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Télégrammes
Crise du bétail : le Maroc se tourne vers l’Australie
Le Maroc prévoit d’importer jusqu’à 100.000 moutons vivants d’Australie chaque année, une priorité urgente avant l’Aïd Al-Adha. Cette décision vise à compenser la forte baisse du cheptel national due à la sécheresse. Les experts critiquent l’échec du plan “Maroc Vert”, accusé d’avoir aggravé la crise de l’élevage. Ils dénoncent aussi le manque de soutien aux éleveurs locaux, la spéculation et la priorité donnée aux cultures d’exportation au détriment de la sécurité alimentaire nationale.
dimanche 29 septembre 2019
Comment la monarchie républicaine de la France couvre les violations de la monarchie absolue de droit divin du Maroc
La
collusion du pouvoir français avec le régime marocain n'est pas un scoop
ou quelque chose à prouver, mais c'est un flagrant fait. Quelques
exemples pour dénoncer cette complicité qui renforce l'autoritarisme.
«Le
Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on
n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre», cette
incroyable déclaration datant de 2013 n'est pas anodine, elle résume à
elle seule la relation spéciale entre le pouvoir français et son
homologue marocain, et devinez son auteur, c'est Gérard Araud, l'ex
ambassadeur de la France aux États-Unis connu pour ses déclarations sans
langue de bois et ses réactions peu diplomatiques qui ont souvent
suscité de vives polémiques.
En
effet, cette relation spéciale fignolée par une poignée de l'élite
politico-médiatique française qui a des intérêts personnels, économiques
et politiques au Maroc est souvent basée sur la corruption. «Le Maroc
compte sur un impressionnant réseau de complicités étrangères, basé
souvent sur la corruption, le chantage et les prébendes. En France, il y
a Valéry Giscard d’Estaing, Hubert Védrine, Jacques Chirac, Jack Lang,
Nicolas Sarkozy et d’autres personnalités devenues de véritables
sentinelles au service du Maroc», note le journaliste Ali Lmrabet.
La principale mission de cette élite peu scrupuleuse est de soigner et
embellir l'image du régime marocain et couvrir ses brimades, ce qui
affaiblit le courant démocratique au Maroc. «Le problème, c’est que
cette influence affaiblit de nombreuses valeurs, comme la tolérance, le
respect des libertés individuelles, la séparation du politique et du
religieux… au profit des courants conservateurs, elle affaiblit le
courant démocratique et laïc dans son bras de fer avec les mouvements
conservateurs», analyse Omar Brouksi, l'auteur du livre "La République de Sa Majesté" qui qualifie également cette relation de «liaisons dangereuses».
«Cette
relation, très sophistiquée, rappelle la connivence qui existait entre
cette même élite française et le régime de Ben Ali. Souvenez-vous,
quand, au début de la révolution tunisienne, Michèle Alliot-Marie, alors
ministre des Affaires étrangères, avait proposé le savoir-faire
français à la police tunisienne «pour régler les situations
sécuritaires», relève Omar Brouksi.
samedi 28 septembre 2019
Guterres : l’ONU traite le conflit au Sahara Occidental comme "une question de décolonisation "
SPS
27/09/2019 - 18:52

NEW YORK
27 sept 2019(SPS)-
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a
levé toute équivoque sur la nature du conflit au Sahara Occidental, en
réaffirmant dans un nouveau rapport soumis à l’Assemblée générale que
les organes de l’ONU traitent ce dossier comme "une question de
décolonisation".
Dans ce rapport établi à la demande de l’AG de l’ONU sur la question
du Sahara Occidental, le chef de l’ONU tient à rappeler que la quatrième
commission chargée de la décolonisation et le Comité spécial de la
décolonisation, dit comité des 24, abordent le dossier du Sahara
Occidental dans "le cadre des questions relatives à la décolonisation".
"La Commission des questions politiques spéciales et de la
décolonisation (Quatrième Commission) de l’Assemblée générale et le
Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne
l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays
et aux peuples coloniaux l’examinent quant à eux dans le cadre des
questions relatives aux territoires non autonomes et à la
décolonisation", souligne Guterres.
Bien que le Conseil de sécurité examine la situation au Sahara
Occidental dans le cadre des questions relatives à la paix et à la
sécurité, l'instance suprême des Nations Unies a "appelé de ses vœux
dans des résolutions successives à une solution politique juste, durable
et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple
du Sahara occidental ", rappelle encore le chef de l’ONU.
