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Camp de Boujdour – « Nos terres sont belles »,
assure rêveuse Selembouha Dadi en évoquant le Sahara occidental qu’elle
n’a pourtant jamais vu, elle qui est née et a grandi dans les camps de
réfugiés sahraouis de l’ouest algérien.
Ces terres, une étendue désertique de 266.000 km2 bordant la côte
atlantique entre Mauritanie et Maroc, commencent pourtant à une
cinquantaine de km de là à peine, de l’autre côté de la frontière
algérienne et d’un « mur de défense » érigé dans les années 1980 par
Rabat.
Coupant le Sahara occidental sur 2.700 km du nord au sud, ce « mur »
de sable sépare la majorité du territoire sahraoui sous contrôle
marocain des 20 % gérés par les indépendantistes du Polisario.
« On m’a dit que c’était beau… J’ai vu des photos aussi », explique
la jeune femme, dans la maisonnette en ciment du camp de Boujdour, dans
la région algérienne de Tindouf (1.800 km d’Alger) où elle vit avec son
père, sa mère, un de ses cinq frères de 16 ans et sa soeur de 12 ans.
Son père, Moulay, a tout abandonné il y a 42 ans, fuyant l’arrivée
au « Sahara espagnol » des troupes marocaines, le Maroc et la Mauritanie
se partageant alors le territoire aux termes d’un accord avec le
colonisateur.
En 1979, Nouakchott a renoncé à ses revendications sur le Sahara
occidental, laissant Rabat prendre le contrôle de la quasi-totalité du
territoire.
Après avoir proclamé une République arabe sahraouie (RASD), le Front
polisario a lui, continué de combattre les troupes marocaines, jusqu’à
un cessez-le-feu en 1991 sous l’égide de l’ONU.
« Nous avions des animaux (…), nous nous déplacions » dans le
désert, se souvient Moulay Dadi, 72 ans, en servant le thé sous une
vaste tente traditionnelle plus fraîche que la maisonnette familiale
attenante et son toit en zinc.
A l’arrivée des Marocains, « nous nous sommes enfuis et nous avons
tout laissé derrière nous, nos animaux, nos biens, les maisons, tout »,
poursuit celui qui était un jeune homme de 30 ans quand il est arrivé à
Tindouf avec son épouse et ses parents, depuis décédés.
‘Quoi qu’on y trouve’
Issus d’une mosaïque de tribus nomades, arpentant depuis des siècles
les immensités sableuses du Sahara avec leurs dromadaires, environ
100.000 Sahraouis sont coincés depuis quatre décennies dans les camps
autour de Tindouf.
Celui de Boujdour –qui porte comme les autres camps le nom d’une
localité sahraouie contrôlée par le Maroc– est parsemé de maisonnettes
aux murs bruns ayant pris la couleur du sable d’un des déserts les plus
inhospitaliers au monde.
Celle de la famille Dadi se compose d’une vaste pièce servant de
salon, d’une petite salle à manger et d’une cuisine. La douche et les
toilettes sont dans une construction à l’extérieur.
Il y a de l’électricité par intermittence et pas d’eau courante. Des
camions passent régulièrement remplir une grande outre blanche dans
laquelle se sert la famille.
Comme Moulay Dadi, de nombreux Sahraouis ont monté une tente traditionnelle à côté de leur maison.
Les activités sont rares. Après la prière du matin, Selembouha Dadi
et sa mère, la soixantaine, s’occupent des tâches ménagères. La cadette
Mellah, 12 ans, part à l’école.
Parmi ses quatre frères ayant quitté le foyer, certains travaillent sur des chantiers, les autres sont dans l’armée de la RASD.
Les réfugiés vivent de l’aide internationale –notamment 10 millions
d’euros par an de l’Union européenne, malgré des accusations de
détournement contre le Polisario ces dernières années– et de l’argent de
parents exilés en Europe.
Certains ont monté des petits commerces dans les camps. D’autres
sont fonctionnaires de la RASD, dont l’administration siège dans le camp
de Rabouni, près de Tindouf.
Un référendum d’autodétermination prévu par l’accord de
cessez-le-feu de 1991 n’a jamais été mis en œuvre. Pour tenter de
sortir les négociations de l’impasse, un nouvel émissaire de l’ONU,
l’ancien président allemand Horst Koehler, a été nommé en mai. Il a
effectué sa première tournée dans la région le mois dernier.
Isolés depuis des décennies, loin des regards de l’opinion
internationale, de nombreux Sahraouis comme Selem Bouha Dadi veulent
continuer de croire qu’ils retrouveront un jour les terres de leurs
ancêtres.
« Nous prions tous les matins pour revenir sur nos terres, nous
voulons être indépendants, dit-elle. Nous voulons nos terres, quoi qu’on
y trouve là-bas. »
Surce AFP: Link
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