Rachid Oufkir, 23/12/2021
Abdelkrim avec un combattant en position de tir derrière une mitrailleuse HOTCHKISS
<1v8xokw dir="auto" hzawbc8m="" oo9gr5id="">1v8xokw>
Lire :
Rachid Oufkir, 23/12/2021
Abdelkrim avec un combattant en position de tir derrière une mitrailleuse HOTCHKISS
<1v8xokw dir="auto" hzawbc8m="" oo9gr5id="">1v8xokw>
Frederic Wehrey (bio), The New York Review of Books, 18/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Comme il se doit pour un mouvement anticolonial qui a créé le modèle de ceux qui ont suivi, la révolte berbère des années 1920 se répercute aujourd'hui sur un siècle d'histoire.
Une gravure représentant Abdelkrim Al Khattabi à cheval dirigeant les rebelles du Rif contre les forces espagnoles, Maroc, années 1920 ; Apic/Getty Images
Un soir d'octobre dernier, je suis monté dans un bus à Rabat, la capitale marocaine, pour un voyage d'une nuit vers la côte méditerranéenne. Après plusieurs heures, nous grimpions dans les montagnes du Rif, le véhicule gémissant et se balançant dans les virages en épingle à cheveux. Le Rif est une chaîne de montagnes relativement récente - géologiquement plus jeune que les sommets plus connus de l'Atlas et moins grandiose - qui s'élève à pic depuis la mer au nord, mais qui s'abaisse en escarpements doux au sud.
Dans la pénombre du clair de lune, le paysage paraissait assez inquiétant : des massifs imposants tapissés de maquis, des bosquets de cèdres et de sapins, et des ravins profonds entourés de rochers calcaires. Il n'était pas difficile de comprendre comment, il y a cent ans, ce terrain a fait naître la peur dans le cœur des jeunes conscrits de l’Espagne, qui gouvernait le nord du Maroc en tant que protectorat, alors qu'ils étaient confrontés à une insurrection féroce du peuple amazigh indigène, également connu sous le nom de Berbères.
« La pire guerre, au pire moment, dans le pire endroit du monde », a écrit un journaliste espagnol à propos du conflit de cinq ans connu sous le nom de guerre du Rif.
Les combats ont commencé au début du mois de juin 1921, lorsque des tribus rifaines ont tendu une embuscade à un petit contingent de forces espagnoles sur un affleurement rocheux de la frange nord du Rif, le mont Ubarran. Rétrospectivement, cet engagement n'était que l'escarmouche initiale d'une bataille beaucoup plus importante et, du point de vue espagnol, catastrophique, qui s'est déroulée un mois plus tard dans et autour du village voisin d'Annual (accentuation de la dernière syllabe). Le désastre d'Annual, comme on l'appelle aujourd'hui en Espagne, a entraîné la mort d'au moins 13 000 soldats espagnols, infligée par seulement 3 000 Rifains. Pendant dix-huit jours, les combattants ont assiégé des soldats espagnols mal entraînés et des troupes indigènes dans des avant-postes ensablés, les privant de vivres et d'eau - certains soldats ont dû boire leur urine - et les abattant à coups de fusil ou de poignard alors qu'ils se repliaient pêle-mêle vers l'enclave espagnole de Melilla. Le commandant espagnol sur le terrain, un célèbre général imprudent du nom de Manuel Fernández Silvestre, a péri dans la mêlée, peut-être par suicide. Sa dépouille n'a jamais été retrouvée.
Le campement espagnol à Annual après sa prise par les Rifains, Maroc, 21 juillet 1921. Photo12/UIG via Getty Images
C'est la pire débâcle militaire de l'histoire moderne de l'Espagne et sans doute la plus grave défaite qu'une armée coloniale européenne ait subie sur le continent africain, dépassant même la déroute de l'armée italienne à la bataille d'Adoua en Éthiopie en 1896. Ses conséquences se sont propagées en Afrique du Nord, en Méditerranée et en Asie, atteignant même les USA, où elle a suscité la sympathie du public pour la cause rifaine et électrisé les panafricanistes noirs usaméricains tels que les disciples de Marcus Garvey. Le centenaire d’Annual en juillet de cette année est passé pratiquement inaperçu dans le monde anglophone, mais il reste une grande source de fierté pour les Amazighs des montagnes du Rif, un héritage troublant pour la monarchie marocaine et un traumatisme national persistant en Espagne.
