Non
seulement ce sont les firmes qui réalisent elles-mêmes les tests pour
déterminer si leurs produits sont suffisamment inoffensifs pour être mis
sur le marché en Europe…
… mais elles fondent leur évaluation sur des protocoles qu’elles ont elles-mêmes largement contribué à mettre en place...
… et dont l’EFSA et l’Anses[3] ont déjà reconnu l'obsolescence depuis plusieurs années !
Suite à un long bras de fer entre l’ONG PAN et la multinationale de la chimie Dow Chemicals[4] à propos de l’extension de l’autorisation du produit Closer, un dangereux insecticide à base de sulfoxaflor,[5]…
… la Cour de justice de l’Union européenne a reconnu à son tour, le 25 avril 2024, que l’évaluation des risques des pesticides doit prendre en compte les connaissances les plus récentes sur les effets potentiels des pesticides !
C’est un pied de nez à la stratégie des lobbys et ce de la part de la plus haute instance juridique européenne puisqu’ils s’organisent depuis des décennies pour dissimuler les effets néfastes de leurs pesticides en s’assurant que les protocoles censés tester les molécules soient suffisamment lacunaires pour ne pas les détecter.
>>> 2002 : Les lobbys du secteur de l'agrochimie exercent une forte influence au sein des groupes de travail qui ont donné naissance aux protocoles en vigueur encadrant les tests de toxicité sur les abeilles et autres insectes pollinisateurs.
La
rédaction d’un document majeur encadrant ces protocoles a été déléguée à
un comité international au statut et au cadre flous et informels, le
ICPPR (acronyme de son nom en anglais : Commission internationale sur la
relation Plante-Pollinisateur).
Parmi les 17 membres des groupes de travail, six étaient directement issus du secteur industriel, parmi lesquels des représentants de BASF, Syngenta, Dow Chemicals et Bayer Crop Science[6].
Au cas où cette influence n’aurait pas suffi à veiller à ce que leurs intérêts soient garantis par le document final : Bayer CropScience, BASF-Agro, Syngenta et Dupont ont sponsorisé les réunions de ces groupes de travail[7].
>>> La mainmise de l’agrochimie sur la rédaction de ces protocoles lui a permis de faire passer sous silence de nombreux effets toxiques de ses produits sur les abeilles et l’ensemble du monde vivant.
Les néonicotinoïdes provoquent la désorientation des abeilles, à tel point qu’elles ne retrouvent plus le chemin de la ruche. Une fois perdues, les abeilles meurent par centaines[8].
La bataille gagnée par POLLINIS afin d’obtenir l’interdiction des néonicotinoïdes[9] a rassemblé plus de 1.2 millions de citoyens et citoyennes mais elle a été rude et longue car cet effet sublétal de désorientation, entraînant indirectement la mort des abeilles, n’a pas été pris en compte par les tests de toxicité.
Alors
que le sulfoxaflor a un mode de fonctionnement très similaire à celui
des néonicotinoïdes en agissant lui aussi sur le système nerveux des
insectes…
… qu’il a même été classifié en tant que néonicotinoïde de 4ème génération par des chercheurs indépendants[1], sa toxicité étant au moins égale, voire supérieure à celle des néonicotinoïdes chez certains insectes[10]...
… le sulfoxaflor n’a lui non plus pas été correctement testé,…
… puisque les protocoles de tests sur les abeilles n’ont toujours pas été actualisés
afin de prendre en compte des effets pourtant reconnus par la
communauté scientifique, et ce malgré le précédent qui a été posé par
l’exemple des néonicotinoïdes.
>>> Il existe pourtant des protocoles plus récents et mieux adaptés, qui ont été rassemblés en 2013 dans un nouveau document cadre – le Bee Guidance Document (BGD) par des experts indépendants mandatés par l’EFSA, l’agence sanitaire européenne.
POLLINIS n’a jamais cessé de se mobiliser en faveur de l’adoption de ces protocoles, qui permettraient
d’évaluer au mieux la toxicité d’une substance active sur les abeilles
et autres insectes pollinisateurs avant d’autoriser sa commercialisation
en Europe. Mais l’emprise des lobbys sur les institutions européennes a empêché leur adoption officielle.
Notre
association a obtenu des documents confidentiels suite à un long combat
en justice contre la Commission européenne, qui démontrent comment,
pendant près de 10 ans, les représentants d’intérêts de l’industrie
des pesticides ont mené une influence majeure afin de bloquer l'adoption
du Bee Guidance Document de 2013 au sein du « Scopaff », un comité
décisif en matière d’autorisation de mise sur le marché ou de
renouvellement des substances pesticides, présidé par la Commission
européenne et réunissant des représentants des Etats membres.
Ce nouveau jugement de la CJUE valide les multiples alertes lancées par POLLINIS sur les nombreuses défaillances du système d'évaluation des pesticides.
Et
surtout, il pourrait ouvrir la voie à une réelle application des
règlements européens qui exigent que les effets des pesticides sur les
abeilles, l’environnement et la santé humaine soient correctement testés
avant d’autoriser leur mise sur le marché.
Il
est urgent que la décision de la plus haute instance de justice
européenne s’applique sur l’ensemble des évaluations de risques des
pesticides.
C’est pour cela que POLLINIS a besoin de la mobilisation imminente
du plus grand nombre de citoyens et citoyennes pour exiger des
candidats aux élections européennes qu’ils s’engagent une fois élus à mettre
fin à la mainmise des lobbys sur l’autorisation de leurs produits, et
qu’ils mettent en place un système d’évaluation qui permettra (enfin!)
de protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs déjà au bord de l’extinction.
À la
veille des élections, vous pouvez faire une différence en vous
adressant directement aux candidats, et obtenir de leur part des
engagements concrets en faveur de la biodiversité et de la préservation
du vivant !
Interpellez les candidats aux élections et partagez sans plus attendre ce message autour de vous !
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