesses de campagne et en forçant abusivement les données électorales. La Ligue du Nord faisait partie d’une coalition de droite avec deux autres partis qui ont été éliminés et sont passés dans l’opposition.
C’est donc une coalition fragile, de partis qui ne font que continuer la campagne électorale qui leur a permis d’accéder – très provisoirement – au pouvoir. Même eux sont conscients que, dans un futur proche, les électeurs devront être rappelés aux urnes, d’autant qu’il est probable que la Ligue favorise un tel scénario parce qu’elle a le vent en poupe dans les sondages.
Comment se fait-il que Matteo Salvini soit celui qui donne le ton de la politique transalpine, davantage que le président du conseil Giuseppe Conte ou Luigi Di Maio, appartenant tous deux au Mouvement Cinq Étoiles, arrivé largement en tête aux élections de mars ?
En intransigeance sur les questions migratoires qui sont devenues le centre de la politique italienne, alors que ce devrait être un sujet secondaire. Il n’y a aucune « invasion », comme on l’entend. Le contraire est vrai. Plus de cinq millions d’Italiens sont enregistrés à l’étranger, sans compter tous ceux qui vivent hors des frontières sans être enregistrés officiellement. Celles et ceux qui veulent s’installer en Italie ne représentent même pas la moitié de ce chiffre. Cette prétendue invasion n’est qu’une comptine pour enfants, juste bonne à effrayer les gens qui aiment se faire peur. Je viens d’une époque où le courage était obligatoire, et aujourd’hui je vis une époque où la peur est devenue obligatoire. La peur est devenue un refuge.
Erri de Luca : Un sentiment nouveau, un sentiment politique que je ne connaissais pas, alors que j’en ai connu de très nombreux, qui est le dégoût. Il se concentre sur le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, mais concerne l’ensemble du gouvernement, issu de l’invention d’une coalition qui n’existait pas avant les élections et qui n’a pu être mise sur pied qu’en trahissant les promesses de campagne et en forçant abusivement les données électorales. La Ligue du Nord faisait partie d’une coalition de droite avec deux autres partis qui ont été éliminés et sont passés dans l’opposition.
C’est donc une coalition fragile, de partis qui ne font que continuer la campagne électorale qui leur a permis d’accéder – très provisoirement – au pouvoir. Même eux sont conscients que, dans un futur proche, les électeurs devront être rappelés aux urnes, d’autant qu’il est probable que la Ligue favorise un tel scénario parce qu’elle a le vent en poupe dans les sondages.
Comment se fait-il que Matteo Salvini soit celui qui donne le ton de la politique transalpine, davantage que le président du conseil Giuseppe Conte ou Luigi Di Maio, appartenant tous deux au Mouvement Cinq Étoiles, arrivé largement en tête aux élections de mars ?
En intransigeance sur les questions migratoires qui sont devenues le centre de la politique italienne, alors que ce devrait être un sujet secondaire. Il n’y a aucune « invasion », comme on l’entend. Le contraire est vrai. Plus de cinq millions d’Italiens sont enregistrés à l’étranger, sans compter tous ceux qui vivent hors des frontières sans être enregistrés officiellement. Celles et ceux qui veulent s’installer en Italie ne représentent même pas la moitié de ce chiffre. Cette prétendue invasion n’est qu’une comptine pour enfants, juste bonne à effrayer les gens qui aiment se faire peur. Je viens d’une époque où le courage était obligatoire, et aujourd’hui je vis une époque où la peur est devenue obligatoire. La peur est devenue un refuge.
Si
vous êtes dans votre maison et que vous entendez un bruit suspect,
est-ce que vous vous cachez sous votre lit ou est-ce que vous allez voir
ce qui se passe ? Une fois que vous avez vu que ce bruit suspect est le
produit de causes accidentelles qui ne remettent pas en question les
fondations de votre maison, il devient possible de surmonter la peur, de
la ridiculiser.
Mais je vis dans un pays et une époque où les personnes qui ont peur
jouissent de ce sentiment et le transforment en haine et hostilité
envers les plus faibles. On parle du gouvernement italien comme ayant
une « ligne dure ». Mais les durs, ce sont ceux qui se battent contre
plus forts qu’eux. Ceux qui exhibent leur force contre les plus faibles
ne sont que des couards.
