En
plein soulèvement contre le système Bouteflika en Algérie et à trois
jours de la deuxième table ronde sur le Sahara Occidental convoquée par
l’ONU à Genève, un représentant de la société civile sahraouie répond à
trois questions de Franceinfo Afrique.
Alors que le monde a
les yeux braqués sur le mouvement de contestation qui secoue l’Algérie
depuis le 22 février 2019, le Maroc et le mouvement indépendantiste du
Front Polisario ont les leurs rivés sur les conséquences qu'un
changement pourrait avoir sur la situation au Sahara Occidental.
Source de conflits entre l’Algérie et le Maroc, depuis la marche verte lancée
en 1975 par le roi Hassan II et l’émergence du mouvement
indépendantiste du Front Polisario soutenu par le pouvoir algérien, ce
territoire contesté est un véritable casse-tête pour les Nations Unies.
Le
Maroc rejette toute autre solution qu'une autonomie sous souveraineté
marocaine, alors que le Front Polisario, qui a proclamé depuis l'exil
dans le sud algérien une République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD)
en 1976, réclame un référendum d'autodétermination.
L’émissaire personnel du secrétaire général de l'ONU, Horst Kohler, a convoqué les parties au conflit pour une deuxième table ronde les 21 et 22 mars 2019 à Genève en vue de renouer les discussions, au point mort depuis 2012.
Le président du comité Action et réflexion pour l’avenir du Sahara occidental,
Najem Sidi, favorable au combat du Front Polisario pour l’indépendance,
livre les premières réflexions sahraouies sur la situation.
Franceinfo Afrique : Avez-vous été surpris par le soulèvement actuel en Algérie et quel regard portez-vous dessus?
Najem Sidi : Ce
qui se passe en Algérie ne nous a pas surpris, ni étonné la plupart des
observateurs de la vie politique algérienne, preuve de la vitalité de
la vie démocratique dans ce pays ami. C’est une question interne
algérienne.
Cependant, nous sommes impressionnés par le caractère
pacifique et bon enfant des manifestations, et leur déroulement en bon
ordre. Ce qui est rare dans notre région. Les Algériens ont eu le
courage, le civisme et la responsabilité d’organiser ces manifestations.
Il n’y a pas eu de répression ni de heurts. Par contre, si les
Marocains avaient organisé de telles manifestations, ils auraient été
réprimés et tabassés, comme ce fut le cas pour les militants du Rif, au
nord du Maroc.
Craignez-vous qu'il y ait des conséquences à terme sur l'avenir de votre mouvement et de la RASD?
La
position officielle de l'Algérie sur la question du Sahara Occidental
est une position de principe, cohérente, découlant des constantes de la
lutte de libération algérienne. Les récents développements en Algérie
ont montré que les manifestants croyaient, dur comme fer, aux principes
de la révolution du 1er novembre. Ce qui signifie qu'il n'y aurait aucun
changement dans la position algérienne sur la question du Sahara
Occidental. Celle-ci est considérée comme une question de décolonisation
inscrite sur les listes des Nations Unies. L’Algérie soutient la cause
sahraouie conformément aux valeurs et principes fondateurs de la lutte
du peuple algérien pour son émancipation.
Ce soutien indéfectible
n’est pas l'affaire de tel ou tel homme. Le président Boumedienne est
parti, El Ouali, leader du Front Polisario, est parti. Notre mouvement a
continué d'exister car émanant de la volonté d’un peuple. Il faut
retenir que le combat que nous menons bénéficiera toujours de l'appui
solidaire du peuple algérien, car dirigé contre la violation des droits
des peuples.
Quel peut être votre plan B, si comme l’écrit l’auteur marocainTahar Ben Jelloun dans le 360, "le Polisario est dans les bagages de Bouteflika"?
Le
Maroc, qui siège à côté de la République sahraouie à l’Union africaine,
devrait réfléchir à la reconnaissance de la République sahraouie. C’est
ça, le plan "B". Depuis longtemps, l’écrivain marocain, thuriféraire du
régime expansionniste et oppressif, chantre de l'occupation illégale du
Sahara Occidental, souhaite dans une diatribe la disparition du Front
Polisario, pourtant unique et légitime représentant du peuple sahraoui.
Le
Front Polisario est là, représentant d’un peuple aspirant à la liberté.
Il est affligeant qu'un écrivain comme Ben Jelloun piétine les
principes les plus élémentaires des droits humains, dont celui sacré de
l'autodétermination des peuples. Et la France, qui a une influence
importante dans la région, qui est de surcroît amie du Maroc, pourrait
et doit contribuer à la recherche d’une solution juste et pacifique.
Donc la France doit s'acquitter d'un rôle plus actif marqué de
neutralité et plus équilibré pour l'avènement de la paix, de la
stabilité et de la coopération dans la région et entre ces peuples.
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