Netanyahou admet qu’Israël arme des gangs et des membres de clans tribaux à Gaza pour contrer l’influence du Hamas, et de nouvelles preuves montrent qu’Israël les utilise pour piller l’aide et mettre en œuvre son plan de déplacement de la population. En réponse, le gouvernement du Hamas a mis en place l’Unité Flèche [Wahdat Sahm سهم وحدة].
Traduit par Fausto Giudice, TlaxcalaFaris Giacaman est le directeur éditorial du site ouèbe Mondoweiss pour la Palestine.
Tareq S. Hajjaj est le correspondant de Mondoweiss à Gaza et membre de l’Union des écrivains palestiniens. @Tareqshajjaj.
L’armée
israélienne arme des gangs pour combattre le Hamas à Gaza, a confirmé le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. Cette révélation
intervient après qu’un député israélien de droite, Avigdor Lieberman, a accusé
hier, sur la chaîne publique israélienne Kan, Netanyahou d’armer un gang de
centaines d’hommes à Rafah pour faire contrepoids à l’influence du Hamas dans
la bande de Gaza. Le bureau du Premier ministre a répondu en déclarant qu’il combattait le groupe de
résistance palestinien « de diverses manières, sur la recommandation de
tous les chefs des services de sécurité ».
Plus tard, Netanyahou a officiellement confirmé les informations dans une vidéo : « Sur les conseils des responsables de la sécurité, nous avons activé les clans de Gaza qui s’opposent au Hamas », a déclaré le Premier ministre israélien. « Qu’y a-t-il de mal à cela ? Cela ne fait que sauver la vie de soldats israéliens ».
« Rendre ça public ne profite qu’au Hamas, mais Lieberman s’en fout », a ajouté Netanyahou.
Parmi ces groupes, un gang armé dirigé par un homme nommé Yasser Abou Shabab, un voleur et trafiquant de drogue de Rafah qui a dirigé des groupes de centaines d’hommes armés dans le pillage des convois d’aide au cours de la seconde moitié de 2024. Issu de l’influent clan bédouin Tarabine, qui s’étend sur le sud de Gaza, le Sinaï et le désert du Naqab/Néguev, Abou Shabab a été décrit par les médias israéliens comme étant une bande armée « liée à Daech », probablement en raison de l’implication d’Abou Shabab dans les réseaux de trafic de drogue entre Gaza et le Sinaï, dans lesquels Daech a été impliqué.
Aujourd’hui, Israël admet ouvertement qu’il soutient et arme le groupe d’Abou Shabab, ce qui revient à admettre ouvertement qu’il a soutenu le pillage de l’aide alimentaire destinée à la population affamée de Gaza.
Cette
politique fait suite à une campagne israélienne systématique d’assassinat des
fonctionnaires du gouvernement du Hamas visant à provoquer un effondrement
social à Gaza et à y semer le chaos et l’anarchie. L’armée israélienne a
délibérément pris pour cible les fonctionnaires du ministère de l’intérieur,
les forces de police et les services de sécurité afin de créer un vide qui sera
ensuite comblé par des pillards armés comme le groupe d’Abou Shabab, comme l’a récemment rapporté Mondoweiss.
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a directement admis cette politique le mois dernier, se vantant que « nous éliminons les ministres, les bureaucrates, les gestionnaires d’argent, tous ceux qui permettent au Hamas de gouverner ».
Le Hamas tente de lutter contre cette politique israélienne depuis la fin de l’année 2024, lorsque le ministère de l’intérieur de Gaza a créé une unité spéciale composée de policiers en civil et de volontaires chargés de traquer les pillards et de tenter de rétablir l’ordre dans les rues de Gaza. L’unité du Hamas, qui se fait appeler « l’Unité Sahm » ou « la Force Sahm « , a été réactivée lors de la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas après l’effondrement du cessez-le-feu à la mi-mars.
Mondoweiss s’est entretenu avec plusieurs membres de l’Unité Sahm, ainsi qu’avec une source de sécurité de haut niveau au sein de la résistance, qui ont détaillé les efforts continus du Hamas pour combattre les groupes armés mandataires d’Israël dans la bande de Gaza. Mondoweiss s’est également entretenu avec les chefs de plusieurs clans tribaux de Gaza au sujet des tentatives d’Israël d’exploiter le vide sécuritaire qu’il a créé en soutenant les chefs de clans comme alternative au pouvoir du Hamas.
Comment l’Unité Sahm traque les voleurs et les collaborateurs
L’unité Sahm a été créée il y a plus d’un an, en mars 2024, lorsque le phénomène de pillage par des bandes armées a commencé à se répandre dans toute la bande de Gaza. L’unité a commencé par former des groupes informels de jeunes hommes vêtus de noir et au visage couvert, qui se déployaient dans des lieux publics chaotiques tels que les files d’attente des boulangeries, les distributeurs automatiques de billets et les marchés. Les rapports à l’époque les décrivaient en train d’arrêter des voleurs présumés et de les battre sévèrement sur les places de marché, proclamant publiquement qu’il s’agissait là de la punition infligée aux pillards.
Au fil des mois, les membres de la Force Sahm ont commencé à se montrer par dizaines dans les rues de Gaza, organisant des files d’attente dans les lieux publics. Ils semblaient suivre un chef qui était apparemment un officier de police.
Selon les membres de l’unité Sahm, l’anarchie est devenue endémique à Gaza après que la police a été contrainte à la clandestinité suite au ciblage par Israël de ses officiers chargés d’escorter les convois d’aide. Cette situation a entraîné une détérioration rapide de la sécurité à Gaza, avec une flambée des prix sur les marchés et la propagation de querelles interfamiliales et de la « loi de la jungle », ont déclaré les membres de l’unité Sahm.
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