Vous aviez conclu l’une de vos interventions récentes à la télévision en affirmant que l’Italie est un pays de « personnes âgées, un pays tremblant, un pays qui a peur de son ombre. Nous sommes un pays de polichinelles qui ont peur des escargots »…
L’Italie est le pays plus vieux du monde après le Japon, et la jeunesse italienne, qui constitue déjà une petite minorité de la population, s’exile à l’étranger. On voit rarement des femmes enceintes dans la rue. Les quelques fois où on entend pleurer un bébé sur un marché, tout le monde se retourne. Quant à l’histoire de Polichinelle, c’est une expression napolitaine qui rappelle qu’il incarne le summum de la couardise, capable de s’épouvanter face à un escargot déployant ses antennes…
Êtes-vous surpris par la trajectoire du Mouvement Cinq Étoiles ?
Oui.
Il a beaucoup changé. Pour moi, le déclic de ce changement s’est
produit au printemps 2017, quand il a adhéré à la campagne de calomnies
visant les bénévoles qui secouraient les migrants, en les appelant les
« taxis de la mer » et en faisant confiance à une enquête judiciaire
accusant les bénévoles de collusion avec les trafiquants, qui n’a
strictement rien donné.
Depuis ce virage, le Mouvement Cinq Étoiles n’a cessé de se renier,
en trahissant ses promesses électorales, que ce soit sur la ligne à
grande vitesse Lyon-Turin, le gazoduc qui doit passer par les Pouilles
ou la situation qui empoisonne la ville de Tarente.
Avez-vous voté aux dernières élections ?
Non, je ne vote pas. Je suis dans l’attente de pouvoir voter pour quelqu’un, mais cela fait longtemps que j’attends et je suis dans le même cas que la moitié des électeurs italiens.
Le 8 juillet, vous aviez rappelé que la violence à l’égard des migrants avait été initiée en particulier par l’ancien ministre de l’intérieur italien, Marco Minniti, appartenant au Parti démocrate, en disant qu’il était « pire que Salvini. C’est lui qui a permis cette situation (…) et Salvini en profite »…
Minniti a conclu des accords avec une fraction libyenne aujourd’hui en déroute à laquelle il a donné plus de cinq millions d’euros venant des contribuables italiens. Il a participé à la campagne de diffamation et de calomnie contre les bénévoles qui font des sauvetages en mer. Quand, en avril 2017, j’étais avec un bateau de MSF en Méditerranée, il y avait une dizaine d’autres bateaux. Aujourd’hui, il n’y en a plus un seul ! [L’entretien a été réalisé vendredi. Ce week-end l’Aquarius a repris la mer – ndlr.] Je le tiens pour responsable des naufrages qui ont eu lieu. À propos de ce qui se passe aujourd’hui en Méditerranée, on peut parler de crimes de guerre en temps de paix.
Vous aviez conclu l’une de vos interventions récentes à la télévision en affirmant que l’Italie est un pays de « personnes âgées, un pays tremblant, un pays qui a peur de son ombre. Nous sommes un pays de polichinelles qui ont peur des escargots »…
L’Italie est le pays plus vieux du monde après le Japon, et la jeunesse italienne, qui constitue déjà une petite minorité de la population, s’exile à l’étranger. On voit rarement des femmes enceintes dans la rue. Les quelques fois où on entend pleurer un bébé sur un marché, tout le monde se retourne. Quant à l’histoire de Polichinelle, c’est une expression napolitaine qui rappelle qu’il incarne le summum de la couardise, capable de s’épouvanter face à un escargot déployant ses antennes…
Êtes-vous surpris par la trajectoire du Mouvement Cinq Étoiles ?
Le logo du M5S |
Avez-vous voté aux dernières élections ?
Non, je ne vote pas. Je suis dans l’attente de pouvoir voter pour quelqu’un, mais cela fait longtemps que j’attends et je suis dans le même cas que la moitié des électeurs italiens.