Pas de lettres, pas de cartes, pas de colis... une violation systémique des droits des prisonniers au Maroc
Pas de lettres, pas de cartes, pas de colis... une violation systémique des droits des prisonniers au Maroc
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picture Bloomberg.com |
Qu'il ne s'agit pas d'une exception, mais d'une politique voulue et réfléchie de la part des autorités pour isoler les détenus, contraire aux Règles Nelson Mandela, se confirme à travers différents témoignages que j'ai pu récolter.
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Marie-Jo Fressard (à droite) |
"Je parraine le prisonnier politique sahraoui Salek Laasairi depuis quelques années. Il a été condamné à perpétuité il y a plus de 15 ans par le tribunal militaire marocain pour un crime qu'il nie toujours avoir commis. A travers les informations reçues par ses amis, j'ai pu me rendre compte à quel point cet emprisonnement est pour lui un enfer qui se dégrade semaine après semaine.
Maltraitance physique, cachot, destruction et vol de ses quelques biens, maltraitance de sa famille. Et maltraitance psychologique : diminution voire suppression des quelques instants de téléphone avec sa famille et avec ses amis, seuls instants de bonheur qui lui permettent de ne pas sombrer dans la déprime, voire plus. Malgré tout, lors des rares moments pendant lesquels j'ai pu l'entendre au téléphone le lundi après-midi, il faisait preuve d'un courage incroyable, éclatant de rire, demandant des nouvelles de ma famille et de ma santé. Ne se plaignant jamais, mais plaignant tous ceux qui souffrent. "Moi, tout va bien" disait-il toujours.
Donc progressivement, même ces petits bonheurs lui sont interdits.
Ses lettres ne me parviennent plus. Il ne reçoit plus les miennes, ni mes cartes. Mon dernier colis m'a été retourné ; je l'ai renvoyé, il m'est revenu une deuxième fois.
Il n'a que de temps en temps de rares secondes pour adresser quelques mots à sa famille.Puis, l'année dernière il a été enlevé de la prison d'Aït Meloul et a été recherché pendant des semaines par ses proches, et retrouvé à la prison de Safi. Fermé, déprimé. Quelques nouvelles reçues indirectement le disent désespéré de ne plus recevoir la visite de sa famille. Il arrivait à les voir au moins une fois par an, au moins il l'espérait ".
Pour lire le rapport de septembre 2019 sur la situation des 19 prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, publié sur Familles de Prisonniers pour la Justice, cliquez ICI
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Maroc,
prisonniers politiques
vendredi 27 septembre 2019
Pays-Bas: Des Maroco-Néerlandais ne veulent plus de leur nationalité marocaine
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Des
Maroco-Néerlandais ont lancé une opération inédite aux Pays-Bas. Dans
un manifeste envoyé aux groupes parlementaires, ils souhaitent se
débarrasser de leur nationalité marocaine afin de conserver uniquement
leur citoyenneté néerlandaise. Ce groupe composé de journalistes,
artistes, enseignant et acteur associatif affirme qu’il n’a pas choisi
la nationalité marocaine, mais que celle-ci lui a été "imposée".

"Nous
voulons être libres de choisir, d’opter ou non pour la double
nationalité et de ne pas être obligés par une puissance étrangère d’être
un citoyen à vie d’un État avec lequel nous ne voulons pas de lien..."
écrivent les auteurs de ce manifeste largement relayé par la presse
néerlandaise. Seules 12 personnes auraient signé le document, alors que
plusieurs autres ont apporté leur soutien officieusement.
Selon
un traité signé entre le Maroc et les Pays-Bas en 1969 pour le
recrutement de travailleurs marocains, "quiconque a la nationalité
néerlandaise et marocaine reste tenu de conserver la nationalité
marocaine à vie". Cette disposition suscite toutefois quelques
inquiétudes chez certains Maroco-Néerlandais qui craignent des
complications lors d’un mariage ou d’un divorce, ou même des
représailles pour leur orientation sexuelle et leur liberté.
Le groupe à l’origine de cette initiative a ainsi appelé le gouvernement et la société néerlandais à soutenir cette action.
Commentaires
Lettre ouverte à Monsieur Tamek délégué général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion du Maroc
Monsieur Tamek, pourquoi les Règles minimales de l’ONU sur le traitement des détenus, adoptées par le Maroc, ne sont-elles pas appliquées pour Ali Aarrass ?