La nouvelle de la déroute d'Annual plonge l'Espagne dans une crise politique. Elle incite l'opinion publique à réclamer l'abandon du protectorat espagnol au nord, qui existe depuis 1912 grâce à un accord avec la France, qui gouverne le territoire au sud. Elle a contribué au renversement du gouvernement parlementaire espagnol et à l'instauration de la dictature du général Miguel Primo de Rivera. Elle a également donné lieu à une campagne de vengeance et de reconquête du Maroc par l'armée espagnole, qui a permis l'ascension fulgurante d'un jeune officier espagnol nommé Francisco Franco Bahamonde.
|
|
|
Co-signé par Laurent Moulin, Ana Navarro, Jean-Baptiste Godinot, Elisabeth Grimmer, Rnesto Moreno, Stéphanie Guilmain, Camille Seilles
Le 20 mai 2015, une quinzaine de manifestants, armés de… banderoles, entrent dans la Régie des bâtiments pour crier leur opposition à la construction de la maxi-prison à Haren. Lors de l’action, dans un moment de colère, un manifestant donne un coup de poing sur la maquette de la future prison, exposée dans le hall d’entrée. Elle est cassée. Ce n’était pas l’objectif de cette action. Sinon les manifestants s’en seraient sans aucune doute pris autrement ; ils n’auraient pas fait une manifestation publique avec des calicots, et ce en présence d’un public nombreux.
Mais la machine policière et judiciaire se met immédiatement en marche.
Condamnés pour être présents !
Quatre des manifestants sont identifiés grâce à des caméras. Les images ne montrent pas qu’ils sont en train de s’en prendre à la maquette, mais témoignent uniquement de leur présence à la manifestation. En 2018, la justice frappe ces jeunes à coups de bâton : ils sont condamnés à dix mois de prison avec un sursis de trois ans pour « destruction de bien mobilier en bande ».
Ce n’est pas fini.
Trois ans plus tard, le 1er octobre 2021, un tribunal prononce le verdict pour le volet civil de l'affaire. Les quatre sont condamnés à rembourser 43 000 euros à la Régie des bâtiments, propriétaire de la maquette.
Vous avez bien lu : 10 mois de prison et 43 000 euros pour une maquette, une peine à la mesure du projet mégalomane de Haren. Dans ce verdict, il ne s’agit pas de frais de réparation pour une personne blessée, ni pour un bâtiment abimé, ni non plus pour un mur de prison vandalisé, mais uniquement d’une maquette publicitaire, qui ne servait à rien d’autre que ça, vu que les plans avaient déjà été approuvés. La vraie destruction, elle, celle du site du Keelbeek, soit 18 hectares de terre agricole et de nature, avait bel et bien commencé.
Justice de la vengeance, justice de classe
Nous assistons à une justice de la vengeance. Elle vise à réduire au silence toute tentative d’opposition à l’ouverture de la maxi-prison prévue pour septembre 2022. À une justice qui définit la culpabilité, non pas sur base d’avoir commis une infraction ou un délit, mais sur base de la présence de la personne, de son « association » avec d’autres. La justice belge agit comme en Angleterre où la loi baptisée « Joint entreprise » permet à la justice de « condamner des personnes à de lourdes peines pour quelque chose qu’elles n’ont pas fait, qu’elles n’ont pas prévu, qu’elles n’avaient pas l’intention de faire, qu’elles ont souvent même essayé d’empêcher, leur présence sur les lieux étant suffisante pour les rendre coupables »[1]. Une justice de classe et partiale, où les juges ont clairement fait savoir que, contrairement à beaucoup de leurs collègues, ils étaient en faveur de la construction de la méga-prison. Les quatre inculpés ont été traités comme des moins que rien, des marginaux, des hors-la-loi dont l’avenir doit être hypothéqué ou brisé, en les condamnant à des peines de prison et à un montant, sans doute dérisoire aux yeux de ces juges bien payés, mais qui mène ces jeunes à la ruine.
