Regardons les choses en face: les triomphes écrasants du début des années 2000 n’étaient en réalité que des semi-victoires.
Dans l’ombre de ce qui semblait être une révolution tranquille, nous
avons trouvé de petites évolutions au goût amer. Entre impatience et
ambition, nous sommes-nous réjouis trop vite? Non, parce qu’entre les
lignes du nouveau Code de la famille, nous avons lu que le changement
était possible, que le meilleur était à venir. Ce n’est que des années
plus tard que les prémices de l’insatisfaction nous sont parvenues,
lorsque dysfonctionnements, incohérences et injustices ont commencé à
émerger au gré des coups de marteau dans les tribunaux.
Dix-sept ans plus tard, nous tombons de haut.
Les responsables politiques les plus vaillants ont tenté d’amorcer de
légers amendements, mais ont été freinés par des barrières invisibles.
Pendant ce temps, des femmes ont continué à se donner la mort parce
qu’elles préfèrent mourir plutôt que de vivre le calvaire d’une mère
célibataire guettée par la prison, et des enfants ont continué à
arpenter les rues faute d’avoir eu droit à un état civil à la naissance.
L’urgence de la réforme réside dans le fait que le texte de loi ne
correspond pas à notre réalité sociale.
Que l’on accepte de le voir ou pas, nous avons changé.
Les Marocaines ont changé. Nos attentes ont évolué. Jusqu’à quand
continuera-t-on à nous dire que la réforme du Code de la famille n’est
pas une priorité parmi tous les dossiers empilés sur les tables des
commissions parlementaires ? Tant qu’on ne le décidera pas, il n’y aura
jamais de bon moment pour faire des droits des femmes et des enfants une
priorité. Le changement fait toujours grincer des dents. Dans son
essence même, il est amené à brusquer les esprits. Et surtout, il
n’arrive jamais lorsque l’on se repose sur des lauriers datant d’il y a
plus de dix-sept ans.
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