Par Le360 (avec MAP) le 02/04/2018
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Célébrée le 2 avril de chaque année, la Journée
mondiale de sensibilisation à l'autisme proclamée par l'ONU en 2008, se
veut une occasion pour sensibiliser sur cette maladie dont la nature est
toujours ignorée par les Marocains.
Cette journée est également une occasion d'établir le bilan des
expériences nationales et internationales qui traitent de la question de
l'autisme, et d'accompagner les nouveautés scientifiques et éducatives
liées à cette pathologie, ainsi que l'expérience accumulée par les
institutions publiques et les associations de la société civile
nationale pour améliorer la situation des personnes autistes et soutenir
leurs parents, à même de favoriser l'insertion de cette catégorie dans
son environnement éducatif et socio-économique.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'autisme, le
trouble autistique ou plus généralement les troubles du spectre
autistique regroupent un ensemble d’affections caractérisées par un
certain degré d’altération du comportement social, de la communication
et du langage, ainsi que par la modicité des centres d’intérêts et des
activités, qui sont spécifiques à la personne et répétitifs.
Une fois un trouble du spectre autistique repéré chez un enfant, il
est important pour celui-ci et sa famille de bénéficier d’informations
pertinentes, d’une orientation vers les services spécialisés et d’une
aide pratique en fonction de leurs besoins particuliers, estime l’OMS.
Les besoins des personnes atteintes de troubles du spectre autistique
en matière de santé sont complexes et exigent toute une gamme de
services intégrés (promotion de la santé, soins, services de
réadaptation et collaboration avec d’autres secteurs comme ceux de
l’éducation, de l’emploi et de l’action sociale), souligne la même
source.
Mise en place du plan autisme
Au niveau national, le ministère de la santé a conclu, conformément
au plan national relatif à la santé et le handicap 2015-2021, en
particulier l’axe relatif à l’amélioration de la prise en charge des
besoins des personnes en situation du handicap dont les autistes, un
partenariat avec le Collectif autisme Maroc pour organiser une session
de formation chaque année au profit de 120 bénéficiaires dont les
professionnels de la santé, les éducateurs relevant des associations et
aussi les familles des autistes.
Le ministère a également mis en place le plan autisme visant à
élaborer et actualiser régulièrement le corpus de connaissances sur
l’autisme et analyser les besoins des personnes atteintes, à améliorer
le niveau de formation des professionnels dans le domaine du dépistage
et la prise en charge précoce de l’autisme, à promouvoir une offre
d’accueil, de services et de soins cohérents et diversifiés, à assurer
une cohérence entre les politiques des départements institutionnels et
non institutionnels et élaborer un cadre juridique et éthique à
l’accompagnement des malades.
En outre, un projet relatif à la formation diplômante de formateurs
régionaux en matière de prise en charge des autistes est en cours de
préparation avec l’implication des parties prenantes, avec pour objectif
de diagnostiquer et intervenir d'une manière précoce en intégrant tous
les niveaux de soins, d'accompagner tout au long de la petite enfance
les autistes pour jouir d’un niveau de bien être optimal, de former
l’ensemble des acteurs sur les aspects du trouble et de promouvoir les
bonnes pratiques chez les professionnels de santé.
Dans ce sens, M’Hammed Sajidi, président de l’association "Vaincre
l’autisme", une des associations engagées dans le combat contre la
maladie a souligné dans une déclaration à la MAP que "les Marocains
ignorent toujours la nature de cette maladie, ainsi que la conduite à
tenir avec les enfants autistes".
Les familles des enfants atteints font souvent face à de nombreuses
difficultés liées au manque de médecins spécialisés et aux coûts élevés
du traitement, outre l'accompagnement de l’enfant autiste pour son
intégration sociale, a-t-il dit, notant que les parents luttent seuls
pour parvenir à apporter à leur enfant un minimum d’éducation et de
traitement.