Chahid El Hafedh, 22 nov 2021 (SPS)
La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a appelé dimanche la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples à réagir en urgence pour mettre un terme aux crimes de l'occupation marocaine dans les villes occupées du Sahara occidental.
Cet appel a été lancé lors d'une intervention du coordonnateur de la RASD avec la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, Weddad El-Mostafa, aux travaux de sa 69e session ordinaire qui se tient par visioconférence du 15 novembre eu 6 décembre 2021, sur la situation des droits de l'homme et des peuples entre deux sessions.
L’intervenant a mis en garde contre "la situation dangereuse dans les territoires sahraouis occupés au vu d'un embargo policier ayant permis à la machine de répression marocaine de commettre de graves crimes et violations contre l'humanité en transgression flagrante des lois et des coutumes internationales, en tête des quelles le droit international humanitaire notamment après la reprise de la guerre dans la région suite à la violation du cessez le feu par les forces marocaine le 13 novembre 2020".
Il a cité, à titre d'exemple, la situation de la militante Sultana Khaya et sa famille, mises sous embargo à leur domicile pendant toute une année, où elles subissent toute sorte d'intimidation et de maltraitance y compris le viol.
L’annonce de la suspension des vols de et vers le Maroc pour une durée de deux semaines, à compter de ce lundi 29 novembre 2021, a pris tout le monde de court.
Actuellement, seule la France a annoncé la mise en place de vols spéciaux pour ses ressortissants à travers les compagnies Air France et Transavia. Plusieurs MRE se retrouvant en ce moment bloqués témoignent au micro de H24Info.
ALGER - Le président de la Fédération nationale de la diaspora algérienne, Tarek Benbouza, a annoncé la création du Comité international de soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, en vue de mobiliser le plein soutien international à cette cause juste et permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément à la légalité internationale.
Dans une déclaration à l'APS, M. Benbouza a fait état de la tenue, vendredi par visioconférence, du congrès constitutif du Comité international de soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Le comité international qui a plébiscité Tarek Benbouza en qualité de président regroupe 32 associations algériennes établies en Europe, 16 associations sahraouies, trois autres tunisiennes et 12 associations nationales, en sus du Conseil national des enseignants du Supérieur (CNES) et de nombre de juristes et d'acteurs de la société civile.
A cette occasion, M. Benbouza a précisé que la création de ce comité s'inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la cause sahraouie et son peuple qui réclame son droit inaliénable à l'autodétermination conformément à la légalité internationale, rappelant que l'ONU classe le Sahara occidental comme territoire non autonome.
Gap 30 novembre 2021
Les frontières tuent, les assassins nous gouvernent. Et c’est nous qui les avons mis au pouvoir, nous sommes responsables de leur inhumanité. Honte à eux, Honte à nous.
Leurs lois et leurs accords tuent.
Ils ont noyé une famille dont les enfants ressemblent à s’y méprendre à mon petit fils et à mes petites filles. C’est comme s’ils les avaient tué-es.
ASSASSINS.
Je n’en peux plus de leur lâcheté, de leur hypocrisie, de leur langue de bois, de leur politique mortifère. Je n’en peux plus des médias complices, des journaux de Bolloré, des prêcheurs de haine qui hantent l’actualité, je n’en peux plus des débiles qui soutiennent ces êtres déments. Je n’en peux plus de ceux et celles qui pensent qu’ils posent de bonnes questions en apportant des mauvaises réponses. Non, leurs questions sont mortelles, elles justifient par avance les drames, elles alimentent l’ultra-droite de « génération identitaires », elles arment moralement et réellement ceux du groupuscule « remigration ». Et pour ne pas perdre des voix électorales ces politiciens de bas étage ont laisse mourir, mes frères, mes sœurs, sous prétexte que c’est à l’autre d’intervenir.
La France et l’Angleterre TUENT les êtres humains.
Au Maroc, l’indignation et la colère du peuple contre le Makhzen, suscitées par la normalisation des relations entre le Royaume chérifien et l’entité sioniste en décembre 2020 sont loin de s’apaiser.
