En émettant 216 kilotonnes de dioxyde de soufre chaque année.

Drew Angerer via Getty Images
ENVIRONNEMENT - Des centrales thermiques du Maroc figurent sur la cartographie mondiale de la pollution atmosphérique publiée par Greenpeace Inde, dimanche dernier. Réalisée à partir de données de la NASA, cette cartographie cite la centrale thermique de Jorf Lasfar, sur la route d’El Jadida, et celle de Mohammedia. Pour l’organisation de défense de l’environnement, il s’agit de deux zones émettrices de dioxyde de soufre (SO2) parmi d’autres classées sur la liste des zones les plus polluantes du globe.
Dans un rapport détaillé (basé toujours sur les données de la NASA), l’organisation internationale établit un classement des pays les plus pollueurs au titre de l’année 2018. Le Maroc se retrouve au top 25 avec 216 kilotonnes de dioxyde de soufre émises chaque année. 

En plus des deux centrales à charbon de Jorf Lasfar et de Mohammedia qui émettent, selon ce rapport, respectivement 113 kt/an et 73 kt/an de SO2, une troisième, celle de Safi, émet 30kt/an. 
Le SO2, un gaz émis par la combustion du charbon, est considéré comme étant l’une des plus principales causes de la pollution de l’air. Une pollution qui, selon Greenpeace, cause la mort de 7,4 millions de personnes par an. Ce polluant, particulièrement fin, peut rentrer dans l’organisme, attaquer les organes, et causer de lourds problèmes de santé, allant de l’infertilité à la démence, en passant par les maladies pulmonaires et cardiaques. “Le danger est particulièrement grand chez les enfants, chez qui le dioxyde de soufre peut très rapidement amoindrir les capacités cognitives”, souligne dans une déclaration au HuffPost Maroc Abderrahim Ksiri, président de l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD).

Pour ce militant, “il est inacceptable que nous continuons à utiliser du charbon”. “Même si nous ne sommes pas le pays qui émet le plus de dioxyde de soufre, nous demeurons responsables de la santé nos citoyens. Continuer à utiliser le charbon, c’est participer à un problème de santé publique qui menace les habitants de ces régions”, affirme-t-il. Et de rappeler que la centrale de Mohammedia jouxte une zone d’habitation. “Il est plus que jamais nécessaire que nous changions notre modèle énergétique actuel”, estime-t-il.
Une solution ? Ksiri en voit une dans l″implication du Maroc dans le développement des énergies renouvelables. “Les efforts déployés par le royaume doivent être poursuivis, mais ils ne suffiront pas si les administrations, les entreprises, les banques et les collectivités locales ne s’investissent pas à leur tour”, prévient-il.
“Ce manque” d’investissement de la part des différents acteurs vient d’un verrou imposé par le gouvernement marocain. Ksiri rappelle que ce dernier ne permet qu’à l’ONEE et à différents acteurs privés d’assurer la distribution électrique en basse tension à travers le pays. “Il faut absolument ouvrir ce secteur aux investisseurs publics, sans quoi le Maroc ne pourra pas se doter d’un réseau énergétique propre et efficace, et ce réseau continuera de coûter cher aux Marocains. Ce signal fort envoyé par Greenpeace doit poser ce problème sur la table, et le pays doit s’en saisir urgemment”.