Translate Traduire Traducir ترجمة


 



mardi 15 avril 2025

55 % des Marocains ne reconnaissent pas la liberté corporelle des femmes dans l’espace public

Femmes du Maroc, 15/4/2025

Une récente étude intitulée « Femmes, espace public et libertés individuelles », menée par l’équipe scientifique de l’organisation Menassat pour les recherches et les études sociales, montre que plus de la moitié des Marocains s’opposent à ce que les femmes exercent leur liberté corporelle en dehors de la sphère privée. Détails.

Réalisée auprès d’un échantillon de 1.528 personnes réparties sur les 12 régions du Royaume, l’étude « Femmes, espace public et libertés individuelles » révèle que 75 % des Marocains interrogés considèrent que les femmes ont le droit d’accéder à tous les lieux publics – cafés, théâtres, hôtels, jardins ou cinémas. Un chiffre en progression, mais qui reste nuancé par les 21 % de répondants s’y opposant encore.

L’analyse montre que cette adhésion varie selon l’âge, le sexe, le niveau d’instruction et la situation matrimoniale. Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus favorables (80 %), tout comme les femmes (83,7 % contre 66,4 % des hommes), les célibataires et les personnes ayant fait des études supérieures (87 %).

Si 67 % des sondés reconnaissent aux femmes la liberté de disposer de leur corps dans la sphère privée, ils sont plus de 55 % à s’opposer à cette même liberté lorsqu’elle s’exerce dans l’espace public. Seuls 33 % des urbains, 26 % des périurbains et 19,8 % des ruraux l’acceptent. Là encore, les jeunes générations sont plus ouvertes : 10,7 % des 25-34 ans soutiennent fermement cette liberté dans le privé, contre 0,5 % chez les 65 ans et plus.


Le harcèlement, une réalité largement reconnue

Plus de 82 % des femmes interrogées affirment être les principales victimes de harcèlement dans l’espace public. Un constat partagé par 81 % des hommes, ce qui témoigne d’une prise de conscience collective. Pourtant, seuls 7,8 % des hommes et 5 % des femmes estiment que les lois actuelles protégeant les femmes sont réellement appliquées.

L’étude révèle que 66,8 % des Marocains défendent le port du voile dans l’espace public en tant qu’acte religieux et moral. En parallèle, 71,7 % affirment que les libertés individuelles relèvent d’un choix personnel, ce qui montre la coexistence de référentiels parfois contradictoires.

Lorsqu’il s’agit d’articuler religion et droits humains, 45 % des répondants optent pour une position médiane, estimant que l’amélioration de la condition féminine passe par une combinaison entre les principes de la charia et ceux des droits humains. En revanche, 33,2 % privilégient uniquement la charia, et 15 % uniquement les droits humains.

Aussi, l’étude pointe une méconnaissance marquée des textes législatifs encadrant les libertés des femmes. Seuls 5,1 % des sondés disent bien connaître l’article 24 de la Constitution, qui garantit la liberté de circulation. Par ailleurs, 86 % ignorent l’existence de l’article 503-1-1 du Code pénal qui criminalise le harcèlement sexuel – un taux qui atteint 95 % chez les femmes.

Une fois ce texte présenté, 73 % des sondés se disent favorables à son contenu, illustrant l’importance de l’information juridique dans l’évolution des perceptions.

Moudawana, des attentes partagées

La moitié des personnes interrogées (50,3 %) déclarent souhaiter une réforme du Code de la famille. Parmi elles, 40,3 % demandent une égalité totale entre hommes et femmes, 36,5 % souhaitent accorder davantage de droits aux femmes, tandis que 22,2 % estiment que les hommes doivent obtenir plus de droits.

Enfin, seuls 7 % des participants, hommes et femmes confondus, déclarent être impliqués dans des associations de défense des droits des femmes. Une donnée qui souligne la nécessité d’une plus grande mobilisation sur le terrain pour accompagner les transformations sociales et juridiques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire