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samedi 21 novembre 2020

Comment le Maroc en est arrivé à rompre le cessez le feu à l’endroit où les Sahraouis manifestaient pacifiquement chez eux le dans la région du Guerguerat


IMAGE ET SON
Date de publication sur Tlaxcala : 14/11/2020
Original: Inhofe speaks on the U.S. Senate floor about Western Sahara
Traductions disponibles : Español 






Jim Inhofe

Traduit par  Jacques Boutard
Edité par  Fausto Giudice Фаусто Джудиче اوستو جيوديشي

 

Le 10 novembre 2020, le sénateur Républicain de l’Oklahoma Jim Inhofe a parlé de la lutte au Sahara occidental devant le Sénat des USA.

La semaine dernière, pendant que le monde attendait les résultats de notre élection présidentielle, un événement très grave avait lieu à l'autre bout du monde, au Sahara occidental.

C’est ce moment précis que le Maroc a choisi – sans doute exprès – pour menacer d’écraser des Sahraouis qui protestaient dans leur propre pays.

Ça a l’air simple, mais il faut se rappeler comment on en est arrivé là, et pourquoi le statut du peuple sahraoui est toujours en question, et ce que nous devons faire pour atteindre une solution durable.

Voici comment on en est arrivé là : lors de la décolonisation de l’Afrique occidentale, le Sahara occidental a clairement déclaré son indépendance en tant que nation, malgré les tentatives du Maroc pour revendiquer son territoire.

En 1966, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur d’un référendum d’autodétermination. L’Espagne, le Maroc et tous les autres ont donné leur accord pour qu’il ait lieu en 1975.

L’autodétermination consiste simplement à laisser le peuple sahraoui libre de son choix, c’est à dire lui reconnaître le droit de décider lui-même s’il veut être indépendant ou faire partie du Maroc.

Ce n’était que la première promesse de référendum. Jusqu’ici, aucune promesse n’a été tenue.

Deuxième promesse : dans un arrêt de 1975, la Cour internationale de Justice a statué que le Maroc n’avait pas souveraineté sur ce pays et qu’un référendum  d’autodétermination devait être organisé.                                                           

Le Maroc a maintenu sa revendication illégale sur le Sahara occidental et a essayé d’annexer le territoire par la force après la décolonisation.

 Le Sahara occidental, officiellement la République arabe sahraouie démocratique, RASD, a défendu ses droits et sa terre par l’intermédiaire du Front Polisario.

Après plus d’une décennie de violence de la part du Maroc, les Nations Unies sont finalement intervenues en 1991 et les deux parties ont convenu d’un cessez-le-feu.

Le « plan de règlement » de 1991 contenait l’accord du Maroc et du Sahara occidental de tenir un référendum et créait la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental).

C’était la troisième promesse de référendum. Et il faut noter que les Nations unies réaffirment régulièrement leur engagement de 1991 de tenir un référendum d’autodétermination.

Le référendum prévu pour 1992 n’a jamais eu lieu et le processus est au point mort, bien que le cessez-le-feu ait été respecté, le Maroc ayant refusé de respecter ses engagements.

L’ancien secrétaire d’État James Baker a fait une nouvelle tentative en 1997. Désigné envoyé personnel au Sahara occidental du secrétaire général de l’ONU, Baker a travaillé sur plusieurs projets avec le Maroc et le Sahara occidental.

Le plus notable – appelé Accord de Houston  – a été signé par le Maroc et le  Sahara occidental,  renouvelant l’engagement de tenir un référendum d’autodétermination en 1998 – pour la quatrième fois.

Pressentant sa défaite à ce scrutin, le Maroc a fait échouer les négociations dès l’année suivante en déclarant qu’il n’accepterait jamais un référendum prévoyant l’indépendance, après avoir promis le contraire pendant des années.

On a parlé d’un « conflit gelé » – qui ne débouche sur aucun résultat. Mais comme on ne constate aucun conflit actif, il est facile pour le reste du monde de l’oublier.

Les termes « conflit gelé » donnent l’impression qu’il s’agit de quelque chose d’inoffensif, alors que ce n’est pas du tout le cas en réalité.

Des dizaines de milliers de Sahraouis] vivent dans des camps de réfugiés, principalement à Tindouf, en Algérie. Ils ont été chassés de chez eux en attendant une issue à leur situation.

Permettre l’enlisement de ce processus a coûté la liberté de toute une génération.

J’ai souvent visité ces camps – la dernière fois en 2019 – et j’y ai clairement vu leur détermination et leur espérance..

Non content de nier au peuple sahraoui son droit à la liberté et à l’autodétermination, le gouvernement du Maroc cherche à voler et à piller autant qu’il est possible de cette terre qu’il revendique à tort.

Il vole ses ressources naturelles, en exploitant illégalement ses ressources minières, particulièrement le phosphate. Il  pratique également la pêche illégale dans les eaux territoriales du Sahara occidental.

