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dimanche 3 janvier 2021

Un journaliste brûle son passeport marocain en direct

PUSL.-Le 18 décembre, M. Mohamed Radi Ellili, journaliste sahraoui, ayant obtenu l’asile politique en France, a diffusé en direct sur Facebook la mise en feu de son passeport marocain.


Tous les Sahraouis vivants dans les territoires occupés du Sahara Occidental, ou au Maroc sont tenus d’avoir la nationalité marocaine, se voyant refuser leur propre nationalité.


Durant les dernières années et au cours de divers conflits internes marocains, des vidéos dans lesquelles des citoyens marocains ont incendié leurs passeports ont été diffusées. C’est un acte extrême pour exprimer le rejet du pouvoir féodal de Mohamed VI soutenu par le redoutable Makhzen[1]. Ces Vidéos n’ont jamais été diffusées dans la presse européenne, qui semble être l’éternelle alliée du royaume autoritaire marocain. Ce régime dictatorial responsable de graves violations des droits de l’homme, contre son peuple et l’occupation violente et illégale du Sahara Occidental et la répression des citoyens sahraouis.

Le dernier passeport marocain brulé en public est celui du journaliste sahraoui Mohamed Radi Ellili, qui a obtenu l’asile politique en France en 2018.

Cette décision de Radi Ellili a été prise après la grande campagne de diffamation et de harcèlement menée ces derniers mois par le Makhzen contre lui et sa famille immédiate, qui réside toujours dans les territoires occupés du Sahara Occidental et au sud du Maroc.

L’Etat marocain à travers la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN), la Direction générale de la surveillance territoriale (DGST) et la Direction générale des études et de la documentation (DGED) ont déposé des plaintes contre des personnes résidant à l’étranger, dont Mohamed Radi Ellili, accusé, selon un communiqué conjoint des trois institutions, au parquet du Tribunal de première instance de Rabat pour “insulte à des fonctionnaires durant l’exercice de leurs missions” et “outrage aux organes constitués”, ainsi que des “plaintes calomnieuses”, «crimes fictifs» et «divulgation de fausses allégations et faits» et, enfin, «diffamation».

Ellili, qui est le premier sur la liste des accusés selon la presse marocaine, a rapporté et commenté quotidiennement sur sa page Facebook les événements au Maroc et au Sahara Occidental occupé, atteignant des centaines de milliers de vus dans les deux territoires et dans la diaspora.

Le 13 novembre 2020, deux hommes apparaissant en tant qu’équipe de réparation sont arrivés au domicile familial d’Ellili, où résident sa femme et ses quatre enfants. Ces personnes ont commencé à filmer et à se disputer avec la femme d’Ellili. Bien que l’épouse d’Ellili ait porté plainte auprès des autorités marocaines, l’affaire n’a pas fait l’objet d’une enquête.

Le 16 novembre, les images ont été publiées sur youtube.

Le 15 décembre 2020, un groupe de 4 hommes, prétendument des policiers, s’est rendu au domicile de la mère d’Ellili dans la ville de Guelmim dans le sud du Maroc, mais selon Ellili, il s’agissait d’individus liés au Makhzen.

La mère, une femme âgée diabétique et sans vision, a laissé entrer ce groupe, qui comprenait également un jeune sahraoui (Sid Ahmed Bayrouk), qui est au service du Ministère de l’intérieur marocain. L’équipe a commencé à interroger la mère d’Ellili, sur les opinions politiques de son fils, son opinion sur le régime Mohamed VI, sur le Sahara occidental, sa vie privée et sa famille directe. Tout cela s’est passé sans aucune précaution de sécurité par rapport à Covid. L ‘”interview” a été enregistrée sans autorisation et publiée deux jours plus tard en ligne et les jours suivants, d’autres vidéos ont été publiées portant atteinte à la dignité de la famille.