La récente visite du ministre de la Défense sioniste à Rabat a
alimenté ces sentiments. Les manifestations organisées à travers le pays
en sont la preuve. Il est vrai aussi qu’en septembre 2020, lorsque deux
autres pays arabes avaient, sous la houlette de l’ancien président
américain, normalisé leurs relations avec l’entité sioniste , des
associations marocaines avaient mis en garde Rabat en affirmant que « le
peuple marocain n’acceptera jamais d’être impliqué dans les plans
sionistes et américains et qu’il se révolterait si cela venait à arriver
». Ces militants qui exigeaient aussi « la criminalisation de toute
normalisation » ont tenu leur engagement dès lors que le Maroc a franchi
le pas trois mois plus tard. Pour les associations de soutien à la
Palestine et contre la normalisation , la cause palestinienne est celle
des marocains. C’est pour cela qu’ils sont sortis par centaines, à
l’appel du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la
normalisation et qu’ils comptent manifester également aujourd’hui à
l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple
palestinien. Les marocains se refusent à cautionner cette nouvelle
trahison du Royaume chérifien à l’égard de la Palestine et de son
peuple. Et de rappeler ces propos tenus par un militant marocain des
droits de l’homme après que le Maroc ait officialisé la normalisation de
ses relations avec l’entité sioniste. « Les marocains disent : » La
cause palestinienne est pour nous une cause nationale. C’est de dire que
c’est une cause propre à nous-mêmes. Nous la considérons comme notre
propre cause. C’est une ancienne tradition ». Pour les Marocains, qui
ont honte pour leur pays, cette trahison est d’autant plus difficile à
accepter que le Maroc est à la tête du Comité Al Qods. Un Comité censé
défendre la cause de la Palestine et les intérêts des Palestiniens. Pour
le Front marocain, la normalisation avec l’entité a été imposée contre
la volonté du peuple marocain et ses intérêts stratégiques. Et
d’affirmer que la position du Front traduit celle « du peuple marocain
qui refuse toujours tout rapprochement ou normalisation avec les
sionistes et qu’il est et restera toujours aux côtés des Palestiniens et
de leur juste cause ». Le Maroc, embarrassé par cette montée de la
colère, a recours à la répression pour empêcher toutes les formes de
manifestation. Mais quoi qu’il en sera, ce qui est certain c’est que la
rupture entre le Roi et son peuple est consommée.
communiqué de l’AFPS
Samedi 27 novembre 14H place de la République
160 enfants emprisonnés au 7 novembre 2021.
Depuis 2000, au moins 12 000 enfants palestiniens ont été arrêtés, interrogés et inculpés par la justice militaire israélienne, soit 500 à 700 par an.
Au 7 novembre, ce sont 4650 prisonniers politiques palestiniens qui sont détenus par Israël, dont 500 en détention administrative (sans procès, ni chef d’accusation communiqué au prisonnier).
En Cisjordanie, ce sont des tribunaux militaires qui siègent au sein
des prisons ou centres de détention, y compris pour les enfants, et ce
dès l’âge de 12 ans.
Ces procédures sont réservées aux Palestiniens. Les colons, quant à eux, sont soumis au droit pénal israélien.
Ce que subissent les enfants arrêtés, voire emprisonnés :
• Arrestations violentes, très souvent lors de raids nocturnes ;
• Intimidation, humiliation, torture, présence des parents non autorisée lors des interrogatoires ;
• Détention administrative, ordre de détention militaires, arbitraire, y compris pour les enfants malades ;
• Conditions de détention indignes, maltraitance, absence de soins ;
• Visites des familles limitées.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (C.I.D.E.), la Déclaration universelle des droits de l’homme, la IVe convention de Genève...ne sont pas respectées.
La situation est chaque fois plus grave. Le 7 novembre, six ONG palestiniennes de défense des droits humains parmi les plus importantes et les plus reconnues sur le plan international, ont été interdites dont "Addameer" (organisation de défense des droits des prisonniers politiques) et "Prisoner Defense for Children International-Palestine" DPCI-PI (Organisation internationale de défense des enfants - Section Palestine).
Pour informer l’opinion publique en France et dénoncer cette grave situation, nous organisons, avec les associations, organisations syndicales et politiques de la campagne « Libération immédiate des enfants palestiniens prisonniers d’Israël » un rassemblement samedi 27 novembre.