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La prison de Tiflet II |
Monsieur Tamek,
je ne vais même pas vous parler de l’infraction du Maroc aux
règles onusiennes contre l’isolement prolongé des prisonniers. Je me limiterai
à vous poser, en tant que directeur des prisons au Maroc, une simple question sur une simple petite règle, mais tellement
vitale pour un détenu.
Il s’agit du droit de recevoir une carte ou une lettre
d’un(e) proche ou d’un(e) ami(e).
En 1955, le Premier Congrès des Nations Unies sur « la
prévention du crime et le traitement des délinquants », se tenait à Genève. Le Congrès formulait des règles à respecter, qui furent ensuite adoptées
par l’ONU en 1957.
Il y a donc plus de soixante ans que toutes les nations,
dont le Maroc qui était devenu membre de l’ONU en 1956, se mettaient d’accord
sur les règles à respecter. Parmi elles, l’article 37 qui disait sous la
rubrique « Contact avec le monde extérieur » : « Les
détenus doivent être autorisés, sous la surveillance nécessaire, à communiquer
avec leur famille et amis de bonne réputation à intervalles réguliers, à la
fois par correspondance et en recevant des visites ».
En décembre 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies a
adopté un nouvel « Ensemble de règles minimales des Nations Unies pour le
traitement des détenus », appelées Nelson Mandela Rules/ Règles Nelson
Mandela.
Sur le site de l’ONU on peut lire pourquoi les Nations Unies avaient choisi
cette nomination : « Pour rendre hommage à l'héritage du défunt
président sud-africain, « qui a passé 27 ans en prison dans le cadre de sa
lutte pour les droits de l'homme, l'égalité, la démocratie et la promotion
d'une culture de la paix ».
Là aussi, le Maroc a signé les nouvelles Règles à
respecter. Mais en 2018, trois ans après son adaptation, monsieur Abdellah Moussedad,
le président de l’OMP (l’observatoire marocain des prisons), déclarait déjà que
« l’application dans l’univers carcéral marocain des «Règles Nelson
Mandela», laisse à désirer ».
Je le rejoins et je vous rappelle la règle
58, qui dit : « Les détenus doivent être autorisés, sous la
surveillance nécessaire, à communiquer avec leur famille et leurs amis à
intervalles réguliers : a) Par correspondance écrite et, le cas échéant, par
télécommunication électronique, numérique ou d’autres moyens; et b) En recevant
des visites ».
Je vous demande dès lors : pourquoi Ali Aarrass ne
reçoit-il plus aucune carte, plus aucune lettre, depuis près d’un an ?
Des
lettres et des cartes qui lui sont envoyées par des dizaines de personnes qui
lui écrivent régulièrement et dont vous pouvez « surveiller le contenu ».
Vous savez certainement qu’une telle situation ne se produit même pas aux
Etats-Unis pour des prisonniers en isolement dans les prisons de haute sécurité.
Je vous remercie d’avance pour une intervention de votre
part pour mettre fin à cette situation et de remettre à Ali Aarrass le courrier
qui s’empile, depuis onze mois, quelque part dans la prison de Tiflet II,
Bien à vous,
Luk Vervaet
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Ali Aarrass,
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jeudi 26 septembre 2019
Au Maroc, l’affaire Hajar Raissouni ravive le débat sur l’avortement

Texte par :
Marie CAMPISTRON
Pour Chafik Chraïbi, gynécologue et militant contre
les avortements clandestins, le cas de la jeune journaliste Hajar Raissouni, poursuivie pour "débauche", pourrait "donner un coup
d'accélérateur dans le combat progressiste au Maroc".
Au cœur de cette législation répressive figure l’interdiction de l’avortement, sauf en cas de danger pour la santé de la mère. Le code pénal marocain prévoit jusqu’à deux ans de prison pour celles qui, pour la plupart désespérées, auraient osé faire appel à une "faiseuse d’ange".
Infatigable militant, le gynécologue et président de l'Association marocaine de lutte contre les avortements clandestins (Amlac), Chafik Chraïbi, se bat depuis une dizaine d’années pour encadrer légalement un "phénomène qui existe de fait et provoque des drames".
France 24 : Pensez-vous qu’une évolution du droit dans l’accès à l’avortement au Maroc est envisageable ?