A travers tous ces tournages et approches et même menaces des membres de la famille de Radi Ellili, Le Makhzen essaye de faire taire ce journaliste, qui depuis Paris n’a cessé de dénoncer les crimes commis par l’Etat marocain, sans s’arrêter même après la plainte déposée auprès du tribunal de Rabat.

La famille d’Ellili a besoin de protection, mais elle est totalement à la merci des actions du Makhzen à cause de l’absence totale d’indépendance judiciaire au Maroc, les menaces restent totalement impunies.

Qui est Radi Ellili

Radi Ellili a travaillé pendant plus d’une décennie pour le compte des médias marocains au Maroc et à l’étranger, a animé des émissions télévisées publiques marocaines aux heures de grande écoute avec plus de 4.000.000 de téléspectateurs quotidiens. Il est le seul journaliste qui a été honoré pour n’avoir jamais accepté de pots-de-vin, une affaire sui generis qui a fait couler beaucoup d’encre au Maroc. Bien qu’ayant étudié et travaillé au Maroc, il n’a jamais cessé d’être sahraoui, explique, le cousin de plusieurs anciens prisonniers politiques, il a choisi d’essayer de vivre et de poursuivre sa carrière de la meilleure façon possible.

Après la manifestation pacifique de Gdeim Izik[1], la chaîne de télévision d’État où Ellili travaillait a commencé un harcèlement de travail qui «déguisait» le harcèlement politique, Ellili dit qu’il n’a jamais accepté de mentir et de diffuser la propagande lancée dans les jours qui ont suivi le démantèlement du camp de Gdeim Izik.

Le gel des salaires n’était que l’un des moyens qui a frappé le journaliste jusqu’à sa libération.

Ellili a entamé une «tournée» d’entretiens et de débats dans lesquels il a dénoncé sa situation, plus de 57 au Maroc et aussi à l’étranger, jusqu’à ce qu’il se rende en France et et demande l’asile politique. Déjà en sécurité, à Paris, il a donné plusieurs interviews, dénoncé le règne de terreur de Mohamed VI et la vraie situation vécue tant au Maroc qu’au Sahara occidental, chose impensable s’il était au Maroc. Ces dénonciations ont conduit le Maroc à travers ses “agents” à recourir à la divulgation de calomnies et de diffamations à un niveau personnel en utilisant des cas sexuels inventés, une manière connue et récurrente d’agir contre quiconque ose dénoncer le vrai visage du régime marocain.

Quelques jours après l’obtention de l’asile, les médias marocains ont rapporté que la “faute” de la “persécution” d’Ellili devait être attribuée au directeur de la chaîne de télévision, une manœuvre claire et manipulatrice du régime Mohamed VI pour détourner l’attention et “secouer” l’eau du manteau “mettant le blâme loin du palais et faisant ainsi une autre victime du régime, cette fois-ci le directeur. Le gel des salaires ne peut être dicté que par l’État dans une institution étatique où les ordres proviennent du ministère qui émet les paiements. La décision de la Cour française a porté un coup dur au Maroc, surtout que la France est son plus grand allié dans la grande promulgation du «Maroc démocratique et développé» ce qui lui a permis de bénéficier de dizaines de millions de soutien de l’Union européenne pour le développement des droits de l’homme.

[1] Makhzen – le véritable État marocain – processus et systèmes archaïques et traditionnels du système politique et de la monarchie, qui incluent, entre autres, le pouvoir de décision des conseillers du roi et des hauts fonctionnaires nommés par lui et qui contrôlent tout au Maroc.

[2] Camp de protestation pacifique qui a rassemblé des dizaines de milliers de Sahraouis à la périphérie d’El Aaiun dans les territoires occupés, qui pendant un mois ont revendiqué leurs droits sociaux, économiques et politiques. Le camp a été brutalement démantelé le 8 novembre 2010, des centaines de personnes ont été arrêtées et de torturées par les autorités d’occupation marocaines.

Source : PUSL, 1 jan 2021


 

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