vendredi 4 janvier 2019

Le Maroc plus grande prison pour détenus politiques en Afrique



détenus politiques
Depuis 2017, des éléments du mouvement Hirak sont détenus au Maroc. D. R.
Par Sadek Sahraoui – 

Le Maroc, qu’une partie de la presse française s’évertue à présenter comme un modèle de démocratie et un  exemple à suivre en Afrique, a terminé l’année 2018 avec un sinistre record, celui de détenir dans ses geôles moyenâgeuses le plus grand nombre de détenus politiques du continent. Dans ce pays, le nombre de détenus et de personnes poursuivies en raison de leurs opinions a atteint les 1 020. Le chiffre est ahurissant. Dans ce domaine, le Maroc peut s’enorgueillir de rivaliser avec la Birmanie ou l’Erythrée. Cette triste réalité a d’ailleurs été rappelée récemment par le président de la Ligue marocaine des droits  de l’Homme (AMDH), Ahmed El Haij. Seulement, le Makhzen a tout fait pour que réalité ne se sache pas.
Ce triste bilan, auquel il faut ajouter les graves exactions commises par le Makhzen au Sahara Occidental occupé et les dizaines de détenus politiques sahraouis, a fait dire à Ahmed El Haij que le Maroc connait une «régression patente des droits humains» et que la répression est monnaie courante. Dans son rapport couvrant 2017 et une partie de 2018, l’AMDH soutient que «la répression a touché de nombreux mouvements sociaux, particulièrement le Hirak du Rif», dans le nord du Maroc.
Les mouvements de protestation sociale se sont, rappelle-t-on, multipliés ces deux dernières années dans des régions marocaines déshéritées pour dénoncer la pauvreté, le régionalisme et la corruption. Le plus important, appelé Hirak, a agité en 2016-2017 la région du Rif. Ses meneurs ont d’ailleurs été arrêtés et condamnés en juin à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.
 Évoquant une «augmentation considérable du nombre de détenus politiques», le président de l’AMDH, Ahmed El Haij, confirme lui aussi le chiffre de 1 020 prisonniers politiques et regrette que «face à une crise sociale, l’Etat a choisi d’adopter une approche sécuritaire». Dans son bilan, l’AMDH avait déploré par ailleurs le «faible engagement» de l’État dans la lutte contre la torture, et s’inquiète d’une «recrudescence des violations systématiques du droit d’organisation, de création d’associations et de manifestation pacifique». Voilà de quoi est réellement fait le royaume vertueux que se complaisent à décrire les journalistes français dont le Makhzen graisse régulièrement la patte.
S. S.

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