Le 8 juillet, vous aviez rappelé que la violence à l’égard des migrants avait été initiée en particulier par l’ancien ministre de l’intérieur italien, Marco Minniti, appartenant au Parti démocrate, en disant qu’il était « pire que Salvini. C’est lui qui a permis cette situation (…) et Salvini en profite »…
Minniti a conclu des accords avec une fraction libyenne aujourd’hui en déroute à laquelle il a donné plus de cinq millions d’euros venant des contribuables italiens. Il a participé à la campagne de diffamation et de calomnie contre les bénévoles qui font des sauvetages en mer. Quand, en avril 2017, j’étais avec un bateau de MSF en Méditerranée, il y avait une dizaine d’autres bateaux. Aujourd’hui, il n’y en a plus un seul ! [L’entretien a été réalisé vendredi. Ce week-end l’Aquarius a repris la mer – ndlr.] Je le tiens pour responsable des naufrages qui ont eu lieu. À propos de ce qui se passe aujourd’hui en Méditerranée, on peut parler de crimes de guerre en temps de paix.
Plus généralement, considérez-vous que ce sont les
sociaux-démocrates européens qui ont pavé la voie des nationalistes
d’Italie ou d’ailleurs ?
Ils sont responsables du fait d’avoir donné aux pays du sud de l’Europe l’entière responsabilité de la gestion des flux migratoires et de la mauvaise gestion des accords de Dublin. Il est évident que la plupart des gens qui arrivent en Italie ne veulent pas y rester, et passent les frontières par tous les moyens non officiels à leur disposition.
Je dis « non officiel », parce qu’il n’est pas ici question de « clandestins ». Un clandestin, c’est quelqu’un qui profite d’un moyen de transport sans payer le billet. Au contraire, les migrants qui parviennent à débarquer en Italie ont payé très cher chaque mètre de leur voyage. Ce sont des hôtes de passage. C’est le seul terme qui convient. Quand je me trouvais sur le bateau de MSF, les bénévoles qui recevaient à bord les personnes les accueillaient en disant « bienvenue à bord, vous êtes nos hôtes ».
On
connaît votre passion pour la montagne et votre pratique de
l’alpinisme, mais vous avez aussi beaucoup écrit sur la mer, par exemple
dans Histoire d’Irène. Que représente la Méditerranée pour vous ?
La Méditerranée se présente à moi comme elle se présentait à Homère,
c’est-à-dire une voie liquide, pas une frontière, un barrage ou une
fosse remplie de crocodiles. Pour nous, Italiens, la Méditerranée a été
la voie liquide de la civilisation. Nous avons reçu de la mer
l’astronomie, la philosophie, le théâtre, la poésie, les nombres et le
monothéisme ! Je suis originaire d’une ville, Naples, fondée par le
Grecs et pas par les Napolitains, donc la mer nous a aussi donné nos
villes.
Quant aux montagnes, elles sont pour moi des voies minérales solides, et non pas des obstacles. L’histoire de l’Italie est faite d’invasion à travers les Alpes. Même les éléphants d’Hannibal ont réussi à passer. Comment imaginer, alors, bloquer des migrants qui veulent les franchir depuis l’Italie ? En plaine, on peut mettre des barbelés, mais en montagne c’est impossible !
Je regarde les montagnes, la mer, la géographie telles qu’elles sont, pas comme les gouvernements européens qui veulent mystifier l’évidence. Je ne nie pas que les frontières peuvent avoir une certaine utilité, dessiner des divisions de compétences entre régions et nations. Mais une frontière n’est pas un barrage. Encore moins une frontière en montagne.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu’un État souverain est légitime à sécuriser ses frontières ?
Cela revient à dire qu’un État souverain est légitime à se protéger contre les tremblements de terre ou les orages. Protéger contre qui ? Des invasions ? On évoque avec ce terme des forces armées qui veulent occuper un pays. On ne peut pas l’employer pour des personnes désarmées qui arrivent en petits groupes, avec des femmes et des enfants. Il n’y a rien à sécuriser contre ça.
Matteo Salvini balaie les reproches en affirmant que la politique migratoire est la même des deux côtés des Alpes. Est-ce votre avis ?