Selon lui, le diagnostic de l’autisme n’est pas médical mais clinique
et c’est à travers l’observation des comportements de l’enfant que l’on
repère ces troubles autistiques.
Souvent les parents repèrent ces comportement mais leur premier
contact qui est le pédiatre ou le médecin généraliste ne les entend pas
parce qu’il n’est pas formé pour diagnostiquer l’autisme ou considère
qu’il s’agit simplement d’une inquiétude des parents, a poursuivi M.
Sajidi, précisant que son association mène une action contre l'autisme
pour défendre les droits des personnes atteintes, milite pour faire
connaître la maladie et agit pour changer la prise en charge de
l'autisme et réduire les souffrances.
De même, M. Sajidi a mis l'accent sur l’importance de la mise en
place du concept "Futuroschool" dédié aux enfants autistes, qui s’appuie
sur une prise en charge comportementale, éducative, personnalisée et
évolutive.
La nécessité d'un dépistage précoce
Dans ce cadre, l’association "Vaincre l’autisme" propose des
formations théoriques et pratiques en matière d'analyse appliquée du
comportement ouvertes d’une part aux parents des autistes, et d’autres
part aux professionnels prenant en charge cette catégorie sociale au
sein des institutions et associations, a-t-il fait savoir.
Même son de cloche du côté du membre du collectif Autisme Maroc,
Soumia Amrani, qui a indiqué que les personnes autistes continuent à
faire face à de multiples défis entravant leur épanouissement, le
développement de leurs capacités, leur inclusion sociale et à terme la
possibilité de jouir pleinement de leur autonomie.
Ces défis commencent dès la petite enfance à cause du déficit avéré
dans la formation des professionnels de la santé sur les outils de
dépistage précoce et de diagnostic, a déploré Mme Amrani, relevant une
rareté des professionnels formés sur les approches éducatives
comportementales.
Étant caractérisé par des altérations qualitatives au niveau des
interactions sociales, de la communication verbale et non verbale et les
intérêts restreints, l’autisme peut engendrer en l’absence de
techniques et d’outils de communication alternatives et augmentatives,
des situations d’exclusion, de stigmas et de grandes souffrances,
a-t-elle confié.
Elle a également souligné que le Maroc connait une dynamique
intéressante dans ce domaine grâce aux efforts de la société civile et
des parties prenantes et grâce aux campagnes de communication sur
l’autisme initiées par le Collectif Autisme Maroc en partenariat avec le
Conseil national des droits de l'Homme et le ministre de la solidarité,
de la femme, de la famille et du développement social.
Toutefois, il est important que les politiques et acteurs locaux
entament une réflexion participative sur les réponses à apporter au
niveau local en faveur des personnes concernées et leurs familles et ce,
principalement dans les régions en situation précaire tout en ciblant
les familles vivant dans la précarité même dans les grandes villes,
a-t-elle ajouté.
Elle a appelé le Collectif Autisme Maroc et ses associations membres à
ancrer la reconnaissance de l’autisme en tant que diversité humaine et à
rompre avec la vision réductionniste basée sur le modèle purement
médical et de traiter la question sous l’angle de la responsabilité de
tous les acteurs.
L’autisme nécessite un traitement spécifique et ses symptômes peuvent
s’atténuer si la prise en charge est précoce. Il s'agit, notamment, de
former des professionnels dans le domaine de l'éducation et de la santé
autour des techniques de correction des comportements dysfonctionnels
relatifs à ce trouble et permettre aux autistes d'accéder à des
programmes compris dans les objectifs de développement durable en
rapport avec l'accès équitable à une éducation décente tout au long de
leur vie, a-t-elle dit.
Cette année, la journée mondiale de l'autisme est célébrée dans
différentes villes du Maroc par les associations membres du Collectif
Autisme Maroc. Cette célébration prend la forme des lumières bleues qui
illuminent certains édifices phares des villes, de conférences, de
tables rondes et d’ateliers pratiques.
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