Depuis le début du mouvement, près de 2 000 Gilets Jaunes ont été condamnés par la justice et 40% d’entre eux ont écopés de peines de prison ferme. Une sévérité inédite pour des prévenus au casier bien souvent vierge.


Manifestation Gilet Jaune à Besançon, Bourgogne Franche-Comté.
Manifestation Gilet Jaune à Besançon, Bourgogne Franche-Comté. © Radio France / Sylvain Prégaldiny
Qu’elle soit policière, judiciaire ou administrative, la répression qui touche le mouvement des Gilets Jaunes est d’une ampleur inédite. Moins visible que les violences policières, le traitement judiciaire réservé à ceux qui se sont retrouvés, bien souvent pour la première fois, devant les tribunaux marque une volonté affichée de « faire des exemples »
Car si les magistrats sont indépendants, les consignes de fermeté du gouvernement ont largement été suivies : 40% des Gilets jaunes déférés devant la justice, la plupart du temps au cours de procédures expéditives de comparutions immédiates, ont écopés de peines de prison ferme (soit 800 personnes, selon les chiffres du parquet communiqués fin mars 2019), et 313 mandats de dépôts ont été prononcés, pour des peines qui, selon les dispositions prévues par le Code pénal, seraient normalement aménagées. Ce qui conduit le Syndicat des Avocats de France (SAF) à dénoncer une justice d’exception, devenue le bras armé du maintien de l’ordre.
À Besançon, Frédéric Vuillaume et sa famille ont subi un véritable acharnement, multipliant gardes à vue, perquisition, contrôle judiciaire et prison ferme. Militant de longue date, Fréderic est l’un des piliers de la contestation à Besançon et participe au mouvement des Gilets jaunes depuis le début. Jamais il n’avait connu une telle répression auparavant. 
Frédéric Vuillaume et son beau fils.
Frédéric Vuillaume et son beau fils. © Radio France / Charlotte Perry
 

Une répression qui touche non seulement les Gilets Jaunes, mais aussi plus largement tous les militants et opposants, qui, comme le souligne la chercheuse Vanessa Codaccioni, spécialiste de la répression, sont assimilés soit à des terroristes soit à des criminels, non seulement dans les mots mais aussi dans les logiques répressives et les peines mises en œuvre.
« Dans notre pays », constate Jean Marie Delarue, président du Conseil National des Droits de l’Homme, « les libertés publiques sont en très mauvais état ».
Un reportage de Charlotte Perry.

Pour aller plus loin

Vanessa Codaccioni "L'Etat contre les contestations politiques" (Textuel)
Le dossier de Bastamag "Le mouvement des Gilets Jaunes face à la justice"
TRIBUNE. Une soixantaine d'avocats dénoncent les "dérives" dans le traitement judiciaire des "gilets jaunes"