Ci-dessous la tribune de John Bolton publiée par le Washington Times le 28 mai
OPINION
La Chine et
la Russie gagnent de l’influence en Afrique alors que l’Amérique ignore la
crise de souveraineté du Sahara occidental
Les États-Unis
devraient soutenir un référendum permettant aux Sahraouis de déterminer leur
propre avenir.
John Bolton, The Washington Times,
28/5/2025
Traduit
par Solidarité Maroc
John Bolton
est un ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump et un
ancien ambassadeur aux Nations unies.
L’un des principaux dossiers internationaux inachevés est la détermination de la souveraineté du Sahara occidental. Ce vaste territoire situé sur la côte ouest de l’Afrique du Nord, au sud du Maroc, est dans les limbes depuis la fin des années 1970, au détriment de sa population et de la stabilité et de la sécurité de la région sahélienne. Alors que l’influence de la Chine et de la Russie s’accroît dans toute l’Afrique, ce n’est pas le moment de leur donner une nouvelle occasion d’accroître leur influence.
L’Espagne,
ancienne puissance coloniale, n’a pas participé au « vent de changement » qui a
soufflé sur l’Afrique dans les années 1950 et 1960, cherchant plutôt
désespérément à conserver les quelques possessions d’outre-mer qui lui
restaient. La mort de Francisco Franco en novembre 1975 a entraîné la chute de
son régime et l’Espagne a effectivement abandonné le Sahara occidental, connu
depuis comme « la dernière colonie d’Afrique ». Deux États limitrophes, le
Maroc et la Mauritanie, ont envahi le territoire dans l’espoir de s’en emparer,
mais les Sahraouis ont résisté par l’intermédiaire de ce que l’on a appelé le
Front Polisario. La Mauritanie a ensuite renoncé à toute revendication
territoriale, mais l’armée marocaine l’a largement emporté et contrôle aujourd’hui
environ 80 % du pays. Le reste est détenu par le Polisario, basé près de
Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, qui soutient les Sahraouis.
C’est là que
le différend subsiste aujourd’hui. La solution évidente à la question de la
souveraineté est de demander aux habitants du Sahara occidental ce qu’ils
préfèrent : l’indépendance ou une « autonomie » promise par le Maroc. En 1991,
après l’inversion de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein sous l’égide des
États-Unis, Washington a fait adopter la résolution 690 du Conseil de sécurité,
créant une opération de maintien de la paix des Nations unies chargée de
superviser un référendum sur l’avenir du Sahara occidental. Cette résolution
reprenait un accord conclu en 1988 entre le Polisario et le Maroc, et les deux
parties soutenaient l’approche du Conseil de sécurité.
Mais le
Maroc a commencé à entraver les efforts de l’ONU pour mettre en œuvre la
résolution presque dès son adoption, craignant qu’à l’occasion d’un référendum
véritablement libre et équitable, les Sahraouis choisissent l’indépendance. L’ancien
secrétaire d’État James Baker a réussi à ramener les parties à la table des
négociations pour qu’elles acceptent d’organiser un référendum dans le cadre
des accords de Houston de 1997, mais le Maroc a de nouveau renoncé, refusant
même d’envisager le référendum qu’il avait pourtant accepté à plusieurs
reprises. Malheureusement, l’obstruction du Maroc a prévalu depuis lors, des
centaines de milliers de Sahraouis vivant toujours dans des camps de réfugiés
gérés par l’ONU près de Tindouf.
L’un des
éléments du problème est que le Sahara occidental est pris dans des désaccords
entre le Maroc et l’Algérie qui remontent à l’époque de la décolonisation. Les
aspirations territoriales du Maroc, qui englobent non seulement le Sahara
occidental, mais aussi de larges portions du nord de la Mauritanie et de l’ouest
de l’Algérie, constituent une source majeure de tension.
Pendant et
après la guerre froide, les liens de l’Algérie avec l’Occident n’étaient pas
aussi forts que ceux du Maroc, ce qui a joué en défaveur des Sahraouis. Cette
situation est en train de changer. Les preuves récentes que l’Algérie cherche
de nouvelles alliances stratégiques et le tout premier accord de coopération
militaire entre les États-Unis et l’Algérie, signé au début de la deuxième
administration Trump, signalent cette nouvelle direction.
Conscients
du risque de voir leur obstruction faiblir, les opposants au Polisario tentent
une nouvelle ligne de propagande, alléguant sans preuve que le Polisario est
tombé sous l’influence de l’Iran. Cette désinformation pourrait bien avoir pour
but de détourner l’attention des États-Unis de l’obstruction du Maroc, qui s’oppose
depuis des décennies à la tenue d’un référendum. Les opposants sahraouis sont
allés jusqu’à affirmer que les combattants du Polisario faisaient partie des
milices étrangères formées par l’Iran en Syrie sous le régime d’Assad, aujourd’hui
déchu.
Le Washington
Post et d’autres publications rapportent que le nouveau gouvernement syrien
et le Polisario ont catégoriquement démenti ces allégations, mais les amis du
Maroc en Occident continuent de les diffuser. Peut-être influencée par cette
propagande anti-sahraouie, une loi a été introduite à la Chambre des
représentants US pour désigner le Polisario comme un groupe terroriste. Il s’agit
là d’une affirmation aussi inexacte que possible au sujet des Sahraouis, qui
comptent parmi les personnes les plus modérées dans leurs opinions religieuses.
Ils n’ont
jamais succombé au radicalisme qui a balayé le Moyen-Orient après la révolution
islamique iranienne de 1979. Les affirmations selon lesquelles les Sahraouis
sont sensibles à la propagande chiite de Téhéran sont démenties par la présence
de longue date dans les camps d’organisations religieuses et non
gouvernementales américaines fournissant des services éducatifs et médicaux. L’une
des raisons pour lesquelles James Inhofe, ancien président de la commission des
forces armées du Sénat, aujourd’hui décédé, était un fervent partisan du
Polisario était précisément l’ouverture religieuse que lui et d’autres avaient
trouvée dans les camps. Au fil des ans, les rapports du département d’État ont
constamment soutenu cette évaluation, et le Royaume-Uni a déjà officiellement
rejeté les récentes allégations de collusion avec l’Iran.
La politique
américaine sur le Sahara occidental devrait revenir à ses origines de 1991, en
soutenant un référendum pour que les Sahraouis déterminent leur propre avenir.
De nombreux membres du Congrès ont visité les camps de Tindouf au fil des ans
et ont rencontré des dirigeants du Polisario et des Américains travaillant dans
les camps. Ils devraient être plus nombreux à le faire pour connaître les faits
concernant le peuple sahraoui.
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