Youssef Bougharioune, éminent étudiant et militant sahraoui, a été arrêté par la police marocaine le mardi 15 décembre 2020 à 19 heures, à El Aaiun. Il a été libéré le samedi 19, à Agadir.
La
détention a été faite sans respecter les droits humains les plus
élémentaires. Les charges ne lui ont pas été lues, et sa famille n’a pas
été informée de sa localisation. En détention à El Aaiun, il a été
battu, insulté et menacé.
Le
lendemain, à 7 h 30, il a été mis dans une voiture et emmené à Agadir à
une vitesse de 180 km / h, ce qui impliquait un gros risque pour sa
vie. Le comportement de la police était inacceptable. Lors d’une pause
entre les villes d’El Aaiun et de Tan Tan, l’agent de police lui a dit:
«vous êtes Polisario, vous n’avez pas le droit de vivre, vous êtes une
mouche».
À
Agadir, il a été interrogé mais il n’a pas reçu de mauvais traitements.
Quoi qu'il en soit, ni sa famille ni son avocat n'ont pu lui rendre
visite en détention. Enfin, il a été libéré à Agadir même. Le procès
aura lieu le 21 janvier 2021.
Les chefs d’accusation sont les suivants:
- Appartenir à une bande criminelle
- Enlever une femme
- Battre et blesser une personne non identifiée.
La police a amené un témoin qui, curieusement, a nié toute relation avec Youssef.
Youssef
est étudiant à l'Université Mohamed V de Rabat. Très impliqué dans
l'activisme étudiant contre l'occupation illégale marocaine du Sahara
Occidental, il collabore avec des organisations de défense des droits de
l'homme.
Son
frère Saleh, militant politique et demandeur du statut de réfugié en
France, a déclaré à Équipe Média que «l'arrestation était une nouvelle
tentative d’isoler les étudiants militants sahraouis et de faire taire
les voix de militants individuels dénonçant les violations des droits
humains commises par le Maroc».
Tone
Sørfonn Moe, chercheuse en droits de l'homme et juriste, a exprimé sa
vive inquiétude face à la récente arrestation de Youssef qu'elle a
décrit comme très actif dans le mouvement étudiant à Rabat et connu pour
son plaidoyer en faveur du droit à l'autodétermination et de la
libération des prisonniers politiques sahraouis - y compris le cas du
Groupe des Étudiants.
Au
Sahara Occidental occupé, mais aussi au Maroc proprement dit, plaider
en faveur du droit à l'autodétermination ou même mentionner le Sahara
Occidental ou dire que vous êtes sahraoui (et non marocain) est
criminalisé par la loi et peut vous conduire en prison.
Équipe Média, le 19 décembre 2020
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