Paris, le 24 novembre 2021
Association France Palestine Solidarité, Forum Palestine Citoyenneté, Organisation de Femmes Egalité
Sahara occidental [4/5]
Suite
de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la
République arabe sahraouie démocratique. Parmi les revendications
portées par les militants sahraouis : la vérité sur les personnes
disparues lors de la conquête territoriale marocaine, la libération des
militants indépendantistes et l’amélioration des droits humains dans les
territoires qualifiés d’« occupés » par le Maroc. Rencontre dans les
camps de réfugiés avec certains de ces militants.
C’est en mère de famille et en grand-mère que Nuha Abidim nous reçoit dans le salon de sa maison du camp de Boujdour, pour l’immuable cérémonie du thé. Mais en 1976, c’est en petite fille de sept ans qu’elle fuit l’avancée des troupes marocaines dans le territoire sahraoui que viennent de quitter les Espagnols. L’aviation marocaine bombarde l’oasis d’Oum Breyda. La famille embarque dans un camion, sans son père, Abidin Buzeid Allal, qu’elle ne reverra jamais.
Après avoir affirmé qu’il était vivant dans un camp de réfugiés sans en apporter la preuve, le Maroc lui a assuré qu’il était décédé en prison en 1980. Mais faute de preuves, de corps, et en raison de témoignages contradictoires, Nuha Abidim n’arrive pas à croire à la version officielle.
Jamais ! Je ne suis pas convaincue. Il y a beaucoup de contradictions. Ils ont dit ne pas l’avoir, puis m’ont dit qu’il était mort en prison. C’est toujours confus. On ne sait pas s’il est mort : si oui, où est-il mort ? Je veux aller sur place. Je n’ai pas de rancune vis à vis du peuple marocain qui est un peuple frère. Mais le gouvernement, lui, a tué mon père, m’a arraché mon sourire d’enfant. Contre lui, j’ai beaucoup de colère.
Le « trou noir » en matière de droits humains
En
2010, après des années de pressions internationales, la Commission
marocaine des droits de l’homme a reconnu 638 disparitions forcées de
militants sahraouis dont 351 ont été exécutés ou sont morts en
détention.
L’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis, recense pour sa part 444 décès, mais déplore que depuis le Sahara occidental soit retombé dans un « trou noir » en matière de droits humains. C’est le mot qu’emploie Abdeslam Omar Lahcen, président de l’Afapredesa : « Créer un climat de terreur, en plus des détentions arbitraires qui continuent, la pression économique en expulsant du travail bon nombre de militants en les envoyant à l’intérieur même du Maroc… C’est l’unique moyen de pouvoir maintenir sa main mise sur la population et sur les ressources naturelles. C’est l’enjeu de toute cette histoire. »
Un tribunal militaire « qui échappe à tout contrôle »
Arrêté
à Laayoune, condamné par un tribunal militaire en 2015, Salah Lebsir a
passé quatre ans en détention, avant d’être libéré et de gagner les
camps de réfugiés en Algérie. Il explique que « les autorités marocaines
surveillent les militants sahraouis. Si on vous voit avec un drapeau,
réclamer l’indépendance, participer à une manifestation, on vous suit et
on vous attrape. On passe au tribunal militaire qui échappe à tout
contrôle. J’ai passé quatre ans en cellule, sans avocat ni médecin, à
subir des mauvais traitements. On essaye de nous faire craquer
psychologiquement, mais ça ne marche pas, notre demande
d’autodétermination est légitime. »
En quête d’une figure pour médiatiser leur combat, les militants sahraouis mettent en avant Sultana Khaya, active à Boujdour contre l’exploitation des ressources naturelles par le Maroc. La presse marocaine la qualifie de « mercenaire à la solde du régime militaire algérien ».
————————————————————————-
Sahara occidental [5/5]: le Croissant-Rouge sahraoui, ligne de vie des réfugiés
Suite de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les cinq camps algériens accueillaient fin 2017 plus de 173 000 Sahraouis. Situés dans une zone extrêmement aride, ils dépendent quasi-totalement de l’aide humanitaire internationale, gérée par le Croissant-Rouge sahraoui.
