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lundi 4 mars 2019

Algérie. « Il faut qu’ils s’en aillent, Bouteflika et sa clique ont tué tous les espoirs » Vendredi, 1 Mars, 2019

Manifestation étudiante, mardi à Alger. Une chose au moins est sûre : les Algériens n’ont plus peur. Farouk Batiche/Anadolu Agency/AFP
Manifestation étudiante, mardi à Alger. Une chose au moins est sûre : les Algériens n’ont plus peur. Farouk Batiche/Anadolu Agency/AFP
Vendredi, 1 Mars, 2019
Les Algériens sont à nouveau en masse dans la rue. Ils s’opposent encore plus fermement à une nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika. La jeunesse est en première ligne. Elle dit son amertume et sa colère. Reportage dans les rues d’Alger.
Combien sont-ils dans la rue lors de la deuxième grande journée de contestation pour dire « non ! » à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, président en exercice depuis avril 1999 ? Sans doute des centaines de milliers à Alger, Oran, Constantine, Annaba, des dizaines de milliers dans les villes de moindre importance et, vraisemblablement, des millions à travers tout le pays. Ces chiffres-là prennent de court des dirigeants jusque-là convaincus de leur superpuissance, de la peur qu’ils peuvent inspirer. « L’État a prouvé par le passé qu’il peut maîtriser la rue », clamait, le 2 février dernier, lors d’une conférence de presse, le premier ministre, Ahmed Ouyahia. Il avait tout faux. Sa menace, à peine voilée, ne les a pas dissuadés : les Algériens sont sortis en masse le 22 février, ils déferlent à nouveau aujourd’hui.
C’est la rue, et elle seule, qui prend à présent la parole. Les partis politiques se sont mis en veilleuse, les médias publics ronronnent autour du bilan du gouvernement, les TV privées, grassement nourries par le pouvoir, continuent à servir sa propagande sans rien dire des rassemblements qui s’enchaînent depuis plus d’une dizaine de jours. Les faits sont inédits : trois générations se donnent la main dans un élan historique. Celle des années post-indépendance, amèrement déçue devant ce « fleuve détourné », comme le disait l’écrivain Rachid Mimouni, dans l’intérêt exclusif de clans de ploutocrates ; celle d’octobre 1988 qui a arraché le pluralisme et la liberté d’expression avant de les voir étouffés ; celle enfin des années 1980-1990, qui n’a rien connu d’autre que la violence meurtrière de l’intégrisme islamiste et le règne d’Abdelaziz Bouteflika. Et c’est surtout cette dernière qui est désormais à l’avant-garde du mouvement populaire.

« Je suis avec les manifestants. Je serais demain en première ligne »

« Ce pays ne m’a rien donné… je partage mes journées entre la zatla (fumer du cannabis), quand je trouve les moyens, et les discussions sans fin avec les copains. Que veux-tu que je fasse de mes 20 ans ? » soupire Hamid, rencontré à la veille de la « grande marche pacifique » de ce vendredi dans le quartier algérois de Bab El Oued, jadis fief du Front islamique du salut (FIS). 
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