En France, le Conseil constitutionnel a affirmé qu’il n’était pas illégal d’aider autrui à titre humanitaire et a supprimé le délit de solidarité. C’est une question éthique, où la France a fait honneur à son histoire. Quand Salvini affirme ce genre de choses, alors que sa politique est comparable à celle de Viktor Orbán [chef du gouvernement hongrois – ndlr], c’est une des nombreuses boutades dont est coutumier notre provisoire ministre de l’intérieur. C’est une négation de l’évidence, ce qu’on peut considérer comme le dernier stade de l’alcoolisme, quand vous êtes complètement ivre et que vous niez l’être. Sachant que l’avant-dernier stade de l’alcoolisme consiste à entonner des chants patriotiques en pleine rue…
Dans Le Plus et le moins,
vous évoquez votre plongée dans les archives d’Ellis Island en citant
notamment le témoignage d’un Méridional italien, qui raconte : « On
m’avait dit qu’à New York les rues étaient pavées d’or. Quand je suis
arrivé, j’ai aussitôt vu trois choses. La première, qu’il n’y avait pas
d’or dans les rues ; la deuxième, qu’elles n’étaient même pas pavées ;
la troisième, que c’était moi qui devrais les paver. » Est-ce une
parabole qui pourrait encore fonctionner, ou celles et ceux qui migrent
aujourd’hui ne partent plus avec les mêmes illusions ?
C’est une histoire ancienne. Aujourd’hui, les migrants savent très
bien que c’est à eux d’amener l’or, et ils ne débarquent pas du bateau
sans savoir où aller. Ils ont des adresses dans la poche, ils se
débrouillent pour rejoindre des proches déjà installés sur place et
savent très bien qu’ils seront mal accueillis et risquent de mourir sur
la route.
Que peuvent faire les citoyens et les intellectuels pour entraver, ou saboter pour reprendre le mot présent dans votre ouvrage La Parole contraire, des politiques iniques ?
Les
citoyens peuvent faire beaucoup de choses publiques et politiques, et
le font déjà. On entend Salvini dans les médias, mais il existe beaucoup
de luttes et de résistances aujourd’hui en Italie. Les écrivains et les
intellectuels, quant à eux, peuvent s’exposer individuellement et se
faire insulter et menacer par cette majorité provisoire qui n’est que
provisoire.
Ils sont responsables du fait d’avoir donné aux pays du sud de l’Europe l’entière responsabilité de la gestion des flux migratoires et de la mauvaise gestion des accords de Dublin. Il est évident que la plupart des gens qui arrivent en Italie ne veulent pas y rester, et passent les frontières par tous les moyens non officiels à leur disposition.
Je dis « non officiel », parce qu’il n’est pas ici question de « clandestins ». Un clandestin, c’est quelqu’un qui profite d’un moyen de transport sans payer le billet. Au contraire, les migrants qui parviennent à débarquer en Italie ont payé très cher chaque mètre de leur voyage. Ce sont des hôtes de passage. C’est le seul terme qui convient. Quand je me trouvais sur le bateau de MSF, les bénévoles qui recevaient à bord les personnes les accueillaient en disant « bienvenue à bord, vous êtes nos hôtes ».
Quant aux montagnes, elles sont pour moi des voies minérales solides, et non pas des obstacles. L’histoire de l’Italie est faite d’invasion à travers les Alpes. Même les éléphants d’Hannibal ont réussi à passer. Comment imaginer, alors, bloquer des migrants qui veulent les franchir depuis l’Italie ? En plaine, on peut mettre des barbelés, mais en montagne c’est impossible !
Je regarde les montagnes, la mer, la géographie telles qu’elles sont, pas comme les gouvernements européens qui veulent mystifier l’évidence. Je ne nie pas que les frontières peuvent avoir une certaine utilité, dessiner des divisions de compétences entre régions et nations. Mais une frontière n’est pas un barrage. Encore moins une frontière en montagne.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu’un État souverain est légitime à sécuriser ses frontières ?
Cela revient à dire qu’un État souverain est légitime à se protéger contre les tremblements de terre ou les orages. Protéger contre qui ? Des invasions ? On évoque avec ce terme des forces armées qui veulent occuper un pays. On ne peut pas l’employer pour des personnes désarmées qui arrivent en petits groupes, avec des femmes et des enfants. Il n’y a rien à sécuriser contre ça.
Matteo Salvini balaie les reproches en affirmant que la politique migratoire est la même des deux côtés des Alpes. Est-ce votre avis ?