Les daïras, ce sont les quartiers qui composent chacune des cinq wilayas, les camps de réfugiés que desservent en farine, sucre, céréales, huiles, les camions du Croissant-Rouge sahraoui. En cette fin de matinée sous un soleil déjà brûlant, les bénévoles chargent les denrées sous l’œil de Najib Enawa, directeur de la coopération de l’organisation. « Il y a des dattes qui viennent d’Arabie saoudite, de l’huile, des lentilles, du lait en poudre pour le petit déjeuner des enfants », énumère-t-il.
Lorsque les ressources du programme alimentaire mondial, principal fournisseur de l’aide, s’assèchent en fin d’année, les hangars sont presque vides, mais le travail continue. 77% des 173 000 réfugiés recensés par le Haut Commissariat aux réfugiés reçoivent cette aide.
Impossible de tricher sur la réception des denrées
En théorie,
chaque adulte de plus de 12 ans doit recevoir 17 kg chaque mois. Au 14
octobre, on en était qu’à 4 kg. Face à l’urgence néanmoins, impossible
de tricher à la réception, affirme Lelah. Cette habitante du camp de
Boujdour a quatre enfants.
« Dans chaque quartier, il y a un responsable de la distribution. Il connaît la composition des familles, combien chacun a d’enfants et donc à quoi chacun a droit. De plus, on se connaît tous, on est tous voisins ou avec des liens familiaux, donc on sait très bien qu’on ne peut pas tricher », dit la mère de famille.
Une situation politique qui n’évolue pas
Deux cent trente-cinq personnes travaillent au siège du Croissant-Rouge sahraoui, avec 3 700 personnes dans les quartiers. Le travail humanitaire y est vital, et Buhubeini Yahia, le président du Croissant-Rouge sahraoui, s’alarme surtout d’une situation politique qui n’évolue pas.
« Les gens sont en plein désert et on leur demande de continuer à patienter. L’aide humanitaire, c’est comme donner de l’aspirine à un malade pour réduire un peu la souffrance la douleur. Mais l’antibiotique pour éliminer le virus, c’est la solution politique durable », explique le président du Croissant-Rouge sahraoui.
En attendant une solution politique à un conflit vieux de 46 ans, l’anémie et la malnutrition touchent une large part de la population des camps. Au total, 92% d’entre elle est en état de vulnérabilité alimentaire selon le Programme alimentaire mondial.
RFI, 19/11/2021
Lorsque les gouvernements français et anglais déplorent le drame qui s’est joué pour 31 personnes dans la Manche, on ne peut que penser à l’hypocrisie de ces mêmes gouvernements.
Ce drame, prévisible, malheureusement devenu réalité, a pour cause les politiques meurtrières qui accablent les migrant.es, en Méditerranée, dans les Alpes, les Pyrénées et maintenant dans la Manche. La non application des articles 13 et 14 de la Déclaration des Droits universels de l’Homme de 1948, les refus de suivre la procédure normale d’examen des demandes d’asile, disons le nettement, les politiques répressives et sécuritaires, ne permettent pas aux personnes en migration de poursuivre leur route paisiblement, d’atteindre les pays dans lesquels elles veulent demander l’asile. Ces personnes se trouvent acculées à des risques insensés et mortifères pour atteindre leurs objectifs. Elles sont plongées dans l’illégalité ce dont profitent les mafias de passeurs.
Pour éviter la reproduction prévisible d’un tel drame, il faut changer de fond en comble la politique actuelle. Qui ne voit pas qu’il est absurde de vouloir à la fois, empêcher les migrant.es d’entrer sur notre territoire et ensuite de les empêcher de sortir de celui-ci. Il faut donc dénoncer l’accord du Touquet qui est une entrave à la libre circulation des personnes, il faut dénoncer la Convention de Dublin qui ne permet pas aux personnes de choisir le pays où déposer leur demande d’asile. Il faut une vraie politique d’accueil (hébergement, suivi sanitaire et administratif, etc..). A court terme, il faut un corridor maritime de secours humanitaire entre Calais et l’Angleterre. Le droit de circulation doit être restauré.
Les hommes politiques d’extrême droite, leurs journaux et leurs télévisions qui passent leur temps à insulter les personnes migrantes, à créer un climat délétère les concernant, à les stigmatiser sont, au moins moralement responsables du désastre qui les atteint.
