Le sommet du G7 à Biarritz a été marqué par une répression injustifiable de la liberté de réunion et de mouvement. Notre bilan.
Cent
manifestants arrêtés par les autorités françaises et bien d’autres
privés du droit de manifester pacifiquement. Voici le premier bilan à
tirer de ce G7 pour le droit de manifester.
Avant le
début du sommet du G7 à Biarritz, la présence de plus de 13 000
policiers avait été annoncée, et de lourdes mesures de sécurité avaient
été prises pour maintenir l'ordre public et prévenir tout acte violent, ce qui soulevait des inquiétudes sur les risques de restrictions excessives du droit de manifester.
Restriction de la liberté de réunion
Il
est scandaleux de voir que des centaines de personnes ont été bloquées
pendant des heures sans aucune raison et avant même de commencer à
manifester.
Dans l’après-midi du 24 août, les autorités
avaient donné l’ordre d’établir un périmètre de sécurité couvrant le
centre-ville où chacun pouvait être arrêté et fouillé. Des centaines de
policiers ont été déployés dans Bayonne, et les observateurs d’Amnesty
International ont été stoppés et fouillés à six reprises en deux heures
dans cette zone.
Des clôtures de quatre mètres de haut ont également été érigées sur les quatre ponts, divisant la ville en deux.
Quelques
centaines de manifestants ainsi que des journalistes, des observateurs
et des habitants ont été bloqués pendant près de cinq heures. La police
ne les a laissés partir que tard dans la soirée.
Nos observateurs « nassés »
Elle a également « nassé » une cinquantaine de manifestants qui
tentaient de se rassembler sur un parking à Bidart, à huit kilomètres de
Biarritz, dimanche 25 août. Aucun acte de violence n’avait été commis,
et le parking était situé bien en dehors du périmètre de sécurité dans
lequel se réunissaient les chefs d’État. Les observateurs d’Amnesty
International ont été bloqués à cet endroit durant près de deux heures,
sans aucune possibilité de partir, même après avoir montré aux forces de
l’ordre leur lettre de mission détaillant leurs activités
d’observation.
La manœuvre a été présentée comme un
contrôle d’identités, mais aucun motif n’a été fourni pour justifier ce
contrôle, et les observateurs d’Amnesty International n’ont finalement
jamais eu à présenter leurs papiers.
Une centaine de personnes arrêtées
Bien
que de très rares incidents violents aient été observés durant les
trois jours du sommet, une centaine de personnes ont été arrêtées, entre
le 23 et le 25 août, dont environ soixante-dix ont été placées en garde
à vue (certains procès devraient démarrer le 26 août). Parmi elles,
trois observatrices de la Ligue française des droits de l’homme ont été
arrêtées et placées en garde à vue le 24 août, après découverte
d’équipements de protection. Elles ont finalement été relâchées le
lendemain.
Ce dispositif policier surdimensionné et le
climat sécuritaire ont conduit les organisateurs du
« contre-sommet » du G7 à annuler plusieurs actions pacifiques prévues
le 25 août, en raison de l’ampleur du dispositif de sécurité et de
l’arrestation de l’un de leurs membres la veille.
La triste ironie de ce G7
Quelle
triste ironie de constater que de nombreux sujets, comme la crise
climatique et l’égalité de genre, figuraient à l’ordre du jour du G7,
grâce aux pressions exercées par la société civile, et que les autorités
françaises ont cru devoir restreindre le droit de cette même société
civile de manifester pacifiquement durant ces trois jours – fragilisant
ainsi tous les débats du sommet.
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