En France, le Conseil constitutionnel a affirmé qu’il n’était pas illégal d’aider autrui à titre humanitaire et a supprimé le délit de solidarité. C’est une question éthique, où la France a fait honneur à son histoire. Quand Salvini affirme ce genre de choses, alors que sa politique est comparable à celle de Viktor Orbán [chef du gouvernement hongrois – ndlr], c’est une des nombreuses boutades dont est coutumier notre provisoire ministre de l’intérieur. C’est une négation de l’évidence, ce qu’on peut considérer comme le dernier stade de l’alcoolisme, quand vous êtes complètement ivre et que vous niez l’être. Sachant que l’avant-dernier stade de l’alcoolisme consiste à entonner des chants patriotiques en pleine rue…
Que peuvent faire les citoyens et les intellectuels pour entraver, ou saboter pour reprendre le mot présent dans votre ouvrage La Parole contraire, des politiques iniques ?
Dans Le Plus et le moins, vous racontez comment vous vous
êtes détaché de votre ville d’origine, Naples, en montant dans un train
sans billet retour. Est-ce que vous êtes aujourd’hui tenté de prendre un
nouveau billet simple pour un autre pays ?
Pas du tout. Un poète de Sarajevo avec lequel j’étais ami, qui est resté dans sa ville pendant les années de siège, en refusant de profiter des invitations à l’étranger qui lui avaient été faites, m’a expliqué que sa responsabilité était de partager la situation de son peuple et d’encourager la résistance par sa présence et sa parole.
Pourquoi aviez-vous pris position en faveur de la décision du président de la République italien lorsqu’il s’était opposé à la nomination d’un ministre de l’économie issu du Mouvement Cinq Étoiles et opposé à l’euro ?
Il avait le droit et raison de faire ça. Si nous étions sortis de l’euro, nous aurions été dans une situation pire que l’Argentine, dans une crise aussi continue que profonde. Si l’Italie s’écroule, elle entraînera avec elle tout le système politique européen.
Jugez-vous que les politiques économiques européennes sont aussi responsables de la montée des nationalismes ?
Pour moi, on n’a pas besoin de moins d’Europe, mais de plus d’Europe, en lui donnant un nouvel élan, ce qui serait possible si un nombre plus restreint de nations imbriquaient davantage leurs institutions et élevaient leur niveau d’intégration.
La France et l’Allemagne ont cette responsabilité de donner un signal dans cette direction. Aujourd’hui, l’Europe est trop nombreuse et paralysée. La garder telle quelle est impossible, cela donne des arguments aux forces qui veulent la voir affaiblie et déchirée, que ce soit en Russie ou aux États-Unis.
https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170918/erri-de-luca...
Pas du tout. Un poète de Sarajevo avec lequel j’étais ami, qui est resté dans sa ville pendant les années de siège, en refusant de profiter des invitations à l’étranger qui lui avaient été faites, m’a expliqué que sa responsabilité était de partager la situation de son peuple et d’encourager la résistance par sa présence et sa parole.
Pourquoi aviez-vous pris position en faveur de la décision du président de la République italien lorsqu’il s’était opposé à la nomination d’un ministre de l’économie issu du Mouvement Cinq Étoiles et opposé à l’euro ?
Il avait le droit et raison de faire ça. Si nous étions sortis de l’euro, nous aurions été dans une situation pire que l’Argentine, dans une crise aussi continue que profonde. Si l’Italie s’écroule, elle entraînera avec elle tout le système politique européen.
Jugez-vous que les politiques économiques européennes sont aussi responsables de la montée des nationalismes ?
Pour moi, on n’a pas besoin de moins d’Europe, mais de plus d’Europe, en lui donnant un nouvel élan, ce qui serait possible si un nombre plus restreint de nations imbriquaient davantage leurs institutions et élevaient leur niveau d’intégration.
La France et l’Allemagne ont cette responsabilité de donner un signal dans cette direction. Aujourd’hui, l’Europe est trop nombreuse et paralysée. La garder telle quelle est impossible, cela donne des arguments aux forces qui veulent la voir affaiblie et déchirée, que ce soit en Russie ou aux États-Unis.
https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170918/erri-de-luca...
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