Le combat en faveur d’une solidarité forte et humaine qui est le fait de nombreuses organisations et personnes bénévoles doit être salué et encouragé. Elles sont un rempart contre la barbarie qui suit un cours médiatique trop ordinaire dans nos pays européens et à nos frontières.
| 26 nov. 2021 09:38 (il y a 2 jours) | ||
Au moins trente et une personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre, alors qu’elles tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Les autorités françaises ont aussitôt répondu par des promesses de mesures répressives, alors que celles-ci sont précisément, pour partie tout du moins, à l’origine de la décision des exilés de quitter la France au péril de leur vie.
24 novembre 2021 à 21h43
Une indicible tristesse, et une immense colère, alors que la Manche se transforme peu à peu en Méditerranée, cimetière migratoire depuis plusieurs décennies, sans que cela ne produise jusqu’à présent l’électrochoc nécessaire pour mettre un terme à cette hécatombe.
Au moins trente et une personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre. C’est un pêcheur qui a donné l’alerte en début d’après-midi. Le nombre de corps retrouvés n’a cessé d’augmenter tout au long de la journée.
Les opérations de sauvetage se poursuivaient en fin d’après-midi, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui a indiqué à l’AFP que trois hélicoptères et trois bateaux participaient aux recherches. « Vers 14 heures, un pêcheur a signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Un bâtiment de la marine nationale a repêché plusieurs corps, dont cinq personnes décédées et cinq inconscientes, selon un bilan provisoire », a précisé le ministère de l’intérieur. Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l’embarcation, partie de Dunkerque. Le drame s’est déroulé sur un « long boat », un bateau gonflable fragile, dont le fond souple risque de se replier quand il prend l’eau et est surchargé, ont indiqué des sauveteurs.
Plusieurs exilés ont connu le même sort au cours des dernières années, mais ce drame est le plus meurtrier sur des côtes françaises depuis l’accélération des traversées maritimes en direction de la Grande-Bretagne il y a bientôt cinq ans. Mediapart documentait, il y a peu, les traces laissées par ces personnes prises au piège des politiques migratoires de nos gouvernants et prêtes à affronter tous les dangers pour tenter leur chance ailleurs (voir ici le portfolio d’Édouard Bride et Nicolas Montard). Alors que les sauveteurs venus au secours des migrants tiraient la sonnette d’alarme ces derniers jours, ils n’ont pu empêcher ce nouveau naufrage.
Nous ne sommes pas sur les côtes libyennes, mais bien en France. Et pourtant. Comme la Libye, la France n’est pas, dans le cas présent, un pays de destination, mais bien un pays que les exilés, qui ont ainsi péri, cherchaient à fuir. Depuis le début de l’année, ils sont 31 500 à avoir quitté la France par la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, et 7 800 ont eu besoin d’être secourus face au péril de leur embarcation, selon les chiffres enregistrés par la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Côté anglais, on dénombre 22 000 personnes ayant réussi la traversée durant les dix premiers mois de l’année. Le 11 novembre dernier, au cours d’une seule journée, 1 185 migrants étaient arrivés sur les côtes anglaises. Jusqu’à ce jour, le bilan s’élevait à trois morts et quatre disparus en 2021, six morts et trois disparus en 2020, et quatre morts en 2019.
Dunkerque, Calais… à la différence de Lampedusa, en Italie, lieu d’espoir bien que transitoire, sont un repoussoir pour ces personnes. C’est de nous, de la responsabilité de notre État, qu’il faut donc parler. Car les mécanismes aboutissant à de telles tragédies sont connus : l’absence de dispositif d’accueil digne de ce nom dans notre pays supposé être celui des droits de l’homme ; le harcèlement quasi quotidien, y compris dans les périodes de grand froid, de la part des forces de l’ordre, qui lacèrent des tentes, s’emparent des quelques biens, empêchent les distributions de nourriture, pourrissent la vie des bénévoles ; et la difficulté à faire valoir les droits des exilés, quel que soit leur statut administratif.