Et que fait le Maroc de ces richesses ? Il paie des millions de dollars chaque année à des lobbyistes de Washington. Dans quel but ? Convaincre le monde de son innocence et diaboliser le peuple sahraoui.

Les Marocains croient qu’ils peuvent attendre jusqu’à ce que le reste du monde se désintéresse de la question. Ils veulent nous faire oublier les droits humains des Sahraouis.

Ils savent qu’un « conflit gelé » leur profite et nuit à la cause de l’indépendance. Ils savent aussi qu’ils peuvent repousser les limites du tolérable.

Voilà comment nous en sommes arrivés à ce point – à l’endroit où, il y a juste quelques semaines, le peuple sahraoui manifestait pacifiquement dans la région du Guerguerat.

Comme on le voit clairement sur la carte, Guerguerat est situé au sud-ouest, entre la Mauritanie et le Sahara occidental, loin de la frontière avec le Maroc.

Mais, de façon répétée, le Maroc a tenté d’utiliser une route de cette région pour transporter des marchandises en violation de l’accord de cessez-le-feu de l’ONU.

C’est contre cette utilisation illégale de leur territoire que les Sahraouis protestaient de manière pacifique.

Plutôt que de reconnaître leur droit de manifester, le Maroc a de nouveau appelé aux armes et menace d’écraser ces protestations légitimes.

Le roi Mohammed VI du Maroc a encore déclaré ce weekend : « Le Maroc ne changera pas de position. » Des rapports inquiétants nous parviennent, selon lesquels il envoie aussi des forces armées dans la région, un signe manifeste d’escalade.

Ce problème n’est pas nouveau. Cela fait trop longtemps que le Maroc exploite la question de Guerguerat.

C’est inquiétant pour deux raisons.

La première est simple : le Maroc envenime encore une fois la situation pour revendiquer toujours plus de territoires et de ressources sur lesquels il n’a aucun droit légitime, ce qu’il sait parfaitement.

En 2017, les USA encourageaient l’ONU à envoyer une équipe technique à Guerguerat. Le Sahara occidental était heureux de l’accueillir. Le Maroc l’a bloquée car il ne voulait pas être dévoilé.

La seconde [raison] est que personne d’autre – dans le monde entier – ne sonne l’alarme.

Où sont les Nations unies ? Elles sont responsables de l’application de l’accord de cessez-le feu de 1991, et pourtant elles sont aux abonnés absents, tolérant silencieusement les abus du Maroc depuis des années.

C’est pourquoi il est temps de sortir de ce « conflit gelé » et d’obliger le Maroc à respecter l’accord qu’il a passé il y a près de trente ans et à tenir ce référendum.

Pas dans un an, pas dans trois ans – il faut prendre des mesures pour que ce référendum se tienne dès maintenant.

Le Maroc envenime la situation et, si on le laisse faire, il continuera à l’envenimer. Le résultat serait inévitable. Nous risquerions de retourner à l’époque du conflit ouvert.

L’ONU doit se montrer ferme et faire appliquer son accord, et le monde doit montrer que nous sommes tous prêts à défendre nos valeurs de liberté et de démocratie, en étendant ces valeurs aux Sahraouis. Ils attendent depuis assez longtemps.

Tout le monde est d’accord. Nous avons avec nous l’Organisation de l’unité africaine, dont 55 États sont membres.

Nous avons la majorité de l’Union européenne, qui soutient les efforts des Nations Unies. La Cour européenne de justice a également arrêté que le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc et qu’aucun accord économique européen ne peut s’appliquer au Sahara occidental.

Ainsi, le reste du monde est de notre côté. Qui est du côté du Maroc ? Des lobbyistes rémunérés.

Parmi les lobbyistes payés par le Maroc, on trouve : JPC Strategies, Thirdcircle, Neale Creek – chacun recevant un million de dollars par an en moyenne.

Je l’ai dit clairement lorsque j’ai témoigné devant un comité de la Chambre en 2005. Cette question s’est enlisée parce qu’il n’y a pas d’argent de notre côté. Le Maroc a tout.

Voici donc ce que nous devons faire en travaillant à organiser un référendum : les Nations unies doivent envoyer une équipe à Guerguerat pour confirmer que le Maroc viole l’accord.

Ensuite, et c’est le point essentiel, l’accord de cessez-le feu de 1991 doit être appliqué. Cela rétablira la confiance mutuelle de toutes les parties afin de faire de réels progrès sur la voie d’un référendum d’autodétermination.

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_21691.jpg





Merci à Tlaxcala
Source: https://www.inhofe.senate.gov/newsroom/press-releases/inhofe-speaks-on-the-senate-floor-about-western-sahara
Date de parution de l'article original: 10/11/2020
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=30083

 

Libellés: Jim InhofeGuergueratSahara occidental occupéOccupation marocaineRéférendum d'autodéterminationMINURSOSénat USA
 

 

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