par Jawad Moustakbal, Middle East Eye, 21/7/2017
Original
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Les
déclarations sur « l’exception marocaine » pendant le Printemps arabe
sonnent creux à présent que se propagent les protestations contre des
politiques élitistes qui nient la dignité de la majorité
Le vendredi 28 octobre 2016, un incident tragique et fatal s’est produit dans la ville d’Al Hoceima,
dans le nord-est du Maroc, lorsqu’un agent de l’État a saisi les
marchandises de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson, et les a jetées
dans un camion à ordures. Lorsque le vendeur a grimpé désespérément dans
le camion pour récupérer son poisson, « un policier local a ordonné au
conducteur du camion-benne de démarrer le compacteur et de ‘’le broyer’’
», selon des militants et des témoins. Le camion a horriblement broyé
Fikri, causant sa mort.
Cette tragédie et les protestations qui l’ont suivie ont rappelé la vague de manifestations que le Maroc a connues au début du Mouvement du 20 février en 2011,
pendant le dit Printemps arabe. Elles ont incité les Marocains à
poursuivre leur lutte pour la dignité, la liberté et la justice sociale
et ont montré que le processus de transformation réelle au Maroc – et
plus largement en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest – n’est pas
encore terminé.
Davantage, le désir de changement a été contrarié
par les dirigeants et les élites depuis le départ. Ces élites voulaient
que ce « printemps » soit passager et celui-ci s’est vite transformé en
automne, écrasant les espoirs de tous ceux qui étaient descendus dans
les rues pour demander le respect de leur droit inaliénable à la dignité
et à la liberté.
« Nous
étions seulement au début d’un processus révolutionnaire de long terme
qui durera des années et des décennies », a déclaré Gilbert Achcar,
professeur d’études sur le développement et les relations
internationales à l’École d’études orientales et africaines (SOAS).
« Comme dans tout processus historique de ce genre, il y aura des hauts
et des bas, des révolutions et des contre-révolutions, des progrès et
des retours de manivelle ».
Des personnes en deuil portent le cercueil de Fikri dans la ville d’Al Hoceima, au nord du Maroc, le 30 octobre (Reuters)
Avec
la connivence de la plupart des élites politiques et intellectuelles,
les dirigeants se sont hâtés de promouvoir la soi-disant exception
marocaine comme la règle. Néanmoins, cette proclamation de stabilité a
été contredite par ces récents incidents et la mobilisation rapide et
conséquente qui a eu lieu dans plus de 40 villes du Maroc ces derniers
mois.
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