À tous ces dysfonctionnements, aux effets déplorables sur les premiers concernés, s’ajoute le verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel ces dernières années. Alors qu’auparavant les migrants tentaient leur chance à l’arrière de camions, dans des conditions tout aussi indignes, évidemment, la démultiplication des dispositifs de contrôle d’accès a rendu plus difficiles les voies routières et ferroviaires. C’est ainsi que les tentatives par la mer ont vu leur nombre croître de manière exponentielle. Quant à l’arrivée de l’hiver, elle ne fait que pousser les exilés à tenter leur chance, ou plutôt à risquer leur vie, avant qu’il ne soit trop tard. Car l’histoire des migrations est ainsi faite que, de la même manière que la prohibition n’a fait qu’accélérer la contrebande, les politiques répressives, dites « de fermeté » dans l’espace médiatico-politique, ne font que renforcer l’ingéniosité des « passeurs » sans dissuader les personnes qui, maltraitées dans un pays, considèrent que leur vie est ailleurs.
Face à ces mécanismes documentés depuis bien longtemps par tous les chercheurs, experts, bénévoles que compte cette planète (nous pourrions comparer dans une certaine mesure au temps qu’il aura fallu aux scientifiques pour se faire entendre sur la catastrophe climatique), la colère n’est que décuplée en écoutant les réactions éplorées des responsables politiques français et anglais. Sur Twitter, alors qu’il était attendu sur place, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a évoqué une « forte émotion ». Et un sentiment de culpabilité ? Point, évidemment. Il se contente de dénoncer « le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées », tout en annonçant l’arrestation de quatre personnes soupçonnées d’être « directement en lien » avec le naufrage, appelant à une « réponse internationale très dure ». Le premier ministre, Jean Castex, a regretté une « tragédie ». « Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés », a-t-il déclaré, pointant lui aussi du doigt ces « passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère ». « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a affirmé mercredi dans la soirée Emmanuel Macron, promettant de « retrouver et condamner les responsables » et se tournant résolument vers les mesures répressives en demandant « le renforcement immédiat » de Frontex.
Sans surprise, les autorités françaises et britanniques sont convenues de « renforcer leur coopération ». Une réunion interministérielle doit se tenir ce jeudi à Matignon, ainsi qu’une réunion européenne dans les prochains jours. De son côté, le premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit « choqué, révolté et profondément attristé ». « Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés », a-t-il déclaré sur Sky News, ce qui, on peut le comprendre, risque d’être mal perçu à Paris, Londres étant tout aussi responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les migrants.
Mais, dans leurs déclarations, tous oublient l’essentiel, à savoir que la responsabilité n’est pas à chercher trop loin, et que la réponse est entre leurs mains. Regarder du côté des passeurs n’est pas forcément inutile, mais vain à court, moyen et long terme, si rien n’est fait pour modifier radicalement nos pratiques d’accueil. Là encore, les solutions sont connues de tous, et de longue date : l’arrêt immédiat et total des violences policières, l’accès au travail pour les demandeurs d’asile, des politiques plus respectueuses des droits des exilés en matière d’hébergement et de santé, la fin des mesures d’humiliation en direction des mineurs, etc.
Mais, voilà, le contexte politique n’est, semble-t-il, jamais favorable à une telle remise en cause des politiques migratoires, le contexte de la campagne présidentielle encore moins. À quelques mois de l’élection, l’extrême droitisation du débat public est patente, et la lâcheté en roue libre. À droite et à l’extrême droite, les semeurs de haine, fauteurs de trouble en puissance, banalisent les messages xénophobes, à force de nier l’humanité des étrangers et d’exiger leur « déportation ». « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent », déclarait à propos des mineurs isolés étrangers Éric Zemmour, il y a un an, sur CNews, comme un avant-goût de la présidentielle – des propos pour lesquels le parquet a requis des amendes mardi dernier (lire l’article de Camille Polloni).
Poursuivis par la justice, ces messages n’en atteignent pas moins leur cible. Les exilés les entendent et les comprennent. Face à l’absence de barrage politique fort, et on en revient à la responsabilité de l’exécutif, ils comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous, ils font leur bagage, et cherchent à fuir. La solidarité internationale ne saurait nuire, mais c’est un sursaut français qui est désormais indispensable, du côté de l’accueil plutôt que de la fermeture des frontières, pour empêcher des personnes de perdre leur vie en mer.
Solidarité Maroc
Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA)
solidmarxxi[at]gmail.com