Le makhzen est prêt à tout pour avoir le soutien américain
à son entreprise de colonisation du Sahara occidental. Y compris
pactiser avec l’Etat hébreu. Le site d’information américain Axios
révèle à ce propos justement qu’Israël et les Etats-Unis ont discuté
d’un accord trilatéral qui verrait les Etats-Unis reconnaître la
souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
En contrepartie, le Maroc a fait comprendre de son côté à Tel-Aviv et à Washington qu’il n’aurait aucun problème à normaliser ses relations avec Israël. Autrement dit, Rabat accepte aussi de lâcher sans scrupules les Palestiniens.
La même source estime qu’il s’agirait là d’«un
accomplissement diplomatique majeur pour le roi du Maroc, Mohammed VI,
et un coup de pouce pour le Premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahu – qui obtiendrait ainsi la possibilité de se rendre
officiellement au Maroc dans ce contexte géopolitique ‘‘périlleux’’,
suite à la présentation par Washington de son ‘‘plan de paix’’ qui a
reçu un accueil négatif des Palestiniens et de la Ligue arabe, mais
moins tranché de la part de l’Arabie Saoudite, du Qatar et du Maroc». «Il pourrait également faire progresser l’objectif de l’administration Trump de rapprocher Israël et les États arabes», conjecture Axios, repris par le site marocain Le Desk.
Meir Ben-Shabbat à la manœuvre
Axios
ne dit cependant pas ce que Washington aurait véritablement à gagner en
soutenant un tel deal, surtout que les Américains essayent depuis
plusieurs années d’avoir des relations équilibrées avec l’Algérie et le
Maroc. Le site d’information américain reconnaît en revanche qu’il
s’agirait d’«une mesure très controversée qui va à l’encontre du consensus international», compte tenu du fait que le territoire est considéré comme «non autonome» par les Nations unies et que sa résolution fait l’objet d’un processus politique complexe.
Axios avance que les contacts entre Netanyahu et les Marocains ont «commencé
à s’intensifier après une réunion secrète avec le ministre marocain des
Affaires étrangères, Nasser Bourita, en marge de l’Assemblée générale
des Nations unies en septembre 2018». Axios précise que cette
rencontre a été rendue possible grâce au contact établi entre Bourita et
le conseiller de Netanyahu pour la sécurité nationale, Meir
Ben-Shabbat, par Yariv Elbaz, homme d’affaires juif marocain et proche
collaborateur de Jared Kushner.
Axios, qui cite des sources israéliennes, soutient que «Ben-Shabbat
voulait utiliser les relations étroites d’Israël avec l’administration
Trump pour parvenir à une percée avec le Maroc». Il a, précise-t-on, «approché
les responsables de l’administration Trump et a proposé aux Etats-Unis
de soutenir la position marocaine sur une question sensible de sécurité
nationale – celle du Sahara occidental».
La
proposition d’un accord trilatéral a également été transmise aux
Marocains. Rabat l’a naturellement acceptée. Comment les Marocains
auraient-ils pu dire non du moment qu’ils n’attendaient que cela ?
Mardi, le ministre marocain des Affaires étrangères a d’ailleurs martelé
devant les membres de la Chambre des conseillers, qui lui reprochaient
son alignement prononcé sur le plan de paix de Trump, que «le Sahara reste la première cause du Maroc et non la Palestine». Et de les inviter à «ne pas être plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes».
L’insistance de Netanyahu
Axios
explique que Benyamin Netanyahu a essayé de faire avancer l’accord
avant les élections israéliennes d’avril 2019, mais il a été mis en
veilleuse lorsque les détails de la visite de Ben-Shabbat au Maroc ont
été divulgués. «Il a essayé de nouveau avant l’élection de septembre
2019, mais le conseiller à la sécurité nationale de l’époque, John
Bolton, un farouche opposant à la souveraineté marocaine sur le Sahara
occidental, a tué l’idée.»
La question est revenue
sur le tapis en novembre, avant la visite du secrétaire d’Etat Pompeo
au Maroc. Rien n’en est sorti pendant que Pompeo était à Rabat, conclut
Axios. On explique à ce propos que le chef de la diplomatie américaine
n’avait pas pu rencontrer Mohammed VI, qui se trouvait au Gabon, avaient
rapporté des sources diplomatiques occidentales. Est-ce vraiment la
bonne explication ?
Un «observateur avisé de la scène moyen-orientale», auquel le site marocain Le Desk donne la parole, estime que «si
l’information a tout pour être solide venant d’un média très introduit à
Washington, cela ne veut pas dire que ce plan se mettra en œuvre».
Il
faut croire que la proposition a fini effectivement par tomber à l’eau
puisque des sources sahraouies indiquent que l’administration américaine
a rejeté récemment une demande marocaine de fermer la représentation du
Front Polisario à Washington et d’ouvrir un consulat dans la ville
occupée de Laâyoune, en échange du soutien du Maroc à ce que l’on
appelle «l’accord du siècle».
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