“Le Maroc et la France sont les premiers responsables de la
souffrance de notre peuple ! Respectez nos droits et libérez nos
prisonniers !” chantent aujourd’hui les Sahraouis sur la place de
la République. Environ deux cents manifestants sont présents, drapés des
couleurs de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pour
dénoncer l’occupation de leur territoire par le gouvernement marocain.
“Nous réclamons notre indépendance sur la totalité du Sahara
Occidental. Le Maroc contrôle 80% de nos terres et de nos ressources,
avec la complicité de l’État français.” dénonce Mohammed Salem B, porte-parole du Collectif des Associations Sahraouies en France. “En cette journée internationale des Droits de l’Homme, nous demandons au monde de se rappeler de la lutte du peuple sahraoui” ajoute-t-il.
Le conflit entre le Sahara Occidental et le Maroc est une des plus
anciennes crises humanitaires au monde. Pour comprendre la situation, il
faut remonter à 1975 et au contexte de la décolonisation. L’Espagne,
grande puissance coloniale, se retire du territoire du Sahara Occidental
et signe des accords avec le Maroc et la Mauritanie afin de répartir le
territoire. En parallèle, le Front Polisario, un mouvement autochtone
en faveur de l’indépendance, proclame en 1976 la République arabe
sahraouie démocratique (RSAD). Trois ans plus tard, un accord de paix
est trouvé avec la Mauritanie, qui renonce à ses revendications
territoriales sur les terres sahraouies..
Le Maroc annexe alors la partie du territoire jusqu’alors concédée à la Mauritanie. Il construit une barrière de défense, le “mur marocain”,
dans les années 1980, afin de déjouer les raids du Polisario. Après un
enlisement progressif du conflit, le Maroc et le Front Polisario
acceptent un cessez-le-feu en septembre 1991. Depuis lors, la RSAD
contrôle la zone à l’est du mur, qui représente environ 20 % du Sahara
occidental, avec une population estimée à 30.000 personnes. Les
Sahraouis réclament un référendum d’autodétermination mais le
gouvernement marocain refuse toute négociation. La situation est dans
l’impasse totale.
“Le Maroc ne veut rien entendre car il profite de nos ressources
naturelles, spécialement dans les secteurs de la pêche, des tomates et
des richesses du sous-sol. Une grande partie de ce que la France achète
au Maroc vient du territoire sahraoui” explique Hassana Abba, militant du territoire occupé du Sahara Occidental.
Membre de l’Union Africaine et reconnue par de nombreux pays du
continent, la RSAD ne jouit pas de la reconnaissance officielle des
Nations Unies. D’après les manifestants présents aujourd’hui, le
gouvernement français en est le premier responsable.
“Toute l’Europe est complice mais la France se dresse
particulièrement contre nous car le Maroc est son allié historique.
C’est la France qui pose systématiquement son véto au Conseil de
Sécurité des Nations Unies et c’est la raison pour laquelle nous sommes à
Paris.” explique Mohammed Salem. La France refuse en effet
d’étendre les prérogatives de la MINURSO, la mission de l’ONU chargé de
la protection des droits de l’homme dans la zone occupée.
“Nous tenons à rappeler que nous nous battons contre le gouvernement, pas contre le peuple marocain qui est victime du même système. Ce sont nos frères, ce sont nos amis” précise Hassanna Abba
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter Le Dessous Des Cartes sur le conflit au Sahara Occidental :
Sebastien Dechamps
11 Déc 2019Bon papier, belles photos, bravo !
Solidmar : Fruits et tomates étiquetés Idyl, Azura, les Domaines et autres, vendus avec l'étiquette Maroc poussent au Sahara Occidental. Les Sahraouis mangent peu de crudités produits sur leur terre.