La loi va évoluer, j’en suis convaincu. En 2016, un projet de loi du gouvernement prévoyait de donner accès à l’avortement en cas de viol, d’inceste, de troubles mentaux de la femme enceinte ou de malformation du fœtus. Mais depuis, le texte était resté lettre morte. Après la mobilisation d'associations, dont la nôtre, le projet de loi devrait finalement être voté en plénière lors de la prochaine rentrée parlementaire. C’est une bonne nouvelle. Mais sera-t-il voté en l’état ? D’autres conditions pourraient être ajoutées au texte et donc compliquer l’accès à l’IVG.
Par ailleurs, cette révision du code pénal nous semble encore insuffisante, toutes les grossesses ne sont pas liées à un viol ou à un inceste. Une femme peut vouloir avorter car elle n’a pas les moyens pour subvenir aux besoin de son enfant ou encore parce que son couple bat de l’aile… Les situations sont multiples. Alors bien sûr, on ne peut pas établir de liste exhaustive car on se retrouvera toujours dans un cas particulier.
Quelle solution proposez-vous ?
Il suffirait de modifier légèrement l’article 453 du code pénal marocain. Celui-ci autorise l’avortement uniquement lorsque la santé, sous-entendu "physique", de la femme est en danger. Or si l’on prend la définition de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la santé est un "état de complet bien-être physique mais aussi mental et social". En ajoutant cette précision dans l’article, beaucoup de femmes pourraient demander légalement une IVG. D’autre part, personne ne trouverait rien à redire puisque nous ne parlons que de "santé" et non de moral.
Dans notre société encore très conservatrice, être pro-choix veut dire "débauche". J'aurais aimé militer pour le droit à l'avortement sans condition mais je sais que cela ne passera pas. Le pays ne me semble pas encore prêt pour cela. Voilà pourquoi, dans un premier temps, je préfère réclamer un assouplissement de la loi.
Quel est le nombre d’avortements clandestins au Maroc ?
On estime qu’il y en a entre 600 et 800 par jour. Les deux tiers sont pratiqués clandestinement par des médecins et le tiers restant par des "faiseuses d’anges" ou des herboristes. Tous se font dans des conditions déplorables, c’est-à-dire pour la plupart en cachette, dans un cagibi, sans bonne anesthésie, ni asepsie. Ces méthodes traditionnelles provoquent chez les femmes des infections, des hémorragies ou des malformations du foetus.
Je vois des situations dramatiques tous les jours dans mon cabinet. Ces avortements s’accompagnent aussi de poursuites pour ceux qui les pratiquent. En 2018, 73 personnes ont été arrêtées.
L'interdiction de l'avortement entraîne également de nombreux abandons d'enfants.
Chaque jour, 26 bébés sont abandonnés. Et encore, ce chiffre ne comprend que ceux que l’on a pu recenser. D’autres sont tués, jetés dans la rue ou enterrés sans que personne ne le sache. Les orphelinats au Maroc regorgent d'enfants abandonnés. Puis ils les remettent à la rue, quelques années plus tard, faute de place pour les garder. Le résultat est dramatique : on retrouve des enfants de sept ou huit ans livrés à eux-mêmes dans la rue. Et ce ne sont pas les seules conséquences.
L’impossibilité d’avorter entraîne des tentatives de suicide chez les jeunes filles, des crimes d’honneur ou – dans le meilleur des cas – des expulsions du domicile parental.
Est-ce qu'un cas comme celui de la journaliste Hajar Raissouni, poursuivie notamment pour "avortement illégal", peut faire évoluer les mentalités, selon vous ?
Bien sûr. On a besoin de sensibiliser les gens sur les drames qui se passent sous nos yeux. Pour ma part, j’essaie de les médiatiser le plus possible, depuis une dizaine d’années. Au Maroc, beaucoup pensent encore qu’avorter signifie tuer. Mais lorsque ces personnes voient les conséquences d’une telle interdiction, ils comprennent finalement notre combat.
Par le retentissement qu’elle a provoqué, l’histoire de Hajar Raissouni pourrait donner un coup d’accélérateur dans le combat progressiste au Maroc.
>> À lire aussi : "Avortement illégal" : report du procès de la journaliste marocaine Hajar Raissouni
Beaucoup d’intellectuels et de membres de la société civile se mobilisent déjà pour faire bouger les lignes, comme en témoigne la tribune des 470 Marocaines et Marocains "hors la loi". On pourrait la voir comme une version marocaine du "manifeste des 343" paru en 1971 en France. Il faut maintenant que cette ouverture gagne toutes les couches de la population.
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